Historique

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                                   Articles

L’histoire effervescente du pays vous est présentée ici à l’aide de textes et d’articles qui traitent une période spécifique de l’histoire :


1. La période précolombienne

A Cuba il n’y a pas eu de grandes cultures comme celles qui se sont développées en Amérique Centrale (Olmèques, Mayas, Aztèques).
Pourtant l’île était habitée depuis 2.000 avant JC par différentes tribus indiennes. A l’ouest il y avait les Guanahatabey, alors que le reste du territoire était peuplé par les Siboney. Plus tard, environ deux siècles avant l’arrivée des Espagnols, s’y est joint le groupe des Taino, une branche de la tribu des Arawaks, qui peuplait la majorité des îles des Caraïbes ainsi que le nord de l’Amérique du Sud (Colombie, Venezuela). Les Tainos venaient de l’ouest, des îles Hispaniola (actuellement Haïti et République Dominicaine) et Puerto Rico. Ils fuyaient devant les Carib, une tribu guerrière et conquérante. Une fois à Cuba les Taino, à leur tour, chassèrent les Siboney vers l’ouest et, à l’arrivée des Espagnols à la fin du 15e siècle, près de 75% du pays était  peuplé de 100.000 indiens Taino.

Les Taino vivaient dans des huttes appelées bohio ou caneyes, noms toujours utilisés pour les habitations dans les campagnes cubaines.
A certains endroits de Cuba on peut découvrir le style de vie et les vestiges de cette jeune culture cubaine (Guama : un village Taino reconstitué  – des vestiges archéologiques dans le parc national Desembarco del Granma – un cimetière déterré à Chorro de Maita dans la province d’Holguin).


2. L’arrivée des Espagnols

En 1492 – une quinzaine de jours après la découverte des îles Bahamas- Colomb débarqua avec ses hommes à Cuba. Il estimait que c’était « le plus beau pays que des yeux humains aient jamais contemplés ». Pourtant les Espagnols se désintéressent rapidement de l’île car il y manquait des métaux nobles, et ils installèrent leur base à Hispaniola, l’actuelle Santo Domingo, capitale de la République Dominicaine.

Ce n’est qu’en 1512 qu’une nouvelle expédition de 300 hommes, dirigée par Diego Velazquez de Cuellar, débarqua sur la côte nord-ouest et fonda la petite ville de Baracoa, du coup capitale de l’île. Leur mission était la conquête de nouvelles terres pour la couronne espagnole. Vers la fin de 1514 ils avaient avncé vers l’ouest et implanté sept colonies, les « siete Villas » : Baracoa, Santiago de Cuba, Bayamo, Puerto Principe (peu après baptisé Camagüey), Sancti Spiritus, Trinidad et La Havane d’origine (plus tard la ville est érigée à un autre endroit). En 1515 le rôle de « capitale » est transféré à Santiago où le conquistador Velazquez fit construire sa résidence.

Ces premières années furent témoin dune âpre lutte entre les habitants de l’île (les tribus indiennes : les Siboney, les Guanahatabey et surtout les Taino) et les nouveaux arrivants. En 70 ans les Espagnols réussirent à ramener la population indienne de 100.000 à environ 5.000. Beaucoup périrent dans les combats, mais les maladies amenées par les Espagnols et contre lesquelles les indiens n’étaient pas immunisés causèrent de nombreuses victimes. Parmi les résistants un des noms les plus connus est celui du chef ou « cacique » Hatuey (sa figure est l’emblème d’une célèbre bière cubaine). Finalement capturé par les Espagnols et condamné au bûcher un Franciscain voulut d’abord le convertir. Hatuey demanda s’il y avait des Espagnols au ciel. Après la réponse positive Hatuey répliqua : « Alors je ne veux pas me convertir car je ne veux plus voir d’Espagnols, même pas au ciel ».


3. L’ère coloniale

Alors que Velazquez envoyait des expéditions vers le continent, à la recherche de l’or, à Cuba on instaurait un système obligeant les indiens à travailler pour les Espagnols dans les grandes exploitations agricoles (système repris par après dans plusieurs parties de l’Amérique latine). Sous la pression du Franciscain Bartolomé de las Casas ce système de « encomienda » fut supprimé à Cuba dès 1542. Mais la population indienne était déjà décimée et à partir de 1522 les Espagnols importèrent les premiers esclaves africains à Cuba.

Au départ la production consistait essentiellement en élevage de bovins pour la production de cuir et de viande séchée, et ceci restera le cas jusqu’au début du 18e siècle, quand le tabac allait  prendre la première place (production de cigares et de tabac à priser). La canne à sucre avait été introduite au début du 16e siècle, mais n’était pas cultivé à grande échelle faute de manque de forces de travail (c’est-à-dire d’esclaves).
Pendant et après la conquête du Mexique et par après du Peru, Cuba sert de pays de transit où on rassemblait les trésors des cultures conquises, avant qu’une flotte ne prenne la route de la mère patrie, ce environ deux fois par an (la flotte d’argent espagnole). Les richesses accumulées à La Havane suscitèrent rapidement l’intérêt des pirates et des boucaniers qui menaçaient la sécurité de la région. En 1589 on décida de protéger l’embouchure du port de La Havane par un fort, le « Castillo de los Tres Reyes del Morro », « El Morro » en abrégé. A Santiago également un fort était construit, le « Castillo de San Pedro de la Roca, également nommé « El Morro » par la population, à cause de la ressemblance avec le fort de La Havane.

Mais ces mesures étaient insuffisantes pour éloigner les pirates et en 1628 Piet Heyn réussit à maîtriser la flotte d’argent dans la Baie de Matanzas (sur la digue de Matanzas on peut voir aujourd’hui une statuette de Piet Heyn). Cette bataille démontra aux autres puissances coloniales que l’Espagne était affaiblie en mer, et rapidement les Anglais et les Français arrivèrent sur la scène pour y accaparer une partie du gâteau colonial. En 1762 les Anglais contournaient l’entrée du port  de La Havane (protégé par El Morro), pour débarquer un peu plus loin sur la côte, laissée sans aucune protection. Ils partirent vers La Havane sur la terre ferme et prirent effectivement la ville. La Havane resta 11 mois aux mains des Anglais, pour revenir à la situation antérieure par l’accord de pais de Paris : l’Espagne récupérait La Havane, et donc Cuba, en échange de la Floride, également aux mains des Espagnols à l’époque. Afin d’éviter une deuxième défaite les Espagnols érigèrent rapidement un second fort, le fort de « San Carlos de la Cabaña, le plus grand de son genre dans le Nouveau Monde.
Les Anglais avaient rompu la position de monopole commercial de la ville espagnole de Cadiz et avaient autorisé d’autres négociants à ouvrir un commerce avec Cuba. Les Espagnols à leur tour décidèrent de respecter cette situation de fait. Et après l’indépendance des Etats-Unis en 1783, Cuba devenait un partenaire commercial important du nouvel état indépendant et pris rapidement la place de la Jamaïque en tant que principal fournisseur de sucre. Beaucoup de latifundistes (grand propriétaires terriens) Cubains voulaient à l’époque être annexés aux Etats-Unis pour être certains de pouvoir maintenir des esclaves dans leurs plantations et pour l’accès au libre commerce.

En 1791 une révolte d’esclaves en Haïti éliminait le principal concurrent de Cuba dans la production sucrière. La production s’accrut par sauts successifs, grâce à l’importation de milliers d’esclaves. Des colonialistes Français, qui avaient fui Haïti après la révolte des esclaves pour se réfugier à Cuba, modernisèrent l’industrie sucrière et vers 1820 Cuba était devenu le plus grand producteur de sucre du monde.

Entre temps l’Espagne avait perdu presque toutes ses colonies sur le continent – de 1805 à 1825 tous les pays latino-américains conquirent leur indépendance – et les seules colonies à rester aux mains des Espagnols étaient Cuba et Puerto Rico. Cuba fut alors envahi par un flot de royalistes venant des pays devenus indépendants. Tant les « peninsulares » (citoyens Cubains mais nés en Espagne, des immigrés) que les « criollos » (citoyens Cubains nés à Cuba de parents Espagnols) craignaient qu’un Cuba indépendant mènerait à une révolte d’esclaves comme en Haïti et défendaient dès lors farouchement leur statut colonial.

De 1838 à 1880 les Espagnols poursuivirent la modernisation de l’industrie sucrière et Cuba accaparait rapidement un tiers de la production mondiale. C’est dans ce contexte que Cuba devint un des premiers pays au monde à établir une ligne de chemin de fer, pour faciliter le transport de la canne vers les moulins. Les latifundistes dépossédaient de plus en plus les petits paysans de leurs terres et déboisaient une grande partie des forets cubaines, détruisant des bois précieux comme le cèdre, l’acajou et l’ébène. La moitié du sucre produit était vendu aux Etats-Unis, devenu alors le principal partenaire commercial de Cuba.


4. Les guerres d’indépendance et l’intervention des Etats-Unis

En 1868, à l’est du pays, éclate finalement la première guerre d’indépendance. Carlos Manuel de Cespedes, propriétaire terrien, fait sonner les cloches dans son domaine « La Demajagua », libère ses esclaves et appelle à la lutte contre les Espagnols. Cela lui valut le nom de « père de la patrie ». Les rebelles, sous le commandement du général noir Antonio Maceo et du général Maximo Gomez, réussirent à prendre en main la partie orientale de l’île. Portant la guerre allait durer 10 ans, jusqu’en 1878. Un pacte est alors conclu, accordant l’amnistie à tous les rebelles. Antonio Maceo, connu plus tard sous le nom de « Titan de bronze », et quelques autres refusèrent et continuèrent le combat durant encore trois mois, avant de partir en exil. La guerre de 10 ans n’avait pas changé grand-chose et Cuba restait, jusqu’à nouvel ordre, une colonie espagnole.

Durant les années 1880 les plantations et les centrales sucrières prennent de l’extension et de plus en plus de lignes de chemin de fer sont construites. Des investisseurs nord-américains rachètent des plantations espagnoles affaiblies pour une bouchée de pain, alors que de nombreux latifundistes cubains continuent à plaider pour une annexion aux Etats-Unis, vue partagée par plusieurs présidents américains (entre autres Thomas Jefferson). En 1890 tous les impôts sur le commerce entre les deux pays furent abolis et vers la fin du siècle le commerce entre Cuba et les Etats-Unis était plus important que le commerce des Etats-Unis avec tous les autres pays d’Amérique latine. Cuba devenait, après l’Angleterre et l’Allemagne, le troisième partenaire commercial  des Etats-Unis.

Mais des projets pour une deuxième guerre d’indépendance continuaient à se tramer. Le chef de file en était José Martí, le héros de la patrie, une figure qui aujourd’hui encore suscite la fierté et le respect de chaque Cubain. L’homme était plutôt un « penseur », écrivain, journaliste, philosophe et inspirateur puissant du mouvement indépendantiste. Il passa la majorité de sa vie en exil où il luttait inlassablement pour l’indépendance, mais prévenait également du danger du rôle croissant et de l’impérialisme des Etats-Unis (ce qui va s’avérer visionnaire bien plus tard). En 1892 le mouvement indépendantiste se sent suffisamment fort pour entamer une deuxième guerre contre le système colonial espagnol. Martí voyagea à Santo Domingo (République Dominicaine) pour convaincre le général dominicain Maximo Gomez de se joindre à la lutte et y rallia également le général Antonio Maceo, en exil au Costa Rica. Ils voyagèrent ensemble à Cuba où ils débarquèrent à Cajobabo, dans l’est de l’île. Martí tomba au combat à Dos Rios et la lutte se poursuivit sous la direction de Maceo et Gomez.

Les combats vont durer trois ans avant d’aboutir, mais avec un tournant surprenant pour l’avenir de Cuba. Martí avait prévenu. Les Etats-Unis voyaient dans cette guerre une possibilité de contrôler l’île à leur avantage. Les médias américains se font l’écho des atrocités (vraies ou fausses) commises par les Espagnols à un point que plus personne ne s’opposait à une intervention directe dans ce conflit. En janvier 1898 les Etats-Unis envoient le navire de guerre « Maine » à La Havane, soi-disant pour protéger leurs compatriotes. En février le navire explose dans le port de La Havane et 266 matelots périssent. Les Américains prétendent que l’Espagne a saboté le navire et après une tentative ratée pour acheter l’île pour 300 millions de dollars, ils déclarent la guerre à l’Espagne.

La bataille décisive de cette deuxième guerre d’indépendance est celle de la colline de San Juan, près de Santiago de Cuba, où la flotte espagnole fut totalement coulée dans la baie de Santiago. Les Espagnols signent alors un traité de paix avec les Etats-Unis, accordant l’indépendance à Cuba mais en mettant le pays sous la protection des Etats-Unis (durant les négociations les Cubains ne sont consultés à aucun moment). Les Américains estimaient cette protection normale puisqu’ils avaient « aidé » les Cubains dans leur lutte contre les Espagnols (en oubliant qu’ils étaient arrivés à la fin du conflit quand les Cubains avaient pratiquement chassés les Espagnols). Cuba se retrouva sous régime militaire Américain.


5. La période américaine

La situation perdure jusqu’en 1902 quand Cuba obtient finalement une sorte de « Constitution », basée sur celle des Etats-Unis, mais avec un amendement important en annexe : l’amendement Platt (du nom du sénateur Orville Platt). Cet amendement stipule, entre autres, que les Etats-Unis gardent le droit d’intervenir militairement à Cuba à chaque fois qu’ils l’estiment nécessaire. Y est inclus également l’établissement d’une base militaire des Etats-Unis sur l’île, à Guantanamo, pour une durée illimitée.
Cela ne dura pas longtemps pour que les Etats-Unis usent de leur droit d’intervention. Une première intervention militaire a lieu en 1906 (avec une occupation jusqu’en 1909). En 1912 ils reviennent pour mater une révolte d’anciens esclaves    et en 1917 une nouvelle intervention a lieu, cette fois-ci pour garantir les livraisons de sucre durant la Première Guerre Mondiale.

Les années ’20 sont marquées par la dictature de Gerardo Machado, connu pour ses méthodes fortes face à n’importe quelle agitation. Durant sa dictature le tourisme américain se développe, basé sur les casinos, les bars et la prostitution. Aux Etats-Unis régnait la prohibition (consommation d’alcool illégale) et beaucoup d’Américains venaient à Cuba pour boire et s’amuser. Entre temps les entreprises américaines avainet accaparé 2/3 des terres agricoles et la majorité des mines à Cuba.
Durant la grande dépression de 1929 des troubles sociaux éclatèrent pour protester contre la pauvreté de la population, contrastant avec l’extrême luxe et les dépenses des classes supérieures et des Américains. En 1933 Machado est renversé durant une grève générale et un certain sergent Fulgencio Batista prend le pouvoir. Il reste chef d’état major et dirigeant de l’armée jusqu’en 1940 et dirige effectivement le pays. En 1940 Batista propose une constitution démocratique et se fait élire président. Ensuite les années ’40 deviennent une période politique chaotique où divers candidats de partis récemment constitués se succèdent à un rythme accéléré. La situation économique de la majorité des Cubains reste inchangée et pour les élections de 1952, où se présente un jeune candidat du Parti Ortodoxo –un certain Fidel Castro Ruz-, le résultat est incertain. Batista prend les devants et par un second coup d’état il jette à la poubelle sa propre constitution démocratique de 1940. Dans cette deuxième moitié des années ’50, la moitié des terres, industries et services de Cuba sont aux mains des étrangers. Batista et compagnie se sont scandaleusement enrichis par la corruption et avec avidité, alors que le Cubain moyen continue à travailler et à vivre dans la pauvreté.


6. La révolution cubaine

La situation révolte quelques révolutionnaires enthousiastes et ils planifient l’assaut de la caserne Moncada, la deuxième en importance du pays. La prise de cette caserne devait être le levier pour une révolte générale dans tout le pays et mener au renversement du régime de Batista. Mais l’assaut du 26 juillet 1953 est découvert trop tôt et échoue dramatiquement. La majorité des 199 attaquants de l’équipe de Castro sont tués ou emprisonnés et, après un procès (où Castro – avocat – prononce sa célèbre plaidoirie « La historia me absolvera » ou « L’histoire m’acquittera »), ils sont enfermés dans la prison modèle de l’île des Pins (aujourd’hui  Ile de la Jeunesse). 18 mois plus tard Batista –qui avait frauduleusement gagné les élections présidentielles- décrète une amnistie pour tous les prisonniers politiques, y compris Castro ; tout ceci pour gagner le soutien de la population. Castro part en exil au Mexique et laisse la direction du Mouvement du 26 juillet (M-26-7) aux mains de Frank País, un enseignant de Santiago de Cuba.

Au Mexique Castro rencontre le médecin Argentin Ernesto « Che » Guevara et, après quelques mois de préparation ils embarquent à bord d’un vieux yacht retapé, baptisé « Granma », pour se diriger vers Santiago dans une nouvelle tentative de renversement de Batista. En cours de route, entre le Mexique et Cuba, ils sont surpris par une tempête, perdent le cap, et débarquent finalement avec trois jours de retard, non pas près de Santiago mais plus à l’ouest, sur la Playa  las Coloradas, près de Cabo Cruz, une région marécageuse de l’actuelle province de Granma. Ils sont dénoncés et harcelés par les hommes de Batista et trois jours après le débarquement désastreux Castro et 11 de ses hommes (parmi lesquels son frère Raúl Castro, Che Guevara, Camilo Cienfuegos et Juan Almeida) fuient vers les hauteurs de la Sierra Maestra pour s’y cacher et organiser la guérilla. La guerre de guérilla à partir des montagnes tropicales de la chaîne de la Sierra Maestra durera deux ans. Au fur et à mesure de petites victoires le mouvement est de plus en plus soutenu par un moral de fer et l’aide croissante de la population rurale. En mars 1958 Raúl Castro mène une colonne vers la Sierra de Cristal, sur la côte nord-est de Cuba, et y ouvre un deuxième front. Une victoire importante contre une armée de 10.000 hommes -envoyé à l’est par Batista- fournit aux rebelles un grand stock d’armes et sera un point crucial dans l’évolution de la lutte.

Raul et Fidel


Plusieurs colonnes sont dirigées vers le centre de l’île, dans la province de Villa Clara, pour y développer de nouveaux fronts. Elles sont dirigées par Che Guevara et Camilo Cienfuegos. Arrivés au centre de l’île ils font alliance avec les rebelles d’un autre mouvement (le Directorio Revolucionario) et portent des coups décisifs à l’armée de Batista. Lorsque, le 29 décembre 1958, un train blindé de Batista, rempli d’armes et d’hommes, est maîtrisé par les rebelles, les choses sont claires. Batista, apprenant la nouvelle, fuit (en prenant la caisse de l’état) vers la République Dominicaine, pour finir en exil dans l’Espagne de Franco où il meurt  en 1973. Che Guevara et Camilo Cienfuegos marchent sur La Havane où ils font une entrée triomphante le 2 janvier 1959. Fidel fait la même chose à Santiago le 1er janvier et s’adresse au peuple du balcon de l’Hôtel de ville. Avec ses « barbudos » (barbus) il part vers La Havane où un triomphe l’attend le 8 janvier 1959.


7. Cuba depuis la révolution

Le 16 janvier 1959 Fidel est nommé premier ministre et la fonction de président revient à Manuel Urrutia, un juge qui avait défendu les attaquants de la caserne Moncada en 1953.

Une des premières grandes réformes introduites par le nouveau régime fut la réforme agraire, promise depuis longtemps.  Dans une première phade (1959) tous les domaines de plus de 400 ha sont nationalisés (dont les terres de la United Fruit Company). Des critiques sur la réforme vont mener au remplacement de Urrutia par Osvaldo Dórticos, un dirigeant du M-26-7 de Cienfuegos. C’était une période agitée : beaucoup de techniciens bien formés, des ingénieurs, des juristes et des juges ne voient pas l’avenir du même oeuil que Fidel Castro et quittent le pays. Dans la Sierra del Escambray, au centre de l’île, s’installe une contre guérilla (soutenue par la CIA) et les relations avec les Etats-Unis tournent au vinaigre. Nixon, le vice-président américain, est convaincu que Castro est influencé par les communistes (fait nié par Castro jusqu’alors) et fait un discours anti Castro aux Etats-Unis qui mènera finalement à l’invasion de la Baie des Cochons en 1961 (voir plus loin).

Pour pallier à tout ceci Castro cherche l’appui de l’Union Soviétique, qui accepte en 1960 d’envoyer des techniciens à Cuba pour compenser la fuite des cerveaux.

En mars 1960 le navire français « Le Coubre », chargé d’armes belges, explose dans le port de La Havane. Il y a 81 morts et 200 blessés. Cuba accuse les émigrés Cubains, soutenus par la CIA et les relations avec les Etats-Unis se dégradent encore un peu plus. Deux semaines plus tard Eisenhower charge la CIA d’entraîner  une petite armée contre-révolutionnaire pour renverser le régime de Castro. En juin de la même année les raffineries de Texaco, Standard Oil et Shell refusent –sous pression des Etats-Unis- de raffiner du pétrole russe. Deux semaines plus tard le gouvernement nationalise ces firmes. En juillet Eisenhower supprime le quota de 700.000 tonnes de sucre normalement vendu aux Etats-Unis, mais l’Union Soviétique se propose de racheter tout le sucre refusé par les nord-américains. En août Cuba nationalise les compagnies de téléphone et d’électricité (aux mains des nord-américains) ainsi que 36 moulins à sucre. Les Etats-Unis imposent à l’OEA (Organisation des Etats Américains) une résolution condamnant l’ingérence extracontinentale (donc soviétique) dans l’hémisphère occidental.

En octobre 1960 Castro nationalise la majorité des banques et presque 400 des plus grandes entreprises cubaines. Une loi de réforme urbaine nationalise les habitations louées. Les Etats-Unis réagissent en instaurant un embargo partiel contre Cuba, encore le même mois. Cuba riposte à son tour en nationalisant les propriétés nord-américaines qui ne l’étaient pas encore. La guerre froide se joue à fond sur le théâtre cubain et tout doucement le nouveau régime ne trouve plus de soutien que chez l’Union Soviétique.

Fin 1961 l’ambassade nord-américaine à La Havane était le noyaux de toutes sortes de tentatives de déstabilisation et Cuba imposa aux Etats-Unis de réduire le nombre des personnes employées à l’ambassade de 300 à 11, chiffre équivalent au personnel cubain de l’ambassade à Washington. Les Etats-Unis préfèrent rompre les relations diplomatiques avec Cuba et interdisent à leurs ressortissants de voyager à Cuba. Le quota sucrier est, lui,  réduit à zéro.
Des dizaines d’attentats contre Castro sont ourdis, ainsi qu’un plan pour faire chuter le régime. L’épisode le plus connu en est celui de l’invasion de la Baie des Cochons (Playa Giron pour les Cubains). Le 17 avril 1961 environ 1.400 émigrés Cubains (entraînés par la CIA) débarquent sur la plage de Giron et à Playa Larga, sur la côte sud de Cuba, près de la région marécageuse de Zapata. On estimait que cette région, peu intéressante, ne serait pas gardée et qu’on pourrait y accaparer un bout de territoire cubain à partir duquel on pourrait renverser le régime de Castro. Mais Castro et ses hommes étaient bien préparés et l’invasion de la Baie des Cochons se transforma en cauchemar pour les Etats-Unis. 72 heures après le débarquement la majorité des attaquants étaient prisonniers et 11 avions de combat ennemis éliminés. Les 1.200 prisonniers seront échangés par après contre de la nourriture et des médicaments. A Cuba cette invasion est enregistrée en tant que première défaite militaire des Etats-Unis sur le continent américain, prestation dont on est encore très fier à ce jour.
Après la défaite de la Baie des Cochons les Etats-Unis décrètent un embargo total (juin 1961) et excluent Cuba de l’OEA en janvier 1962. En octobre 1962 Cuba est une fois de plus au centre de l’actualité mondiale, durant la crise des missiles. L’ Union Soviétique avait placé à Cuba des missiles nucléaires qui pouvaient toucher n’importe quelle région américaine, ce qui n’était pas du goût des Etats-Unis (malgré le fait que eux faisaient la même chose avec l’ Union Soviétique à partir de l’Europe Occidentale). Finalement Krouchtchev décide de démanteler les installations, le monde échappait de peu à une troisième guerre mondiale.

En 1963 on appliquait la deuxième réforme agraire, nationalisant environ 10.000 entreprises agraires de moyenne et de grande superficie. La limité pour une ferme privée est maintenant fixée à 65 ha. Un peu plus des 2/3 des terres agricoles était aux mains de l’état. En 1968 les 55.000 petites entreprises non agricoles restantes sont nationalisées.

Fin des années soixante, pour diverses raisons, l’économie cubaine ne tourne pas rond, malgré l’aide massive de l’ Union Soviétique, et la tentative de produire dix millions de tonnes de sucre, en 1970, déséquilibre l’économie en mettant trop l’accent sur le secteur sucrier.

Durant les années ’70 et ’80 l’économie cubaine devient de plus en plus dépendante de l’ Union Soviétique. En 1988, 87% du commerce extérieur de Cuba se faisait avec le bloc de l’Est de l’époque.

En 1975 le Premier Congrès du Parti Communiste de Cuba approuve une nouvelle constitution. Le pays est maintenant divisé en 14 provinces (au lieu de six) et la fonction de président (toujours assurée par Osvaldo Dorticos) est reprise par Fidel Castro (auparavant premier ministre).

Entre temps Cuba joue un rôle marqué sur la scène internationale. Durant les années ’60 et ’70 le temps semblait mûr pour d’autres révolutions. Che Guevara essaya d’abord au Congo, puis en Bolivie, où il fut fait prisonnier et exécuté en présence de conseillers de la CIA. Cuba envoya des milliers d’hommes en Afrique pour y soutenir les mouvements révolutionnaires en Angola, en Guinée, en Ethiopie et au Mozambique. En Angola ils réalisèrent une éclatante victoire contre l’armée du régime de l’Apartheid d’ Afrique du Sud, succès applaudi dans l’ensemble du tiers monde. Castro obtint la présidence du Mouvement de Pays Non Alignés et peut ainsi démontrer au monde entier que Cuba n’est pas un satellite de l’ Union Soviétique.

En 1977 les Etats-Unis établissent une section d’intérêt à La Havane et Cuba en ouvre une à Washington, toujours ni consulat, ni ambassade, mais le balbutiement de timides relations diplomatiques. Au milieu des années ’80 on démarre à Cuba une campagne de rectification des erreurs du passé. On essaye de limiter la bureaucratie et de plus organiser une participation au niveau local. A la fin des années ’80 le mur de Berlin tombe, l’ Union Soviétique implose, suivi de l’ensemble du bloc de l’Est, et les mesures d’aide économique à Cuba s’écroulent. Le pays perd 75% de son commerce extérieur et des mesures urgentes s’imposent. Castro annonce une « Période spéciale en temps de paix » et des mesures d’épargne drastiques sont introduites. La première moitié des années ’90 est une période noire pour les Cubains, avec des manques dramatiques de beaucoup de matériaux et de produits de consommation. Les portes sont ouvertes pour une collaboration économique internationale au travers de joint-ventures, le tourisme international est intensifié pour sauver l’économie de la noyade. Depuis la deuxième moitié des années ’90, l’économie cubaine croît à nouveau, lentement, mais régulièrement.

8 Les personnages historiques

Quand on lit des textes sur Cuba ou que l’on tente de découvrir l’un ou l’autre aspect du pays, on rencontre rapidement des noms qui reviennent régulièrement.
Ci-après nous présentons quelques courts portraits des figures historiques les plus souvent citées.

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