Cuba Sí 201 – traductions

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LE PROJET DE NOUVELLE CONSTITUTION.

Décembre 2018

La consultation populaire au sujet du projet de nouvelle constitution, en cours depuis le 13 septembre, a été clôturé le 15 novembre 2018. Le bilan est impressionnant : 133.681 assemblées, avec une participation de 8.945.521 personnes. Durant les réunions on a comptabilisé 1.706.872 interventions, dont 783.174 propositions (666.995 modifications, 32.149 ajoutes, 45.548 suppressions et 38.482 doutes. A ne pas négliger : la participation des Cubains résidents à l’étranger, avec 2.125 propositions. Des 755 paragraphes du projet de texte, seulement huit n’ont pas fait l’objet

de propositions de modification, d’ ajoute, de suppression ou de doutes.

Le comité de rédaction du projet, présidé par Raúl Castro, a étudié les propositions et les suggestions introduites proposées par les groupes de travail chargés de l’analyse de la consultation, lors de sessions de travail étalées sur cinq jours. Le comité doit maintenant établir un projet pour le parlement, qui tiendra compte des résultats de la consultation. Ana María Machado, vice-présidente de l’ Assemblée Nationale, a communiqué que le texte élaboré par la commission, sera soumis au parlement lors de sa session de décembre 2018.

Les prochains pas seront le débat au parlement des modifications proposées, et l’approbation d’un projet définitif. Le Conseil d’ État passera alors à l’annonce d’un référendum, et chargera la Commission Nationale des Élections de l’exécution de ce dernier. La population s’exprimera par vote secret lors de ce référendum. Puis la nouvelle constitution sera promulguée officiellement.

Quelques points du débat.

Il est évidemment impossible de mentionner et de commenter ici toutes les propositions. Nous citons ci-après quelques paragraphes qui ont fait l’objet des plus nombreuses interventions.

Art. 48 f : au sujet de l’assistance juridique ;

Art. 121 : au sujet de la durée du mandat de président et de la limitation à deux mandats consécutifs ;

Art. 170 : au sujet du gouverneur de province ;

Art. 82 : au sujet du droit à une habitation décente ;

Art. 165 : au sujet du gouvernement provincial ;

Art. 68 : au sujet du mariage ;

Art. 31 : au sujet du droit au travail ;

Art. 122 : au sujet de la limitation à l’âge de 60 ans pour une élection à une première période.

La parole est maintenant au parlement et à la population. Un fait incontestable : une fois de plus, en donnant la parole au peuple, pas seulement par un vote, mais aussi par une participation directe aux discussions, Cuba donne l’exemple d’une démocratie directe et approfondie.

LES POSSIBILITES D’INVESTISSEMENT A CUBA.

Décembre 2018

Du 29/10 au 02/11/2018 avait lieu la Foire Internationale de La Havane (FIHAV 2018). A cette occasion Rodrigo Malmierca, ministre du commerce extérieur et des investissements étrangers (MINCEX) a accordé un interview au sujet de l’état des lieux dans son secteur

Interview de Rodrigo Malmierca.

Malmierca était interviewé par Rosy Amaro, de Cubadebate (http://www.cubadebate.cu/especiales/2018/10/28/inversion-extranjera-y-comercio-exterior-negociar-con-cuba-video/print), dont ci-après quelques extraits.

Au sujet de la souveraineté dans le projet de nouvelle constitution par rapport aux investissements étrangers : « L’investissement étranger est une nécessité pour Cuba… Mais nous n’allons pas vendre le pays. Nous allons développer ceci en conformité avec nos lois et notre politique. Nous allons toujours protéger notre souveraineté… Durant la pseudo-république, quand des capitaux entraient, surtout des États-Unis, c’était pour nous soumettre à l’esclavage. Aujourd’hui il y a des règles qui nous permettent de contrôler le processus… Un exemple : au sujet des ressources naturelles non-renouvelables, comme les mines, la participation étrangère est toujours minoritaire. Dans des secteurs plus dynamiques également, comme le tourisme ou l’industrie pharmaceutique et les biotechnologies, la participation cubaine doit toujours conserver une majorité… Et nous parlons bien d’investissements étrangers directs dans des projets concrets. Dans d’autres pays il y a des investissements indirects, dans des bourses, des fonds d’investissement, et pas des projets spécifiques ».

Au sujet de la lenteur depuis 2014 (approbation de la nouvelle loi sur les investissements étrangers) : « Il est indispensable d’arriver rapidement à un changement des mentalités et à une meilleure formation de nos entrepreneurs. Nous pouvons y travailler. Mais le problème principal reste le blocus, qui est un obstacle pour beaucoup d’entreprises étrangères, qui leur fait peur, ils font de affaires avec les États-Unis et ne veulent pas mettre ceci en danger ».

Au sujet de la ZEDM de Mariel, où en cinq ans seulement 37 projets ont été approuvés : « 37 projets en cinq ans, malgré le blocus, ce n’est pas rien. Mariel est un port moderne, avec des eaux profondes, idéal pour le transport de conteneurs, et aussi comme port intermédiaire pour d’autres pays, disposant aussi d’un développement important des infrastructures ferroviaires et routières.

Au sujet d’importations pour le secteur privé (cuentapropistas): « le secteur privé, les cuentapropistas, les coopératives (une forme de propriété sociale, mais non-étatique), ont un grand besoin d’un marché de gros pour développer ce secteur d’activité. Nous n’avons pas encore réussi à; le développer, cela reste une tâche à réaliser… Ceci nécessite d’importants moyens financiers que nous n’avons pas encore pu investir, et je pense qu’il faut aborder ce projet pas à pas ».

Et au sujet de l’exportation par ce secteur privé : « Il faut examiner comment créer un cadre permettant les importations et les exportations pour ce secteur ».

Le rôle de la FIHAV : « Nos exportations se composent à 70 % de services (médecins, tourisme, télécoms) et 30 % de produits… Le FIHAV est un promoteur pour l’exportation cubaine. Un exemple : l’entreprise Servicios medicos Cubanos se trouve à côté de Biocubafarma; il faut intégrer ces secteurs et réussir l’offre d’un paquet technologique (services médicaux liés aux médicaments). Ainsi nous créons une valeur ajoutée, nous travaillons dans ce sens ».

Au sujet du blocus économique : « Le blocus est le principal obstacle pour le développement du pays, et suscite des difficultés pour notre peuple dans la vie quotidienne… Nous vivons aussi une période compliquée au niveau économique, car tous ces obstacles, surtout au niveau financier, créent de nombreux problèmes. Mais nous restons optimistes, le blocus n’est pas éternel. Il disparaîtra un jour et le port de Mariel traitera des conteneurs nord-américains. Nous sommes optimistes parce que nous avons raison. Nous savons que nous vaincrons ».

Est-ce que cela vaut la peine d’investir à Cuba? : « Je crois que oui. Regardez : aucun de ceux qui sont venus investir à Cuba n’a quitté le pays. Malgré les pressions, malgré le blocus, ils sont tous restés ici ».

FIHAV 2018

2.500 entrepreneurs étrangers, 30 chambres de commerce ou institutions de promotion du commerce, et 20 délégations officielles ont participé à la foire. 25 pavillons (25.000 m²) ont été loué par des pays étrangers. 16 entreprises nord-américaines ont réservé 250 m² (le même nombre qu’en 2017), dont l’entreprise mixte récemment fondée dans le secteur pharmaceutique. Cuba a occupé 5.000 m² du pavillon Expocuba, avec une participation de 350 entreprises nationales. Un stand spécial a été consacré au 500e anniversaire de La Havane (novembre 2019). Au total on a compté 65 pays participants.

Durant la foire de nombreuses activités ont eu lieu : un forum Russie-Amérique latine, un Forum des investissements avec, durant deux jours, des rencontres entre 200 entrepreneurs cubains et des représentants de 30 pays, sur l’agriculture,, le bâtiment, le tourisme et la Zone spéciale de développement de Mariel (ZEDM). Un dossier avec une mise à jour des possibilités d’investissement a été présenté par Rodrigo Malmierca, avec l’accent sur l’impact environnemental, la dispersion sur tout le territoire national, et l’organisation par secteur stratégique. ProCuba a présenté un document avec les potentiels d’exportation de services et de marchandises, avec une participation de 70 entreprises nationales.

(Cuba in de wereld)

DÍAZ-CANEL EN TOURNÉE INTERNATIONALE.

Décembre 2018

Miguel Díaz-Canel, le président de Cuba, après des visites à plusieurs provinces cubaines, a fait ses premiers pas à l’étranger. Fin septembre il a participé à L’ Assemblée Générale de l’ ONU, et a réalisé un agenda intense durant une semaine de séjour à New York. Peu après il a entamé une tournée en Europe et en Asie, ace de nombreux contacts politiques, économiques, commerciaux et financiers. Le bilan confirme sa reconnaissance à l’étranger dans sa fonction de nouveau président.

Díaz-Canel à l’ ONU.

Miguel Díaz-Canel a passé la dernière semaine de septembre à New-York, à l’occasion de la 73e assemblée générale de l’ ONU. Une semaine intense avec de nombreuses activités, un véritable marathon politique. Il y a fait cinq discours : lors du Sommet pour la Paix Nelson Mandela, pour la journée internationale pour l’abolition totale des armes nucléaires, lors d’une rencontre de solidarité à l’église de Riverside à Harlem, lors d’un rencontre avec les Cubains résidant aux États-Unis, et finalement son intervention lors de l’assemblée générale.

Díaz-Canel a rencontré, entre autres, des dirigeants de gouvernement et des mandataires du Venezuela, de Bolivie, d’ Équateur, d’ Iran, de la Croatie, du Mozambique, du Pérou, d’ Andorre, d’ El Salvador, d’ Espagne, du Panama, d’ Angola, de Barbade, d’ Afrique du Sud, d’ Argentine, de Namibie, du Costa Rica, du Vietnam, du Lesotho. Il a rencontré également le secrétaire général et le président de l’ ONU, Federica Mogherini de l’ Union Européenne, le secrétaire de la CEPAL, le bourgmestre de New-York, et des membres du Conseil des Églises des États-Unis.

Le président a visité le siège de Google pour une conversation avec des dirigeants de plusieurs entreprises d’informatique et de communication, au sujet des potentialités du marché cubain et des priorités du gouvernement cubain dans le domaine de l’informatisation de la société. Un dialogue avec des sénateurs nord-américains lui a permis de plaider pour une amélioration des relations bilatérales. Une conversation productive avec les dirigeants de la Chambre de Commerce des États-Unis et des entrepreneurs des secteurs des voyages et de l’agriculture a eu lieu. Les échanges culturels ont été soulignés lors d’une rencontre avec Robert de Niro et des représentants du monde de la culture.

Díaz-Canel c’est également rendu à l’ambassade du Vietnam pour y présenter ses condoléances pour le décès de Tran Dai Quang. Il a rendu un hommage à José Martí devant sa statue à Central Park, et a honoré les victimes de l’attentat du 11 septembre 2001 à New-York, en soulignant que Cuba condamne énergiquement le terrorisme. Des échanges académiques ont été abordés lors d’une visite à l’ Université de Columbia et au Musée d’Histoire Naturelle.

Le circuit en Europe et en Asie.

Entre le 1 et 14 novembre le président cubain a visité la Russie, la Corée du Nord, la Chine, le Vietnam et le Laos, avec aussi deux escales techniques, à Paris lors de l’aller et à Londres lors du retour. En France l’intérêt se concentrait sur les relations avec Cuba, où déjà une trentaine de firmes françaises est présente.

La visite en Russie, après une recrudescence importante des relations avec Cuba sous la présidence de Poutin (avec, entre autres, une importante annulation des dettes datant de la période soviétique, et une égalité d’approche dans de nombreux domaines internationaux), était centrée sur un accroissement des relations économiques, avec une importance primordiale pour des projets dans les transports, l’énergie, la métallurgie et les biotechnologies.

Après une visite protocolaire en Corée du Nord, Díaz-Canel a été reçu chaleureusement en Chine. Plusieurs accords ont été signés au sujet de la collaboration économique et des investissements, et des lignes de crédit dans plusieurs domaines ont été ouvertes.

La visite au Vietnam était  basée sur les  profonds liens historiques et solidaires entre les deux pays. Il y a visité, entre autres, les tunnels de Cu Chi (d’une grande importance lors de la guerre de libération), et Ho Chi Minh ville. Le Vietnam, déjà maintenant le deuxième partenaire asiatique de Cuba, veut doubler, à court terme, le commerce avec Cuba. Ici également plusieurs accords commerciaux ont été finalisés.

Puis ce fut le tour du Laos, avec une première visite d’un président cubain à ce pays. Les relations avec Cuba, entamées avec le soutien de médecins durant la guerre de libération, ont encore été renforcés.

Ricardo Cabrisas, vice-président du Conseil des ministres, qui accompagnait le président lors de ce voyage, l’a qualifié de grand succès. Il a souligné l’aspect politique de ce voyage, mais a ajouté que les aspects économiques, commerciaux et financiers ne sont pas à négliger. Il est revenu sur les escales techniques à Paris et à Londres, qui se sont transformés en visites de travail, avec un bilan positif pour les relations politiques, économiques et commerciales.

(Geschiedenis)

UN APPORT CUBAIN A L’INDÉPENDANCE DES ÉTATS-UNIS.

Décembre 2018

L’apport cubain à l’indépendance des États-Unis est peu connu. Quand on parle de l’aide aux rebelles des Treize Colonies, on ne mentionne en général que la France et l’ Espagne. Il est évident que l’apport de la couronne espagnole était très importante, mais vu la position stratégique de Cuba, cette aide fut coordonnée à partir de La Havane.

18e siècle, entre 1775 et 1783, en pleine guerre d’indépendance américaine. Cette guerre est menée dans les Treize Colonies de l’époque, sur la côte est des Amériques, entre l’ Angleterre, toujours au pouvoir, et les habitants américains de ces colonies. Cuba est alors sous domination espagnole.

La soif d’indépendance des habitants des Treize Colonies ne faisait que grandir et la révolte contre les britanniques démarre en 1775.  En secret, les Espagnols avaient offert de fortes sommes et des réserves aux Américains, pour les aider dans leur lutte. Les deux personnages les plus importants à avoir joué un rôle da,s ce domaine sont Juan de Miralles, d’origine espagnole et établi à Cuba en 1740 etr grand partisan de l’indépendance nord-américaine, et Oliver Pollock, Irlandais et ami personnel de Robert Morris, le financier de la guerre.

Malgré l’aide de la couronne espagnole l’armée rebelle rencontre en 1781 de grandes difficultés financières. Les soldats vivent dans des conditions déplorables, affamés, faibles, en loques et souvent pieds nus. L’argent manquait pour payer les vivres aux paysans et nourrir les soldats, et pire, les salaires des soldats n’étaient pas payés, ce qui les amena à refuser les combats dans le sud.

Quand le général Washington demande de l’aide à son allié Robert Morris, il tombe sur un refus. Mais il reçoit le nom d’une personne de contact à La Havane, Francisco de Miranda, un jeune Vénézuélien, à l’époque assistant personnel de Juan Manuel de Cajigal, le gouverneur espagnol de Cuba. Finalement le jeune officier Henri de Saint-Simon est envoyé à La Havane, avec la frégate l’ Aigrette, afin de convaincre Francisco de Miranda d’aider financièrement les rebelles.

Francisco de Miranda accepte la demande et, avec un modeste budget reçu du gouverneur espagnol, ,il lance une campagne pour récolter des fonds. La récolte dans divers milieux réussit.  Les donneurs principaux se trouvent être les dames de la haute bourgeoisie de La Havane, qui offrent leurs bijoux et leurs diamants pour la bonne cause. Cinq heures après l’arrivée de la frégate l’ Aigrette on apporte à bord la somme de 1.200.000 livres. Même si Cuba agissait à l’époque sous le drapeau espagnol, cette solidarité et cette empathie caractérisent l’actuelle société cubaine. Grâce à cet apport financier les dirigeant Américains et Français ont pu faire face aux énormes dépenses de la campagne du sud. Après de lourds combats Yorktown capitule le 31 octobre 1781. Ceci a consolidé la victoire américaine, même si des combats sporadiques se sont encore poursuivis.

Finalement, le Traité de Paris de 1873, parfois nommé Traité de Versailles, a confirmé l’indépendance américaine.

Delfín Xiqués Cutiño-archivo@granma.cu (traduction A. Dirckx – F. Tack)

(Mens en maatschappij)

COMMENT LES CUBAINS FONT LEURS ACHATS A L’ÉTRANGER.

Décembre 2018

Wim Leysens

« Bienvenue aux Cubains dans la zone de libre commerce de Colón ». Voilà ce que disait plus ou moins un spot publicitaire vu récemment, par hasard. Presque simultanément je lisais que la douane cubaine prévient au sujet de l’importation illégale de marchandises. Que ce cache-t-il derrière ces deux nouvelles?

Quelques recherches sur Google nous apprennent que la zone de libre commerce de Colón, au Panama, fait sa promotion en tant que « la » vitrine commerciale et plus important centre de distribution pour les acheteurs de l’ensemble du continent. Les 2.500 entreprises d’import/export, parmi lesquelles des grands noms comme Samsung, Pioneer, n’y payent pas d’impôts, ni sur les produits importés, ni sur les produits exportés, mais seulement sur les salaires et les bénéfices générés. Avec des emplois pour au total 27.000 personnes, et un chiffre d’affaires de 16,16 milliards de dollars, cette zone de libre commerce représente 8% du produit national brut du Panama. Annuellement 150.000 Latinos de Colombie, du Costa Rica, d’ Ecuador, de Haïti, du Venezuela, du Nicaragua, mais aussi des États-Unis, visitent ce grand « Supermarché », à la recherche de vêtements, de chaussures, d’appareils ménagers, de meubles, d’électronique, de cosmétiques et même de motos.

Et les Cubains sont également des clients appréciés. Fin octobre 2018 le Panama a assoupli l’accès au pays pour eux : les Cubains disposant d’une licence de travailleur indépendant (cuenta propria) ne doivent plus demander de visa pour le voyage. A leur arrivée, pour 20 dollars, ils peuvent acheter un visa valable pour 30 jours. Le Panama a probablement la zone de libre commerce la plus importante du continent, mais d’autres pays, comme la Guyane, Haïti, le Mexique et même la Russie, s’orientent vers le « tourisme d’achat ». Ces pays visent le phénomène croissant des Cubains qui viennent s’approvisionner à l’étranger.

En 2013 Cuba a assoupli la législation migratoire et, depuis lors, les Cubains peuvent librement quitter le pays et revenir, à condition d’être en possession du visa exigé par le pays de destination. Depuis lors, selon le Bureau National Cubain de Statistique (ONEI), 820.000 Cubains ont effectué un voyage à l’étranger. Tenant en compte l’offre limitée, et parfois le manque total de beaucoup de produits de consommation, il n’est pas étonnant que ces voyageurs remplissent leurs valises avec toute sorte d’articles de consommation, pour eux et leur famille.

Les règlements douaniers cubains décrivent en détail ce qu’une personne peut importer pour son usage personnel. Par exemple : la liste des produits autorisés comprend dix pantalons pour homme et dix pantalons pour femmes, 5 paires de chaussures, des produits de soins, etc..Le poids total autorisé est de 125 kg, dont les 30 premiers sont détaxés. Cuba a développé sa propre méthode pour la taxation des importations. On octroie à chaque produit une « valeur » avec une taxation qui y est liée. Pour un appareil d’air conditionné on paye 150 pesos cubains (6 dollars), pour un écran PC 50 pesos, une machine à café 15 pesos, etc.. La valeur totale autorisée est de 1.000 pesos. Si la même personne fait un deuxième voyage la même année, elle paye l’impôt sur les marchandises importées en devises (CUC). En tant que tel les taxes sont relativement faibles, mais le coût total, avec le ticket d’avion, le séjour et les achats à l’étranger est bien sur élevé. Il est donc « évident », bien qu’interdit, que l’on essaye de récupérer les frais en vendant les produits importés.

Mais cela représente plus que le voyageur individuel qui profite d’un voyage à l’étranger pour améliorer son confort domestique. Surtout les petits entrepreneurs ont des difficultés pour s’approvisionner sur le marché local. Pourtant les autorités ont fait d’énormes efforts pour améliorer l’offre d’outils et de matériaux de base, mais cela reste insuffisant. Et ceci a suscité un commerce alternatif  lucratif, mais partiellement illégal : on fait appel a des personnes privées pour importer des marchandises. Dans toute l’ Amérique Latine on les connaît sous les nom de « mulas » (mulets)

Les zones de libre commerce se jettent sur ce phénomène. Depuis que le président Trump a fermé l’ambassade à La Havane pour les demandes d’un visa pour les États-Unis,, les Cubains doivent s’adresser à l’ambassade nord-américaine en Guyane, un des rares pays où les Cubains peuvent voyager sans visa. Le Mexique a accueilli 69.105 Cubains durant la première moitié de 2018, soit 26.000 de plus qu’en 2017. Avec la nouvelle réglementation pour les visas, le Panama espère encore

augmenter le tourisme cubain d’achats. Manuel Girando, de Colón, plus de 40.000 Cubains ont visité le marché libre de Colón en 2017, et on espère atteindre 60.000 visiteurs en 2018. Pour lui le plus important c’est qu’ils achètent, séjournent quelques jours et dépensent de l’argent pour se loger et se nourrir. 

Le système des « mulas » a différents modes de fonctionnement. Le plus simple est celui décrit ci-dessus. Les Cubains réservent un voyage à l’étranger et achètent ce que la famille et les voisins ont commandé. Une fois rentrés ils revendent les marchandises. La majorité des Cubains opèrent ainsi occasionnellement et une seule fois comme « mula ». Mais ,il y a aussi des « mulas » professionnels. Ils récoltent des commandes à Cuba et vont ls acheter à l’étranger. Les frais du ticket d’avion et du séjour sont ventilés sur les commandes. Chaque « mula » y ajoute encore une commission.

Un autre moyen utilisé est l’envoi de colis à partir de l’étranger. Certains centres commerciaux ont installé des tables et des balances, où les Cubains peuvent distribuer leurs achats dans différentes boites, qui ne dépassent pas les poids autorisés pour un envoi par bateau ou courrier aérien. Pour éviter des problèmes pour les destinataires, les paquets sont envoyés à plusieurs personnes, en général des membres de la famille.

Beaucoup de centres offrent également une option pour l’ e-commerce, et envoient les marchandises achetées à Cuba. Ce sont surtout des Cubains qui vivent aux États-Unis qui voient là une alternative pour soutenir leurs familles à Cuba en objets de consommation au lieu d’argent. Une autre méthode d’envoi est de confier des paquets à des Cubains qui rentrent au pays. Ce sont de véritables « mulas », car ils ignorent ce qui se trouve dans les bagages remis, ni qui est le véritable destinataires.

Mais le système des « mulas » comprend des risques. Parfois ont trouve des messages de fausses firmes qui acceptent les commandes et les payements, mais dont les victimes attendent des marchandises qui n’arriveront jamais. Sur ce marché lucratif il y a parfois des firmes de transport qui ne disposent pas d’une licence d’importation à Cuba. La douane cubaine prévient également pour le transport de paquets dont on ignore le contenu. Dans ce cas il est clair que la marchandise est destinée à la vente à des tiers, ce qui est défendu. Cuba applique aussi une tolérance zéro pour les drogues et veut éviter que ces méthodes facilitent l’entrée de drogues au pays. La douane effectue par conséquent des contrôles très stricts. En 2018 on a intercepté 113 envois illégaux et saisi 3 tonnes de marchandises. La douane a aussi identifié 23 entreprises, la plupart nord-américaines, qui confient de façon illégale des marchandises à des voyageurs ou à des « mulas ».

Pourquoi ce contrôle sévère de l’importation et de la revente à Cuba? Les principaux secteurs de l’économie cubaine sont aux mains de l’état, et donc également les entreprises d’import/export. Il est interdit aux particuliers d’importer des marchandises et de les revendre. Le pays veut ainsi maintenir un contrôle des devises étrangères. la chute des prix du nickel, les importations réduites de pétrole bon marché du Venezuela, la réduction du tourisme nord-américain, ont augmenté le manque chronique de devises. Les autorités préfèrent les utiliser pour les achats prioritaires à l’étranger et pour les paiements de dettes. Ce n’est qu’ainsi que Cuba peut garantir la sécurité sociale et maintenir en fonctionnement les principaux secteurs économiques. Les autorités cubaines préfèrent que les Cubains dépensent leur argent à Cuba, et de préférence dans les magasins de l’état, afin que l’argent retourne à l’état. L’argent dépensé par le système des « mulas » disparaît à l’étranger et ne fait qu’enrichir les « mulas ». Et les sommes sont conséquentes. Selon m. Grimaldo, le chargé d’affaires de la zone de libre commerce de Colón au Panama, les citoyens cubains dépensent 100 millions de dollars par an pour leurs achats.. Les entreprises d’état cubaines s’approvisionnent aussi dans cette zone de libre commerce, selon lui à hauteur de 157 millions de dollars. En revendant ces produits aux citoyens cubains et aux petits entrepreneurs avec un surcoût (impôt) qui peut s’élever à 240%, l’autorité réalise une bonne affaire pour augmenter ses propres réserves.

Sources :

-http://www.cubadebate.cu/noticias/2017/11/30/aduana-de-cuba-responde-dudas-sobre-envios-postales-de-mensajeria-y-por-carga/#.W_WKFtThC91

-http://www.bbc.com:mundo/noticias-america-latina-43038889

-http://www.zonalibreinfo/zonalibreinfo.html

(Cultuur en sport)

DÉCÈS DE FELIX VALERA MIRANDA

Dirigeant du célèbre groupe de son Familia Valera Miranda, de Santiago de Cuba.

Décembre 2018

Ces quinze dernières années j’ai apprécié chaque année la musique de la Familia Valera Miranda, un orchestre renommé, également hors de Cuba, avec des concerts aux États-Unis, au Canada, etc.

Felix était un homme toujours aimable et respectueux, toujours calme. La dernière fois que je l’ai rencontré ce n’était pas avec son orchestre. Il semblait fatigué et malade, en rue à Santiago de Cuba en mars 2018. Par après j’ai constaté qu’il ne participait plus à l’orchestre.

Début novembre 2018 l’avis de son décès est arrivé. Un choc, malgré le fait qu’on s’y attendait. Un visage familier, une icône du Son cubain disparaissait. Il faudra oublier sa voix particulière en « life », même si l’on peut encore l’écouter sur Youtube.

Il était né en 1939, et jouait déjà la « tres » à 7 ans, lors de fêtes de famille. D’autres instruments ont suivi. Après la constitution du groupe « Quinteto Hermanos Valera Miranda », en 1952, et les années de prestations, il a également travaillé comme professeur de musique. Entre 1965 et 1985 il a obtenu 65 prix lors d’événements musicaux nationaux et internationaux. Il a également participé à de nombreuses émissions de télé.

Il a dirigé son orchestre durant 36 ans. Un musicien authentique, sans concessions commerciales. Il a formé ses fils et de nombreux jeunes musiciens. Son épouse et ses fils l’accompagnaient dans l’orchestre.

Malgré sa santé déficiente il a collaboré, jusqu’à la fin de sa vie, à un CD et un DVD sur sa vie dans les studios de l’ EGREM à Santiago.

Il nous manquera, et pas seulement à Santiago de Cuba.

                                                                                                                Regi Rotty

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