Cuba Sí 174 – traductions

Cuba Sí 174 – traductions

Acheter des autos et des maisons.

Les titres dans la presse auront surpris plus d’un. « Les Cubains peuvent acheter des maisons » et « Les Cubains peuvent acheter des voitures ». Century 21 sentait déjà la bonne affaire, ou non ? Qu’en est-il réellement ?

Les journaux surfent en fait sur les consultations populaires que nous avions abordé dans les numéros précédents. Les Cubains considéraient comme grave la problématique du logement et du transport.  Ces soucis ont été abordés et traduits en directives, amendées et approuvées par le VIe Congrès. Dernière étape dans le processus : transcrire les directives en législation. Voilà en résumé comment le processus s’est déroulé. Et les titres qui ont envahi les journaux dans le monde ne sont qu’une réaction à l’entrée en vigueur des nouvelles lois sur l’achat et la vente de maisons et d’autos.

Chacun qui connaît tant soit peu Cuba sait que le logement et les transports sont deux sources de mécontentement pour les Cubains et un défi pour chaque nouvelle équipe de gestionnaires. Plusieurs familles vivent sous un seul toit et dans plusieurs villes la restauration et l’entretien des édifices existants est cher et souvent remis aux calendes grecques. La demande des Cubains ne surprend donc personne. La même histoire se répète pour les transports. Il y a peu de combustible et trop peu de moyens de transport. Souvent la créativité des Cubains trouvait des solutions, mais tout aussi souvent au prix de la sécurité (il suffit de penser aux camions surchargés).

Les adaptations les plus récentes de la législation sur le logement dataient de 1988. Il était plus que temps de les actualiser. Mais qu’est-ce qui change concrètement pour les Cubains ?
Voyons la situation avant la nouvelle législation. 84% du marché des logements était aux mains du privé, soit propriété des Cubains eux-mêmes. La difficulté survenait en cas de vente.
Ils ne pouvaient vendre leur maison qu’à l’autorité et pas à d’autres citoyens. En cas de refus de cette possibilité ils pouvaient soit donner leur habitation officiellement (donation) ou l’échanger avec un autre Cubain qui voulait lui aussi déménager (système appelé la « permuta »). Il n’y avait pas d’imposition à payer, ni pour la donation, ni pour la permuta. La permuta était soumise à certaines règles pour empêcher les abus, mais le contrôle n’était pas efficace et aprfois de l’argent circulait sous la table pour réaliser l’échange. Tout le monde était au courant de ces pratiques.

La nouvelle loi, entrée en vigueur le 10 novembre 2011, a facilité certains aspects mais veut également contrecarrer les fraudes. Le premier pas est la demande à tous les propriétaires de déclarer leur propriété dans un registre national, le « Registro de la Propriedad ». Actuellement seulement 6% des logements est inscrit sur cette liste, il reste donc beaucoup à faire. En effet, celui qui voudra vendre son logement devra d’abord fournir un document officiel d’enregistrement. Mais la vente et l’achat de maisons est maintenant possible sans l’autorité comme intermédiaire. Concrètement, à partir du 10/11/2011, tous les Cubains et les étrangers résidant en permanence à Cuba, peuvent acheter deux maisons : un logement principal et une résidence secondaire (des exceptions existent pour certains métiers). Celui qui veut acheter ou vendre doit résider à Cuba et être propriétaire du bien vendu. Lors de la vente un impôt est à payer, un « impuesto regulador », en fait un impôt  régulateur ou niveleur. Celui-ci doit exclure  toute tentative de pure spéculation.

Ceux qui avaient entamé une procédure d’échange ou de cessation à l’autorité seront transférés dans la nouvelle procédure. Les Cubains qui  veulent quitter le pays peuvent transférer leur propriété à un membre de la famille jusqu’au 4e degré ou à un partenaire avec lequel ils cohabitaient depuis au moins cinq ans. Il n’y a pas de limite d’âge, chaque personne majeure peut acheter ou vendre. Il est également prévu que lors de la vente, une mère avec un ou plusieurs enfants à charge, ou une personne âgée habitant le logement depuis plus de trois ans au moment de la vente et qui n’ont pas d’autres résidence, ne peuvent être mis à la porte.

Le marché des voitures est également flexibilisé. Là où auparavant uniquement la vente d’autos datant d’avant 1959 était possible, maintenant les modèles plus récents peuvent également être vendus. L’interdiction de vente des old-timers, les toutes vieilles voitures, reste d’application, car elles sont considérées comme faisant partie du patrimoine national.

Et ce n’est pas tout ? Tous les jours des nouvelles lois sont votées qui mettent en pratique les directives (les fameux lineamientos) . Cuba se transforme !!

Alexandra Dirckx

Nouvelle Ambassadrice Cubaine

Mirtha était déjà depuis un an chef de mission faisant fonction et était également en Belgique en tant que conseillère pour l’Europe avec l’ambassadeur Rodrigo Malmierca (actuellement Ministre du Commerce Extérieur). Fin 2011 elle a présenté ses lettres de créance au Roi Albert II.

L’Ambassadrice de Cuba présente ses lettres de créance au Président de la Commission Européenne.

Mirtha Hormilla Castro, Ambassadrice de Cuba, a présenté à Bruxelles, au Président de la Commission Européenne, le Portugais José Manuel Durao Barroso, les lettres de créance qui l’accréditent pour l’exercice de ses fonctions comme Chef de la Mission Cubaine auprès de l’Union Européenne. L’ambassadrice Hormilla Castro a transmis à Durao Barroso des informations actuelles sur Cuba et réitéré la volonté du Gouvernement de Cuba de poursuivre la normalisation des relations entre l’UE et Cuba. Les deux parties ont valorisé positivement l’état de la coopération entre Cuba et la Commission Européenne. L’Ambassadrice était accompagnée par les Conseillers José Oriol Marrero Martínez et Arturo Guzmán.

En novembre l’Ambassadrice de Cuba s’ est présentée aux ambassadeurs du groupe ACS (Afrique, Caraïbe et Océan Pacifique).

Dans le cadre de la 845e session de réunions des ambassadeurs du groupe ACS à Bruxelles, le Dr. Ibraham Chambas, secrétaire général de l’organisation, a présenté sa collègue Mirtha Hormilla Castro. Elle est la nouvelle ambassadrice cubaine pour la Belgique, le Grand Duché du Luxembourg et l’Union Européenne.
Dans sa présentation pour les ambassadeurs de l’organisation le secrétaire général a fait référence à l’expérience et à la carrière professionnelle de Mirtha depuis ses débuts dans les services des Affaires Etrangères, il lui a également assuré du soutien du Secrétariat et lui a souhaité bonne chance pour ses nouvelles tâches.
Le Dr. Chambas a parlé de Cuba avec un réel respect, de la reconaissance et de l’admiration pour la solidarité et l’exemple du pays, visibles dans le cadre de l’action du groupe ACS, sous ses différents aspects, mais également dans la collaboration et la coopération avec les états membres, surtout dans des secteurs de grande influence sur les villages des pays concernés. Il a fait référence à l’accord pour promouvoir le travail de l’ACS.
Dans ses remerciements pour l’accueil chaleureux par le Comité des Ambassadeurs ACS, Mme Hormilla a déclaré que la représentation de son gouvernement et de son peuple représente pour elle un grand honneur et une grande responsabilité. C’est pour elle un défi de continuer le travail de Cuba dans ce cadre d’action. Elle a exprimé sa reconnaissance pour le soutien de l’ACS dans la lutte de Cuba au niveau international,  surtout par le vote contre le blocus économique, commercial et financier imposé depuis plus de cinquante à Cuba par les Etats-Unis.
Dans son discours l’ambassadrice a donné aux présents un aperçu du VI Congrès Parti Communiste de Cuba qui s’est déroulé en avril 2011. Elle a expliqué que le Congrès était essentiellement centré sur les thèmes économiques comme le sont les accords obtenus par implantation des directives approuvées pour l’actualisation du modèle économique socialiste du pays.
L’ambassadeur de l’Uganda, et actuel président du Comité des Ambassadeurs, M. Katenta Apuli, a souhaité la bienvenue à L’ambassadrice et a fait référence à la grande sympathie de son peuple pour la collaboration dans différents secteurs de son pays.
M. Ibrahim Bocar Ba, ambassadeur du Mali et membre du Comité des Ambassadeurs de l’ACS a souhaité la bienvenue à l’ambassadrice au nom de ses collègues, a exprimé son soutien et lui a souhaité   du succès dans l’accomplissement de ses nouvelles responsabilités.

P. Evrard et Nele Mensaert

Est-ce que Cuba fabrique un vaccin spectaculaire contre le cancer du poumon ?
Ou pas encore ?

Ce n’est pas un secret que la lutte contre le cancer est au sommet des priorités des instituts de biotechnologie à Cuba. Et régulièrement nous entendons des nouvelles au sujet des découvertes récentes. C’est le cas pour le nouveau vaccin contre le cancer du poumon
Voici quelques considérations à ce sujet.

S’agit-il d’un vaccin ? Pas au sens strict du terme. Un vaccin est un traitement (pilule, injection) qui active le système immunitaire contre des substances externes, afin de prévenir une maladie avec laquelle on entre en contact. Le vaccin contre le cancer de l’utérus répond à cette définition puisqu’il est donné avant qu’il ne soit question d’infection pouvant causer un cancer. 
Le vaccin contre le cancer du poumon ne répond pas à la définition, car les patients traités ont déjà développé un cancer du poumon. Ce que fait ce vaccin c’est de stimuler le système immunitaire, non préventivement, dès lors on l’appelle un vaccin thérapeutique.
Mais ce ne sont que des mots. L’important c’est l’efficacité du remède. Le cancer du poumon est causé dans plus de 90% des cas par l’usage du tabac. Ne pas fumer ou s’arrêter de fumer sont la meilleure prévention. La pollution de l’air peut également jouer un rôle.
Si une ablation totale est impossible les prévisions pour un malade atteint d’un cancer du poumon sont très mauvaises. La survie moyenne, après une chimiothérapie de 2me oude 3me ligne est d’environ 8 mois.
Le vaccin cubain, le CimaVax-EGF, a pour but d’inciter les anticorps. Nous n’entrerons pas ici dans les mécanismes de fonctionnement. 6 études cliniques ont été réalisées. Elles démontrent que le produit est sûr. Une recherche de publications complète (complète signifie que l’article a été lu et évalué par des experts) a donné 1 résultat. Cette publication donne les résultats de 80 patients, la moitié traité à dose basse, l’autre moitié à dose forte. L’étude démontre que les patients traités à dose forte ont une survie moyenne de 13,57 mois et que 34,2% était encore en vie après 2 ans. Chez l’autre groupe (les « responders), 31% du total la survie médiane était de 29,9  mois. Il faut donc découvrir qui sont les « responders » (ceux qui réagissent bien au traitement).
Pour le moment il n’y a pas de résultats de comparaisons avec des non utilisateurs du remède ou avec d’autres remèdes éventuels. Ces études sont indispensables pour autoriser le remède sur le marché européen. Nous ne savons pas s’il a un gain par rapport à d’autres traitements. Nous en sommes donc encore à au moins trois ans avant une reconnaissance en Europe, mais en attendant il y a des études cliniques, entre autres au Royaume Uni.

Conclusion : les résultats sont prometteurs mais tant que des études comparatives ne sont pas publiées il faut attendre avec une prudence critique.

Mark Lamotte

Une journée à Pinar

Lors de mon séjour à Cuba, en pleine préparation de la « Carlos Habré III » je me rend à Pinar pour une visite au projet précédent et pour préparer le suivant

Après quelques coups de fil le premier rendez-vous est fixé au vendredi après-midi. Sergio Abreu et un camarade viennent à l’hôtel Pinar del Rio en fin d’après-midi. Après des salutations chaleureuses nous discutons le programme pour le samedi 19 novembre 2011. Rendez-vous à 8h15 au lobby. Premier arrêt pour une réunion avec le directeur des hôpitaux provinciaux. Après une demi heure on va voir les magasins où sont stockés les matériaux cliniques de nos deux derniers conteneurs (Oostduinkerke). Le deuxième arrêt est le vieil hôpital, dont personne ne connaît le nom, mais tout le monde sait où il se trouve, avec Sergio et Moraima. Là les lits et le matériel sont utilisés et il y a un magasin pour le montage et les réparations (malheureusement certains lits ont été détériorés durant le transport). Deux hommes y travaillent à temps plein. Le dernier rendez-vous est le dernier projet de collaboration. Tous le anciens et les nouveaux patients ont déménagé dans les salles rénovées. Ils rénovent maintenant la dernière aile et le bâtiment sera entièrement utilisé. Sergio nous laisse au centre pour le repas, car l’après-midi il y a encore quelque chose au programme. Je suis curieux.
Vers 14h15 Jesús Carette Rodriguez (un peintre célèbre) vient nous chercher avec un ami pour visiter un projet pour des personnes atteintes du syndrome down. Son épouse, Coratina D. Hernandez Crespo a accouché il y a 22 ans d’une magnifique fille. Mais parfois la nature déraille. Durant la croissance ils ont constaté que ces enfants peuvent faire de magnifiques dessins. Grâce à son propre talent Jesús s’est efforcé de les aider. La technique s’améliore et s’affine. Quand leur fille Liane Carreta Hernández a eu 12 ans, il y a 10 ans déjà, elle a démarré ce projet, car à 18 ans les enfants doivent être pris à charge à la maison. Avec d’autres mères et des volontaires elle organise des cours de danse et de chant, fait des excursions à la mer, visite des musées. Ils sont maintenant 24 dont 5 avec un handicap mental grave. Le groupe grandit et ils voudraient y inclure des professeurs.
Les peintures ne sont pas seulement exposées à Cuba, mais ont déjà circulé dans 48 pays, dont les Etats-Unis.                                                           
Maintenant qu’ils grandissent ils doivent apprendre à vivre en indépendance maximale, un premier pas étant l’apprentissage pour pétrir et cuire du pain.

Raymond Verbinnen

La vie d’une vendeuse ambulante et chantante

Des gens comme Bertha la Pregonera contribuent au caractère unique de Santiago de Cuba. Elle reflète le caractère et l’essence de la ville.

Bertha, une noire enveloppée et amusante ne pouvait, à l’époque, que fuir la pauvreté par ses rêves et son imagination. Enfant, elle admirait les vendeurs ambulants qui peuplaient la Plaza Dolores et y vendaient leur marchandise en chantant.

« Les vendeurs de rue me fascinaient depuis mon enfance. Ma tante, chez qui j’habitais à 12 ans, m’envoyait acheter du charbon. Je prenais le seau à charbon, je le déposait chez Juan, le vendeur de charbon dans le Callejón de Gata,et en attendant j’allais à la Plaza Dolores pour y admirer comment les vendeurs de rue offraient leur marchandise en chantant. »

Son rêve est devenu réalité. De la Plaza de Marte, son point fixe, elle parcoure comme une reine les rues Enramadas, Aguilera et le Parque Céspedes. Son panier rempli de trucs et de bouteilles contenant des breuvages qu’elle baptise de noms frappants comme « Parapipigalonea », fabriqué à base de racines, de feuilles de plantes et de gangues et qui –dit-elle- « nettoie tout », elle conquit le coeur des passants en chantant de beaux vers, piquants.
Elle rit fort et défend avec énergie, humour, anecdotes, les traditions et les valeurs de son monde, qu’elle représente.

« Il y a plus de vingt ans que je suis vendeuse de rue. L’idée que quelqu’un devrait m’entretenir ne m’a jamais plu. Personne ne meurt du travail. J’ai travaillé 50 ans avec de jeunes enfants à élever et j’ai escaladé toutes les montagnes environnantes. J’ai récolté du café, j’ai coupé de la canne, j’ai travaillé dans le bâtiment, j’ai planté des arbres dans les faubourgs, j’ai semé du café à Campo Rico, tercer Frente. J’allais chercher les graines de café à Naranjo Agrio pour les revendre en rue ».

Depuis lors Bertha, qui s’appelle en fait Bertha Lidia Hechavarría Heredia, mais que tout le monde connaît comme Bertha La Pregonera, parcoure tous les jours la distance entre le quartier « El Caney » et le centre de la ville où elle propose ses marchandises en chantant.

« Aujourd’hui la vente en rue est devenue une tradition parce que les gens ne font plus la promotion de leurs articles en chantant. Si je ne l’avait pas fait, il n’y aurait plus de vendeurs chantants. »

-Y a-t-il encore beaucoup de vendeurs qui présentent leur marchandise en chantant ?                                                    

« Non, les vendeurs ne chantent plus, ils parlent simplement. Beaucoup répètent la même chose. Chanter a une signification. Le pregonero doit vanter sa marchandise en chantant et raconter en vers pourquoi il faut acheter son produit. La vente ambulante dépanne les personnes qui se déplacent difficilement et achètent à domicile ou au coin de la rue. »

Toujours habillée de châles colorés, avec des bracelets et des colliers brillants, avec un turban sous le panier, Bertha donne des leçons de vie qui embellissent l’âme de la ville et la catapultent dans le temps.

« Je n’aime pas les mensonges – la vérité prime tout. On ne peut pas berner les gens car alors on sera réputé comme quelqu’un de peu fiable. L’intégrité était une part importante de mon éducation et je n’aime pas les gens qui se font passer pour ce qu’ils ne sont pas. On ne sait pas à qui faire confiance si les gens veulent être aimés du monde entier et ne font de bonnes choses que dans ce but ».
« J’ai beaucoup vécu et j’ai beaucoup du lutter. Après la victoire de la révolution j’ai cherché du boulot à La Havane et j’ai fait des ménages. Durant la campagne d’alphabétisation je gardais six filles à la maison … et j’ai fait plein de choses que je ne raconterai jamais, car je n’aime pas me vanter de ce qu’il fallait faire à l’époque. »

Son grand-père Basilio Heredia, également guérillero, sa grand-mère, qui parlai français et « Patuá », et sa mère lui ont enseigné la médecine par les plantes. « Ma mère me laissait déraciner les plantes et me disait combien de feuilles, combien de gangues il fallait utiliser… En l’obser0vant et en étant toujours avec elle j’ai appris à fabriquer de bons remèdes ».
En récompense de sa détermination dans la défense de la culture cubaine la Casa del Caribe lui a attribué le prix « la Mpaka ». Est-ce une reconnaissance que Bertha espérait de son pays ?
« Qui fait bien, rencontre bien. Je dis toujours : si la nature estime que je mérite quelque chose je le mériterai. Ce prix est pour moi sacré et sincère. Ceux qui y croyaient ne se sont pas trompés. Celui qui fait tout avec de bonnes intentions n’aura pas de malheurs. Le plus important c’est un cœur pur et  du bon sens ».

Puis elle prend son panier, nous offre son plus beau sourire et pars vers la ville qui, comme sa vie, lui appartient un peu plus à chaque fois qu’elle parcoure les rues en chantant.

S. Vanhoegaerden

En traversant Cuba – chapitre 6  – par Youri Blieck
VILLA CLARA                                                                                

La province cubaine de Villa Clara combine histoire et nature et attire ainsi un public aux intérêts variés. Pour beaucoup le clou reste le mausolée de Che Guevara, figure révolutionnaire et emblématique. D’autre part une exploration plus poussée de la chaîne montagneuse subtropicale de l’Escambray fera découvrir une des plus belles régions du pays.

Jusqu’en 1975 Cuba ne comptait que 6 provinces, dont celle de Las Villas, au centre du pays. Lors des réformes administratives de1975 cette grande province a été divisée en plusieurs nouvelles entités. L’actuelle Villa Clara en est une, avec comme capitale Santa Clara.

La ville de Santa Clara est surtout renommée en tant que ville de Che Guevara. Ceci est dû au fait que c’est là qu’il a livré la bataille décisive contre les troupes de Batista, le dictateur de l’époque. On y trouve aujourd’hui sa statue et son mausolée. Une visite de Santa Clara est importante pour celui qui veut mieux connaître Che et l’histoire des derniers jours de la lutte rebelle contre Batista.

Par conséquent la découverte de Santa Clara commence souvent à la place de la Révolution, au mausolée de Che Guevara. Le médecin argentin Ernesto Guevara rencontre en 1955, au Mexique, l’exilé Fidel Castro et il décide de rejoindre le groupe révolutionnaire de Castro et de combattre à Cuba pour un nouveau régime et de meilleures conditions de vie pour la majorité des cubains. En 1956 il navigue vers les côtes de Cuba, à bord d’un navire rouillé, le Granma, avec Fidel Castro, son frère Raúl et 80 combattants, pour y démarrer la révolution. Après deux ans de guerre de guérilla dans la zone montagneuse de la Sierra Maestra, dans l’est de Cuba, les jeunes rebelles engrangent de plus en plus de succès et Che Guevara est envoyé, à la tête d’une colonne, vers le centre de l’île (à l’époque province de Las Villas) pour empêcher l’envoi par Batista de renforts vers l’est du pays. L’objectif était d’arrêter les troupes de Batista à hauteur de la région de Santa Clara.

En 1958, dans un parcours héroïque, Che Guevara et ses combattants avancent de l’est de Cuba jusqu’au montagnes de l’Escambray. Il y contacte d’autres groupes révolutionnaires actifs au centre de l’île. A partir de l’Escambray il prépare minutieusement la bataille qui deviendra le coup de grâce contre le régime dictatorial. Le succès croissant de la guérilla avait forcé Batista à envoyer des hommes et des armes supplémentaires vers l’est, en train blindé. Des espions avaient fourni à Che les plans du train (avec le nombre exact des combattants et des armes à bord) et des plans étaient élaborés pour empêcher coûte que coûte que le train, avec ses hommes et ses armes, n’atteignent l’est de Cuba. Il était impératif d’arrêter le train à Santa Clara.

A l’aide d’un petit bulldozer les rails sont sabotés hors de la ville afin de faire dérailler le train. Che était en embuscade avec un petit groupe de rebelles. Tout se déroula comme prévu et les hommes de Batista se retranchèrent dans le train blindé après le déraillement. Des cocktails Molotov se chargèrent de rendre la température intenable dans les wagons et rapidement les troupes de Batista se rendent. Beaucoup d’entre eux vont rejoindre spontanément les révolutionnaires et participent à la prise de la ville. En apprenant la prise du train et des armes par les rebelles, Batista estima la bataille perdue et prit la fuite (avec les caisses de l’état). Après la prise de Santa Clara Guevara se dirige vers La Havane avec ses hommes afin d’occuper les positions libérées. Entre-temps, à Santiago de Cuba, Fidel annonce la victoire de la Révolution Cubaine et rejoint Che et les siens une semaine plus tard. Nous sommes en janvier 1959. Le nom de Che Guevara est lié pour l’éternité à la ville de Santa Clara et à ses habitants.

Il n’est donc pas surprenant qu’ici a été érigé une statue du révolutionnaire argentin.
Vingt tonnes de bronze, en tenue de combat et en marche pour la bonne cause. La lettre qu’il adressera plus tard à Fidel (dans laquelle il renonce à toutes ses fonctions pour aller combattre dans d’autres régions du monde, pour la même cause que celle qui l’a amené à Cuba) y est également représentée. La lettre se termine par le célèbre « Hasta la victoria, siempre ! » (Jusqu’à la victoire, toujours).

Sous la statue et le mur monumental nous trouvons le mausolée de Che, à côté d’un petit musée très intéressant où on esquisse la vie de Che sur base de textes, de photos et de témoignages. Les restes de Che ont été transférés de Bolivie en 1997, avec ceux de 17 combattants, et installés dans un édifice serein et artistique, construit de matériaux exclusivement en provenance de Cuba.

La Place de la Révolution comprend beaucoup de symboles : le mausolée est érigé en 1987, 20 ans après la mort  de Che, les restes sont transférés en 1997, 30 ans après sa mort, la place est bordée de deux rangées de 14 palmiers royaux, 28 au total, chiffres exprimant la date de naissance de Che, le 14 juin 1928. Entre les rangées de palmiers  on trouve une construction en forme d’étoile –celle du béret de Che- dont surgit une flamme éternelle qui brille dans le vent.

Un peu plus loin dans la ville on découvre le Tren Blindado, le train blindé. Le véhicule qui a joué un rôle important dans la bataille décisive décrite ci-dessus est transformé en musée « in situ ». Cinq wagons du train blindé se trouvent encore toujours sur la voie ferrée où eurent lieu les combats. Dans les wagons est restitué la bataille avec des photos, des armes et des objets utilisés lors de la bataille de Santa Clara. Le bulldozer utilisé pour le sabotage des rails a été mis sur un socle.

Les admirateurs de Che peuvent encore voir une deuxième statue de Guevara à Santa Clara. Elle se trouve devant les bâtiments dans lesquels Che avait installé son quartier général et est un exemple de sculpture réussie. Elle est également en bronze, plus petite, mais très expressive et parsemée, sur tout le corps, de figures miniaturisées qui illustrent des épisodes de la vie de Che. 

A côté de l’histoire Santa Clara offre également de la couleur locale et de la culture. Le parc central, le Parque Vidal, nommé d’après le colonel Leoncio Vidal y Caro, tué à cet endroit lors de la deuxième guerre d’indépendance, est un lieu de rencontres par excellence dans cette capitale provinciale, et un spectacle passionnant est à découvrir par celui qui s’y installe sur un des nombreux bancs.
Autour de la place il y a des bâtiments intéressants, en premier lieu le grand théâtre Caridad qui date de la fin du 19e siècle (1885). Ici, comme à Matanzas et à Cienfuegos, l’élite locale a fait construire un grand espace culturel où les grands noms pouvaient se produire. Et ici,  comme à Cienfuegos, une part importante des recettes était dédiée au plus démunis. Du même côté de la place nous trouvons le musée des  arts décoratifs, un édifice du 18e siècle, avec une collection de meubles coloniaux qui vaut le détour.
Plus loin sur la place nous pouvons voir l’immeuble imposant où siège le gouvernement provincial et, en face, la maison communale tout aussi belle et imposante.
Un édifice s’impose. C’est la tour carrée de l’hôtel Santa Clara Libre. Lui aussi joue un rôle dans la fameuse bataille de Santa Clara. Les hommes de Batista s’y étaient réfugiés et ce n’est qu’après un intense échange de tirs avec les rebelles qu’ils quittèrent le bâtiment. A certains endroits on voit encore les impacts de balles, laissés tels quels en témoignage de ces évènements historiques. 

Au milieu de la place se trouve un kiosque et, à proximité, la statue de Marta Abreu, un de mécènes les plus importants de  Santa Clara.

En quittant Santa Clara vers la côte nord on arrive rapidement dans la petite ville de Remedios. C’est une de ces petites villes cubaines qui sont d’agréables surprises qui surgissent dans le paysage. Une petite ville coloniale avec une atmosphère et une architecture comme à Trinidad, mais moins connue et moins fréquentée. L’endroit peut être fier de ses rues coloniales avec les façades en couleurs pastel et des toits de tuiles pittoresques, son église
Parroquia de San Juan Bautista de Remedios avec son autel doré et sans oublier sa tradition des Parrandas.

Les parrandas sont des fêtes connues dans tout le pays et même à l’étranger. Appelons les carnaval de Remedios et comparons les à un croisement du carnaval brésilien et des fêtes Las Fallas de Valence (Espagne). La fête a lieu chaque 24 décembre et est tellement importante pour Remedios qu’on lui à même dédié un musée, le musée Parrandas, où on peut tout apprendre sur cette célébration. Plusieurs quartiers de la ville sont en compétition pour le plus beau char et la préparation occupe beaucoup de volontaires une bonne partie de l’année. On travaille des semaines, des mois, à la décoration et le soir de la fête le plus beau char est élu. La fête comprend des comparsas (des cortèges dansants), de la boisson, des kermesses, des repas et beaucoup de feux d’artifices et de bruit. Tout le monde lance des feux d’artifices, on bricole des échafaudages à partir desquels partent les fusées, partout dans la petite ville.
C’est féerique, assourdissant et malgré tout assez dangereux. La musique résonne toute la nuit et la danse est roi.

Villa Clara offre aussi sa part de nature au visiteur. Une partie de la Sierra de l’Escambray (qui couvre le centre de Cuba) se trouve dans la province et offre des possibilités de promenade à pied ou à cheval dans cette région subtropicale. On y trouve aussi le barrage Hanabanilla, un lac étroit et long créé par la construction d’un petit barrage sur le Rio Negro. De l’hôtel Hanabanilla des petits bateaux partent pour une promenade sur le lac, et à différents endroits sur les côtes partent des sentiers de randonnée dans les montagnes. C’est une région encore relativement sauvage où les facilités pour le visiteur sont peu développées. En résulte l’avantage de l’authenticité de Cuba, à voir avec l’authenticité cubaine (soit avec la patience indispensable).

Sports

Où en est le cyclisme cubain ?

José Manuel Peláez était en Belgique pour le championnat du monde de cyclocross. José Manuel est président de la ligue de cyclisme cubain et de la Ligue Panaméricaine de cyclisme, ainsi que membre du comité directeur de l’UCI (la ligue mondiale de cyclisme). Avec la collaboration de l’ambassade nous avons pu interviewer ce fana du cyclisme.

Q : La Belgique est un pays où le sport cycliste est très populaire. A Cuba on voit des gens à vélo, mais peu de cyclotouristes comme on en voit en Belgique le dimanche matin. Où en est le sport cycliste à Cuba ? Y a-t-il des cyclotouristes ? Des champions cyclistes ?

R : C’est un plaisir pour nous d’être au championnat du monde de cyclocross et de participer à la réunion du comité directeur de l’UCI. Et en Belgique, un pays où le vélo fait partie de la culture et est très développé.
Cuba a de très bons contacts avec la Fédération Belge de Cyclisme. Nous avons même pu accueillir Eddy Merckx lors du Tour de Cuba. Il accompagnait une donation de mille vélos pour les médecins travaillant dans des régions d’accès difficile dans la région de Guantanamo.
Eddy a également offert 10 vélos de sa marque à la Fédération Cubaine, dont un destiné au vainqueur  du Tour de Cuba de cette année.

Le cyclisme se développe progressivement à Cuba. Surtout le cyclisme sur route depuis la construction du vélodrome de La Havane. Aujourd’hui nous avons quelques champions sur piste, comme Lisandra Guerra, Yohanka Gonzalez (médaille d’argent aux Jeux Olympiques) et Yumarys Gonzalez.
Actuellement le cyclisme se pratique dans les 15 provinces du pays. Il y a des écoles d’initiation au sport où les élèves commencent l’entraînement dès 13-14 ans. Ceci malgré le fait que le cyclisme coûte cher et malgré la précarité économique du pays. Mais nous recevons beaucoup de vélos via des dons, entre autres de Belgique. Aujourd’hui nous sommes ici pour un championnat, mais nous sommes persuadés que nous allons revenir très vite en Belgique grâce aux bonnes relations avec la Fédération Belge et surtout avec Eddy Merckx.

Q : Cuba participe au Tour d’Argentine, où des équipes professionnelles sont sur la ligne de départ. Est-ce que les coureurs cubains ont un niveau comparable ? Ont-ils le niveau de l’élite du cyclisme sur le continent et au niveau mondial ?

R : Le tour de San Luis a actuellement un niveau très élevé, vu la participation d’équipes professionnelles et de coureurs comme Alberto Contador. Nos athlètes ne tournent pas au niveau professionnel, mais le règlement du concours permet la participation d’athlètes non professionnels. Nous essayons de garder le rythme de cette compétition. C’est difficile, mais nous ne nous en sortons pas trop mal. A ce jour un seul athlète, Arnold Alcolea, a été contraint à l’abandon après un accident lors de la cinquième étape, mais les autres restent en ligne. Pour nous c’est important et c’est un plaisir de pouvoir entrer en concurrence avec de tels athlètes européens, renommés et expérimentés.

Q : En parlant d’athlètes européens, de nombreuses compétitions ont lieu en Europe, surtout sur route. Allons-nous voir des équipes cubaines dans une de nos courses dites « classiques » ?

R : Oui, cette année nous espérons engager notre équipe dans certaines compétitions en Europe. En Italie nous espérons participer à

 quelques courses avec l’équipe féminine. Il faut rappeler que notre équipe féminine est plus performante que l’équipe masculine.

Q : Depuis une dizaine d’années nous avons vu des progrès technologiques de pointe s’imposer dans le cyclisme. Les vélos deviennent plus légers, plus solides et influencent fortement les prestations de l’athlète (plus de prestations sans vélo sophistiqué). Ceci augmente sérieusement les coûts. Dans le cas de Cuba, un pays avec des moyens limités, comment font les équipes cubaines pour compenser ce retard en matériel ?

R : En fait le coût du matériel s’accroît dans tous les sports. Le blocus nord américain nous complique l’accès à ces nouveaux matériaux. Mais il y a beaucoup d’amis de Cuba et d’amis du cyclisme cubain qui nous aident, et pour nos meilleurs athlètes nous disposons du matériel qui leur permet d’aborder les compétitions au même niveau. Mais le matériel est effectivement très cher et notre économie ne nous permet pas d’obtenir de tels vélos pour tous nos sportifs.

Q : Il y a aussi la créativité des Cubains qui recyclent et réparent des composants.

R : Oui, les Cubains ont appris à trouver des solutions pour tout et pour n’importe quoi. Mais le principal reste : participer aux compétitions et développer les talents.

Q : Nous regardons maintenant le championnat du monde de cyclocross. Est-il pratiqué à Cuba ? 

R : Non, notre climat n’y est pas propice. Mais on pratique du mountain biking.

Q : Il y a beaucoup d’amateurs ?

R : Le nombre de pratiquants s’accroît et notre fédération soutient le développement du mountain biking.

Q : Merci d’avoir répondu à nos questions.

R : Merci de votre intérêt et permettez-moi de rappeler que nous sommes très heureux d’être en Belgique et d’assister à ces championnats de cyclocross et à la réunion du Comité Directeur de l’Union Cycliste Internationale, dont je fais partie. Encore merci.

Mark Lamotte

Les judokas cubains

Des judokas cubains ont fourni d’excellentes prestations en Belgique.
Fin janvier et début février des tournois de sélection pour les Jeux Olympiques de Londres ont eu lieu. Les dames se rencontraient à Arlon et les hommes décidaient de leur sort à Visé. Tant chez les hommes que chez les femmes les Cubains ont raflé plusieurs médailles. Les équipes étaient dirigées par Ronaldo Veitía et Justo Noda.
A Arlon les dames emportaient quatre fois de l’or, une médaille d’argent et une de bronze. L’or revient à Yurisleidis Lupetey, Onix Cortés, Yalennis Castillo et Idalis Ortiz, l’argent à Dayaris Mestre et le bronze à Yanet Bermoy.
Chez les hommes l’or a été remporté par Asley Gonzalez et Oscar Braison.
Une belle prestation des judokas et un bon début de saison qui se poursuivra par le Grand Slam de Paris, le Grand Prix de Dusseldorf  et finalement la Coupe du Monde à Budapest et  Varsovie pour les dames, et à Obermart et Prague pour les messieurs

Alexandra Dirckx.

Un nouveau paysan à Cuba raconte son expérience

Guïra de Melena et Boyeros, Cuba.

David González López, 34 ans, à droite sur la photo, est propriétaire de la ferme El Valle Escandido (la vallée cachée) à Boyeros, près de La Havane. Il montre des noyaux de pêches qu’il a récoltées et qu’il va utiliser pour replanter de nouveaux arbres. Il est entouré de paysans qui participaient à la Troisième Conférence Internationale sur l’agriculture, l’écologie et l’agriculture durable, à Guïra de Melena.  
250 participants de 26 pays pour cette conférence, du 29 au 27 novembre 2011, en majorité des petits paysans, dont quelques-uns des Etats-Unis. Elle était organisée par l’Association des Petits Agriculteurs de Cuba (ANAP), Via Campesina, une organisation agricole internationale, et le Mouvement Latino-américain pour une agriculture écologique. Lors de l’ouverture de la conférence, Félix González Viego, vice-président de l’ANAP, a rappelé que les petits agriculteurs forment la composante la plus productive de l’agriculture cubaine. Grâce à la révolution cubaine de 1959 plus de 100.000 petits paysans obtinrent le droit de propriété des terres qu’ils cultivaient.
Les participants à la conférence, dont des paysans cubains, ont visité plusieurs fermes dans différentes provinces. Les agriculteurs visités ont donné des explications sur les efforts accrus depuis 2008 pour remettre en exploitation des terres abandonnées durant la crise économique des années ’90 à Cuba. Le but est d’accroître la production alimentaire et de diminuer l’importation d’aliments. Ces trois dernières années on a distribué 1,2 millions d’hectares de terres non cultivées aux paysans, parmi lesquels quelques-uns qui se mettaient à l’agriculture pour la première fois.

Le rôle du syndicat paysan et des coopératives.  

Ainsi David González est devenu agriculteur après avoir quitté les Forces Armées Révolutionnaires, où il avait reçu une formation de soudeur. Sa ferme fait partie d’une coopérative de crédit et de services qui regroupe quelques fermes de la commune de Boyeros.
L’ANAP, le syndicat paysan, aide près de  400.000 paysans dans des coopératives. Elles fournissent des crédits, de l’aide technique et donne accès aux machines agricoles (peu nombreuses). Elles aident également pour la vente des récoltes aux institutions et sur les marchés locaux.
González vit avec sa petite famille dans une petite maison qu’il a construite lui-même. Ses terres étaient un bout de terrain abandonné plein de déchets et envahi de marabú, une mauvaise herbe en buissons. En cherchant et en se trompant il a constaté qu’il pouvait cultiver des pêches et des légumes. Durant deux ans il a vendu à la communauté locale. Maintenant il produit assez pour permettre à la coopérative de vendre une partie de ses récoltes aux hôpitaux et aux écoles dans un rayon plus large.

Erik Wils

ASSOCIATION

Des vélos pour la brigade

L’idée d’utiliser des vélos pour notre troisième brigade, pour nos déplacements à Pinar del Rio, s’est basée sur deux éléments : l’essence à Cuba est chère et limitée, et la distance entre l’hôtel et l’hôpital à rénover n’est que de trois kilomètres.
Notre demande, via l’échevin Sofie Bracke, auprès du service mobilité de Gand, a donné comme résultat 14 magnifiques vélos. Avec les 14 vélos offerts par la régionale d’Alost, chaque participant à son vélo.
Et la remise officielle a encore fait une publicité extra pour notre projet.
Ce sera une belle image : un groupe de vingt volontaires circulant à vélo dans les rues de Pinar del Rio, pour travailler en solidarité avec Cuba.

Marc Wuytack – photos Regi Rotty

Le trophée « Nie Pleuje » 2011

Début janvier mous avons appris que notre organisation était nominée, avec trois autres organisations, pour le trophée « Nie Pleuje » 2011. Nie Pleuje signifie ne pas plier en dialecte gantois. Plusieurs membres du PTB nous avaient proposé. Via internet chacun pouvait exprimer son vote.
Le vendredi 27 janvier le trophée était remis lors de la réception de nouvel an. La tension était au sommet quand Sonia s’est écriée : les Amis de Cuba !
Sous les applaudissements j’ai pu monter sur le podium et recevoir le trophée des mains de Tom De Meester. Au nom de notre exécutif et de tous nos volontaires j’ai remercié ceux qui nous ont proposé et ceux qui ont voté pour notre projet, car c’est grâce à tous ces volontaires qu’après 9 ans nous pouvons annoncer le départ du 35e conteneur.
Le trophée était accompagné de trois bouteilles pétillantes dont une a été consommée dans la joie.

Raymond Verbinnen – photo Geert Steyaert

La régionale de Gand fête le nouvel an dans le port de Gand

Le samedi 4 février le Port de Gand a mis à disposition son bateau, le Jacob Van Artevelde, pour les Amis de Cuba, régionale de Gand.
La réception était précédée d’une rencontre officielle entre le bourgmestre Daniel Termont, Mirtha Hormilla, l’ambassadrice de Cuba et Daan Schalck, le CEO du port de Gand. Après un exposé sur le fonctionnement du port les possibilités de collaboration furent examinées. Une rencontre qui ne restera pas sans suite.
67 participants pour la réception, un vraie réussite. Au lieu des discours traditionnels l’assemblée a eu droit aux explications d’un guide qui connaît le port comme sa poche. Lors du retour il reste suffisamment de temps pour les conversations informelles. Nous avons profité de l’occasion pour présenter les t-shirts de la Brigade Carlos Habré III. SOLIDARIDAD ES UNIR PUEBLOS sera notre devise et augmentera notre visibilité dans les rues de ¨Pinar del Rio, entre l’hôtel et l’hôpital que nous allons rénover.
Il fallait aussi en profiter pour montrer notre trophée Nie Pleuje aux membres présents. Une reconnaissance de notre travail et une bonne motivation pour continuer.
Une initiative réussie et il sera difficile de faire mieux l’année prochaine. Il faudra donc prester autant en 2012 qu’en 2011 et surtout il faut NIE PLEUJE (ne pas plier).

Marc Wuytack – photo Geert Steyaert

UNE GRANDE AMIE NOUS A QUITTE

Elly Van Goethem, 17/08/1929 – 23/11/2011

Après une maladie courte mais impitoyable notre amie et camarade de lutte Elly Deneckere-Van Goethem est décédée à Mol le mercredi 23 novembre 2011.
Nous n’avons pas pu lui dire au revoir car elle était plongée dans un profond sommeil. A l’hôpital nous la tenions au courant des activités qu’elle avait encore aidé à préparer, comme la 20e Fiesta Latina des Amis de Cuba – Campine, en faveur d’un projet agricole en collaboration avec FOS – Belgique (Solidarité Socialiste) et l’ANAP à Cuba. Peut-être a-t-elle encore entendu quelques bribes.
Elle est partie à sa façon : en silence, sans tralala, sans se faire remarquer. Elle ne voulait être à la charge de personne.
Sa révolte face aux injustices dans le monde a menée Elly à militer durant des années dans des organisations comme les Magasins du Monde OXFAM, le Comité Salvador, le Comité Nicaragua, les Amis de Cuba, le SVV-VIVA (femmes prévoyantes socialistes) et le Parti Socialiste.
Son engagement dans la lutte contre l’exploitation et l’injustice, partout dans le monde, était permanent.
Pour elle, la plus haute valeur était la solidarité internationale. Pas de grands discours, mais faire quelque chose. Elle a participé à plusieurs brigades de travail au Nicaragua, en soutien aux Sandinistes, avec le Comité Nicaragua de Mol.
A la création d’une régionale des Amis de Cuba à Mol, en 1994, elle en était une des principales inspiratrices.
Pour les grandes activités comme « L’accueil d’Aleida Guevara », « Le centenaire de la naissance de José Martí », l’exposition « Mol commémore le Che » et la « Célébration de 50 ans de révolution cubaine et de 30 ans de révolution Nicaraguayenne », c’était elle qui réalisait la plus grande partie du travail en coulisses.
Son soutien et sa foi dans les idéaux de la Révolution Cubaine étaient inconditionnels.
La dernière année elle était plus fatiguée, elle se sentait vieillir. Mais elle restait tout aussi active, combative, luttant pour ses idéaux.
Son énergie, ses prises de position, ses engagements, ses réflexes socialistes étaient pour nous un exemple que nous voulons suivre.


Hubert Celen et Miek Caenberghs

Page 20, à droite – en dessous :

Je me promène à La Havane et je vois ce vieil homme qui marche. Je me dirige vers lui et lui demande : c’est quoi, ça ?
Il répond : Je suis Lorenzo Sánchez Valdés et je viens de Pinar del Rio. Je suis pensionné et je n’ai rien à voir avec la politique ou la religion.
Il se promène avec cette construction en bois qui ne lui laisse aucun repos. Personne ne lui a demandé de fabriquer ceci, c’est un apport personnel pour la libération des 5. C’est sa protestation sincère et silencieuse contre leur emprisonnement injuste.
Dans ses mains il tient une lettre pour Obama, aveugle et sourd, qui demande au nom de tous les Cubains la libération des 5.
Où est votre prix Nobel ? Où est votre paix ?
Merci.

S. Vanhoegaerden

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