Cuba Si 216 – Traduction

Cuba Si 216 – Traduction

BREVES

                                                                                                                                          Freddy Tack

JUIN 2022.

La ville de Bruxelles offre 29 bus à La Havane (Granma, 25/06/2022).

29 bus de la STIB sont arrivés à La Havane, un don de la ville de Bruxelles, dans le cadre des relations d’amitié et de collaboration. Ils sont partis à Cuba après une révision technique. 20 de ces bus sont mis en service pour le transport public pour le transport estimé de 32.000 voyageurs par jour. Les 9 autres bus ont été offerts au Ministère de la Culture.

La réception des busa eu lieu en présence de Jean-Jacques Bastien, ambassadeur de Belgique à Cuba.

Après une brève utilisation on a constaté que l’équipement d’air conditionné n’était pas conforme aux températures cubaines et les bus sont maintenant adaptés aux conditions locales.

Des parlementaires cubains en Belgique. (Cubadebate, Granma, Prensa Latina, 21-23/06/2022).

Une délégation de parlementaires cubains, présidée par Homero Acosta, secrétaire du parlement cubain (Asemblea Nacional) et également secrétaire de Conseil d’ État de Cuba, était en visite en Belgique. La visite prévoyait des rencontres avec des parlementaires belges, des députés Luxembourgeois et des Euro-parlementaires.

A Bruxelles la délégation a été accueillie par Eliane Tillieux, présidente de la chambre des députés, suivi d’une visite du parlement bruxellois. Elianer Tillieux a spécialement félicité le parlement cubain comme exemple, avec 53 % de femmes élues.

Quatre jours de rencontres et d’échanges, durant lesquels Homero Acosta a plaidé pour un renforcement de la collaboration entre parlements.

Après les échanges avec les instances belges la délégation cubaine a été reçue par des représentants de gauche du parlement européen. Ces derniers ont reconfirmé leur exigence de la fin du blocus contre Cuba, qu’ils considèrent comme un anachronisme. Acosta a insisté que ce blocus, de par son extraterritorialité, touche aussi les entreprises, les banques et les citoyens européens. Manu Pineda, député européen, a pour sa part accentué que Cuba est un exemple de démocratie participative avec les larges consultations populaires pour les décisions importantes et les lois.

Lors de la clôture du séjour à Bruxelles Acosta a considéré les échanges comme très positifs et fructueux, en accentuant la volonté de Cuba pour promouvoir la collaboration interparlementaire.

Des médecins cubains au Mexique ( Prensa Latina 29/06/2022).

Andrés Manuel López Obrador, président du Mexique, a confirmé que 500 médecins cubains, de différentes spécialités, sont sous contrat, sur base de la considération que les soins de santé sont un droit humain.Il a remercié le peuple cubain et le gouvernement cubain pour sa solidarité. Plus de médecins seront probablement nécessaires, vu le grand déficit au Mexique, éventuellement aussi d’autres pays. Il a déclaré que le Mexique compte sur ces spécialistes pour le temps nécessaire pour former des spécialistes mexicains, avec plus du double du nombre d’étudiants, qui passera de 8.000 à 20.000.

JUILLET 2022.

Des récits de voyages, version « El País » (Cubadebate 04/07/2022).

El País, quotidien de droite a un conception étrange de récits de voyages. 

Quelques exemples : Découvrez les plages des Caraïbes,, la gastronomie et le patrimoine du Yucatan, un Puerto Rico musical, les héritages historiques et ethniques de Trebisonda en Turquie, les huit raisons pour lesquelles Chicago mérite un voyage (entre-autres une prison avec des fenêtres tellement étroites qu’il ne fait pas de grillages), découvrez Cali en Colombie, la capitale de la salsa.

Pas un mot des protestation sociales à Puerto Rico, pas un mot au sujet de la violence armée à Chicago (numéro un des meurtres aux États-Unis), pas un mot des 145 meurtres en Colombie en 2021 pour la défense des droits de l’homme. Tous doit rester neutre, positif pour les voyageurs.

Et puis suit un reportage sur Cuba, par Maruxa Ruiz Del Arbol. Un tiers du reportage concerne la situation politique et sociale à Cuba et les protestation contre le gouvernement en juillet 2021.

Suit une ode au « Movimiento San Isidro », un « groupe de jeunes artistes et de journalistes indépendants » qui s’opposent à la « répression par le gouvernement ». Pas un mot bien sûr des liens prouvés avec l’ambassade des États-Unis, et pas un mot de la demande à Trump, par Maybel Osorbo, une des dirigeantes du groupe, pour instaurer un blocus maritime et organiser une invasion de Cuba.

Un conseil : si vous voulez visiter Cuba ne vous basés pas sur des reportages style El País.

Reprise du tourisme (Granma, 20/07/2022).

Entre le 1er janvier et le 30 juin 682.297 passagers ont visité le pays, et on estime que pour octobre il ya aura eu près de 1.115.000 touristes. Le Ministère du Tourisme maintient l’objectif optimiste de 2,5 millions de visiteurs pour 2022.

Les chiffres actuels indiquent une reprise pour ce secteur, mais insuffisante en comparaison avec les chiffres pour la période précédant la pandémie du Covid-19.

Le tourisme national reprend également et des efforts sont fournis pour le recrutement de personnel et les travaux pour l’infrastructure (voies d’accès, éclairage, transport vers les campings, etc.).

La situation économique difficile et complexe (Juventud Rebelde, 22/07/2022).

Alejandro Gil Fernández, vice-premier ministre et titulaire pour l’économie et la planification, a annoncé de nouvelles mesures pour la récupération de l’économie, entre autres la reprise du marché de change pour les devises étrangères. Dans son rapport au parlement cubain il a présenté une série de septante mesures, tant pour les entreprises d’état que pour le secteur privé.

Il a déclaré : « Comme toujours nous sommes au travail pour avancer avec nos propres forces. Nous ne sommes pas satisfaits des coupures de courant (apagones), des queues devant les magasins (colas), des manques, de la perte de pouvoir d’achat, mais il est clair pour nous que la solution n’est pas le capitalisme et que nous ne renonçons pas à nos acquis sociaux.La solution n’est pas le marché libre, ni la vente du pays. Au contraire, la solution c’est innover, proposer des mesures pour la solution de nos problèmes, avec de la valeur, de l’audace, de la transparence, avec la participation de la population et une évaluation constate des résultats, car nous savons que ce que nous entreprenons n’est pas exempt de risques ».

La croissance de l’économie reste sous la pression du blocus, aux conséquences de la pandémie du Covid-19 dans le monde, à l’inflation généralisée, à la hausse des prix sur les marchés internationaux. Malgré la situation complexe et difficile le BIP a cru de 1,3 % en 2021, un chifrre certes modeste mais un premier pas dans la bonne direction. Pour le premier trimestre de 2022 la croissance a été de 10,9 % par rapport à janvier-mars 2021. Pour 2022 l’objectif est de 4 % sur base annuelle.

Après ces considérations générales il a présenté les mesures aux députés, ce qui a donné lieu à un débat intense et constructif.

Codigo de las Familias (Juventud Rebelde, 22/07/2022.

Les députés cubains ont approuvé le projet définitif du nouveau Code des familles, après plusieurs mois de consultations populaires, un exemple de démocratie participative.

Pour rappel quelques chiffres : 6.841.207 Cubains ont participé aux 79.192 réunions pour les discussions et adaptations de la première version du projet de texte. 1.159 Cubains résidant à l’étranger ont également exprimés leurs remarques. Au total 336.595 interventions ont été faites et 434.860 propositions d’adaptation et/ou amendement du texte ont introduites. Le projet d’origine a été modifié pour 47,93 % du texte sur base des propositions de la population, soit 291 articles sur 483.

La prochaine étape est la présentation du projet définitif à un  référendum national, la det est fixée pour le 25 septembre. Tous les citoyens cubains de plus de 16 ans et disposant du droit de vote pourrons participer à ce vote libre et secret. La question du réfgérebndum est simple : « Êtes-vous d’accord avec le Code des Familles ? »

Le code sera alors définitivement approuvé si plus de 50 % des voies valables émises se déclarent d’accord avec le texte.

Les diplomates cubains et les collaborateurs de missions à l’étranger peuvent participer au vote, le 18 septembre.

Le contrôle et la publication des listes électorales a été effectué entre le 15 et le 30 août.

AOÛT 2022

Covid-19 (Juventud Rebelde, 16/08/2022) ?

La vice-ministre de la Santé Publique, Tania Margarita Cruz Hernández, a communiqué que Cuba n’a enregistré aucun décès à cause du Covid depuis 13 semaines consécutives.

Des médecins cubains en Calabre (Granma, 19/08/2022).

Mesd autorités de la Calabre (Italie) ont annoncé qu’un accord a été signé avec le gouvernement de Cuba pour un contrat de près de 500 médecins cubains, afin de soutenir les services médicaux dans la région.

Les médecins sont attendus en Calabre en septembre et seront intégrés dans les services des urgences, une spécialité pour laquelle la régions manque d’effectifs, et où le risque existe de devoir fermer certains services ou même des hôpitaux entiers.

Des médecins cubains avaient déjà soutenu l’ Italie en Lombardie et au Piémont, durant les mois les plus intenses de la pandémie du Covid-19.

Roberto Occhiuto, président de la Calabre, a souligné que les écoles médicales cubaines appartiennent aux meilleures dans le monde.

Nouvelles de l’association.

Commémoration du 26 juillet à Bruxelles.

L’ambassde de Cuba a commémoré le 23 juillet l’attaque de la Moncada, dans les jardins de l’ambassade à Bruxelles. Pas loin de 200 personnes, des Cubains résidant en Belgique, des représentants de pays latino-américains dont Rafael Correa, des membres des organisations de solidarité, ont participé à cet hommage.

Les Amis de Cuba étaient présents avec des participants d’Anvers, de Bruxelles, de Gand, de Louvain et de Liège. Freddy Tack, vice-président, a pris la, parole au nom de notre association.

Une commémoration magnifique, enthousiaste, combative, solidaire, dans une atmosphère cubaine pleine de chaleur humaine.

Les cliniques du traitement du Covid dans un Cuba socialiste démontrent comment c’est possible.

                                                                                                                         Claudia Kaiser-Lenoir

La revue « The Militant » a publié le 30 ami 2022 le témoignage d’une visiteuse des États-Unis au sujet de ses expériences personnelles du Covid à Cuba.(themilitant.com/issues/vol-86-no-21).Traduction des Amis de Cuba.

Fin avril j’étais à Cuba depuis deux jours en tant que membre d’une équipe internationale de volontaires pour installer le stand des éditions Pathfinder à la Foire Internationale du Livre de La Havane, quand j’ai eu les symptômes du Covid-19.

Si j’avais été une Cubainemon médecin et l’infirmière du quartier seraient venus en visite à domicile, ou j’aurais été à leur cabinet, à quelques rues de mon domicile. Ils auraient connu mon histoire médicale et celle de ma famille, et seraient au courant de mes conditions de vie.Comme pour tous les autres Cubains les soins médicaux ne me coûteraient pas un centime.

Mais comme j’étais une visiteuse de l’étranger, des amis m’ont conduit à la clinique internationale Cira García. Après avoir été constatée positive au Covid, j’ai été conduite en ambulance à une plus grande clinique internationale Camilo Cienfuegos. Cette hôpital, un centre réputé pour les traitements ophtalmologiques, a été transformé en centre d’isolement pour des visiteurs étrangers dans le même cas que moi. Malgré le fait qu’il continue sa fonction d’origine à un niveau plus modeste, l’hôpital a déjà accueilli plus de 2.500 patients du Covid. Le jour de mon admission il y avait 27 patients adultes positifs au Covid-19 et trois enfants accompagnés de leur mère.

Mon enregistrement a été rapide, on a fait des radiographies et un électrocardiogramme pour vérifier les poumons et le coeur, et j’ai été admise dans une belle chambre avec salle de bain. Les frais étaient à charge de l’assurance maladie comprise dans le ticket d’avion pour Cuba, avec une intervention extra de 3 dollars par jour. La seule chose que le personnel hospitalier m’a demandé a été mon passeport, ma carte d’embarquement et mon ticket retour. J’ai été en isolation durant 13 jours. Coté négatif : j’ai totalement raté la Foire du Livre. Le positif : j’ai été bien soignée et j’ai beaucoup appris sur Cuba, j’en témoigne dans cet article.

Deux fois par jour un infirmier contrôlait mes fonctions vitales et deux fois par jour j’ai reçu la visite du médecin de service. Trois fois par jour j’avais droit à un repas simple et équilibré.

Après 10 jours de tests mes médecins ont constaté que le niveau de mes antigènes ne montait pas suffisamment pour lutter contre la maladie et ils m’ont prescrit du Nasalferon, une forme d’Interferon dosée faiblement et appliquée par des gouttes dans le nez. L’Interferon est utilisé à Cuba en tant que médicament antiviral développé ici au début des années 1980. Durant le premier stade de la pandémie à Cuba, avant que des vaccins ne soient disponibles, le Nasalferon a été utilisé à grande échelle pour les patients du Covid. Maintenant il n’est plus utilisé que pour les patients à haut risque ou pour les patients dont le système immunitaire réagit lentement à l’infection. Enfin, au jour 13, j’étais finalement négative pour le Covid et j’ai pu quitter l’hôpital. Mon personnel soignant et les médecins m’ont dits au-revoir avec beaucoup de chaleur.

Les travailleurs de la santé que j’ai appris à connaître dans la clinique étaient fiers de leur rôle dans la lutte contre la pandémie. Ils étaient fiers que Cuba avait développé des vaccins efficaces et que des brigades de volontaires médicaux cubains ont aidé dans la lutte de la pandémie dans d’autres pays. Actuellement près de 90 % de la population cubaine, y compris les enfants de 2 ans et plus, est totalement vaccinée, et plus de 50 % a reçu la dose de rappel. En même temps les soins de santé dans le pays subissent une forte pression à cause de la crise capitaliste mondiale, aggravée par les sanctions économiques impitoyables imposées par Washington. Beaucoup de médicaments de base, d’anti douleurs au réducteurs de tension, doivent être importés et ne sont presque plus disponibles aujourd’hui. Dans le cadre de cette crise un nombre de travailleurs de la santé est parti dans d’autres pays ces derniers mois.

Comment les Cubains ont combattu le Covid.

Durant la première année de la pandémie la diffusion du virus a été freinée par un système efficace de détection et des centres de quarantaine, et d’autres mesures sanitaires et de services à domicile, afin que les gens ne doivent pas se déplacer. La forte hausse du nombre de contaminations a diminuée à la mi 2021, une fois que les vaccins étaient testés et à la fin de l’année passée le pays pouvait lever beaucoup de limitations. Durant les deux semaines de début mai on n’a enregistré que deux décès dus au Covid-19.

Suite aux énormes frais pour le maintien des centres de quarantaine – nourriture, air conditionné, matériaux, et salaires des travailleurs- pour le, moment on isole uniquement les jeunes enfants (avec leur mère), les personnes âgées et les patients avec des risques de complications médicales. La majorité des patients Covid et leurs personnes de contact font la quarantaine à domicile.

J’ai téléphoné à Moraima López MacBean, une responsable du Centre Communautaire Paula Freire à La Lisa, un grand quartier populaire de La Havane. Elle m’a raconté que les CDR (Comité de Défense de la Révolution, comités de quartier) ont aidé pour l’organisation de livraisons de nourriture à domicile pour les gens en quarantaine, surtout les isolés et handicapés. Mais l’isolement forcé durant les deux années de pandémie à un prix, surtout parmi les personnes âgées. Avec une espérance de vie comparable à celle des pays impérialistes les plus développés, Cuba a une population la plus âgée du continent américain, et de plus en plus de vieux Cubains vivent seuls.

López MacBean a souligné les nombreuses initiatives pour associer les adultes âgés aux activités sociales et productives. Il y a par exemple les Casa del Abuelo (clubs de seniors), des centres d’accueil de jour, l’Université pour adultes âgés (étudier toute sa vie) et des séances de tai chi dans les quartiers dans l’ensemble du pays. Dans le cadre des protocoles pour la pandémie ces programmes ont été arrêtés pour une grande partie.

« Pour moi la fin des exercices quotidiens de tai chi a été la plus difficile » nous dit Maria Eugenia Quintana, 86 ans et habitante de La Lisa et responsable de l’Université pour adultes âgés. L’isolement de longue durée a eu des conséquences pour la santé mentale de nombre de Cubains âgés. Yudeysi Aguilar, une infirmière de la clinique Camilo Cienfuegos, m’a confié qu’elle a noté une plus grande demande de soins gériatriques et mentaux dans les hôpitaux de la capitale.

Les travailleurs de la santé qui me soignaient été particulièrement intéressés d’en apprendre sur la situation aux États-Unis. Jesús, un infirmier, était fort étonné quand j’ai décrit comment aux États-Unis, où le système de santé est une entreprise capitaliste avec un but lucratif, avec de fortes différences de classe pour les soins, les gens au travail ont été abandonnés à leur sort pendant la pandémie.

Certains de mes interlocuteurs ont une expérience vécue des circonstances dans lesquelles les gens au travail doivent vivre sous le capitalisme. Le Dr. Silvio Saya, une anesthésiste trentenaire, a participé durant trois ans à une mission internationaliste dans un village du sud de la Bolivie. « C’était gênant pour moi de faire payer les patients pour des opérations ou des tests » raconte-t-il au sujet de la clinique où il travaillait. « J’aimais le travail que je faisais et j’ai beaucoup appris. Mais je ne me suis jamais habitué. J’ai grandi avec des valeurs socialistes et non capitalistes ». Ces valeurs sont le produit d’une révolution socialiste où les travailleurs cubains ont renversé le règne capitaliste, ont pris le pouvoir depuis maintenant plus de six décennies pour changer la société.

Lors de mon départ j’ai offert au Dr. Saya un exemplaire de Red Zone, du journaliste cubain Enrique Ubieta, un des livres les plus demandés au stand Pathfinder durant la Foire du Livre. C’est un témoignage oculaire de l’action des volontaires médicaux internationalistes et de leur gouvernement révolutionnaire pour mettre fin à l’épidémie de l’ Ébola en 2014-2015 en Afrique de l’ouest. Il était enthousiaste. 

Comment Cuba approche la guerre entre la Russie et l’Ukraine.

                                                                                                                                  Wim Leysens

Le 1er mars l’ Assemblée Générale des Nations Unies a condamné l’invasion russe en Ukraine par 141 voix pour, 35 abstentions et 5 contre. Cuba était un des pays s’étant abstenus, avec la Bolivie, le Salvador, Le Nicaragua en Amérique Latine. Le Venezuela n’a pas pu participer au vote suite à d’importants payements de cotisations en retard, et soutient la position de Cuba.

Quelques jours avant le vote Cuba avait déjà publié sa position officielle. Dans celle-ci le président Díaz-Canel plaidait  pour « une solution diplomatique sérieuse, constructive et réaliste ». Une « solution qui garantit la sécurité et la souveraineté de chacun et qui rencontre les inquiétudes humanitaires légitimes ». Lors de l’Assemblée Générale de l’ONU Pedro Pedroso Cuesta, l’ambassadeur de Cuba, a rappelé que Cuba est un pays qui défend toujours le droit international, défend la paix et s’oppose à l’utilisation de la force contre n’importe quel pays. Il a regretté la perte de citoyens innocents en Ukraine. « Le peuple cubain a toujours eu et a encore un lien étroit avec le peuple ukrainien ».

En s’abstenant le gouvernement cubain prend une position neutre au niveau diplomatique, avec d’autres grands pays comme l’ Afrique du Sud, l’ Inde, le Pakistan, la Chine et la Tanzanie.

Un lien étroit avec le peuple ukrainien.

Il est exact que Cuba entretient de très spécifiques liens d’amitié et de solidarité avec l’ Ukraine, certainement depuis la catastrophe de Tchernobyl. Cuba a alors envoyé de l’aide médicale, alors que les États-Unis et l’Europe n’ont envoyé que de l’aide militaire. Pendant plus de vingt ans Cuba a accueilli des milliers d’enfants et leur famille pour des soins médicaux à Cuba. Nous citons le Cuba Sí 184 de 2014 : « Cuba a joué réellement un rôle important pour l’aide aux victimes de la catastrophe nucléaire à Tchernobyl, certainement pour un si petit pays, déclare Lilia Piltjal. Celle-ci a aidé à l’organisation de voyages à Cuba pour les enfants et les autres, où ils recevaient des traitements gratuits d’excellente qualité. Avec ce projet médical spécial Cuba a traité plus 25.000 victimes de l’explosion dans la centrale nucléaire de Tchernobyl en Ukraine en 1986 ».

Les États-Unis et l’ OTAN ont accru la tension militaire.

Pedro Pedroso Cuesta poursuit «  Mais la résolution de l’ONU ne permets pas d’analyser sérieusement et honnêtement la situation actuelle en Ukraine, ne tenant pas compte des facteurs qui ont mené à l’utilisation de la violence ». Les États-Unis ont sans arrêt oeuvré pour la poursuite de l’extension de l’OTAN en direction des frontières de la Fédération Russe. L’OTAN a augmenté la présence militaire dans les pays frontaliers de la Fédération Russe. Les États-Unis ont livré de l’armement moderne à l’ Ukraine. Tout ceci a mené à un encerclement militaire de la Russie. Dans la vision cubaine les États-Unis continuent une doctrine offensive « qui menace la paix, la sécurité et la stabilité internationale ». Durant des décennies l’Occident à nié les demandes de sécurité justifiées de la Russie. « Il est impossible de poursuivre la paix et simultanément d’assiéger d’autres états ». C’était une erreur de croire que la Russie n’allait pas réagir un jour ou l’autre contre ces menaces directes contre sa sécurité nationale.

Pour le gouvernement cubain il est évident que les États-Unis sont les instigateurs du conflit. Le 23 février, le jour du début de « l’opération militaire spéciale » russe, Bruno Rodríguez, le ministre des affaires étrangères, déclarait dans un  tweet : « Nous condamnons avec force la propagande hystérique et l’information des États-Unis contre la Russie. Nous nous opposons fermement  à l’extension de l’OTAN vers les frontières d’un pays ami ».

Cuba condamne le double standard de l’Ouest.

Les États-Unis et l’ Union Européenne n’ont pas le droit de parler quand il s’agit du respect de la territorialité d’un pays, signale encore la déclaration officielle du gouvernement cubain. Pedro Pedroso se réfère pour cela aux intervention militaires en ex-Yougoslavie en 1999. Les États-Unis et leurs alliés sont intervenus à plusieurs reprises dans des pays qui ne se soumettaient pas aux intérêts occidentaux. Et ceci à causé des centaines de milliers de victimes.

La vision de la guerre dans la presse cubaine.

Durant près de deux mois le journal Granma a fourni un rapport quotidien sous le titre « en vivo operación militar especial de Rusia en Ucrania – dia (1à 70), au sujet de l’évolution de « l’intervention militaire spéciale » en Ukraine.

Les nouvelles donnent une image des évolutions militaires se basant essentiellement sur Russia Today ou Sputnik, deux canaux que l’Union Européenne bloque chez nous depuis le début de la guerre.  Beaucoup d’intérêt est donné aux sanctions occidentales et aux livraisons militaires. Une vision claire est surtout visible dans les articles de commentaires et des articles d’arrière plan : les États-Unis défendent leur suprématie mondiale contre une Russie qui monte en importance. La Russie a le droit de se défendre. L’Ukraine est dominée par des ultranationalistes et des néonazis. La Crimée c’est jointe à la Russie après une consultation populaire. Luhansk et Donetzk, des états indépendants, méritent le soutien russe.

L’Ukraine viole les accords de Minsk.

Après les élections de 2010, sous le président Yanukovich, l’Ukraine s’était associée à l’union douanière dirigée par la Russie et se positionnait indépendante des alliances militaire de l’OTAN et de CSTO. Suite à cela les États-Unis et les tendances pro-occidentales qu’ils soutenaient, ont mené à la révolution de Maidan. L’Ukraine se tourna vers l’occident, et les forces pro-Russes déclaraient l’indépendance de Donetsk et Luhansk, et les violences dans ces régions ont commencé. Les accords de Minsk de 2014 prévoyaient une autonomie plus négociée pour la région du Donbas. Selon la Russie l’Ukraine n’a jamais pris au sérieux les accords de Minsk, mais a systématiquement accru l’agression militaire contre les séparatistes.

D’un ordre mondial unipolaire vers un ordre multipolaire.

Raymon Pellón Azopardo, chercheur au CIPI (Centro de Investigación de Política Internacional) situe la guerre en Ukraine dans un cadre géopolitique plus large. L’ Occident perd doucement sa position dominante dans le monde, alors que l’époque asiatique s’approche. Le monde unipolaire sous la domination des États-Unis est menacé par la Russie et la Chine, qui ont réussi à construire un réseau stratégique en Asie Centrale, l’Asie du Sud-Est, le Caucase et l’Europe de l’Est. Tant pour l’Occident que pour la Russie l’Ukraine occupe une position géostratégique.

Les États-Unis utilisent le territoire ukrainien comme un bouclier pour affaiblir la Russie, estime Nelson Roque Suásteguivi, un autre chercheur du CIPI. L’union Européenne est faible économiquement et trop divisée pour résister aux États-Unis. La cause ukrainienne est une occasion bienvenue pour les États-Unis pour affirmer leur rôle dirigeant au sein de l’OTAN. L’UE est maintenant forcée d’abandonner les bonnes relations avec la Russie et se positionne derrière l’extension de l’OTAN vers l’est.

La Russie n’est pas une Grande puissance comme les États-Unis.

Cuba ne subit que trop le fait que les États-Unis soient une grande puissance impérialiste. Il n’est donc pas étonnant que Cuba trouve des partenaires stratégiques en Russie et en Chine. De sa propre histoire Cuba a appris de ne pas être dépendant d’une seule grande puissance. Mais dès  lors la Russie  ne serait pas une grande puissance aux yeux de Cuba ?

L’Union Européenne et l’ OTAN accusent la Russie d’aspirations expansionnistes dans des pays comme le Kosovo, la Tchétchénie, la Géorgie et aussi l’Ukraine. Dans la même étude du CIPI le licencié Pavél Alemán Benítez analyse la position de la Russie. Certes le pays n’est plus la grande puissance qu’était l’Union Soviétique. La déroute de la Russie dans la première guerre Tchétchène (1994-96) a paradoxalement donné une impulsion au sentiment d’honneur et de fierté russe. La rupture de sa parole par  l’OTAN, qui après le démembrement de l’Union Soviétique avait promis de ne pas étendre l’alliance vers l’est, a rendu les Russes suspicieux. La promesse d’un élargissement vers l’Ukraine a été un pas de trop pour le président Poutine. Entre-temps la Russie a investi dans une bonne entente avec les pays euro-asiatiques, unis dans l’Union Économique Euro-asiatique. Dans le domaine militaire la Russie a équipé son armée d’armes plus modernes. La Russie est également le membre le plus important de la CSTO (Organisation pour la Sécurité Collective), dont sont membres le Kazakstan, la Kirguisie, le Tadjikistan, la Biélorussie et l’Arménie.  

Selon Nelson Roque Suástegui la Russie et la Chine sont des pouvoirs mondiaux, mais on ne peut pas les accuser  d’actions comme celles des États-Unis. Pensons seulement au dizaines de bases militaires dans le monde entier, aux interventions militaires en Afghanistan, Irak, Libye et d’autres pays, l’application de sanctions unilatérales contre des pays qui ne veulent pas se soumettre aux États-Unis. La Russie investi beaucoup dans d’autres pays, mais en contradiction avec les États-Unis et l’Union Européenne elle ne se mêle pas des affaires intérieures du pays et ne lient pas de conditions à la collaboration. Contrairement à l’OTAN le CSTO n’est jamais intervenu en dehors des frontières des états membres, toujours selon Suástegui.. Mais comme n’importe quel pays la Russie utilisera sa puissance militaire quand sa sécurité nationale est menacée, car défendre la souveraineté nationale est un droit incontestable.

Postface de l’auteur.

Dans cet article j’ai essayé de donner une image de la vision cubaine sur la guerre en Ukraine. Il est évident qu’ici nous regardons la guerre d’un autre point de vue. Il faudrait une analyse beaucoup )plus élaborée pour savoir quelle interprétation est la plus proche de la réalité.

Dans les déclarations officielles Cuba prend une position très diplomatique vis-à-vis de la guerre entre la Russie et l’Ukraine et plaide pour des négociations. Mais Cuba refuse de parler d’une invasion russe en Ukraine.

Vu l’attitude agressive depuis de longues années de la part des États-Unis contre l’île il n’est pas étonnant que Cuba nomme la Russie une nation amie, vu d’un angle géopolitique.

Est-ce que cela explique que les interventions militaires russes et les interventions dans la Crimée et le Donbas soient présentées comme une réponse de régions auto-déclarées indépendantes ? Sans mentionner que l’aide militaire date d’avant les déclarations d’indépendance de ces régions. A mon avis l’analyse est tendancieuse, tout comme chez nous l’opinion majoritaire que l’OTAN est une simple alliance défensive.

Une guerre est toujours couplée à une guerre de l’information.. Les sources d’information occidentales et russes donnent une vision contradictoire des faits. Un exemple : les tirs sur la centrale nucléaire de Zaporizja d’août sont attribués à l’Ukraine par RT. Et la, presse occidentale en accuse la Russie. La presse cubaine reprend les informations de Rusia Today et Sputnik  comme digne de foi. L’Union Européenne a bloqué les deux canaux russes

MUSIQUE CUBAINE.

                                                                                                                                  Regi Rotty

Enn juillet 2022 le monde culturel de Cuba a perdu encore une icône. Après Adalberto Álvarez en 2021 est décédé  Cesar De las Mercedes Pedroso Frenández, mieux connu sous le nom de Cesar « Pupy » Pedroso. Il était depuis le début de 2001 le leader musical de l’orchestre « Pupy ylos que Son Son » et pianiste. Pupy est décédé le 17 juillet 2022 à l’âge de 77 ans. Non seulement pianiste il était un des cofondateurs du célèbre groupe Los Van Van et compositeur de plus de 150 oeuvres. Il produisait aussi des textes avec un sens de l’humour certain.  Avec sa musique il explorait de nouvelles voies y compris le style Timba.

Un de ses classiques est « Que cosas tienes la vida ». Certaines chansons et un documentaire sont disponibles sur YouTube. J’ai encore eu pu voir une des prestations avec son orchestre en plein air à Cuba. Et les Cubains ne cachaient pas leur enthousiasme ! Une grande perte d’un orchestre populaire de Cuba, se produisant souvent devant un simple public cubain.

« Adalberto Álvarez y su son » est un orchestre fondé en 1984 sous la direction d’ Adalberto Álvarez. Une belle chanson très connue est « Y qué tú quieres que te den », également disponible sur YouTube. Adalberto est aussi célèbre à Cuba pour sa défense du son, le style musical cubain de Santiago de Cuba, prédécesseur de la salsa. Il était aussi le fondateur du célèbre orchestre cubain « Son 14 ». Surnommé « El caballero del son »  il a fait des grands efforts pour créer le Festival annuel du Son. Adalberto a une place d’honneur à la Casa de la Trova à Camaguey, nommée « El rincón del caballero ». Je l’y ait rencontré et discuté brièvement avec lui.  Et il y a quelques années j’ai vu son spectacle, non à Cuba mais dans le nord de la France. Je n’était pas satisfait car j’estimai que la musique était trop rapide pour être dansante. J’apprécie beaucoup plus sa musique plus ancienne. Il est mort des suites du Covid le 1er septembre 2021. Il avait 72 ans. Mais assez de lamentations. Mettez-vous dans votre fauteuil avec un délicieux mojito et savourez ce qu’offrent ces deux grandes figures musicales de Cuba que l’onn trouve sur YouTube. Et souvent avec une vidéo iL suffit de c ehrcher « Pupy y los que Son Son » ou « Afalberto Álvarez

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