Cuba Si 209 – traductions

Cuba Si 209 – traductions

ETA  A  AUSSI  FRAPPÉ  CUBA.

                                                                                                          F. Tack

La tempête tropicale ETA a traversé Cuba début novembre, et plusieurs provinces ont subi de lourds dégâts, surtout par le vent et les pluies torrentielles. Cette année a été exceptionnelle pour l’action des ouragans et des tempêtes tropicales, et on a atteint des records de destructions.

Heureusement Cuba a beaucoup d’expérience dans ce domaine et les plans d’urgence sont bien maîtrisés, et la prévention est appliqué partout où nécessaire, avec l’évacuation des habitants et dans certains cas également du bétail. Cette fois-ci également l’efficacité des plans d’urgence a permis qu’il n’ y a pas de pertes en vies humaines à Cuba (en Amérique Centrale on a enregistré une vingtaine de morts). Environ 89.000 habitants des zones menacées ont été déplacés chez des membres de la famille  ou dans des centres d’évacuation. Les zones touchées ont immédiatement été visitées par les plus hautes instances du pays (président, vice-président, premier ministre, etc) afin de constater les dégâts et d’intervenir le plus rapidement possible par les travaux de restauration.

Dans l’agriculture les destructions ont touché des milliers d’hectares, entre autres de tomates, de riz, de bananes, de yuca, de haricots, de tabac et de café. Le passage de ETA a coïncidé avec la campagne d’hiver dans l’agriculture, la base de 60% de la production agricole à Cuba. Dans certaines provinces, comme à Pinar del Rio et à Ciego de Ávila, il sera nécessaire de resemer, avec les coûts qui y sont liés.

Des habitations ont également souffert : 49 écroulements totaux et 160 partiels, 532 toits endommagés ou arrachés. Les dégâts sont également visibles dans les infrastructures comme les routes, plusieurs usines et des ponts, la distribution d’électricité est perturbée. Tout est mis en oeuvre pour démarrer au plus tôt les travaux de réfection et on espère revenir à une situation normale vers la mi-décembre.


CUBA – UNION  EUROPÉENNE (EU).

                                                                                                      Freddy Tack

Cela devient traditionnel dans les derniers numéros de notre bulletin : nous parcourons les informations les plus relevantes des relations entre Cuba et l’ Union Européenne, relations qui continuent à se développer dans un dialogue respectueux et constructif.

Le 14 octobre a eu lieu la deuxième session du dialogue « Désarmement et non-prolifération des armes de destruction massive » et « Commerce illégal d’armes légères et petites et autres armes conventionnelles ». Vu la pandémie le dialogue a été virtuel. On y a constaté qu’au sujet des thèmes discutés cuba et L’ UE partagent largement les mêmes opinions. La délégation cubaine a une fois de plus insisté que la plus grande priorité en désarmement reste l’élimination totale des armes nucléaires. Cuba est le cinquième pays à avoir ratifié le « Traité sur l’interdiction des armes nucléaires ». Les deux parties ont confirmé leur volonté de poursuivre le dialogue sur ces thèmes « sur base d’un respect total de l’égalité souveraine, de l’indépendance, de la légalité, et de la non ingérence dans les affaires internes des parties, malgré des opinions parfois divergentes sur certains aspects des matières abordées ».

Vadis Dombrovskis, le nouveau commissaire du commerce de l’ UE, c’est opposé à la loi Helms-Burton lors d’une séance d’audition (02/10) de la Commission du Commerce International du Parlement Européen. Il s’est engagé à soutenir les actions qui protègent les entreprises européennes à Cuba.

« EL  ALIÑAO »,  LE  DRINK  CUBAIN POUR LES BÉBÉS.

                                                                                                               Alexandra Dirckx

Une naissance ne laisse personne indifférent. Partout dans le monde on trouve des traditions, souvent fort divergentes, pour souhaiter la bienvenue à un nouveau né. Depuis une dizaine d’années les bébés Flamands sont accueillis par un baby drink. Les membres de la famille et les amis se réunissent, font santé pour la naissance et admirent le bébé.

A Cuba aussi on fête les naissances. Les amis et les voisins viennent admirer le nouveau-né dès que la maman et l’enfant sont  rentrés à la maison. Et cela s’arrose avec ce qu’il faut en boissons alcoolisées. Mais dans l’est de Cuba le baby drink est préparé spécialement. Dès le moment où la maman annonce qu’elle est enceinte, le papa se met en route avec sa mère et sa belle-mère. Etvils concoctent une moisson qui servira pour l’accueil du bébé.

C’est une boisson sur base de sirop de sucre, des fruits frais (surtout des figues), des fruits secs (raisins et prunes), et bien sur de l’alcool. Il n’y a pas de recette unique. Chaque famille a sa version du drink de bienvenue. Même si l’initiative vient du futur papa, ce sont les grand-mères qui se chargent des ingrédients et de la préparation.

Quand tous les ingrédients sont soigneusement sélectés et préparés on les verse dans une « damajuana »(dame-jeanne), un récipient d’une dizaine de litres. La boisson y repose tranquillement jusqu’à la naissance du nouveau membre de la famille. Il suffit de remuer et tout est prêt pour la consommation. « Aliñar » se traduit à Cuba par « mettre le goût », d’où le nom de la mixture.

Après une dégustation qui peut durer huit jours, la boisson est stockée jusqu’au 15e anniversaire de l’enfant. Certains enterrent la damajuana, l’autre la cachent dans un endroit frais et sombre. Après 15 ans l’ aliñao est devenu très bon,, mais surtout très fort.

La préparation de cette boisson remonterait loin dans le temps. Certaines sources font référence à une boisson sur base de prunes de 1857, qui ressemble fort à l’ Aliñao d’aujourd’ et s’appellait la prune saoule. D’autres sources mentionnent une boisson fabriquée par les esclaves africains, à base d’anis, de feuilles de figues, de cannelle, de canne à sucre et d’aguardiente. Plus tard on y a ajouté des morceaux de fruits, d’où la référence à l’actuel aliñao. La véritable origine reste inconnue. Cela reste un héritage culturel qui a traverse l’histoire et vit toujours dans le sud-est de Cuba. Dans la province de Granma une fête de l’aliñao se célèbre, et vu son succès on est même passé il y a peu à une production industrielle.

ANNIVERSAIRES.

                                                                                                         Freddy Tack

60 ans de CDR.

Les CDR (Comités de Défense de la Révolution), la plus grande organisation de masse de Cuba avec ses 8 millions de membres, ont fêté le 28 septembre leur 60e anniversaire. Gerardo Hernández, coordinateur national de l’organisation, a assuré que toutes les commémorations de rue, les remises de médailles ou de diplômes, se dérouleront suivant un strict respect des mesures sanitaires, afin d’éviter toute propagation de la maladie. Toutes les commémoration de masse sont abrogées pour le même motif.

Actuellement l’organisation est composée de 138.000 CDR, afin de continuer à mobiliser la;population pour la défense de la Révolution, par un travail permanent dans les quartiers, au sein des communautés. Lors de la pandémie les CDR ont joué un rôle non négligeable, avec un soutien aux contrôles épidémiologiques et une attention spéciale aux groupes à risques et aux familles. Les CDR ont organisés des dons de sang (240.000) et promu la production locale de légumes dans les quartiers, avec le programme « Cultiva tu pedacito » (Cultive ton bout de terrain). Cette production offre un surplus aux habitants du quartier, pour les jardins d’enfants et d’autres institutions locales.

Des anniversaires dans la presse cubaine.

C’est le 4 octobre 1965 que parait le premier numéro du quotidien Granma, organe officiel du PCC (Parti Communiste de Cuba). Le journal est né de la fusion de « Revolución », le quotidien du Mouvement du 26 – 7 », et de « Hoy », l’organe du PSP (Parti Socialiste Populaire, le parti communiste de l’époque).

Depuis 1966 parait aussi « Granma International », en anglais, français, portugais, italien, turc et allemand. Et à partir de la moitié des années ’90 Granma a été un pionnier de la presse digitale à Cuba.

Juventud Rebelde, le journal de la UJC (Union des Jeunesses Communistes), a fêté ses 55 ans d’existence. Le 21 octobre 1965 Fidel annonçait le départ d’un journal dirigé spécifiquement vers les jeunes. Le journal est aussi connu pour son supplément humoristique « Dedeté », auquel collaborent certains des plus grands caricaturistes cubains (voir à ce sujet l’article de Monique Dits, plus loin dans ce journal).

Trabajadores, l’organe de la CTC (Confédération des Syndicats Cubains), a été créé le 6 juin 1970. Adressé aux travailleurs, ce journal apporte essentiellement des informations sur le monde du travail, la vie des entreprises et de l’économie dans le pays.

LE CONTINGENT HENRY REEVE : 15 ans de solidarité mondiale.

Il y a 15 ans, quand la Nouvelle Orléans fut frappé par l’ouragan Katrina, Cuba constituait une brigade médicale pour apporter de l’aide à la population sinistrée. L’offre fut refusée par le gouvernement des États-Unis. Le 19 septembre 2005 Fidel Castro annonçait la constitution du « Contingent International Henry Reeve de médecins spécialisés en situations de catastrophes et en épidémies » (Henry Reeve était un jeune nord-américain qui a été tué lors de la lutte pour l’indépendance de Cuba). A cette occasion Fidel a déclaré « Nous offrons des vies », ce que Miguel Díaz-Canel a exprimé, lors du retour de la première brigade étant intervenue en Europe : « Vous représentez la victoire de la vie sur la mort, de la solidarité sur l’égoïsme ».

La participation à ce contingent est totalement volontaire et les membres sont mobilisables dans les 24 à 48 heures. La plupart d’entre eux ont déjà une expérience d’interventions lors de missions médicales internationales ( lors de tremblements de terre, d’inondations, de l’épidémie de l’ Ebola, et maintenant du Covid-19). Depuis la création jusque début août 2020 le contingent a effectué des interventions dans 46 pays et 5 régions non-autonomes Britanniques, en Amérique Latine, les Caraïbes, l’ Asie, l’ Océanie, l’ Afrique, le Moyen-Orient et l’ Europe. 9.000 spécialistes cubains de la santé ont participé à ces missions et apporté des soins à près de 4 millions de personnes.

UNIFICATION  MONÉTAIRE – SUPPRESSION  PROGRESSIVE  DE  SUBSIDES – NOUVELLE  POLITIQUE  SALARIALE.

                                                                                                          Wim Leysens

Information de la population + inquiétudes pour les hausses de prix.

Le premier janvier le gouvernement cubain initie le processus d’unification monétaire. Depuis quelques semaines les médias cubains diffusent des articles qui informent et préparent la population.

Le réajustement de la monnaie fait partie d’un plan plus large. On va également supprimer progressivement les subsides pour les produits de base et réviser toute la politique salariale. L’objectif principal est de se prendre aux effets négatifs de la double monnaie, d’activer l’économie cubaine, de diminuer les importations et de stimuler les exportations.

Le cadre historique.

En 1994, avec la disparition du commerce avec l’ Union Soviétique, le gouvernement cubain avait introduit la monnaie convertible (CUC) à côté du peso national (CUP), avec une valeur égale au dollar. La mesure était prise car de plus en plus le dollar circulait comme moyen de paiement dans l’île. Fin 2004 le dollar était interdit, mais le CUC subsistait avec le CUP. Cette mesure permettait à la Banque Centrale de garder le contrôle complet sur les importations et exportations en devises.

Depuis lors le gouvernement a pris plusieurs mesures pour réactiver l’économie. Fin des années ’90 du siècle dernier les investissements étrangers étaient stimulés, au début de ce siècle les petites et moyennes entreprises recevaient de plus en plus d’espace, le principe de « salaire selon le travail » mettait fin aux salaires égaux pour tous, dans les secteurs solides les travailleurs recevaient en outre un bonus salarial en CUC. En 2019 le gouvernement a augmenté les salaires des secteurs de services subsidiés et a introduit de nouvelles échelles salariales plus en rapport avec les responsabilités des travailleurs. Mais la croissance espérée de l’économie restait insuffisante et le pays restait très dépendant des importations de produits alimentaires, de marchandises et de matières premières. Le blocus et la crise de la pandémie du coronavirus ont totalement déséquilibré la balance de paiements de Cuba. En 2020, pour la première fois, Cuba n’a pas pu payer le remboursement de ses dettes, déjà revu, auprès des pays du Club de Paris.

Une économie déformée.

Conclusion : une gestion économique forte n’est pas possible sans un rééquilibrage monétaire, car l’utilisation de deux monnaies a déformé l’économie.

Deux taux de change parallèles.

En premier lieu il y a l’utilisation de deux taux de change parallèles dans le pays. Le citoyen cubain et l’entrepreneur indépendant peut, comme le touriste, changer 1 CUC pour 25 CUP. L’entreprise d’état utilise pour sa comptabilité le taux de change de 1 CUC = 1CUP. Ceci signifie pour les entreprises une surévaluation de fait du peso national par un facteur de 25. Dans la comptabilité un investissement de 25 CUP est égal à un investissement de 25 CUC. Par contre l’entreprise ne peut dépenser que 1 CUP pour 1 CUC, là où une personne ou une entreprise privée peut faire 25 fois plus avec un CUC.

Cette surestimation du peso a des conséquence surprenantes. Quand une entreprise publique reçoit une entrée de 1.000 CUC par une exportation, cela est noté comme 1.000 CUP dans la comptabilité. Le capital d’entreprise est réduit 25 fois. Ceci suscite des situations absurdes entre autres dans le secteur touristique qui génère beaucoup d’entrées en CUC. Depuis 2019 ce secteur paye un bonus de 230 CUC aux travailleurs, qu’ils peuvent changer pour 500 CUP. Les mêmes entreprises ne sont pas en état d’attribuer une hausse de salaire structurelle de 200 CUP (avec une valeur réelle de seulement 8 CUC).

Stimulation des importations – découragement des exportations.

Le double taux de change rend quasi impossible une vue claire des frais réels et des rentrées. Ceci incite à faire beaucoup d’achats à l’étranger. En termes comptables les produits importés sont notés à bon marché, puisque 1 CUC est réduit à 1 CUP. Pour un dirigeant d’entreprise il est facile de justifier un achat à l’étranger car il n’est pas cher d’un point de vue comptable. D’ailleurs les grands achats et investissements sont décidés de façon plus centralisée à un échelon supérieur, au-dessus des dirigeants d’entreprise locaux. La conséquence en était et est toujours que les entreprises recevaient et ressentaient peu de responsabilités pour diriger efficacement l’entreprise. On passait trop facilement à l’importation de marchandises et de matières premières.

Des prix trop subsidiés.

Des entreprises inefficaces, des produits importés mis sur le marché sous valorisés, et des bas salaires, obligent l’autorité à subsidier massivement les produits de consommation afin de les rendre payables. Ceci coûte cher à l’autorité, mais manque d’efficacité. Cela n’a pas de sens d’offrir tous les produits à des prix réduits, quand une grande partie de la population ne dispose pas du pouvoir d’achat nécessaire. L’analyse actuelle estime que cet forme d’égalitarisme  est une forme mal comprise d’égalité de chances. Un effet accessoire est aussi que les personnes disposant de revenus par une aide de l’étranger (remesas), ne se sentent pas du tout stimulées pour aller travailler. Bref, les subsides pour des produits de consommation sont de l’argent dépensé inutilement et injustement vis-à-vis des groupes de population vulnérables.

Conclusion : l’unification monétaire doit éliminer les aberrations économiques, stimuler la production et diminuer les importations.

Un paquet global de mesures.

Les dispositions monétaires ne sont qu’une mesure d’un paquet de dispositions. Le démantèlement des subsides pour les produits et une révision des salaires et des pensions sont tout aussi importants.

Une monnaie : le peso national – CUP.

L’unification monétaire doit mener au retour de sa véritable fonction pour l’argent et à une vraie valeur des marchandises, des services et des salaires. Le jour zéro, encore à fixer, le CUP, ou le peso national, deviendra l’unique monnaie. Durant une période transitoire de six mois les achats peuvent encore être faits en CUP et en CUC, mais le change n’est plus payé qu’en CUP. Durant cette période l’argent sur un compte CUC est changé en CUP au cours de change actuel de 1 CUC = 25 CUP.  La possibilité existe de modifier le compte CUC en compte dollars, mais avec une condition importante : la banque centrale doit disposer de dollars en suffisance, ce qui n’est pas évident avec les manques de paiements actuels.

L’épargne en CUP reste inchangée, mais le pouvoir d’achat en diminuera considérablement, car les hausses de prix sont inévitables. Une mauvaise nouvelle pour les Cubains qui ont toujours été payés en CUP et n’ont pas d’accès aux CUC via leur travail ou le soutien de leur famille.

L’unification monétaire semble en contradiction avec une autre mesure récente. Depuis quelques mois l’autorité a ouvert des boutiques avec paiement en dollars. Les Cubains peuvent y acheter en devises fortes tous les produits imaginables, d’alimentation, de vêtements et d’appareils ménagers. Pas de manques dans ce domaine. L’autorité parle ici d’une mesure temporaire « nécessaire, indésirable ». A cause du blocus, du coronavirus et de la fermeture du tourisme l’autorité dispose de peu de ressources, et les boutiques en dollars permettent de récupérer les dollars présents dans le pays. Mais il n’y a aucune intention de « dollariser » l’économie cubaine.

Des hausses de prix inévitables.

A l’avenir le prix réel sera la référence pour la fixation des prix des produits importés et nationaux. En 2018 Cuba a payé près de 1,25 milliards de dollars pour l’importation de six produits alimentaires importants (poulets, riz, maïs, farine, soya et l     ait). Finalement le consommateur doit payer ces 1,25 milliards. Et les producteurs agricoles nationaux vont également compter leurs frais réels.

Déjà maintenant, à cause du blocus et des mesures coronavirus, il y a d’importantes pénuries dans les magasins. Pour de nombreux produits le Cubain paye de 3 à 5 fois le prix normal. La transformation monétaire annoncée est une raison supplémentaire pour les vendeurs indépendants d’augmenter leurs prix. Ils s’octroient une avance pour les prix plus élevés qu’il devront payer pour leurs matières premières dans un avenir proche.

Afin d’éviter une spéculation exagérée et des appétits de gains et garder les prix sous contrôle, le gouvernement va fixer des prix indicatifs pour les principaux produits de consommation et les offrir à la vente à ces prix dans les marchés publics. Mais tant que la production sera insuffisante pour répondre à la demande, ce qui est le cas actuellement, les prix vont augmenter.

Conséquence : le citoyen cubain pourra acheter moins avec la même somme d’argent, ce qui revient en fait à une dévaluation du CUP.

Démantèlement des subsides sur les produits – maintien des acquis sociaux.

Progressivement les subsides pour les produits de consommation seront démantelés. Cela n’a pas de sens de rendre les produits bon marchés pour tout le monde. Le salaire ou la pension doit permettre à chacun des payer les frais du paquet de base de nourriture, de vêtements, de loisirs et d’un extra. A terme la « libreta » sera donc également supprimée, ce carnet avec lequel chaque citoyen peut acquérir une portion mensuelle d’aliments et de produits d’hygiène personnelle à des prix très bas. Mais cela ne se fera pas immédiatement, car actuellement il y a encore trop de pénuries et les prix sont trop élevés sur les marchés libres.

L’autorité souligne d’ailleurs que Cuba n’abandonne pas les acquis sociaux de la révolution. L’enseignement et la santé restent gratuits, tel que spécifié dans la nouvelle constitution. Les enfants et les jeunes auront toujours droit à un uniforme et  à des produits scolaires. Mais comme les produits de base vont devenir plus chers il est nécessaire de donner plus de moyens au système d’assistance sociale pour soutenir et encadrer les personnes en situations vulnérables. Le mots d’ordre est clair : des subsides pour les produits non, mais pour les personnes vulnérables oui.

Calcul revu de l’index de référence des prix.

Des hausses de prix et un démantèlement des subsides amènent un calcul revu des frais minimaux pour la consommation de base. Le nouvel « index » est établi sur base des prix de trois catégories : a) le paquet de base des produits alimentaires calculé d’après les prix conseillées par le gouvernement ; b) une sélection de produits sur base des prix sur le marché libre ; c) le coût des services de base comme l’électricité et les transports, mais aussi des sports et des loisirs. La valeur de ce paquet de base en alimentation, biens et services doit permettre au Cubain moyen de rencontrer ses besoins.

Une évaluation circule à Cuba selon laquelle les frais minimaux pour une personne s’élèveront à plus ou moins 1.800 CUP, nettement plus que la;moyenne actuelle de 780 CUP.

Un salaire honorable.

L’index de référence doit former la base de calcul pour le salaire minimum. Le salaire moyen doit alors se situer à un niveau plus élevé, car un travailleur doit aussi rencontrer les besoins de sa famille. Le salaire doit permettre au travailleur de vivre bien. Le gouvernement veut rendre le travail plus attractif avec une nouvelle politique salariale. Ce qui veut dire que le salaire doit valoir la peine pour travailler dans une entreprise publique. Le salaire doit redevenir la première source de revenus du travailleur et de sa famille. Et d’autre part la révision monétaire incitera les gens à trouver du travail, car il deviendra difficile de vivre sans travailler. Le salaire minimum (actuellement 400 CUP) et la pension minimale (actuellement 280 CUP) seront, selon les estimations près de 5 fois supérieurs à ceux d’aujourd’hui. Fin décembre le gouvernement a annoncé que la pension minimale pour celui qui a accompli une carrière complète dans une entreprise publique s’élèvera à 1.582 CUP. Celui qui aura un revenu en dessous des minimaux établis sera pris en charge par la sécurité sociale.

Dans la différentiation salariale on répercute le principe « salaire selon le travail et les responsabilités ». Celui qui produit plus, celui qui assume plus de responsabilités recevra un salaire plus élevé. Ici aussi le gouvernement quitte « l’egalitarismo ». L’actuelle pyramide inversée, où une dirigeant d’entreprise gagne moins que l’ouvrier de la production n’est plus tenable et même injuste. Avec cette nouvelle politique salariale le gouvernement espère mettre fin à une forte rotation du personnel, d’augmenter l’engagement des ouvriers et d’augmenter la productivité de l’entreprise.

Hausse de la productivité – plus d’autonomie – moins d’importations – plus d’exportations.

Naturellement l’entreprise doit avoir la capacité économique et la rentabilité suffisante pour payer un salaire décent. Ceci n’est certes pas le cas d’un certain nombre d’entreprises dans les circonstances actuelles. La transformation monétaire seule ne crée pas de plus-value, mais crée les conditions pour une production plus efficace. Vu les circonstances l’autorité a créé un fonds temporaire pour compenser le coût supplémentaire en salaires.

Plus d’efficacité, plus de productivité, voila les buts finaux de la gestion. Les entreprises d’état continuent à travailler dans le cadre de l’économie planifiée, mais reçoivent plus d’autonomie et donc également plus de responsabilités. Le gouvernement compte sur le fait que les entreprises réfléchiront deux fois avant d’encore faire un commande à l’étranger, car elles devront maintenant payer 25 CUP pour  1 dollar. Ceci encourage également la demande de produits nationaux.

En même temps l’autorité espère  qu’un nombre d’entreprises va plus se centrer sur les exportations, ce qui génère plus d’entrées en devises pour le pays. Dans ce domaine l’autorité relâche un peu la gestion centralisée des devises fortes et les entreprises pourront à l’avenir garder plus de 70 % des entrées étrangères sur un compte en dollars, afin de disposer d’une réserves pour des investissements ultérieurs.

Les réformes sont introduites quand ?

Les  réformes commenceront le 1er janvier et prendront plusieurs mois, car l’ensemble du paquet ne sera pas appliqué en même temps. La première mesure sera la suppression du CUC et les autres mesures suivront progressivement.  Le président Díaz-Canel a confirmé, comme l’avait fait son prédécesseur Raúl Castro, que le gouvernement ne confronterait pas les Cubains à une thérapie de choc. 

HARICOTS  NOIRS, ENCRE  ROUGE  ET  MANNEKEN  PIS.

Dans le numéro précédent nous annoncions le nouveau livre de notre ami Huib Billiet. Il est maintenant disponible (uniquement en néerlandais et en espagnol). Ci-dessous l’avis d’un ami qui désire rester anonyme. (Traduction F. Tack)

Belgique-Cuba : cinq siècles.

Au 19e siècle José Martí signalait que les grands faits de petites nations valent la peine d’être examinés de plus prêt. Il pensait alors à la Belgique. Voilà le sujet du livre « Haricots noirs, encre rouge et Manneken Pis ». L’idée d’écrire ce livre remonte à 1979. Huib Billiet, l’auteur, a alors pu consulter la thèse de Axel Buyse qui consacrait un chapitre à la période d’avant 1959, intitulé « des pierres pour la poursuite de la recherche ». Ce furent des pierres pour ses publications ultérieures, toujours avec l’idée de pouvoir un jour faire ces recherches. Le livre a pris forme sous l’impulsion de quelques Cubains, étonnés de voir circuler des livres sur le rôle des Français, des Hollandais, des Allemands, des Japonais et des Irlandais à Cuba, mais rien au sujet des relations avec la Belgique.

La préface se lit comme un résumé. Les premiers contacts remontent au 16e siècle, quand les Pays Bas soutenaient l’empire espagnol. C’est ainsi que des soldats, des aventuriers, des contrebandiers et des espions de la Belgique pré-nationale se retrouvent à Cuba. Après 1830 notre pays confirme son statut d’exportateur outre-mer de textile, de verre, de métaux et d’armes. En même temps la Belgique attire de scientifiques, des étudiants et des réformateurs politiques cubains , exilés pour leur lutte d’autonomie. Après la reconnaissance de la République de Cuba en 1902 les liens d’amitié sont renforcés.On le constate quand des Cubains récoltent des fonds et se montrent solidaires avec la Belgique durant la première guerre mondiale. La période de belgophilie qui suit sur l’île est une clé essentielle pour comprendre les relations qui suivent. Avec les livraisons d’armes vers 1959 la Belgique est au sommet pour les dirigeants révolutionnaires. Puis le rapprochement de Cuba et de l’Union Soviétique, et la crise des fusées, vont rafraîchir les relations officielles. En 1969 la création d’une association nationale et permanente (notre asbl Les Amis de Cuba) contribue à la sympathie au sein de l’opinion publique belge. Dès les années nonante on peut parler de collaboration intense dans le domaine économique, culturel et scientifique, alors que la solidarité s’accélère. Et il reste la manière dont la politique en Belgique joue la carte du consensus, alors que les États-Unis ne lâchent pas leurs serres autour de Cuba.

Haricots noirs… n’offre pas d’analyses historique, politique ou économique, ni un bilan de la Cuba révolutionnaire. L’auteur a choisi une autre approche : une chronologie, constituée de près de 250 faits datés, comme des brèves de presse d’aujourd’hui. Une conception à laquelle il faut se plier à cause du changement permanent de localisation géographique et des opinions des nombreux « joueurs ». Pour les lecteurs peu familiers de l’histoire cubaine l’information historique générale reste fragmentée et des questions restent sans réponse. Mais le livre offre un caléidoscope varié de faits simples et parfois surprenants de cinq siècles de relations entre la Belgique et Cuba.

Curieux du titre, dans les couleurs du drapeau belge ? Les haricots noirs se retrouvent dans le paragraphe sur une brigade d’enfants très réussie en 1988, organisée par notre association. C’est en encre rouge qu’on dactylographie, à Bruxelles, un manifeste contre le président Gerardo Machado.

Manneken Pis à reçu en 2012 un costume cubain, et sur l’île on le retrouve à Camagüey, et à Nuevitas dans le jardin intérieur de Belges qui ont décidé de poursuivre leur vie à Cuba.

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