Cuba Sí 204 – traductions

Cuba Sí 204 – traductions

Traductions  Cuba Sí 204 – septembre 2019.

CUBA  –  ÉTATS-UNIS.
Le 14 août, par un tweet, Bruno Rodríguez, le ministre cubain des affaires étrangères, condamnait l’attitude agressive des États-Unis envers des états souverains, l’arrogance et l’imposition arbitraire de mesures unilatérales, en négation du droit international et de la charte des Nations Unies. Cette politique de l’administration Trump est dirigée contre différents pays, mais Cuba est une des cibles prioritaires des États-Unis.

Une politique menée sur différents fronts. Des objectifs économiques, commerciaux et financiers, mais aussi des attaques morales, pour lesquelles tous le moyens sont bons, du fake news aux mensonges et aux campagnes de diffamation.

Les cibles économiques, commerciales et financières.
Les derniers mois de nouvelles mesures ont été appliquées par les  États-Unis. Depuis le 5 avril des amendes et des mesures coercitives sont appliquées contre des entreprises qui transportent du pétrole vers Cuba. Les actifs de ces sociétés sont gelés aux États-Unis, les transactions financières sont interdites.

Dans les activités touristiques les voyages en groupe « people to people » ont encore étés limités,, peu après l’ interdiction pour les navires de croisière de faire escale à Cuba. L’exportation de voitures à partir des EU est interdite. Des mesures clairement destinées a frapper l’économie cubaine, sous le prétexte de ne pas fournir des dollars aux militaires et aux services de sécurité cubains.

Des entreprises nord-américaines se voient imposer des amendes pour violation du blocus : Expedia (Washington) 325.406 $, Hotelbeds USA (Floride, mais dont le siège social se trouve en Espagne) 222.705 $, Cubasphere 40.320 $. En juillet des sanctions sont prises contre Cubametales, l’entreprise publique chargée de l’importation et de l’exportation de pétrole, à cause du soutien à Maduro. Aujourd’hui plus de 200 entreprises cubaines sont reprises sur une liste noire, avec l’interdiction de faire du commerce avec elles.

Le 11 juillet des héritiers de la Banque Nuñez ont déposé plainte aux EU  contre la Société Générale française, sur base e l’article III de la loi Helms-Burton. Et de nombreux autres exemples pourraient être ajoutés à cette liste (voir aussi les articles de la Coordination pour la levée du blocus dans nos derniers numéros).

Campagnes de mensonges et fake news.
Après une comédie qui dure depuis des mois au sujet des soi-disant « attaques acoustiques » (une étude de l’Université de Pennsylvanie conclut le 25 juillet qu’il n’existe pas de preuves scientifiques à ce sujet), un prétexte pour fermer les servies consulaires des EU à la Havane et de compliquer les voyages et l’émigration vers les EU, et pour justifier le blocus, les États-Unis et leurs valets ont entamé maintenant une scandaleuse campagne de diffamation contre les programmes médicaux cubains à l’étranger.

Un premier pas est posé par Luis Almagro, la marionnette des EU à la tête de l’ Organisation des États Américains (OEA), qui discrédite les accords de coopération de Cuba à l’étranger. Il plaide aussi, avec quelques élus républicains, pour la remise en application du programme « Parole », destiné à convaincre des médecins cubains à l’étranger de passer aux États-Unis. Sous Obama le programme avait été suspendu. Les arguments utilisés aujourd’hui parlent « d’esclavage moderne », de « traite d’êtres humains » et de « crimes contre l’humanité », alors qu’il s’agit d’une aide solidaire et humanitaire à d’autres peuples.

Cuba utiliserait aussi l’aide médicale à des buts politiques, et Bolsonaro, le Trump tropical, ira jusqu’à prétendre que les médecins cubains qui ont travaillé au Brésil pendants des années, dans les régions les plus isolées où les médecins brésiliens refusaient de se rendre, y étaient pour créer des foyers de guérilla. Miguel Díaz-Canel réagissait le 15 mai en déclarant : « Une fois de plus le déferlement de mensonges impérialistes essaye de présenter les programmes de coopération médicale de Cuba comme un « esclavage moderne » et de « traite d’êtres humains ».

Le 20 juin les États-Unis mettent Cuba sur la liste des pays qui font du commerce d’êtres humains. La réaction de Cuba est immédiate : « les médecins internationalistes cubains sont uniquement « esclaves de l’amour de leurs prochains ». Les agressions dans ce domaine sont encore complétées par la limitation de l’octroi de visas pour les fonctionnaires cubains liés aux missions médicales à l’étranger (27/7).

Moyens financiers.
L’administration Trump a également prévu l’ accroissement des moyens financiers prévus pour la propagande contre Cuba. Le 24 juin la Chambre des Députés des EU a approuvé un budget de plus de 32 millions de dollars : 20 millions pour la « promotion de la démocratie à Cuba », et 12.973.000 pour Radio et TV Martí, les médias de propagande contre Cuba. Ces sommes couvrent l’année fiscale 2020:du 2/10/20219 au 30/9/2020.

Cerise sur le gâteau : dans la meilleure tradition de l’époque des cow-boys, avec les affiches « Wanted », les EU diffusent un message dans le monde entier, le 7 août : ils offrent, jusqu’au 26/8, une prime de 3 millions de dollars aux organisations qui effectuent des recherches, récoltent des données et analysent des informations au sujet des missions médicales cubaines à l’étranger, surtout en ce qui concerne les « violations des droits de l’homme » par le personnel médical cubain ! Díaz-Canel a condamné cette campagne mensongère de « Accusation immorale, mensongère et perverse ».

Et Trump ?
Et bien évidemment Trump n’hésite pas de participer à cette campagne de diffamation. Le 20 mai, date anniversaire de la déclaration de la République néocoloniale de Cuba (après l’intervention militaire de 1898), il tweet : « En ce jour de l’ indépendance de Cuba nous soutenons le peuple cubain dans son droit à la liberté, démocratie et bien-être. Le régime cubain doit mettre fin à  l’oppression des Cubains et des Vénézuéliens. Les États-Unis ne resteront pas les bras croisés alors que Cuba continue à miner la démocratie dans les Amériques ».

Il continue le 26 juin, lors d’une interview pour Telemundo, une chaîne de TV hispanophone « Je suis très sévère pour Cuba . Personne n’a fait ce que nous faisons pour solutionner le problème de Cuba comme il le faut, et pas comme Obama, qui était une catastrophe que je rejette ».

La meilleure confirmation du tweet de Bruno Rodríguez que nous citions au début de cet article. Plus que jamais la vigilance est nécessaire et notre solidarité avec la Révolution Cubaine un impératif.

NOUVELLES DE CUBA.

Asamblea nacional.
Durant la session de juillet du parlement cubain, les députés ont examiné en profondeur la situation économique difficile et les mesures à prendre. Wim Leysens aborde ces thèmes plus loin dans ce numéro.

L’ Asamblea Nacional a également approuvé trois lois. Une sur les élections, une mesure exécutive logique après l’approbation de la nouvelle constitution. Une loi sur les symboles nationaux (le drapeau, l’ hymne national et les armoiries du pays) destinée à la protection et au respect dû à ces symboles par les nouvelles générations. Une loi sur la pèche en mer et dans les eaux intérieures, qui règle ces activités, les gère et les contrôle. Cette loi met l’accent sur une gestion rationnelle des richesses hydrauliques et biologiques du pays et d’une pèche durable. Des règles sont également introduites pour les relations entre les pécheurs des entreprises publiques et les pécheurs privés, et pour la sécurité sociale de ces derniers.

La santé en chiffres.
Depuis les débuts de la Révolution à Cuba 376.608 travailleurs de la santé ont été formés (y compris la promotion 2019), dont 171.362 médecins, soit une multiplication par 60. Cette année seront formés 10.114 professionnels, dont 7.667 médecins.

35.787 étudiants étrangers de 141 pays ont obtenus gratuitement leur diplôme à Cuba.

Cuba compte 12.000 institutions médicales pour l’ensemble du pays.

Aujourd’hui Cuba peut compter sur 101.619 médecins en activité, le chiffre le plus élevé jamais connu dans l’histoire du pays. Ceci signifie 9 médecins pour 1.000 habitants, un indicateur comparable aux pays les plus développés dans le monde.

29.000 travailleurs de la santé prestent des services dans 65 pays.

26 juillet 2019.
Dans son discours pour la commémoration du 26 juillet 1953 Miguel Díaz-Canel a souligné quelques effets du blocus contre Cuba. Il représente  une perte de 4.343 millions de dollars, rien que pour la période de mars 2018 à avril 2019. Il a une fois de plus dénoncé la politique agressive de Trump, entre autres au sujet des obstacles pour la livraison de pétrole à Cuba.

Anniversaire de Fidel.
Le 13 août, à l’occasion de l’anniversaire de la date de naissance de Fidel, Miguel Díaz-Canel a diffusé un message sur twitter : « Cuba se réveille en hommage. Aujourd’hui l’héritier de la légation de Martí, le dirigeant invaincu qui a survécu à plus de 600 attentats, qui a sans concessions affronté 11 administrations de l’empire, a atteint 93 ans. Fidel vit car ses idées vivent. #YoSoyFidel #FidelSiempre ».
             Freddy Tack

HAUSSE DES SALAIRES ET AUTRES MESURES.

Renforcer l’économie nationale en réponse au blocus.
Afin d’éviter une nouvelle « période spéciale », suite au renforcement du blocus par l’application de la loi Helms-Burton, le gouvernement cubain passe à la vitesse supérieure pour activer l’économie nationale. Une des mesures les plus visibles est la forte augmentation salariale pour tous les travailleurs du secteur public subsidié.

Les priorités pour la gestion économique.
En avril 2019 le congrès de la CTC (Centrale des Travailleurs de Cuba) confirmait les grandes lignes de la gestion économique actuelle. Et en juillet le président Díaz-Canel en expliquait la logique devant le parlement. Pour augmenter la capacité nationale de production Cuba doit fortement investir. Pour cela le pays a besoin d devises étrangères, qu’il ne peut obtenir que par les exportations. En même temps, dans la mesure où Cuba importe moins, moins de devises quittent le pays. Mais pour exporter plus et importer moins, il faut d’abord augmenter la capacité productrice nationale, dont un des moyens est d’attirer des investissements étrangers. En investissant des moyens étrangers dans les secteurs qui génèrent tout de suite des devises, comme par exemple le tourisme, ou remplacent des importations, le pays augmente son autonomie financière. Les succès de ces mesures ne peut s’assurer que si toute la population les soutient.  D’où aussi les augmentations salariales.

Le renforcement des entreprises de produits d’exportation.
C’est un choix stratégique d’investir, dans une première phase, dans les entreprises qui produisent pour l’exportation. Priorité est donnée aux entreprises de technologies de pointe, comme le biomédical, qui peuvent développer des produits à haute valeur ajoutée sur le marché international. Ceci garantit la récupération des investissements, de telle façon que les moyens, comme un fond de  roulement, peuvent être réinvestis dans d’autres entreprises.

Le gouvernement augmente le portefeuille de la banque des entreprises, FINATUR, afin de faciliter l’accès aux prêts pour les entreprises capables de développer un produit destiné à l’exportation, ou un produit qui remplace des produits importés. Les démarches administratives sont simplifiées, et l’accord de la Banque Centrale n’est plus exigé. L’entreprise reçoit aussi plus de souplesse pour garder des entrées supplémentaires si elle dépasse les exportations prévues.

La production nationale remplace les importations.
Une autre priorité est le développement des entreprises nationales qui produisent des produits remplaçant ceux de l’importation. Une attention particulière est accordée à la livraison de matériaux de base aux investisseurs étrangers de la Zone Spéciale de Développement de Mariel, afin d’éviter qu’ils ne dépensent leurs devises à l’étranger. Comme stimulant l’autorité assouplit la gestion centrale des devises entrantes, et ces entreprises nationales reçoivent plus d’autonomie et peuvent garder jusqu’à 50 % des gains en devises et les réinvestir.

Afin d’éviter des problèmes d’approvisionnement les entreprises publiques peuvent également passer des contrats avec des entreprises privées. Le gouvernement va également examiner la possibilité pour ces dernières d’exporter leurs produits, toujours via des instances publiques qui en  détiennent le monopole. Précision : la Caisse Nationale centralise les devises entrantes et sortantes, et peut ainsi surveiller la balance des paiements et utiliser les moyens en fonction des priorités des autorités, entre autre pour les entreprises d’exportation, l’enseignement, le secteur de la santé, etc.

Des communes auto-suffisantes / Développement local de la production alimentaire.
Les communes sont chargées d’examiner comment elles peuvent stimuler la production locale, en commençant par les produits agricoles pour une consommation locale. Pour mieux servir le citoyen, l’autorité va simplifier le commerce local à court terme. Ces mesures seront explicitées prochainement. Probablement les agriculteurs recevront plus de facilités pour écouler leurs produits directement aux consommateurs. Les directions locales doivent également examiner de nouveaux projets locaux pour une production qui remplace les importations. Un bel exemple est donné par le secteur de la construction, qui a déjà effectué la conversion il y a quelques années. Ce secteur compte de plus en plus sur des entreprises locales pour la fourniture de matériaux de construction.

Un exemple : dans le cadre du programme de logements, les provinces ont acheté 64 millions de briques pour le premier trimestre de cette année, en remplacement des 14 millions de blocs à produire avec du ciment importé. Un autre exemple est fourni par la production de matériaux de construction à partir de plastic recyclé, même si la production réelle n’a pu couvrir que les 2/3 des espérances.

Les investissements étrangers : une source de développement.
« Nous avons besoin de capitaux, de technologie et de connaissances pour faire grandir le pays. Mais pour cela nous avons besoin d’investissements étrangers dans les secteurs clé et les secteurs prioritaires définis par loi. Et nous défendrons toujours notre souveraineté, car nous n’allons jamais entreprendre quelque chose qui mette en danger l’indépendance du pays ». Par ces paroles le président Díaz-Canel a défendu devant le parlement l’importance du capital étranger. Parce que les investissements étrangers sont un facteur crucial pour renforcer l’économie, Cuba a identifié près de 525 projets pour une valeur totale de 11,5 millions de dollars. Une illustration : pour augmenter la capacité de production de matériaux de construction, l’autorité a préparé 106 projets pour lesquels on cherche des investisseurs étrangers, pur un budget total de 2,8 millions de dollars.

Le pays réalise qu’il doit lui-même fournir un grand effort pour assouplir les lourdes règles administratives et pour accélérer les procédures d’approbation. Mais le grand obstacle est et reste le blocus par les États-Unis, qui fait peur aux entreprises étrangères pour investir à Cuba. Cuba s’y oppose en déclarant être un pays sûr et fiable pour les investissements, qui respecte scrupuleusement ses obligations de paiements. Lors de la dernière Bourse du Tourisme (mai 2019) le président a insisté au sujet des lois nationales qui offrent une sécurité juridique aux totale investisseurs étrangers. D’ailleurs depuis l’activation de l’article III de la loi Helms-Burton aucun  investisseur n’a quitté le pays. Le ministre espagnol du tourisme, en visite à Cuba, a même annoncé la création d’ une commission d’assistance aux entreprises espagnoles, au cas où elles seraient appelées devant des tribunaux aux États-Unis pour violation de la loi Helms-Burton. Une bonne nouvelle est l’approbation de 12 nouveaux investissements lors du premier semestre de 2019. Mais malgré tout cela c’est un fait que les investissements étrangers restent en dessous des besoins du pays.

Les hausses salariales offrent plus de pouvoir d’achat aux Cubains.
Le 27 juin le gouvernement a annoncé une hausse significative des salaires et des pensions pour 2 millions 750 mille Cubains. Les hausses salariales sont d’application dans les secteurs subsidiés. Soit tout les services publics qui ne produisent pas de biens ou de services commerciaux, comme les soins de santé, l’enseignement, la culture, les administrations locales et nationales, etc. La mesure ne vaut pas pour les entreprises productrices, où les travailleurs ont, en règle générale, des salaires plus   élevés, allant parfois jusqu’à 1.000 pesos par mois (le salaire national moyen se situe aux environs de 700 pesos). Cette hausse salariale est un premier pas qui répond à un besoin urgent et est clairement destiné à augmenter le pouvoir d’achat des citoyens. Voilà aussi pourquoi l’autorité veillera scrupuleusement au fait que les prix à la consommation n’augmentent pas. Les prix dans les magasins et les marchés d’état sont gelés, et le gouvernement invite les citoyens à signaler les irrégularités.

Le salaire moyen de près d’un million et demi de Cubains augmente de 400 pesos nationaux (25 pesos = 1 dollar), d’un peu plus de 600 pesos à 1.067 pesos. Une dépense supplémentaire de 7 milliards de pesos (280 millions de dollars). Le salaire minimum est relevé à 400 pesos, le salaire maximum à 3.000 pesos. Cette tension salariale de 7,5 permet d’établir des échelles salariales qui tiennent compte des responsabilités et des fonctions. Un enseignant du secondaire voit son salaire passer de 415 à 1.030 pesos. Si cet enseignant a un diplôme universitaire le salaire passe de 555 à 1.400 pesos. Un professeur d’université gagne maintenant 1.700 pesos au lieu de 735. Des échelles salariales similaires valent également dans le secteur des soins de santé : un(e) infirmier(e) gagne 1.000 pesos, un médecin de 1.400 à 1.600 pesos d’après la fonction et l’expérience ; un médecin spécialiste reçoit 1.700 pesos. Mais comme le ministère de la santé a déjà accordé des augmentations substantielles  il y a quelques années, l’augmentation actuelle ne s’élève « que » à 100 pesos.

Les pensions augmentent.
Toutes les pensions de moins de 500 pesos sont augmentées de 45 pesos, ce qui n’est pas beaucoup. Une pension de 242 ou 400 pesos, passe à 300 ou 445 pesos. Cette mesure  vaut pour 1.281 mille pensionnés et coûte 700 millions de pesos à l’état. Les pensions au-delà de 500 pesos ne bougent pas. La motivation en est que les frais pour des biens et des services pour une personne âgée se situent à 410 pesos.

La logique économique remplace la logique administrative.
L’augmentation salariale améliore le pouvoir d’achat, mais ne résout pas tous les problèmes. Au courant des années un déséquilibre c’est établi dans certaines échelles salariales et de paiements complémentaires.  A terme l’autorité veut réexaminer les échelles salariales, mais déjà maintenant le gouvernement estime que la hausse rend superflue certains bonus. Ainsi les suppléments pour une formation, ou selon que le travailleur travaille pour la commune, la province ou l’état sont supprimés. D’autres compléments, comme ceux pour l’ancienneté, sont eux maintenus.

Le président Díaz-Canel a souligné que l’augmentation salariale se cadre dans une vue plus large. Bientôt on examinera aussi la fixation des prix et les subsides pour les produits de consommation. Et en même temps il faut résoudre le problème de la double monnaie. En quoi, quand et comment sera communiqué plus tard par le gouvernement, mais il semblerait que le contrôle de l’état sera démantelé au profit d’une logique économique et financière (de marché).

Comment est financée l’augmentation ?
La hausse salariale ne peut pas susciter des dépassements de budget. En premier lieu chaque service ou secteur vérifiera dans son budget propre quels dépenses pour l’année courante 2019 n’ont pas été utilisées, et où des épargnes sont éventuellement possibles, sans mettre en danger les achats et les investissements indispensables. Les services doivent se contenter de crédits de fonctionnement réduits de 10 %. Les communes également devront examiner quelles réserves elles peuvent aborder.
Une autre source vient des contributions fiscales. Le gouvernement veillera scrupuleusement au fait que les 60 milliards de pesos nationaux (2,4 milliards de dollars) prévus au budget sont effectivement récoltés

Chaque Cubain cotise à la sécurité sociale.
Début août le gouvernement a annoncé la généralisation de la contribution à la sécurité sociale. Les hauts revenus et les indépendants sont soumis à l’impôt.

Le temps où les Cubains ne payaient pas pour leur sécurité sociale est définitivement révolu. Les cotisations des entreprises, ce que nous nommerions les cotisations patronales, sont insuffisantes pour financer la sécurité sociale, et même avec la cotisation généralisée pour les travailleurs il restera un déficit. La mesure a aussi une fonction éducative selon le gouvernement, et rappelle au citoyen Cubain sa propre responsabilité pour le bien-être social du pays.

Une contribution des travailleurs n’est pas tout à fait une nouveauté. Cette mesure avait été introduite dès 2008 pour de nouveaux groupes professionnels des secteurs subsidiés. Et depuis 2012, les travailleurs des entreprises qui ont « perfectionné » leurs services et qui reçoivent un meilleur salaire, ont cotisé.

Les travailleurs auprès des entreprises étrangères, les indépendants qui travaillent pour leur propre compte, les agriculteurs  qui travaillent des terres en usufruit, et les artistes, cotisent depuis plus longtemps pour leur pension. Maintenant chaque Cubain paye pour sa sécurité sociale. La cotisation est fixée à 2,5 % pour ceux qui gagnent moins de 500 pesos, et de 5 % pour les salaires plus élevés. Un petit calcul : une personne qui a obtenu une augmentation de 400 pesos et qui gagne maintenant 1.000 pesos, paye 50 pesos pour la sécurité sociale, ce qui accroît son pouvoir d’achat réel de 350 pesos.

Les revenus élevés payent aussi des impôts.
La recherche de rentrées pour l’état a amené l’autorité à introduire des impôts, mais uniquement pour les revenus élevés. Cette pratique n’est pas nouvelle, car les métiers indépendants et les travailleurs dans des entreprises étrangères  payaient déjà un impôt sur leurs revenus. La mesure est généralisée, et uniquement appliquée pour ceux qui gagnent plus de 2.500 pesos, et ce nombre est réduit. Ils payent 3% d’impôt.

Sources :

http://bohemia.cu/wp-content/uploads/2019/07/Pag-21-32-En-Cuba-YA.pdf

http://www.cubadebate.cu/especiales/2019/07/23/como-se-implementa-el-crecimiento-salarial-y-de-pensiones-en-cuba/#.XT1nKugzblU

                                                                                                              Wim Leysens

AU REVOIR POUR UN HOMME D’OUVERTURE.
Après une longue maladie Jaime Lucas Ortega y Alamino est décédé à La Havane le 26 juillet 2019.

Cet homme de 82 ans a joué un rôle important dans l’histoire de l’église catholique romaine à Cuba.

Jaime Lucas Ortega yAlamino est né le 18 octobre 1936 dans la province de Matanzas, fils d’un travailleur des plantations. Le 2 août 1964 il est sacré prêtre et assume différentes fonctions pastorales, lors d’une période où l’église catholique romaine n’avait pas de place au sein de la Révolution cubaine, et que les deux parties démontraient peu de volonté de rapprochement.

En 1978 Ortega est nommé évêque de Pinar del Rio, en 1981 il devient archevêque de San Cristobal de La Habana, et finalement, en 1994 il devient cardinal. C’est dans cette fonction que le pape actuel François, lui demande d’ouvrir des conversations à Washington, avec Obama, le président de l’époque. Cette intervention fut, en ce moment, à la base du rapprochement entre Cuba et les États-Unis.

Le fait que le pape ait choisi Ortega pour cette mission n’était pas une surprise. Même en tant que représentant de l’église catholique romaine il a pu, de par son attitude, souvent faire le médiateur entre les autorités cubaines et les opposants au régime, pour lesquels il a, à plusieurs reprises, obtenu une amnistie. Il était connu pour ses talents de médiation et son rejet formel du blocus, ce qui lui avait acquis une reconnaissance de plusieurs dirigeants cubains. Ortega aimait le dialogue et ne se comportait pas agressivement, mais cherchait une voie moyenne acceptable pour les deux parties. A 80 ans il a été mis en éméritat.

Lors de son enterrement on a pu constater comment l’homme était aimé en Amérique Latine. Beaucoup de personnalités de l’église sont venus saluer une dernière fois le cardinal. Le président Miguel Díaz-Canel a déclaré : « Un homme qui a livré un apport indiscutable aux améliorations des relations entre l’église et l’état ».

                                                                                             Alexandra Dirckx

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