Cuba Sí 203 – traductions

Cuba Sí 203 – traductions

CUBA – UNION EUROPÉENNE.
Comme nous l’avions déjà signalé dans des numéros précédents l’ Union Européenne (UE) poursuit les améliorations des relations avec Cuba. Depuis la signature de « L’ accord pour un dialogue politique et la coopération » les relations bilatérales continuent à se développer selon le plan établi.

Les relations bilatérales.
Le 7 mars a eu lieu une rencontre au sujet du désarmement. Les deux parties ont constaté un large accord au sujet du désarmement et de la limitation des armes de destruction massive. Elle ont souligné l’importance de continuer à oeuvrer pour un désarmement total, afin d’assurer la paix, la sécurité internationale et l’obtention des objectifs de développement durable.

Le 12 avril 2019 les ministres des affaires étrangères de l’ UE, lors d’une réunion au Luxembourg, ont réitéré leur rejet du blocus contre Cuba et l’application du titre III de la Loi Helms-Burton.

Toujours le 12 se déroulait à La Havane un premier dialogue Cuba-UE au sujet du développement durable, durant lequel on a abordé les politiques économiques, sociales et environnementales.

La réunion a été clôturée par la signature d’un accord de développement durable, avec un budget de 60 millions d’euros.

La position de l ‘ UE au sujet de Helms-Burton.
L’ UE a condamné fermement la réintroduction du Titre III de la Loi Helms-Burton. Alberto Navarro, l’ambassadeur de l’ UE à Cuba, a rappelé (le 17/04/2019) que l’ UE dispose d’une législation pour la protection des citoyens et des entreprises européennes. L’ UE a envoyé à ce sujet une lettre à Mike Pompeo, le secrétaire d’état nord-américain.

Dans un communiqué conjoint Federica Mogherini, la Haute représentante de l ‘UE  pour les Affaires Extérieures et la Politique de Sécurité, Cecilia Malstrom, la Commissaire Européenne du Commerce, et Chrystia Freeland, ministre des affaires étrangères du Canada, ont exprimé leurs critiques au sujet de la décision de Washington, et ont menacé de faire appel aux mécanismes légaux de l’ Organisation Mondiale du Commerce. La mesure est d’ailleurs condamnée fermement dans le monde entier.

Après la confirmation officielle de l’application du Titre III, et la mise en application le 2 mai 2019, l’ UE a pris une position claire, avec une déclaration qu’elle défendra ses entreprises à Cuba contre les sanctions nord-américaines. Dans sa communication officielle l’ UE annonce que, si nécessaire, elle déposera plainte auprès de l’ OMC pour protéger ses entreprises. Elle a déclaré l’application des mesures extra-territoriales restrictives et unilatérales en opposition au droit international.

Federica Mogherini a confirmé que l’ UE utilisera tous les moyens adéquats, alors que Alberto Navarro a déclaré que la Maison Blanche peut exécuter toutes les lois qu’elle désire, mais qu’elles ne sont pas d’application dans d’autres pays.

 Espérons que toutes ces prises de position ne se limitent pas à des déclarations formelles et que l’ UE n’hésitera pas de prendre toutes les mesures disponibles contre les mesures d’étranglement de l’économie cubaine par les États-Unis. Depuis des années tous les pays européens votent pour la levée du blocus à l’ ONU, jusqu’à ce jour des paroles, sans actes.  
                                                               F. Tack

CUBA – ÉTATS-UNIS
La politique d’agression contre Cuba, menée par l’administration Trump, se poursuit et se renforce encore. L’application officielle du Titre III de la Loi Helms-Burton, le 23 mai 2019 (voir à ce sujet l’article de Wim Leysens), est la mesure d’étranglement la plus récente de l’économie cubaine, et la tantième agression pour essayer de détruire le modèle politique et économique cubain. Cette mesure a d’importantes conséquences extra-territoriales, avec l’objectif d’empêcher et de décourager des investissements étrangers à Cuba. Rien de surprenant donc que la mesure a été accueillie par une critique générale et un  rejet dans le monde entier  La meilleur illustration au sujet de cette politique d’agression est peut-être un survol chronologique des événements des dernières semaines.

04/03 : John Bolton, Marco Rubio et Mike Pompeo font des déclarations annonçant les nouvelles sanctions contre Cuba.

11/03 : Les États-Unis ajoutent encore plusieurs entreprises à la « liste noire » des entités économiques cubaines avec lesquelles tout commerce est interdit.

15/03 : Limitation de la durée des visas B2 pour les Cubains, de cinq ans à trois mois, et pour une seule entrée.  

18/03 : Le National Endowment for Democracy (NED) communique avoir attribué en 2018 4.643.525 $ pour un « changement de régime » à Cuba (une hausse de 22% par rapport à 2017).

22/03 : Les gouvernements de droite en Amérique Latine annoncent au Chili la création d’une nouvelle organisation, la Prosur, destinée à détruire l’ Unasur, la CELAC et Petrocaribe.

29/03 : le démocrate James McGovern, en visite à Cuba, se déclare hostile à la Loi Helms-Burton.

29/03 : Multibank, une banque panaméenne, ferme les comptes de plus d’une dizaine d’entreprises qui commercent avec Cuba.  

09/04 : L’accord entre la Fédération Cubaine de base-ball et les ligues nord-américaines de base-ball est rompu par Trump.

11/04 : L’entreprise britannique Acteon doit payer une amende de 227.500 $ pour violation du blocus.

12/04 : Le gouvernement Trump annonce des sanctions contre quatre entreprises et neuf navires du secteur pétrolier, qui transportent du pétrole vers Cuba.

15/04 : Le Brésil quitte officiellement l’ Unasur;

16/04 : La presse nord-américaine signale que tout indique que Trump va appliquer le Titre III de la Loi Helms-Burton.

16/04 : La banque italienne Grupo UniCredit doit payer une amende de 1.300 millions de dollars pour violation du blocus.

17/04 : Anniversaire de l’invasion ratée de la Baie des Cochons (Playa Girón). Cette date est choisie par le gouvernement TRump pour annoncer de nouvelles mesures contre Cuba, avec l’application du Titre III de la Loi Helms-Burton.

17/04 : L’ Union Européenne (UE) et le Canada annoncent leur intention de collaborer pour défendre leurs entreprises devant l’ Organisation Mondiale du Commerce (OMC).

18/04 : Le Mexique, la Russie et la chaîne hôtelière espagnole Melia  s’opposent à l’activation du Titre III, et annoncent qu’ils défendrons leurs entreprises à Cuba.

18/04 : Le gouvernement US annonce des limitations des remesas et des voyages à Cuba. John Bolton fait l’annonce devant une assemblée d’anciens mercenaires de la Baie des Cochons.

18/04 : Dans un communiqué commun Federica Mogherini, Haute représentante des affaires étrangères et de la sécurité de l’ UE, Cecilia Malmstrom, commissaire européen du commerce, et Chrystia Freeland, ministre des affaires étrangères du Canada, rejettent l’application du Titre III de la Loi Helms-Burton.

18/04 : La Chine, le Mexique, le Venezuela et la Russie s’opposent officiellement à l’application du Titre III de la Loi Helms-Burton.

18/04 : plusieurs organisations de solidarité en Belgique s’opposent à l’annonce faite par Washington.

20/04 : le ministre des affaires étrangères du Portugal prévient que l’activation du Titre III va renforcer les tensions commerciales entre les États-Unis et l’ UE.

22/04 : Des organisations d’émigrés cubains aux USA demandent au Pape d’intervenir contre la politique hostile à Cuba.

23/04 : le ministre des affaires étrangères d’ Espagne craint des litiges contre les USA suite aux sanctions contre Cuba.

02/05 : la compagnie de croisières Carnival est la première cible de l’application du Titre III : deux plaintes ont été déposées devant un tribunal de Miami, pour l’utilisation des ports de Santiago de Cuba et de La Havane.

03/05 : Exxon Mobil dépose plainte contre deux entreprises pétrolières à Cuba  auprès du tribunal de Washington DC.

03/05 : de plus en plus de voix s’élèvent contre l’application du Titre III, entre autres les ministres des affaires étrangères de la France, d’ Espagne, de la Russie, du Salvador, la Biélorussie. L’ UE annonce qu’elle défendra ses entreprises et ses citoyens.

04/05 : le Canada annonce que le pays ne reconnaîtra pas les décisions juridiques suite au Titre III.

06/05 : l’ Espagne confirme son intention de poursuivre les investissements à Cuba.

08/05 : le Mexique défendra juridiquement ses entreprises contre la Loi Helms-Burton.

08/05 : Rick Scott, sénateur républicain, se prononce en faveur de l’instauration d’un blocus maritime nord-américain autour de Cuba.

09/05 : le ministre des affaires étrangères du Japon rejette l’application du Titre III.

09/05 : le premier ministre du Royaume Uni, Theresa May, rejette le renforcement du blocus.

11/05 : lors de son assemblée générale des membres, à Anvers, notre association a approuvé à l’unanimité une résolution au sujet de la politique agressive contre Cuba (voir page 17).
F. Tack

LA NOUVELLE CONSTITUTION.
La nouvelle Constitution, approuvée par le référendum du 24 février 2019, a été officiellement instaurée lors d’une session extraordinaire du parlement, le 10 avril, 150 ans après la promulgation de la première constitution de 1869, à Guámairo, lors du début de la première guerre d’indépendance contre l’ Espagne.

Cette nouvelle constitution est la transcription d’un consensus pour poursuivre le chemin entamé à Cuba. Dans son discours Raúl Castro a déclaré : « La constitution que nous promulguons est la suite de la première, et la protection des piliers fondamentaux de la nation, avec l’unité de tous les Cubains, l’indépendance et la souveraineté de la patrie ». Il a souligné la participation de près de 9 millions de Cubains au processus de décision, qui représentait une gigantesque assemblée constituante , pour construire un consensus pour l’avenir : « Cette constitution garantit la poursuite de la Révolution et l’irréversibilité de notre socialisme ». C’est maintenant au parlement de prendre les initiatives législatives pour permettre l’application de cette constitution.

Raúl a également abordé les relations tendues avec les États-Unis : « Le ton du gouvernement des USA contre Cuba est une fois de plus menaçant, et des mesures sont prises pour détruire les relations bilatérales.. Cuba est accusé de tous les maux, avec l’utilisation de mensonges dans le style de la pire propagande hitlérienne… Nous ne renoncerons pas à nos principes et nous rejetons toute forme de chantage… Face au scénario houleux qui se développe, nous avons préconisé comme priorités de base la préparation du pays pour la défense et le développement de l’économie nationale… Nous savons que devons faire face à des difficultés supplémentaires et que la situation peut s’aggraver dans les prochains mois. Il n’y a pas de retour à l’extrême période spéciale des années ’90, aujourd’hui existe un autre panorama au sujet de la diversification de l’économie, mais nous devons toujours nous préparer à des variables plus néfastes… Cuba a prouvé que c’est possible, que le pays sait résister, sait combattre et sait vaincre. Il n’y a pas d’autre alternative ».

Les mesures transitoires.
Maintenant que la constitution est promulguée d’importantes mesures transitoires doivent être développées par le parlement. Nous citons ci-dessous quelques pas a effectuer.
+ Endéans les six mois : un nouvelle loi électorale.
+ Endéans l’année : un règlement adapté pour le parlement et le Conseil d’ État.
+ Endéans les deux ans : un règlement pour les gouvernements provinciaux.
+ Endéans les deux ans : un règlement pour le pouvoir populaire communal et ses conseils d’administration.
+ Endéans les 18 mois : une nouvelle législation pour les tribunaux populaires et l’adaptation des lois concernées.
+ Endéans les deux ans : une consultation populaire et un référendum sur un  projet de Code de la Famille.
+ Endéans les 18 mois : des adaptations législatives au sujet des possibilités pour les citoyens d’ exiger  leurs droits devant les tribunaux.

Cette liste n’est certes pas complète, mais indique clairement que les députés auront du pain sur la planche dans les mois à venir pour mettre en pratique la nouvelle constitution.    
                                                             F. Tack

CUBA SE TROUVE FACE A UNE NOUVELLE « PERIODE SPECIALE » ?
2018 a été une année difficile pour l’économie cubaine et pour le citoyen cubain. Le site web « Cubadebate » a même organisé un débat sur le thème du risque d’une nouvelle période spéciale. Depuis que le président Trump renforce sans cesse le blocus par les États-Unis, les conséquences pour Cuba ne manquent de se faire sentir. Cuba est obligé de se diriger vers des marchés extérieurs plus chers. A cause de ce surcoût les rares devises étrangères ne peuvent être utilisées au mieux. Plus de dépenses pour moins d’importations. Vu que Cuba importe annuellement pour plus de deux milliards de dollars d’aliments, les problèmes de paiement ont des conséquences énormes pour le consommateur cubain.

Rationnement des produits de base.
Les éleveurs de cochons dépendent grandement des importations de soya pour l’alimentation du cheptel. Par manque de devises fortes l’approvisionnement des stocks en a souffert l’année dernière. Conséquence : la production de viande a baissé de 20% dans le premier trimestre de 2019. Même histoire pour l’importation de blé, base du pain quotidien. D’autres produits de base comme les oeufs, le poulet, les saucisses, l’huile, le savon se font rares sur les marchés. Cette situation a mené à la prise de mesures indispensables pour une fourniture équitable pour tous, mesures introduites début mai par Díaz Velásquez, le ministre du commerce intérieur.  Un exemple : la vente de viande de poulet, un produit de base importé,  a été limitée à 5 kg par personne. Le règlement est aussi d’application pour le savon et des produits d’entretien. Pour garantir que chacun puisse acheter des produits de base comme les oeufs, le riz, les haricots bruns et les saucisses, priorité est donnée aux petits magasins de quartier, même si les prix restent libres.

Tout s’oppose !
La situation difficile actuelle ne tombe pas du ciel. La produit interne brut de Cuba ne c’est accru que de 1,2% en 2018, la moitié de l’objectif du gouvernement. La difficulté principale externe reste le blocus du pays par les États-Unis. Les rentrées du tourisme sont restées en dessous des espérances. Après la décision de Trump de lier le tourisme à partir des États-Unis à des conditions très strictes, le nombre de visiteurs américains a chuté de 6,8%. La décision du président brésilien Bolsonaro de ne plus faire appel à des médecins Cubains, a fait baisser les revenus des services médicaux internationaux. Mais la situation économique internationale complique également les choses. La politique « America first » de Trump et la guerre commerciale avec la Chine ont suscité l’insécurité sur les marchés internationaux. Cuba n’a pas échappé à cette dynamique qui a freiné les financements et les investissements étrangers.

Pourtant, de grandes injections de capitaux sont indispensables pour garder opérationnel et améliorer le parc de production industriel. Le nickel est un point fort traditionnel de l’économie cubaine. Mais, par manque de capitaux propres et d’investissements étrangers, la production est tombée de 72.000 tonnes en 2011 à 50.000 tonnes en 2018, et il faut y ajouter une baisse de 20% du prix de vente de ce produit les cinq dernières années. Afin de briser cette spirale négative, le gouvernement a investi ces deux dernières années deux millions de dollars  dans la principale mine de nickel à Moa, la « Che Guevara ».

Le climat également a joué un rôle négatif en 2018. La sécheresse persistante, suivie de pluies diluviennes a donné une faible récolte de canne à sucre, près de 40% en moins que l’année précédente. Et l’ouragan Irma a causé d’importants dégâts à 24 usines sucrières, et le prix du sucre à chuté de près de 23% par rapport à l’année précédente.

Une balance de paiements précaire.
Le bilan final pour 2018 est très négatif : les revenus des exportations ont baissé de 12,6%, alors que les dépenses pour les importations ont augmenté de 2,9%, avec pour résultat un déficit estimé à 1.187 millions de dollars. Actuellement la dette totale de Cuba atteint 29,8 milliards de dollars, soit 30,4% du PIB. Par rapport aux normes internationales ce pourcentage est relativement faible, mais ceci ne s’applique pas à Cuba. Le pays ne peut pas emprunter des capitaux auprès du Fond Monétaire International ou auprès de la Banque Internationale pour le Développement. Il y a quelques années Cuba a négocié avec quelques créditeurs comme la France et l’ Espagne, pour un réajustement de la dette, dans l’optique d’une croissance de l’économie cubaine durant les années suivantes. Mais suite aux contretemps économiques les paiements convenus sont arrêtés en 2018, ce qui limite les effets positifs du réajustement. Le manque de liquidités  n’a pas permis le paiement des 1,5 milliards de dollars de factures auprès des fournisseurs étrangers.

Est-ce que Cuba se trouve au seuil d’une nouvelle « période spéciale » ?
L’économie cubaine se trouve face à encore quelques années difficiles, avec une croissance du PIB estimée à à peine 1 à 2 %. pourtant on ne peut pas parler d’une nouvelle période spéciale estime José Luis Rodríguez, professeur et ex-ministre de l’économie. Après la chute de l’ URSS en tant que partenaire commercial, le PIB de Cuba avait chuté de 35% en quelques années ; ce n’est pas le cas actuellement. A l’époque tous les efforts se concentraient sur un maintien de la résistance et le sauvetage des programmes sociaux; les investissements étaient stoppés. Aujourd’hui Cuba continue à investir dans son développement, dans des secteurs clés comme les biotechnologies, les services médicaux, le tourisme, le nickel, etc.

Après la « période spéciale » l’économie a récupéré lentement jusqu’en 2008, quand la crise financière c’est manifestée. L’autorité a été obligée de ralentir la croissance économique et de se baser sur des revenus réduits. En 2011 le gouvernement a défini une nouvelle gestion économique, basée sur trois piliers. En premier lieu il faut rétablir un équilibre entre revenus et dépenses dans la balance de paiements. Ensuite il faut augmenter la productivité interne des entreprises. En troisième lieu il faut améliorer les conditions pour une croissance économique par de meilleures fournitures en énergie, en eau, en transports, en infrastructures, etc.

Une brève amélioration.
Ces mesures ont donné un effet positif, avec quelques développements internationaux positifs. Fin 2014 Cuba et le Venezuela renforçaient leur coopération économique. Le rapprochement avec les États-Unis sous le président Obama suscitait un climat de confiance. Un grand nombre de visiteurs américains donnait lieu à un boom du tourisme cubain. En suivant Obama plusieurs pays, de la France au Japon, s’intéressaient aux investissements à Cuba. Cuba en a profité et en 2015 le PIB c’est accru de 4,5%. Mais dès 2016 les problèmes ont recommencé avec la livraison du pétrole vénézuélien. L’économie cubaine connaissait une forte rechute et cette année la croissance était d’à peine 0,5%. L’arrivée de Donald Trump à la Maison Blanche, début 2017, a signifié un désastre pour Cuba. Le rapprochement entre les deux pays est pratiquement annulé, et le climat positif international autour de Cuba baisse. Après 2016 la croissance annuelle de l’économie cubaine ne dépasse pas les 1,1%.

Des défis pour l’économie cubaine.
L’économie cubaine est restée trop longtemps et trop fortement dépendente du commerce avec un nombre limité de pays, comme l’ex-Union Soviétique ou le Venezuela. La gestion actuelle opte pour une extension vers la Chine, l’ Union Européenne et d’autres pays. Un autre défi est la diminution de la grande dépendance de l’importation d’aliments. Tout l’argent que le pays dépense pour l’alimentation disparaît littéralement dans les estomacs, et est perdu pour des investissements dans le développement. C’est la raison pour laquelle le pays opte maintenant pour des investissements dans des projets et des secteurs où le capital est récupéré le plus rapidement possible. Dans l’agriculture Cuba investi maintenant 800 millions de dollars en travaux d’irrigation qui doivent mener l’eau des montagnes vers des terres fertiles à Holguín et Guantánamo. Par ce genre d’investissements l’autorité espère diminuer l’importation d’aliments de 600 millions par an.

Autre mission, l’élimination des faiblesses internes. Trop d’entreprises ont des difficultés pour coordonner la chaîne des achats de matières premières, du transport, de la production et de la commercialisation. Un exemple positif est le secteur touristique, qui réussit à bien encadrer le touriste dans le domaine du logement, des repas, du transport, de la culture, du temps libre, etc.  Ce qui réussit dans le tourisme doit aussi réussir dans d’autres secteurs, estime le Prof. Rodríguez. Mais cela exige la révision de la culture de planification, partant d’une entreprise, et moins du haut vers le bas. L’autorité expérimente avec une plus grande responsabilisation des entreprises, mais le processus est lent.

Sources :
– Cubadebate, 02/03/19, José Luis Rodríguez.
– Balance económico preliminar del 2018 .
– Cubadebate, 06/05/19, Cuba regresara aPeriodo Especial ?

                                                             Wim Leysens

LES SANCTIONS AMÉRICAINES CONTRE CUBA ACTIVENT LE CONFLIT COMMERCIAL AVEC L’ UE.
Le 2 mai Trump active le discutable article III de la Loi Helms-Burton. Il ouvre ainsi la porte à un conflit ouvert avec l’ Union Européenne et d’autres pays ayant des intérêts économiques à Cuba. A partir de cette date les entreprises  qui investissent à Cuba courent le risque d’être attaquées devant un tribunal nord-américain. Ceci est contraire aux accords internationaux de l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC).

L’article III de la Loi Helms-Burton stipule que les citoyens américains, y compris les cubano-américains, peuvent exiger des compensations  devant un tribunal nord-américain, de chacun qui obtient des bénéfices via leurs ex-propriétés confisquées par l’autorité cubaine. Comme Cuba a placé sous contrôle de l’état, après la Révolution de 1959, de grands pans de l’économie, ceci signifie que quasi toute entreprise avec des intérêts économiques à Cuba est exposée à une procédure juridique.

En 1996, quand le président Carter signait la Loi Helms-Burton, bétonnant le blocus contre Cuba, l’ Europe a immédiatement déposé une plainte auprès de l’ OMC. L’ Europe, comme d’autres pays comme le Canada et le Mexique, estimait inacceptable que les États-Unis obligeait des entreprises non américaines -au risque d’amendes- a exécuter avec eux le blocus commercial contre Cuba. Afin d’éviter une confrontation Carter suspendait l’article III incriminé par un décret présidentiel       . Depuis lors tous le présidents, y compris Trump durant les deux premières années de son mandat, ont prolongé ce décret tous les six mois.

Des faucons à la Maison Blanche.
Depuis l’arrivée des faucons extrémistes, John Bolton en tant que conseiller national de sécurité, et Mike Pompeo en tant que ministre des affaires étrangères, la Maison Blanche annule la politique de rapprochement entamée par Obama. Par le choix d’une stratégie agressive les États-Unis retournent à la vieille doctrine Monroe de « L’ Amérique aux Américains », ou en terminologie de Donald Trump « America First ». Ce que le reste du monde en pense ne semble pas l’inquiéter.

Maintenant que l’ Article III est activé, Cuba devient la scène d’un conflit commercial entre les USA et l’ Union Européenne. Et c’est logique, car la démarche nord-américaine peut avoir des conséquences désastreuses pour les entreprises européennes. L’ UE est un des principaux partenaires commerciaux de Cuba Des entreprises européennes ont largement investi dans l’île des Caraïbes. Rien que l’ Espagne investi près de 300 millions d’euros à Cuba annuellement, surtout dans le tourisme. Maintenant elle court le risque de grands procès de dédommagement. Si les USA et l’ UE jouent le jeu durement, nous sommes partis pour des procédures qui peuvent prendre des années.

L’ Europe risque de riposter.
Cette agression flagrante de Trump s’oppose totalement à la stratégie de l’ UE qui a démarré, sur base d’égalité et de respect, un dialogue politique avec Cuba. Federica Mogherini, la Haute représentante  pour les affaires étrangères et la sécurité, a sévèrement condamné la décision US. Le journal espagnol « El País » a publié des extraits d’une lettre de Federica Mogherini et Cecilia Malmström, la Commissaire Européenne du Commerce, à Mike Pompeo : «  L’ UE se verra contrainte d’utiliser tous les instruments à sa disposition pour protéger ses intérêts à Cuba », ont-elles prévenu. Si les USA continuent leurs plans, Bruxelles déposera à nouveau une plainte auprès de l’OMC. Elles ont également menacé de passer à la confiscation des actifs d’entreprises nord-américaines en Europe, en compensation des dégâts dont souffriraient des entreprises européennes.

Nous sommes alarmées par cette nouvelle agression contre Cuba, qui menace le dialogue politique et la coopération entre l’ UE et Cuba. La position de l’ UE nous satisfait, qui promet de ne pas accepter les sanctions imposées par les USA, mais nous demandons des actes en plus des belles déclarations. Car jusqu’à ce jour l’ UE a été impuissante pour contrer effectivement les effets négatifs du blocus américain contre Cuba, comme le prouve notre enquête au sujet des banques d’octobre 2018. Une enquête limitée a prouvé que certaines banques belges refusent d’exécuter des paiements vers Cuba. Même des paiements au sein de l’ Europe, avec la mention Cuba dans le nom du destinataire ou dans la communication, sont refusés.
Wim Leysens, au nom de la Coordination pour la levée du blocus contre Cuba. 0495 71 02 54

Conférence par Freddy Tack, rédacteur en chef, à la Maison du Peuple de Mol.
La régionale de Mol, en collaboration avec le Vermeylenfonds et l’ Humanistisch Verbond, à organisé, le mardi 23 avril, à la Maison du Peuple de Mol, une conférence avec comme titre : « Cuba Sí, les Cubains suivent leur propre chemin ».

La soirée a été ouverte par Hubert Celen, président de la régionale, qui pu souhaiter la bienvenue à une quarantaine de présents.

L’orateur, Freddy Tack, cofondateur des Amis de Cuba, accompagné de son ami Dani Ceuninck, également cofondateur, a présenté de façon claire l’histoire de l’île et la nouvelle constitution que les Cubains viennent d’accepter.

Il a esquissé la longue lutte que les Cubains ont du livrer contre la domination espagnole, puis contre l’occupation financière et économique par les États-Unis, et contre le dictateur Batista, pour finalement atteindre leur liberté et leur autonomie après le triomphe de 1959.

Mais Freddy a également exposé dans les détails les problèmes que Cuba doit affronter entre autres par le blocus économique imposé par les USA, et le rôle inadmissible des banques dans les échanges financiers avec Cuba.

Tous les présents sont restés intéressés jusqu’à la fin, et Freddy et Dani ont répondu aux nombreuses questions qui ont suivi l’exposé.

Vers 23 h. Chacun est rentré chez soi, satisfait.

Hubert Celen 

LIVRES
August, Arnold

Cuba – U.S. Relations.Obama and beyond.

Winnipeg, Fernwood Publishing, 2017.
Arnold August est un journaliste canadien qui a publié plusieurs livres sur Cuba et a écrit de nombreux articles, en anglais et en espagnol, sur des sites web aux USA, au Canada, à Cuba, en Amérique latine et en Europe. Dans le cadre de ses recherches il a séjourné, depuis 1997, durant de longues périodes à Cuba. Ce livre a également été traduit et publié à Cuba, sous le titre ; « Relaciones Cuba – Estados Unidos. Que a cambiado ? » aux éditions Oriente en 2018. Le livre présente une préface par Keith Ellis et une introduction par Ricardo Alarcón de Quesada.

Le premier chapitre donne un survol intéressant de l’histoire des relations Cuba-USA, de la fin du 18e siècle jusqu’à la période Obama.      

Le chapitre deux survole la situation à Cuba après le rétablissement des relations diplomatiques (2014-2016), et donne beaucoup d’explications au sujet de la politique menée par Obama, surtout concernant l’arrière plan : la volonté ferme de faire changer le régime à Cuba, avec des moyens « soft » actuellement.

Le chapitre trois offre cinq interviews d’experts cubains dans les relations Cuba-US.

Le chapitre quatre va plus en détails sur les défis pour Cuba après 2017 et le début de la période Trump.

Dans le chapitre cinq l’auteur reprend l’évolution du blocus sous Obama et sous Trump.

Et finalement, dans le dernier chapitre, August revient sur les relations de Fidel avec les États-Unis.

Un livre passionnant, facile à lire, très complet et bien documenté. A lire pour ceux qui veulent voir clair au sujet de l’évolution des relations entre Cuba et les États-Unis.

Rathbone, John Paul.

The Sugar King of Havana.
The rise and the fall of Julio Lobo, Cuba’s last tycoon.

London, Pinguin Books, 2010.
Julio Lobo, était un représentant de la haute bourgeoisie cubaine. Son père avait fait carrière dans le monde des banques et le fils Julio devient un des propriétaires les plus riches de Cuba. Il possédait 16 centrales sucrières, 22 magasins, un émetteur radio, une banque, un navire, une compagnie d’aviation, une compagnie d’assurances et entreprise pétrolière. Il était aussi devenu le principal commerçant du monde dans le marché du sucre.

En 1960 il quitte Cuba et part à New York, où il poursuit des activités dans le commerce du sucre.

Lors de son décès, en 1983,l’auteur estime son avoir subsistant à 200.000 dollars, une décadence après les millions qu’il possédait à Cuba. A Cuba il n’a pas joué un rôle politique, et il était un anti Batista convaincu. En 1957 il à même offert 50.000 pesos à « Acción Libertadora », dont la moitié avait été cédée ou Mouvement du 26 Juillet.

Après le triomphe de la Révolution il est invité par Che Guevara, alors président de la BanqueNationale, qui lui fait une proposition : rester à la tête du secteur sucrier avec un salaire de l’état. Il refuse et quitte Cuba.

L’auteur de ce livre est le fils d’une riche famille cubaine, dont la mère à migré aux USA après la Révolution. Il décrit la vie de Lobo, comme commerçant et dans sa vie privée, et le récit est lié en permanence à des références au passé de sa mère,, qui fréquentait les mêmes cercles que Lobo. Ses visites à Cuba suscitent des souvenirs, des découvertes liées aux récits de sa mère.

Lobo possédait une riche bibliothèque sur l’industrie sucrière, des peintures de quelques grands maîtres (Da Vinci, Rafael, Miquel Angelo et Goya) et une collection unique d’oeuvres rares.

Un de ses grands hobbys était tout ce qui concerne Napoléon, dont il collectionnait tout ce qui le concernait ; de nombreux objets, plus de 200.000 documents de et concernant Napoléon. Cette riche collection est maintenant accessible au public dans le musée Napoléon de La Havane.

Selon ses volontés, Lobo a été enterré en guayabera et un drapeau cubain couvrait son cercueil.

Un livre intéressant, partiellement une biographie de Lobo, partiellement l’histoire d’une bourgeoise cubaine dans les années ’40 et ’50, partiellement le récit de souvenirs de l’auteur.                                             
                                     F.T.

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