Cuba Sí 187 – traductions

Cuba Sí 187 – traductions

Traductions par Freddy Tack

ACTUALIDAD

Les relations Cuba – Union Européenne

Freddy Tack

Le 4 et 5 mars se sont poursuivies les discussions entre Cuba et l’ Union Européenne, lors d’un troisième tour de négociations. Des progrès sont signalés pour la collaboration dans les domaines de la culture, de l’enseignement, de la santé et de l’agriculture. Les échanges commerciaux et la vision européenne au sujet du dialogue politique ont également été abordés.

Le 23 et 24 mars Federica Mogherini, la Haute Représentante de Union Européenne (UE), était en visite à Cuba. Elle y a rencontré, entre autres, Bruno Rodríguez, le Ministre des Affaires Étrangères, plusieurs représentants du gouvernement cubain et le Cardinal Jaime Ortega. C’est une première visite à Cuba à ce niveau de représentation par l’ UE, et Mogherini a également été reçue par Raúl Castro. Elle a décrit sa visite de très positive et a exprimé la volonté d’accélérer les négociations. Elle a également annoncé la signature d’un nouvel accord de collaboration à la hauteur de 50 millions d’euro jusqu’en 2020, pour des secteurs de base comme l’agriculture.

Le 19 avril Bruno Rodríguez Parilla, Ministre des Affaires Étrangères de Cuba était en visite à Bruxelles. A cette occasion Mogherini a annoncé que dans le cadre du renforcement des relations un tour de négociations aura lieu en juin, en espérant conclure les discussions d’ici la fin de l’année. Elle a également annoncé un dialogue sur les droits de l’homme, dont la première séance aura également lieu à Bruxelles, en juin.

Bruno Rodríguez a déclaré que ces communications confirment les avances réalisées durant les négociations avec l’ UE. Il a déclaré : « Nous sentons que des progrès sont réalisés, que nous avons avancé dans un esprit constructif et le respect mutuel, sur base réciproque, vers un renforcement des relations et de la collaboration entre l’ UE et Cuba, et nous avons également abordé les matières liées à la négociation d’un accord bilatéral de collaboration ».

Il a fait référence au soutien de l’ Union Européenne à la résolution de l’ ONU contre le blocus économique, commercial et financier imposé à Cuba depuis plus de 50 ans par les États-Unis, et a souligné que les échanges au sujet des droits de l’homme fourniront une contribution à la collaboration internationale dans cette matière fondamentale.

Le 28 mai, au Parlement Européen, avait lieu un séminaire de Haut Niveau, sur le thème : « L’ Union Européenne et l’ Amérique latine : opportunités et défis communs. »

La session était introduite par Ramón Jáuregui Atondo, coprésident de l’ EuroLat (Assemblée euro-latino-américaine) et officiellement ouverte par Martin Schulz, président du Parlement Européen.

Plusieurs orateurs sont intervenus et ont répondu aux questions des parlementaires.

Christian Leffler, directeur exécutif pour les Amériques du Service européen pour l’action extérieure (SEAE), a parlé de l’ Amérique latine et de l’ Europe dans le cadre du IIe Sommet UE-CELAC (Bruxelles, 10 et 11 juin 2015).

Rebeca Grynspan, du secrétariat général ibéro-américain (SEGIB), a abordé l’ Amérique latine dans le cadre du programme de développement après 2015 : la poursuite de l’égalité.

Mathias Jorgensen, chef de l’unité « Relations commerciales avec l ‘ Amérique latine » de la direction générale du commerce de la Commission Européenne, a traité des accords commerciaux entre l’ Union Européenne et l’ Amérique latine.

Hugo Beteta, chef du siège mexicain de la CEPALC (Commission Économique pour l’ Amérique latine et les Caraïbes), a fait un exposé sur les faiblesses et les potentialités de l’économie latino-américaine.

Walter Cancela, ambassadeur d’ Uruguay en Belgique, a abordé le cône sud du continent vu de la perpsective uruguayenne.

Après un débat sur ces thèmes, un deuxième volet a été abordé avec Rodrigo Rivera, ambassadeur de Colombie, au sujet du processus de paix en Colombie, et un exposé de notre grand ami Eduardo Perera Gómez, professeur à l’ Université de La Havane, au sujet de l’avenir de Cuba.

Un deuxième débat a clôturé ce programme intense.

La prochaine étape aura lieu en juin avec le Sommet Union Européenne – CELAC, à Bruxelles.

Brèves nouvelles de l’intérieur.

Congrès de l’ ANAP.

L’ association Nationale des Petits Agriculteurs (ANAP) était en congrès du 14 au 17 mai.

L’agriculture a contribué pour 3,8% au PIB en 2014, un chiffre toujours insuffisant (entre 2002 et 2007 la richesse nouvellement produite atteignait 5,7%). En fait l’agriculture devrait croître plus vite que le rythme global de l’économie. Cuba importe annuellement pour 2 milliards de dollars en nourriture, dont 50% devrait pouvoir être produit en interne, un objectif qui reste une priorité.

Le congrès a été ouvert sur cette constatation, après des mois de préparation au niveau local et provincial. Quatre commissions ont analysé les manquements et les atouts potentiels du secteur de l’agriculture. Le fonctionnement de la gestion des coopératives, la prévention de délits et de corruption, les contrats et la commercialisation des produits agricoles, le rôle de la science et de la technologie et l’apport nécessaire des jeunes et des femmes, ont été discutés. Le Congrès a été clôturé par l’élection des nouvelles instances dirigeantes et par le discours de José Ramón Machado Ventura, second secrétaire du Comité Central du Parti Communiste et vice-président du Conseil d’ État et du Conseil des Ministres.

Comme dans beaucoup d’autres domaines les débats étaient caractérisés par une forte critique et auto-critique et ont donné lieu à des adaptations aux structures et au fonctionnement de l’organisation. Les décisions prises devront être analysées dans leur exécution lors des années à venir. Surtout dans un secteur si sensible aux aléas climatiques, pas très favorables actuellement, avec d’une part des orages et des pluies diluviennes qui ont frappé le pays fin avril-début mai, et d’autre part une sécheresse persistante qui frappe l’agriculture, l’élevage et la pisciculture dans plusieurs provinces, où les réserves d’eau dans les barrages sont nettement en-dessous des niveaux

d’une pluviosité normale.

La ZEDM.

La Zone Économique Spéciale de Développement de Mariel (ZEDM) passe au concret. Cinq entreprises étrangères ont été approuvées cette année dans la zone. Un accord était intervenu pour six entreprises, dont cinq avec des capitaux 100% étrangers. La construction des usines est prévue pour une durée de huit à douze mois, avec un départ de la production durant le premier semestre de 2016. Les secteurs les plus demandés restent l’alimentaire, l’industrie, l’électronique, la chimie et les transports.

On poursuit également intensément l’élaboration de l’infrastructure du port de conteneurs et les voies de communication avec La Havane et le reste du Pays, entre autres les voies de chemin de fer entre Mariel et la capitale.

Les entreprises d’état.

Le 29 avril 2015 la Gaceta Oficial (le Moniteur) publiait une décision ministérielle avec un nouveau règlement pour l’attribution de stimulants aux travailleurs, en cas d’efficacité économique, dans les entreprises publiques et les entreprises commerciales à 100% de capital cubain. On y décrit qui a droit, quel est le montant maximal attribuable, le rapport avec l’augmentation de la productivité, le lien avec le degré de responsabilités, la contribution à la sécurité sociale, etc.

Lors d’une visite à plusieurs centres de travail à Santa Clara (8 mai) Miguel Díaz-Canel Bermúdez, premier vice-président du Conseil d’ État et du Conseil des Ministres, a une fois de plus insisté sur le fait que le développement du pays est impossible sans entreprises publiques fortes et efficaces. Il a cité des exemples comme le groupe BioCubaFarma, des centrales sucrières et des entreprises agricoles qui se développent dans la bonne direction, avec un intérêt accru des travailleurs pour les résultats de la production, une stabilisation des forces de travail, une prise de décision collégiale et une diminution de l’absentéisme.

Élections.

Les élections communales se sont déroulées les 19 et 26 avril, pour le renouvellement des conseils communaux du Pouvoir populaire.

89,88% des électeurs (plus de 7,5 millions de citoyens) a participé au premier tour. Parmi les suffrages exprimés on a enregistré 90,52% de voix valables, 4,54 voix blanches et 4,92 de voix non valables. 

Le mercredi 13 mai les 168 Conseils Communaux du Pouvoir Populaire ont été officiellement installés et on est passé à l’élection des présidents et vice-présidents. Ce sont eux qui seront chargés pour deux ans et demi des travaux au niveau communal.

5 jours avec les 5.

P. Evrard

Le sentiment reste un peu irréel. Après plus de 12 ans de correspondance avec cinq hommes, dont on ne connaissait que l’histoire et la famille, cela reste plus qu’agréable de pouvoir les rencontrer.

En 2003 quand on leur attribué le titre des « héros » il a fallu du temps pour s’y habituer. Maintenant nous comprenons qu’ils sont réellement des héros : des révolutionnaires convaincus, de vrais socialistes, modestes, intelligents avec une énorme capacité de relativiser les choses et un grand sens de l’humour, bref : l’homme nouveau, comme Che l’avait pensé. Oui, il existe réellement.

(photo : Gerardo et Ramón à la CUJAE)

Une de premières rencontres, fin avril, a été lors d’un débat avec des étudiants d’université. Gerardo et Ramón n’y ont pas fait de discours, mais ont attentivement écouté le public avant de répondre sans freins et de finir par une blague. On pensait parfois à une stand-up comedy. Même quand il s’agissait des autres cinq, ceux qui ont témoigné contre eux sous pression du FBI. Pas de haine mais une compréhension pour des faibles qui n’ont pas su résister aux pressions.

Des activités culturelles ont enrichi les rencontres, mais un sommet était atteint le 1 mai à 7 heures du matin.

Les Cinq et les membres de leurs familles en tête du cortège. Pour la première fois ensemble, en rue avec des millions de témoins, sur place ou à suivre à la télé.

Puis ils saluent la masse de la tribune derrière nous, accueillis par le Président Raúl Castro et Nicolas Maduro, président du Venezuela.

Lors d’une réunion précédente au Comité International nous avions pris rendez-vous le 1 mai à 11 heures pour un lunch. Surprise: les Cinq étaient également présents.

Après un agréable repas cubain un DJ s’est lâché avec des oldies américains. Le premier sur la piste de danse était Antonio, suivi de Irmita (la fille de René) infatigables jusqu’à la Conga Santiaguera. Tard dans l’après-midi chacun est parti, fatigué mais content. 

Le 2 mai avait lieu une Journée Internationale de Solidarité avec un Congrès au Palais des Conventions. Plus de 1.000 délégués de 70 pays ont écouté les discours de, entre autres, Ulises Guilarte (président des syndicats cubains), Ana Teresita González, vice-ministre des Affaires Étrangères, qui a donné un aperçu des relations en évolution avec les États-Unis, l’ Union Européenne et le reste du monde. Kenia Serrano, présidente de l’ ICAP, a abordé ce qui restait à faire après le retour des Cinq, entre autres se concentrer sur le blocus (toujours intact) en la restitution de la base de Guatanamo. 

En présence du vice-président Miguel Díaz-Canel Gerardo Hernández a parlé au nom des Cinq pour exprimer leurs remerciements aux dizaines de milliers de volontaires qui se sont engagés durant des années pour leur libération.

Gerardo : « Sans la solidarité internationale nous ne serions toujours pas présents ici, encore un grand merci, et ceci est sincère ».

CIENCIAS

Vingt ans de collaboration scientifique entre Cuba et la Belgique.

En février 2015 l’ « Agencia de Energía Nuclear y Tecnologías de Avanzada » (AENTA : Agence de l’ énergie nucléaire et des technologies de pointe) de Cuba fêtait son vingtième anniversaire. L’agence regroupe plusieurs centres qui se chargent d’une application pacifique des techniques nucléaires, comme l’utilisation de radio-isotopes pour des application médicales, le développement de nouvelles technologies pour l’agriculture, les énergies renouvelables et la recherche scientifique. L’ AENTA collabore étroitement avec l’ Agence Internationale de l’ Atome, dont le siège est à Vienne.

La célébration a eu lieu au siège principal de l’ AENTA le 5 février. Le président, Aniuska Betancourt, a présenté les principaux résultats atteints ces vingt dernières années. Puis le Dr. Fidel Castro Díaz-Balart, conseiller scientifique de l’autorité cubaine, a fait un exposé sur les sciences et les technologies à Cuba.

J’avais l’honneur d’être invité à cet événement et de faire un discours « Vingt ans, une courte histoire d’une collaboration longue et fructueuse ». Je suis arrivé à la conclusion que l’on peut mesurer le succès d’une collaboration scientifique de diverses façons, mais que les meilleurs succès sont réalisés au travers des liens d’amitié. Et ceux là sont nombreux et profonds, une remarque que mes collègues cubains ont certainement apprécié.

Après cette célébration une conférence était organisée au « Museo Nacional de Belles Artes » de La Havane, du 9 au 13 février, la « WONP-NURT » (XV Workshop on Nuclear Physics – IX International Symposium on Nuclear Research and Related Techniques). Plus de 100 chercheurs cubains et 38 chercheurs de 15 pays y participaient. La Belgique était représentée par mon collègue , le Prof. Dr. Nick Van Remortel, du département Physique de l’ Université d’ Anvers, et moi-même.

Durant cinq jours on y a abordé des sujets divers allant de la Physique de haute énergie aux techniques analytiques nucléaires pour les applications médicales. La conférence était sponsorisée par l ‘ Université d’ Anvers et l’entreprise belge Brightspec.

Cerise sur le gâteau : la clôture de la conférence coïncidait avec l’ouverture de l’exposition : « L’importance d’être ». Quarante artistes belges y exposent leurs travaux jusqu’au 26 avril. L’intérêt de nos amis cubains pour l’art contemporain belge était confirmé par le très nombreux public lors de la cérémonie d’ouverture. Par après l’exposition voyagera dans plusieurs villes d’ Amérique latine.

Photos : Le Dr. Fidel Castro Díaz-Balart à l’ouverture des 20 ans de AENTA.

Les chercheurs cubains et les 38 étrangers participant à la WONP-NURT 2015 à La 

Havane du 9 au 13 février 2015. 
Anvers, 25 mai 2015.Piet Van Espen

HISTORIA
Guillermón MoncadaFreddy Tack
Nous connaissons tous l’importance de la caserne Moncada dans l’histoire de la Révolution cubaine. Mais d’où vient le nom de la caserne ? Un élément nettement moins connu. Jetons un bref aperçu sur la vie de Guillermo Moncada Veranes, mieux connu sous le nom de Guillermón et son rôle important lors des luttes pour l’indépendance.
Guillermo Moncada Veranes est né le 25/01/1840 à Santiago de Cuba, dans le quartier Los Hoyos, dans une famille de nègres pauvres. Son père, Narciso Veranes, un esclave libéré, refuse de le reconnaître et il entame son existence sous le nom de sa mère, Maria Dominga de la Trinidad Moncada. Très jeune il est déjà connu pour son habilité dans le maniement de la machete et pour son amour de la musique (durant le carnaval il était un des animateurs de la Comparsa « Los Brujos de Linomes »).
La guerre de dix ans.
Lors du début de la guerre d’indépendance en 1868 il est parmi les premiers pour entamer la lutte et une de ses premières tâches sera d’entraîner les combattants dans le maniement de la machete. Il participe à la première attaque à El Cobre, le 05/12/1968 et devient en 1869 deuxième en rang en tant que chef d’un bataillon de la Division Cuba. En juillet 1870 Maximo Gómez lui confie le commandement du 5e bataillon. Il participe à de nombreux combats et est blessé une première fois le 23/10/1870. Après l’invasion de Guantanamo Máximo Gómez déclara : « Ce Guillermón n’est pas seulement courageux, il dispose aussi des qualités de dirigeant et d’une vue stratégique, c’est un homme plein de promesses, et s’ils ne l’assassinent pas il ira loin ». Durant toutes ces années il participe aux combats et le 10/02/1874 il est à nouveau blessé, puis une fois de plus le 23/12/1876. En 1877 il reçoit le commandement de la Brigade de Mayarí. Il est une des officiers et des dirigeants qui s’opposent au Pacte de Zanjón en février 1878, mais après le démantèlement du gouvernement Mambi il doit déposer les armes le 10/06/1878. 
La Guerra Chiquita.
Le 26/08/1879 il dirige à Santiago un nouveau soulèvement, connu sous le nom de la « petite guerre », et devient le chef des armées du centre et du sud de la province d’Oriente, avec le grade de major-général. En mai 1880, par manque de moyens, il est contraint de signer un traité de paix avec les espagnols.En route vers la Jamaïque il il est fait prisonnier par les Espagnols et conduit en Espagne via Puerto Rico, et séjournera dans différentes prisons.En 1886, suite à l’amnistie, il est libéré et retourne à Santiago le 22/09/1886. Il sera de nouveau emprisonné suite à ses activités clandestines de novembre 1893 à juillet 1894.
La guerre nécessaire.
En 1895 Martí le nomme chef de la province d’ Oriente durant les préparatifs de la guerre de 1895 (nommée la guerre nécessaire par Martí). En février 1895 il se rend à Alto Songo, mais la tuberculose, attrapée en prison, arrive en stade terminal. Il cède la direction à Bartolomé Maso et meurt dans le camps de Jaturito, le 5 avril 1895, à Mucaral.
Narciso Moncada devait alors déclarer : « Uniquement la maladie pouvait abattre ce mambi en bois de chêne, le caballero nègre de la guerre est tombé en pleine lutte. Pour les Cubains il est un héros légendaire dans les luttes pour l’indépendance, un des dirigeants les plus populaires, et un général de première place durant les trois guerres. »
Sources :
-Hugh Thomas. Cuba. The Pursuit of Freedom. New York, Harper & Row, 1971.-Richard Gott, Cuba. A new history. New Haven/London, Yale University Press, 2004.-Dirección Política de las FAR. Historia de Cuba. La Habana, Ed. de Ciencias Sociales, 1981.-Orlando Guevara Núñez ; Guillermón Moncada, en el sitial más alto de la Patria. In : Sierra Maestra, 08/04/2011.-Marta Rojas. El general de las tres guerras. In : Granma, 24/06/2011.-Raquel Marrero Yanes. Guillermón llegó muy alto. In : Granma, 05/04/2012.-Dairra Cardoso Valdés. El General de Ébono. In : Guerillero, 09/04/2013.-Alexis Carrero Preval y Jorge Miguel Puente Reye. Guillermón Moncada. Insigne general de tres guerras. In : Bohemia, 02/04/2015.-Raúl Rodriguez La O. Ni el cautiverio doblegó a Guillermón Moncada. In : Granma, 03/04/2015.

CULTURA
Eduardo Galeano.
Eduardo Galeano est décédé à 75 ans, en avril 2015. L’auteur qui a lancé le cri d’ Amérique latine connu mondialement avec des livres comme « Les veines ouvertes d’un continent » et « Chroniques du feu ».Lors d’un moment des plus difficiles de son histoire l’écrivain Uruguayen prend la défense de Cuba de manière brillante mais nuancée. Le texte date de ce qu’on a nommé la « période spéciale en temps de paix » quand Cuba vivait sa plus forte crise (entre autres avec des rationnements) après la chute de l’ Union Soviétique, son principal partenaire, avec le durcissement du blocus par les États-Unis et les ouragans dévastateurs réguliers.
Envers et contre tout…
L’ Amérique latine n’est plus une menace. C’est pourquoi elle a cessé d’exister. Les usines universelles d’opinion publique nous concèdent rarement un regard. Et pourtant Cuba, qui ne menace personne, reste une obsession universelle. Ils ne lui pardonnent pas d’exister, bien que fortement blessé. Cette petite île, assiégée férocement et condamnée à la faim, refuse de ce mettre à genoux. Par un sentiment de dignité nationale ? Non non, nous disent les experts : par impulsion suicidaire. Les fossoyeurs, leurs pelles en garde, attendent. Et cette longue attente les irrite. Dans l’ Est de l’ Europe ils ont achevé leur boulot rapidement et totalement, contractés par leurs propres cadavres, et maintenant ils trépignent pour jeter de la terre sans fleurs sur cette dictature rouge et obstinée qui refuse de subir le même sort.Les fossoyeurs ont déjà préparé le juron de l’enterrement. Pas pour dire que la révolution cubaine est morte assassinée, mais pour dire qu’elle est morte parce qu’elle le voulait.Parmi les plus impatients, parmi ceux qui s’agitent le plus on trouve les amateurs de regrets. Hier encore ils confondaient socialisme et stalinisme et aujourd’hui ils ont des traces à effacer et un passé à subir : les mensonges qu’ils débitaient, la vérité qu’ils occultaient. Dans le nouvel ordre mondial les bureaucrates hommes d’affaires et les censeurs sont devenus les champions de la libre expression.
Je n’ai jamais confondu Cuba avec le paradis. Pourquoi le confondre avec l’enfer maintenant ?Je reste encore un de ceux qui croient qu’on peut l’aimer sans mentir et sans se taire.
Le blocus d’ Haïti, annoncé avec tambours et trompettes au nom de la démocratie blessée, ne semblait qu’un spectacle fugace. Il n’a pas duré longtemps. Il c’est arrêté longtemps avant le retour d’ Aristide (1). Ce blocus ne pouvait pas durer : démocratie ou dictature, il y a toujours 50 entreprises nord-américaines qui sucent le sang des forces de travail bon marché.
Le blocus de Cuba lui a été multiplié durant les années.Une affaire bilatérale ? C’est ce qui se dit, mais personne ne nie que le blocus Américain signifie aujourd’hui un blocus multiple.On retire à Cuba le pain et le sel et tout le reste. Ce qui inclus -quoique beaucoup le nient- la négation de son droit à l’autodétermination.Le frein assiégeant qui est érigé autour de Cuba est la forme d’intervention la plus violente et la plus efficace dans ses affaires internes.Il génère le désespoir, stimule la répression et décourage la liberté. Et ceux qui l’imposent blocus le savent que trop bien.Il n’y a plus d’ Union Soviétique. On ne peut plus échanger du sucre contre du pétrole à des prix corrects.Cuba est condamné à la solitude. Le blocus renforce le cannibalisme d’un marché mondial, qui ne paye rien et compte des frais pour tout. Acculé Cuba parie maintenant sur le tourisme. Et court le risque que le remède ne soit pire que le mal.Une contradiction quotidienne : des touristes étrangers profitent d’une île au sein de l’île où o,n trouve tout ce qui manque aux Cubains. De vieilles plaies de la mémoire sont ouvertes. Il y a une colère populaire, justifiée dans un pays qui fût une colonie, un bordel et un casino.Une situation difficile, certes. Et qu’on examine avec une loupe, parce que c’est Cuba. Mais qui peut jeter la première pierre ? Est-ce que dans toute l’ Amérique latine on ne considère pas le tourisme inter national comme normal ? Et pire, est-ce qu’on ne considère pas la lute systématique contre les pauvres comme normale, depuis qu’un mur mortel sépare ceux qui ont faim de ceux qui ont peur ?
Y a-t-il des privilèges à Cuba ? Des privilèges pour le tourisme et dans un certain sens des privilèges du pouvoir ? Sans aucun doute. Mais il est un fait que dans toute l’ Amérique il n’existe pas de société plus égalitaire. La pauvreté est partagée. Et oui, il n’y a pas de lait, mais on ne refuse pas de lait aux enfants et aux vieillards. La nourriture est limitée, il n’y a pas de savon et le blocus ne peut pas expliquer par magie tout les manques. Mais en pleine crise les écoles et les hôpitaux restent ouverts à tous, difficile à concevoir dans un continent où sont si nombreux ceux qui ne connaissent que l’école de la rue, et pas de meilleur médecin que la mort.
Je dis, la pauvreté est partagée et divisée. Cuba reste le pays le plus solidaire du monde. Récemment, par exemple, Cuba a été le seul pays qui a ouvert ses portes aux Haïtiens qui fuyaient la faim et la dictature militaire, mais qui étaient refoulés aux États-Unis.
Un temps d’écroulement et de stupéfaction, un temps de grands doutes et de peu de certitudes.Mais peut-être que cette certitude n’est pas si faible : de grands processus de changement ne terminent pas dans la rigole s’ils naissent de l’intérieur et grandissent du bas.Par exemple, est-ce que le Nicaragua (2) qui sort d’une décennie de grandeur pourra oublier ce qu’il a appris en termes de dignité, de justice et de démocratie ? Est-ce que le Sandinisme se termine avec quelques dirigeants qui n’ont pas pu changer leurs promesses en actes, et en sont restés aux voitures, maisons et autres bien publics pour eux? Certes le Sandinisme est beaucoup plus que ces Sandinistes capables de mourir dans une guerre mais qui n’ont pas été capables d’abandonner des choses en temps de paix.La révolution cubaine vit une tension croissante entre les énergies du changement quelle contient et les structures de pouvoir figées.De jeunes gens, et pas seulement les jeunes, exigent plus de démocratie. Pas un modèle imposé de l’extérieur, préfabriqué par ceux qui discréditent la démocratie en l’utilisant comme alibi pour l’injustice sociale et l’humiliation nationale. La véritable expression informelle de la volonté populaire cherche sa propre voie. A la cubaine. De l’intérieur, de la base.Mais une libération totale de l’énergie pour le changement ne semble pas possible tant que Cuba reste soumis à l’état de siège. L’intimidation étrangère nourrit les tendances les plus négatives du pouvoir : l’interprétation de toute contradiction comme un geste possible de conspiration, et non comme la simple preuve que la vie est vivante.
On juge Cuba ignorant que le pays souffre depuis trente ans (3) d’une situation de crise permanente. L’ennemi qui condamne les conséquences de ses propres actes est incroyablement malin.
Je suis contre la peine de mort. A Cuba aussi. Mais peut-on condamner les exécutions à Cuba sans condamner le siège qui refuse à Cuba la liberté de choisir et l’oblige à vivre sur des charbons ardents ?
Oui, c’est possible. A la fin de la journée on donne des leçons en droits de l’homme à Cuba dictées par ceux qui sifflent en détournant les yeux quand on exécute la peine de mort dans d’autres pays en Amérique. Et pas exécutée de temps à temps, mais systématiquement : des chaises électriques pour les noirs aux États-Unis, l’extermination des Indiens dans les montagnes du Guatemala, l’élimination d’enfants dans les rues du Brésil.Malgré nos regrets pour les exécutions à Cuba, est-ce que pour cela le courage tenace de ce petit pays en est moins admirable, condamné à la solitude, dans un monde où la servilité est une preuve de talent ou une vertu appréciée ?Un monde où celui qui ne se vend pas se loue ?
Eduardo Galeano, mars 1992.Publié dans le journal espagnol El País. (Traduit de l’espagnol pour les AdC : Koen Meul en néerlandais, Freddy Tack en français).
Jean-Baptiste Aristide devenait le premier président élu démocratiquement comme président d’ Haïti, avec 67% des voix, avec un programme de lutte contre la pauvreté et la corruption et pour une réforme agraire. Le 30 septembre 1991, après une coup d’état de l’armée en collaboration avec la CIA, il était arrêté. Les préside,nts Bush et Clinton ont aidé à rompre le blocus décrété par l’ ONU. (note du traducteur).En 1979 la dictature de Somoza, soutenue par les États-Unis, était renversée par les Sandinistes, une guérilla socialiste. Ils formaient un Comité de Reconstruction Nationale qui a dirigé le pays jusqu’à ce que le Sandiniste Daniel Ortega ne devienne président. Mais la révolution était frustrée et beaucoup de dirigeants sandinistes n’étaient pas insensibles à l’ancienne culture politique. (note du traducteur)Ceci est écrit en 1992, depuis lors le blocus dépasse les 55 ans, un des plus longs de toute l’histoire (note du traducteur).
LIBROS
Luis C. García Gutiérrez (Fisin).La Otra Cara del Combate.La Habana, Ed. De Ciencias Sociales, 2013. 170 pp.
L’auteur, un dentiste, raconte dans quelques courts articles ses expériences en tant que technicien chargé de transformer l’apparence de révolutionnaires, tant lors des luttes clandestines avant la révolution, que pour des missions internationalistes de Che Guevara après la victoire.
Très lisible, plein d’anecdotes, ce livre découvre un aspect peu connu de la lutte clandestine, secrète et discrète par définition. Il est écrit par un homme modeste, quasi inconnu du grand public, certainement hors de Cuba.
Un livre à déguster, au sujet de volets peu connus ou inconnus de la majorité des gens.
William M. Leo Grande & Peter Kornbluth.Back Channel to Cuba.The hidden history of negociations between Washington and HavanaChapel Hill, The University of North Carolina Press, 2014. 524 pp.
Ce livre a été présenté à Cuba le 13 octobre 2014, dans la salle Ruben Martinez Villena de l’ UNEAC, en même temps que l’édition cubaine « De la confrontación a los intentos de normalización. La política de los Estados Unidos hacia Cuba » de Elier Ramirez Cañedo et Esteban Morales. Probablement pas par hasard, quelques semaines avant le 17 décembre et l’annonce du rétablissement de relations diplomatiques normales et des négociations entre les deux pays.
Cet ouvrage d’un professeur d’université (Leo Grande) et du directeur du Cuba Documentation Project (Kornbluth) a été rendu possible suite à la libération de documents classifiés par les autorités nord-américaines.
Président après président, de Eisenhower à Obama, il offre un aperçu des discussions secrètes entre les États-Unis et Cuba, afin de changer éventuellement les relations entre les deux pays. Tous les présidents ont autorisés des ouvertures possibles, toujours via des canaux secrets, par l’intermédiaire de, entre autres, des journalistes, des écrivains, des diplomates. Sans résultats concrets à ce jour, à l’exception de négociations techniques au sujet des migrations, des postes, des télécommunications, des gardes-côtes et des interventions en cas de catastrophes.
Un survol historique passionnant, avec des hauts et des bas, liés tant à des facteurs externes qu’internes, et aux caractères des présidents successifs et de leurs collaborateurs.Le livre, comme tout bon ouvrage universitaire, offre également un index et une bibliographie étendue.Un livre de recherche qui arrive vraiment au bon moment et offre une vue alternative aux négociations actuelles.

LOS CINCO
« Cuba a le droit de déterminer son propre destin ».Gerardo Hernández, des Cinq, s’adresse à une rencontre de solidarité internationale avec Cuba.
Extraits du discours de clôture de Gerardo Hernández lors de la Rencontre Internationale de Solidarité avec Cuba, le 2 mai à La Havane.
Merci ! Frères et soeurs du monde entier, merci à vous tous. Et sachez que quand nous disons merci ce n’est pas une formalité. Au fond de notre coeur nous savons que si nous trouvons ici c’est dû en grande partie aux efforts des innombrables camarades dans le monde entier qui ne sont pas reposés un jour depuis notre arrestation, et qui ont rendu ce bonheur possible. (…)
Quelle journée historique que celle de hier ! Après en avoir rêvé si longtemps, un Premier Mai dans notre patrie ! Durant des années, à l’approche du premier mai, dans nos différentes prisons nous avions plus ou moins la même routine : essayer d’approcher une télévision et de voir si on passait des images, mêmes courtes, de notre peuple en marche. Et parfois ils le faisaient. (…)
Hier ce rêve, accompagner notre peuple le Premier Mai, est devenu réalité. Et la joie était encore plus grande par votre présence à vous tous, représentants des camarades dans de nombreux pays qui ont rejoint depuis si longtemps la lutte pour notre libération. (…)
Je vois plus loin le portrait de Oscar López. La lutte pour le libérer est encore à livrer, afin qu’il puisse profiter de la liberté que nous avons. Il reste encore Mumia Abu-Jamal. Il reste encore Leonard Peltier. Il y a encore d’autres camarades qui sont des prisonniers politiques. Les comités de solidarité avec les Cinq, qui nous ont tant soutenus, devraient examiner ce qu’ils peuvent faire pour mettre fin à cette injustice. Oscar et les autres camarades doivent savoir que nous les Cinq, libres, continuent à penser à eux, et que nous continuerons à les soutenir. (…)
Et maintenant, qu’allons nous faire ? Vous allez nous le dire. Le blocus est toujours là, et nous ne pouvons nous reposer aussi longtemps qu’il existe. Nous devons poursuivre le combat. Et si un pour le blocus est levé nous devrons continuer le combat afin que personne n’envisage de le rétablir. (…)
Nous devrons continuer à leur rappeler que l’ère des colonies est passé. Qu’il y a des pays libres et souverains et que nous en avons assez des ingérences dans nos affaires internes. Que nous avons le droit de déterminer notre propre destin et de choisir notre propre voie. (…)
Le 17 décembre a été une grande victoire pour nous tous : pour Cuba et pour tous les peuples du monde. Un jour j’ai entendu un camarade de la solidarité qui disait : « Nous avons fait ce que nous avons pu, mais finalement ce n’est pas nous qui les avons sorti de prison, ce sont les négociations qui les en ont sortis. » Ne commettez pas cette erreur. Vous nous avez sortis. Une négociation fructueuse aurait été très difficile pour sortir cinq inconnus de prison, cinq personnes qui n’intéressaient personne, ou trois, le chiffre des nôtres encore en prison. Voila ce qu’il faut toujours garder dans l’esprit. C’est l’engagement uni de chacun d’entre vous, chaque grain de sable que vous avez amené, qui a rendu possible que nous sommes ici aujourd’hui et que nous profitons de l’amour de notre peuple.
Il faut y ajouter que ces 16 ou 15 ans dans les prisons sont divisés en mois, en jours et en heures.Notre résistance a été éprouvée d’heure en heure dans ces prisons. Heure après heure nous devions penser à quelque chose qui nous donnait du courage, que nous pouvions creuser pour résister. Dans la prison nous avons vu des gens se suicider, parce qu’il ne pouvaient plus résister. Je pourrais donner des prénoms et des noms.
Nous devions puiser nos forces quelque part. Et vous devez savoir qu’une de nos sources d’inspiration, avec l’exemple de nos héros et de nos martyrs, de nos dirigeants, avec l’exemple des sacrifices, de l’abnégation et de la lutte du peuple Cubain -une des sources d’inspiration qui nous donnaient des forces, en pensant à vous, était justement votre solidarité et votre soutien. (…)
Qui a été isolé ? Cuba ? Non, l’empire a été isolé. L’empire qui commence à le reconnaître, et c’est important de le souligner. Oui, nous parlons avec lui. Oui, nous voulons de meilleures relations. Mais Cuba n’a pas dévié d’un millimètre de ces principes. Aujourd’hui nous défendons la même chose que nous défendions en 1959.
Certains ont déclaré : « Nous n’avons rien à négocier avec Cuba tant que les Castros -comme ils disent- sont au pouvoir. Tant qu’ils ont cette révolution, tant que Cuba reste socialiste, nous n’avons rien à négocier avec eux. »
Et bien, ici vous avez Raúl Castro au pouvoir, et ici vous avez notre révolution socialiste.
Et tout comme nous avons une confiance absolue dans les capacités, dans la combativité et dans l’esprit de sacrifice de notre peuple pour affronter les combats en cours et qui nous restent à livrer, nous gardons confiance dans le soutien, la solidarité et la combativité de vous tous, pour nous accompagner sur cette route.
Merci, frères et soeurs.

ASOCIACIÓN
Régionale de Gand.1 mai : Bar cocktail et stand info sur le Poeljemarkt.

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