Cuba Sí 184 – traductions

Cuba Sí 184 – traductions

Traductions par Freddy Tack

ACTUA

Russie, Chine, BRICS : coopérer pour l’avenir

Les présidents Poutin et Xi Jinping ont visité l’ Amérique Latine dans le cadre d’une réunion des BRICS au Brésil, et sont aussi passés par Cuba. Les visites ont été l’occasion pour la signature de nombreux accords de collaboration.

Cuba-Russie.

A côté des rencontres protocolaires du président Poutin avec Raúl Castro et plusieurs ministres, et une visite d’amitié à Fidel Castro, son (court) séjour a été l’occasion pour officialiser et signer de nombreux accords de coopération.

La poursuite des accords existants a été confirmée et dix documents ont été signés, couvrant différents domaines : la sécurité internationale de l’information, empêcher de transformer l’espace en scénario d’actions militaires, échanges culturels et artistiques, renforcement de la collaboration industrielle, coopération dans le domaine de la santé (entre autres la prévention de maladies urologiques), coopération pour la formation de pompiers (un centre de formation régional est prévu avec l’extension possible vers d’autres pays de la CELAC), le développement et l’exploitation des ressources pétrolières, la construction de quatre centrales électriques, la production et l’application de la technologie LED, la modernisation et l’extension de l’énergie hydroélectrique.

Le président Poutin a confirmé la décision de la Russie d’annuler 90% de la dette avec l’ex-URSS (estimée à 35 milliards de dollars). Les 10% restants, soit , 3,5 milliards de dollars, sont à rembourser en dix ans, avec l’engagement que ces sommes seront réinvesties à Cuba.

En 2012 le commerce entre Cuba et la Russie atteignait plus de 200 millions de dollars.

Lors de leur rencontre Poutin et Raúl ont abordé les relations bilatérales, la volonté d’accomplir l’agenda économique 2012-2020, les liens dans le domaine de l’éducation, la collaboration technique et scientifique, l’extension et le renforcement des échanges culturels et sportifs. Ils ont également parlé de l’augmentation des investissements russes à Cuba et du développement du tourisme russe vers Cuba. Et ils ont bien sur abordé l’actualité internationale.

Cuba-Chine.

Actuellement la Chine est le deuxième partenaire commercial de Cuba, avec 410 millions de dollars d’échanges en 2013, un volume que pourrait encore s’accroître de 25% avec la signature des nouveaux accords.

Le président Xi Jinping a abordé ces sujets avec Raúl Castro et plusieurs ministres. A l’occasion de sa visite pas moins de 29 accords ont été signés : collaboration dans l’espace, un don de matériel et d’outillage, la construction d’un terminal dans le port de Santiago de Cuba, un crédit pour la fourniture de matériaux, un délai de dix ans pour le remboursement de crédits accordés en 2003, la livraison de matériaux pour la deuxième phase de la télévision digitale à Cuba, la construction d’une usine de conserves à Ciego de Ávila, la livraison de matériel pour les conduites d’eau dans les capitales de province, un don de matériel de transport et de bureau, le renforcement de la coopération dans les biotechnologies, la collaboration dans le domaine des épargnes d’énergie et de sources d’énergie renouvelables, la collaboration technologique et industrielle pour la télévision digitale, une ferme modèle pour la promotion de l’élevage, la collaboration dans le domaine de la santé (formation, prévention, biotechnologie, médecine naturelle et traditionnelle), la poursuite de la collaboration dans l’enseignement,, le renforcement des échanges culturels, la protection de l’environnement (avec un don d’instruments de mesure), la collaboration en télécommunications et en informatique, la collaboration industrielle (construction de machines, industrie métallurgique, industrie légère, chimie et électronique), un crédit pour l’achat de trois usines de bio-pesticides et un labo à haute sécurité, des normes pour les cigares cubains, un mémorandum sur la qualité du sucre, un accord commercial de cinq ans pour l’industrie du nickel, un accord cadre pour l’extraction de pétrole, un accord pour le forage de puits de pétrole jusqu’à neuf mille mètres de profondeur, un accord pour une usine mixte pour la construction d’un golf à La Havane.

Des accords importants et variés qui renforcent et diversifient encore la collaboration entre la Chine et Cuba.

BRICS.

Le sommet des pays du BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud) c’est déroulé au Brésil. La participation personnelle des présidents Poutin et Xi Jinping, et leurs visites à différents pays de la région, confirment l’intérêt du BRICS pour un renforcement des échanges avec l’ Amérique Latine et les Caraïbes, ce qui est favorable pour Cuba tant directement qu’indirectement.

En parallèle du sommet des rencontres ont eu lieu avec l’ UNASUR et la CELAC, preuve de l’intérêt pour le processus d’intégration des pays de la région..

Les BRICS ont également donné le départ officiel de la création annoncée d’une banque des BRICS, à côté du FMI et de la Banque Mondiale, et qui va agir au niveau international, mais avec une philosophie différente des deux dernières. La banque disposera d’un capital de 100 milliards de dollars et un accord est intervenu pour un fonds de réserves qui pourra apporter un soutien en cas de crise économique. Cette banque ne veut pas être un concurrent de la Banque Mondiale et du FMI, mais ouvre de nouvelles possibilités, sans les programmes d’ajustement inhumains imposés lors des interventions au niveau international.

Pour rappel : les BRICS représentent 40% de la population mondiale, 25% du PNB mondial, 15% du commerce international, 40% des réserves. Un poids économique qui n’est certes pas à négliger.

La saga BNP Paribas.

Durant plusieurs semaines nos journaux étaient pleins d’articles sur la saga BNP Paribas et le paiement d’une amende « démesurée ».

Le fond de l’affaire est l’application des amendes décrétée par les États-Unis pour le non respect des limitations imposées par rapport aux « pays terroristes », une liste établie unilatéralement par le gouvernement des États-Unis, et dans laquelle sont repris l’ Iran, le Soudan et Cuba.. Les amendes se réfèrent aussi aux lois Toricelli (1992) et Helms-Burton (1996), destinées à renforcer encore le blocus contre Cuba. Elles ont introduit un principe d’extra-territorialité difficilement acceptable et plusieurs fois dénoncé par plusieurs pays et instances.

Les amendes en tant que tel ne sont pas une nouveauté et ont été régulièrement appliquées ces dernières années contre des banques, des sociétés d’assurances, des agences de voyage, des entreprises,etc. Elles sont, en règle générale, liées à des transactions financières avec les pays incriminés, certainement (mais pas toujours) si elles s’effectuent en dollars.

Dans le cas de BNP Paribas il s’agissait d’une somme énorme de 8,97 milliards de dollars, soit 6,6 milliards d’euros, et de grands ténors comme François Hollande, des ministres (même des Belges) ont élevé la voix pour protester contre les sommes faramineuses. Il est déjà surprenant que les protestations dénonçaient la somme « exagérée » et pratiquement pas sur le principe. Beaucoup de bruit en paroles, mais rien de plus, et BNP Paribas a reconnu sa faute et paye. Depuis lors on a annoncé que d’autres banques (en Allemagne et en France) sont dans le collimateur, et que d’autres amendes importantes vont suivre.

Mais dans le cas de Cuba personne ne pose la question pourquoi le pays est repris sur cette liste, et sur base de quels arguments.
Tous les pays qui laissent passer le paiement des amendes ont pourtant voté depuis des années, à l’ ONU, contre le blocus. Et tous ces pays sont au courant qu’aux États-Unis des terroristes qui ont commis des attentats contre Cuba (entre autres contre un avion civil) se promènent librement, sont copains comme cochons avec les Bush et compagnie, alors que les antiterroristes Cubains restent enfermés dans des prisons nord-américaines.

Cuba – États-Unis.

Alors qu’aux États-Unis de plus en plus de voix s’élèvent pour un changement de politique envers Cuba et plaident pour une normalisation des relations -même Hilary Clinton se déclare aujourd’hui contre le blocus et Google s’intéresse à Cuba- le gouvernement continue sa politique absurde contre Cuba.

Cuba est repris sur la liste des pays « terroristes », des visas ont encore été refusés, cette fois-ci pour de jeunes sportifs.

Et après la révélation du ZunZuneo (la manipulation d’un Twitter cubain avec des objectifs politiques), Associated Press dénonce une nouvelle agression. Le USAID a cyniquement utilisé un programme de prévention et de lutte contre le SIDA en manipulant de jeunes Latino-américains, afin d’inciter, au travers de ce programme « humanitaire », de jeunes Cubains a s’opposer à leur gouvernement. Une manipulation dénoncée et rejetée mondialement, et qui mine sérieusement la crédibilité des actions humanitaires des États-Unis.

Encore une preuve que le gouvernement des États-Unis ne renonce pas à ces projets agressifs et continue a s’ingérer dans les affaires intérieures de Cuba afin de déstabiliser le pays, même si cela coûte des millions de dollars, en vain, et que depuis plus de 50 ans la preuve est fournie que rien de cette politique n’a influencé les Cubains. 

Commémoration du 26 juillet à Artemisa.

La commémoration traditionnelle du 26 juillet s’est déroulée cette année dans la jeune province d’Artemisa. Un choix compréhensible tant par l’histoire que par la situation actuelle. L’aspect historique remonte à la composition du groupe de rebelles qui ont attaqué la caserne Moncada et la caserne de Bayamo : 1/3 des attaquants (42 hommes) venait de la région d’ Artemisa. Durant les préparatifs plus de 200 hommes avaient été entraînés, entre autres par Ramiro Valdés, alors responsable de la cellule centrale des rebelles d’Artemisa. 42 ont été retenus pour participer à l’action du 26 juillet 1953. Ceci explique aussi que Ramiro Valdés a été invité pour le discours central de la commémoration. 

L’actualité se retrouve dans le rôle économique de cette jeune province : elle est une des deux provinces, avec Mayabeque, à appliquer les expériences d’une nouvelles gestion des entreprises publiques et est aussi le siège géographique de la ZEDM (Zone Spéciale de Développement de Mariel), le port où se concentrent de grands espoirs pour le développement économique du pays, avec de lourds investissements et des facilités pour les investisseurs étrangers.

Un choix justifié pour la commémoration de l’historique attaque du 26 juillet 1953.

EDUCATION

L’enseignement supérieur à Cuba.

Fin mai le Premier Vice-Ministre de l’ Éducation Supérieure de Cuba, le Dr. Ir. José Ramón Sabarido Loidi, était en visite de travail en Belgique, dans le cadre de la coopération inter-universitaire, entre autres avec le VLIR (Conseil Inter-universitaire Flamand) .

Il est né le 28 août 1950 à Cienfuegos, et a suivi des études d’ingénieur à l’ Université Centrale Marta Abreu de Las Villas (UCLV), et à obtenu un doctorat à l’ Université de Odessa (dans l’URSS de l’époque). Il a été professeur à l’ UCLV, puis à l’ Université de Cienfuegos, puis successivement recteur des deux universités. Il a occupé plusieurs responsabilités académique et est actuellement Premier Vice-Ministre de l’ Éducation Supérieure.

Malgré son agenda surchargé il a accepté, à la limite, juste avant son départ, de répondre à nos questions. Nous vous présentons ici des ‘extraits de l’interview qui sera disponible, dans les deux langues, sur notre site internet, www.cubamigos.be, et qui dont l’original sera disponible sur Youtube.

C.S. : La collaboration entre les centres d’Enseignement Supérieur de Cuba et les Universités Flamandes, via le VLIR, existe depuis plusieurs années. Pourriez-vous nous donner un aperçu des résultats, des sujets prioritaires, des aspects fondamentaux pour Cuba ?

J.R. Sabarido : Comme vous le dites à juste titre nous travaillons depuis des années avec les Universités Flamandes… Actuellement plusieurs projets sont en cours, certains terminés, d’autres en exécution, et de grande importance pour Cuba, et pour la Belgique, avec de magnifiques résultats. Et si je le dis, c’est parce que l’évaluation, très rigoureuse, faite par le gouvernement belge, par les institutions belges, au sujet de la collaboration avec Cuba, donne de très bons résultats. Pour les évaluateurs, chargés d’exprimer des critères au sujet des résultats des projets, les critères sont très positifs pour Cuba.

Je pense que, en plus du fait d’être dirigés vers la solution des principaux problèmes que le peuple Cubain connaît aujourd’hui…, elle ont, à mon avis, un impact fondamental sur la formation du capital humain, des ressources humaines avec une haute valeur ajoutée. Il y a également le résultat scientifique de la collaboration qui contribue au développement, et même à une hausse de la production, et je me réfère ici avec insistance à l’agriculture, en général, au développement de l’agriculture, de productions agricoles de toutes sortes…

Il §y a aussi un monde de spécialités allant des techniques informatiques, de l’information en général, des nanotechnologies, de la robotique, des biotechnologies animales et végétales, la santé, l’étude de matériaux. Vraiment des domaines très variés.

C.S. : Y a-t-il en Belgique des disciplines prioritaires pour Cuba, où le sont elles toutes ?

J.R. Sabarido : Il y a en Belgique un développement considérable et nous apprécions l’extension de la collaboration… Ceci est différent avec d’autres pays. Par exemple, dans le cas de l’ Espagne, la crise économique a donné lieu à une diminution sensible de la coopération. En Belgique la politique est de considérer Cuba comme un pays privilégié et la coopération avec les universités a grandi, également avec les universités francophones, même si notre collaboration est surtout liée aux universités flamandes.

C.S. : Lors des débuts de notre association, fin des années ’60, un objectif important était l’envoi d’ouvrages scientifiques à Cuba. A l’époque Cuba n’avait pratiquement aucun accès à de nombreuses sources. Est-ce que cela appartient maintenant au passé, à l’histoire, ou y a-t-il toujours des problèmes d’accès aux sources scientifiques pour les Centres Cubains ?

J.R. Sabarido : Oui, il faut reconnaître que, vraiment, l’accès à la bibliographie à haute valeur scientifique coûte cher. Heureusement il y a des moyens, les technologies de l’information, qui se développent et qui rendent gratuit l’accès à beaucoup de sources, ce qui rencontre sérieusement le problème… Mais les limitations de l’accès à Internet, Cuba doit encore travailler essentiellement via satellite, multiplient les coûts par quatre. Et, aujourd’hui, nous ne disposons pas encore de moyens suffisants pour résoudre la recherche de l’information.

Et tout contribue à limiter l’impact de ce problème, tant pour l’enseignement que pour la recherche.

Les ouvrages, les dons que nous avons reçus des institutions belges nous ont beaucoup aidés.

C.S. : Agustin Lage, du Centre d’Immunologie Moléculaire, parle, dans un article de la revue Temas, de la science dans le modèle économique cubain et de la nécessité d’une réglementation spécifique et de méthodes de gestion spécifiques pour les entreprises de technologie de pointe. Est-ce que l’enseignement supérieur prépare les cadres pour ce type d’entreprises et pour leur gestion ?

J.R. Sabarido : Oui, nous collaborons à ce sujet. Agustin a participé à des ateliers et des séminaires

pour trouver des solutions à ces problèmes et pour la diffusion de la science à Cuba.Ceci aussi nécessite des ressources humaines, le capital humain est irremplaçable. Tout le système est inutile si on n’a pas les gens formés pour le faire tourner… Il faut investir en permanence dans les fonctions de gestion…

C.S. : Lors du Xiiie Congrès de l’ Information, INFO 2014, on a abordé, parmi d’autres thèmes, le chemin non seulement vers une société de l’information, mais aussi vers une société de la connaissance. Ceci était également le thème d’un numéro de la revue Temas « Société de l’information ou de la connaissance ? ». Qu’en pensez-vous de l’importance de ce thème pour l’avenir de l’économie cubaine ?

J.R. Sabarido : Ceci est fondamental. S’il y a une matière que nous pourrions, disons avantager, également hors du pays, c’est bien la connaissance de la culture, de la culture scientifique de notre communauté, de nos citoyens, et ceci comprend également le domaine de l’exportation de scientifiques, de services académiques…Ceci a un grand impact du point de vue économique, car la valeur ajoutée de ces services est très élevée, dans la mesure au la connaissance est élevée. Ceci est une matière très estimée et très demandée.

Cuba n’a pas beaucoup de ressources naturelles, vous connaissez la situation, mais la culture de la connaissance est quelque chose de clairement mis en avant par le commandant Fidel Castro, et que nous n’avons pas, qui sait, bien compris. Il y a plus de 40 ans il parlait de Cuba comme d’un pays de la science, et nous n’avions pas réellement compris le sens, le sujet pour un pays sous-développé comme Cuba, et quelle était la vision du commandant à l’époque. Fidel abordait déjà ce thème dans un discours de l’année 1959…

Oui, sans hésiter, à ce sujet je suis tout à fait du même avis qu’ Agustin.

C.S. : Que pouvez-vous nous dire de l’université socialement responsable ? Si je ne me trompe pas c’était le thème du Congrès Universidades 2014.

J.R. Sabarido : En effet et c’était aussi repris dans les accords de la Conférence Régionale de l’ Éducation Supérieure à Carthagène, déjà auparavant. Ceci est quelque chose, à mon avis, qui caractérise les universités cubaines en permanence… Nous défendons que l’éducation est un bien public, et en tant que bien public la responsabilité du secteur universitaire, de l’organisation universitaire est de tenir compte de sa responsabilité sociale.

Le Congrès de février 2014 était un congrès mondial. Parmi les participants il y avait de nombreux groupes de dirigeants d’universités, de ministres, de vice-ministres, de présidents d’organisation régionales du continent. Le Congrès est devenu un événement, favorable non seulement pour les échanges académiques, mais aussi pour des échanges entre institutions. Et le discours d’ouverture du Ministre était clairement axé sur l’université socialement responsable.

En Amérique latine et dans les Caraïbes les intérêts de la CELAC prennent de l’ampleur. L’intégration politique entre les pays ne peut grandir si des universités socialement responsables ne peuvent y répondre.

Je crois que l’université en général doit fixer son chemin en correspondance avec la demande d’un monde aujourd’hui très compliqué, très complexe, et le secteur éducatif, le secteur académique doit fournir une réponse à chacun.

C.S. : Quels sont les principes de base de la politique de l’éducation à Cuba ?

J.R. Sabarido : En premier lieu l’égalité des chances et des possibilités pour tous. Il est impossible qu’à Cuba existeraient des éléments qui établiraient une discrimination de genre, de race, d’origine, pour l’accès à l’enseignement.

Libre et gratuit, et, cela l’est devenu après la Révolution, de haute qualité. .On travaille réellement pour une haute qualité qui amène le Cubain, l’être humain, a son développement maximal. Mais on attache aussi beaucoup d’importance à la formation de valeurs que la société cubaine poursuit, que les citoyens soient un peuple de gens patriotes, solidaires, internationalistes, responsables.

Un ensemble de valeurs importantes que nos citoyens poursuivent, qu’ils mettent au-dessus de leur intérêts personnels, le social…

Essayer de renforcer les échanges internationaux, de les actualiser. La collaboration internationale, les échanges, c’est du gagnant-gagnant. Étudier les bonnes expériences et offrir une aide solidaire à chaque peuple qui en a besoin et qui est intéressé par notre soutien…

Continuer à accroître la qualité et l’accès, la disposition pour former une génération qui s’engage, révolutionnaire, honnête, avec beaucoup de valeurs, et éliminer l’individualisme.

C.S. : Merci beaucoup.

J.R. Sabarido : Merci à vous, vraiment, pour tout le travail que vous réalisez.

Anne Delstanche et Freddy Tack

IVAN, EL MARINERO

Les amis de Cuba : une petite histoire…

Nous rencontrons rarement des marins cubains dans le port de mer de Gand. Parfois, plutôt rarement, nous en apercevons un dans un équipage mixte.

Quand ils accostent il s’agit en règle générale d’un navire de l’état avec un équipage cubain complet. Sur ces navires il y toujours un médecin. Ces médecins sont nommés exclusivement pour les marins. Ils sont à bord pendant six mois et puis, pendant une demi année ils sont à la disposition des martins dans les hôpitaux cubains. Une situation très exceptionnelle au sein du monde maritime.

En tant que visiteur des navires de la maison des marins Stella Maris je fais rapport le 05/05/14 que j’ai été à bord du navire « Lidia ». J’ai informé l’équipage de l’existence de la maison des marins à Gand. Ils reçoivent une information concernant les modalités de la maison et de l’accès en bus. A leur demande le second m’accompagne en ville. Durant le trajet en voiture il me raconte qu’il est à bord depuis dix jours et qu’il est papa depuis quatre jours. Une histoire émotionnante qui illustre la dureté de la vie des marins. En ville il espère ppouvoir voir sa femme et sa jeune fille via internet. C’est un homme ouvert et chaleureux.

Son histoire me marquera. Et avec son histoire le nom du navire me restera en mémoire et aussi le nom « Ivan ». Le 06/05 on m’informe que le graisseur du « Lidia » est hospitalisé suite à une hémorragie cérébrale. Je me rend au navire et le médecin vient de rentrer de l’hôpital. Il me raconte que c’est grave et qu’on ne peut encore rien dire au sujet du rétablissement. Le navire partira sans Ivan, la prochaine étape est la France et puis retour à Cuba. Le jeune papa me raconte qu’il retrouvera sa femme et sa fille. Il est tout heureux car il a un contrat de neuf mois. Dans beaucoup de cas il faut attendre la fin du contrat, il a donc des raisons de se sentir joyeux.

Deux situation émotionnelles totalement différentes.

Dans les tâches de la maison des marins la visite des malades est prioritaire. Le navire part, l’homme reste et dans beaucoup de cas, nous, les visiteurs, sommes les seuls à maintenir un contact avec l’hospitalisé. Nous essayons de remplacer la « famille » : nous allons le visiter, nous restons en contact avec le médecin et les infirmières, nous nous chargeons de fruits ou de quelques douceurs, si nécessaires nous nous chargeons des vêtements et nous ramenons le linge propre à la clinique…

Entre temps Ivan est transféré à l’hôpital universitaire pour une opération du cerveau. Vu son état il faut attendre pour les visites. On me dit qu’il parle français, donc pas de problème pour les visites dès que nous recevons le feu vert des infirmières. Mais un « petit » problème se présente quand je me trouve à son lit : Ivan ne parle ni français, ni anglais. Et je ne parle pas espagnol.

Est-ce que les anges existent ?

En tout cas l’arrivée de Ciria me semble un cadeau du ciel. Elle est Cubaine et travaille à la pharmacie de l’hôpital. Et, heureusement, elle a été concernée dès le début. 2 à 3 fois par jour elle rend visite à Ivan.

Et la petite histoire a commencée.

Ciria est prête à traduire quand nous venons en visite. Une fois dans la chambre et en attendant Ciria je trouve un petit billet avec le nom et le téléphone d’une certaine Beatriz (Betty pour les amis). Elle aussi est cubaine et habite à Gand. Je lui téléphone. Encore quelqu’un qui ses sent concerné par son compatriote. Betty se considère un peu comme la mère d’ Ivan et le dorlote avec sa cuisine cubaine, des soins de massage, des ongles… Elle aussi est disponible pour des traductions.

En cherchant sur internet nous trouvons « Les Amis de Cuba ». Le président, Marc, travaille au port de Gand et connaît parfaitement la vie des marins. Il diffuse le message pour des interprètes… et nous trouvons un mélange merveilleux de gens qui parlent espagnol. Par d’autres canaux également des gens se présentent.

Ivan profite largement de toutes ces attentions et cela stimule probablement sa guérison. Il réussit à téléphoner à sa fille, à sa mère…et à de nombreux autres contacts.

En tant que visiteurs de marine nous nous trouvons dans une situation de luxe pour les traductions !

Il semble que pour les Cubains il y beaucoup de motifs pour faire la fête. Et Ivan est « Happy, happy » et veut réunir tout le monde avant de rentrer chez lui. Et cette rencontre se fait à la maison des marins.

Les photos sur facebook de Stella Maris témoignent de cet événement.

Ce qui a débuté comme une petite histoire d’ Ivan est devenu une grande histoire de solidarité et d’humanité réelle et chaleureuse. Une histoire contrastée avec des réalités nationales et internationales que nous vivons tous les jours. Des histoires de loin et de près. 

Un grand merci pour cette expérience cubaine solidaire et bienfaisante.

Ann

Vous pouvez voir la page facebook de la maison des marins sur www.stellamarisgent.be.

Cela nous ferait plaisir de recevoir des livres et des revues, entre autres en espagnol, mais aussi en russe, polonais, anglais, tagalo, pas en français). Bienvenus aussi, de la laine et des doudous propres que les hommes aiment offrir à leurs petits enfants.

EDUCACIÓN

Des problèmes, peut-être, mais pas de tabous.

A Cuba il y a peu ou pas de tabous. Les préservatifs sont disponibles, l’avortement est totalement légal et gratuit (car faisant partie du système de santé)et même le changement de sexe est autorisé. Et Cuba dispose d’un cadre légal progressiste pour garantir la santé sexuelle de ses citoyens.

Tout commence par l’éducation sexuelle qui, à Cuba, sous l’impulsion du Centre National pour l’ Éducation Sexuelle (le CENESEX), a évolué d’une approche purement biologique et reproductrice vers une approche intégrale avec l’accent sur le genre et la diversité. 

Des cours de biologie vers l’éducation sexuelle intégrale.

Mariela Castro Espín, directrice du CENESX, partenaire de FOS (Solidarité Socialiste), esquisse l’image de cette évolution : « Déjà dans les années ’60 la fédération des femmes Cubaines (FMC) abordait les thèmes de l’éducation sexuelle et la procréation dans sa revue Mujeres. La FMC militait pour une loi sur l’avortement, décrétée en 1965. En 1972 on a élaboré le premier programme d’éducation sexuelle et on l’a mis en pratique. L’égalité des droits pour la femme était à l’agenda du 2e Congrès de la FMC (1974) et du 1er Congrès du Parti Communiste de Cuba (1975). Le résultat des débats s’exprimait dans le Code de la famille de 1975, à l’époque considéré comme un des plus avancés. Cette loi stipulait, entre autres, l’intégration de l’éducation sexuelle dans la politique sociale de l’État. Durant les années ’80 l’éducation sexuelle se limitait à l’information durant les cours de biologie de l’enseignement secondaire, sur le fonctionnement des organes génitaux, la prévention contre les maladies sexuellement transmissibles et la maternité chez les adolescents. Les relations interpersonnelles, la diversité sexuelle et les rôles sociaux n’étaient pas abordés. Cela a changé avec la création du CENESEX en 1989. Après beaucoup d’efforts on a introduit dans les écoles, en 1996, le programme « Pour une éducation sexuelle responsable et heureuse ».

Au cours des années des techniques adaptées furent développées pour préparer les enfants, les adolescents, de façon créative, à leur sexualité, leur vie familiale et reproductive, en tenant compte de la diversité sexuelle dans la société ».

L’éducation sexuelle de la population cubaine est donc garantie par un excellent cadre juridique et opérationnel. Cuba atteint aussi un niveau élevé de santé sexuelle, y compris l’accès gratuit aux nécessités (moyens anticonceptionnels, avortement sécurisé, accompagnement des femmes enceintes, etc.) et une législation sociale favorable en ce qui concerne la femme enceinte et la maternité.

Tout n’est pas parfait.

Malgré tout cela Cuba, comme le reste de l’ Amérique latine, est confronté à un grand nombre de conception chez les adolescents : 54 naissances pour 1.000 femmes de moins de 20 ans. En Europe la moyenne est de 18. Même si le chiffre de Cuba est le plus bas de la région Amérique latine (82 en moyenne) et des Caraïbes (69 en moyenne), la situation inquiète les autorités à juste titre. Car cela veut dire que un quart des femmes cubaines est mère avant ses vingt ans. Les jeunes mères s’exposent à une large gamme de problèmes éventuels : en règle générale les études sont interrompues et non reprises, l’entrée sur le marché du travail se complique et le risque est grand de se retrouve mère isolée, car souvent les jeunes pères n’assument pas leurs responsabilités.

Comment expliquer ce phénomène malgré une bonne information et des connaissances suffisantes sur la sexualité ? Les adolescents sont sexuellement actifs de plus en plus jeunes et se comportent sans soucis lors des premières expériences sexuelles. A Cuba, de par les nombreuses familles recomposées, l’affaiblissement de l’accompagnement au sein du ménage joue un rôle certain. Et les médias sont de plus en plus érotisés.

L’avortement comme solution.

Cette situation amène un chiffre élevé d’avortements chez les adolescents. En 2012, pour cette catégorie d’âge, l’avortement était un peu plus élevé que les naissances. Ceci implique que la moitié des femmes cubaines à été enceinte avant ses vingt ans. Et en 2012 55% des avortements c’est fait par une intervention chirurgicale, ce qui a des effets négatifs évidents. Cuba a un taux élevé de stérilité (20%) chez les femmes de plus de 30 ans à cause de trompes obstruées, en général causée par des avortements.

Beaucoup de femmes considèrent l’avortement comme un moyen anticonceptionnel, alors que c’est une solution ultime en cas de grossesse non désirée. Et cette vision favorise un comportement irresponsable lors des relations sexuelles.

Une responsabilité collective.

Inverser ces chiffres négatifs n’est pas une sinécure. Il faut une approche transversale à différents niveaux. Mayra Rodríguez, vice-directrice du CENESEX : « C’est une situation qui ne peut être résolue par une seule institution. Il est important que l’éducation sexuelle soit centrée sur ce groupe d’âges et ne soit pas de la responsabilité d’une seule institution, c’est un thème d’importance sociale, qui concerne tout le monde ». Selon Mayra il faut former plus de personnel pour arriver à une communication efficace au sujet de ce thème. Elle précise : « Nous partons de la thèse que la conception est un droit de la femme, mais les femmes doivent prendre cette décision sur base d’une connaissance correcte ».

Yves Van Gijsel – FOS

ASOCIACIÓN

Régionale de Gand

Le conteneur nr. 40 est en route pour Santiago de Cuba.

Nous avions été contactés par la firme Haelvoet de Ingelmunster, avec une offre de 24 lits d’hôpital et 50 tables de nuits. Via le Bond Moyson de Flandre Occidentale (Mutuelle Socialiste) nous avions reçu 80 chaises pour enfants, flambants neuves, l’idéal pour remplir les espaces entre les lits.

Le chargement devait se faire un jour ouvrable. Un problème pour trouver assez de volontaires, mais compensé par un quai de chargement et deux intérimaire de bonne volonté de l’entreprise. Et tout se déroula sans problèmes. Charger un conteneur de 40 pieds en une heure, nous ne l’avions jamais fait.

Les lits et les tables de nuit vont à l’hôpital Ambrosio Grillo à Santiago, pour y être placés dans l’aile rénovée par notre Brigade. Ceci complète le projet avec brio et, début octobre,l’inauguration officielle peut avoir lieu.

Un accord est pris avec la firme Haelvoet d’essayer de charger chez eux un conteneur par an.

L’année prochaine il n’y a pas de projet de rénovation, mais en septembre une délégation des Amis va se rendre à Camaguey pour étudier si le home pour anciens sur place pourrait être un objectif en 2016 pour nos volontaires. Les premiers contacts sont pris en les négociations préliminaires démarrées. Dès que nous avons une meilleure vue sur les possibilités et sur les travaux à faire, nous pouvons commencer à récolter le matériel. Le choix de Camaguey n’est pas un hasard : nos volontaires préfèrent à chaque fois une nouvelle province, et l’intérieur du pays est parfois moins aidé que La Havane et Santiago qui disposent d’un port.

Nous allons de toute façon envoyer vers cette province un conteneur avec du mobilier médical. Il sera chargé le 6 septembre à Deinze, à la Maison de repos.

Marc Wuytack

Régionale d’ Anvers.

Un atelier sur Cuba à la maternelle

Début juin j’ai pu organiser un atelier su Cuba dans la troisième maternelle de l’école Freinet De Pluim. Les petits apprenaient au sujet des pays. Ils avaient visité le Mini-Europe, mais leur curiosité n’était pas satisfaite. Car beaucoup d’enfants de la classe viennent de pays qui n’appartiennent pas à la Mini-Europe.

J’ai sauté sur l’occasion et j’ai préparé une présentation power-point avec des photos très colorées sur divers aspects de l’île : des autos de toutes les couleurs (même en rose comme celle de Barbie), les maisons colorées, les moyens de transports, la musique, les enfants en uniforme, la flore et la faune. Cerise sur le gâteau : une photo d’une plante de cacao et du fruit. Qu’est-ce que c’était ? Les propositions fusaient de toute part, mais sans la bonne réponse. On passe donc à la recherche. Le plus courageux voulait bien goûter les yeux fermés. Les autres attendaient, inquiets. Et quand les papilles furent touchées par le goût du chocolat le soleil de Cuba éclatait dans ses yeux : c’est du chocolat cria-t-il. Et du coups Cuba était le pays le plus attrayant du monde car le chocolat y pusse sur les arbres !

Alexandra Dirckx

ANUNCIÓS

Alost : Fête Casa del Mundo

Dimanche 07/09, Vismarkt à Alost, de 11 à 19 heures.

Plusieurs spectacles et un stand mojito des Amis de Cuba – Alost.

Anvers : Comida Cubana

Vous avez déjà participé à la Comida Cubana d’ Anvers, ou pas ? En 2014 vous pouvez découvrir les joies de la cuisine cubaine : le 11 octobre 2014 à 18h.

Het Rood Dak – Kloosterstraat 50 à 2180 EKEREN.

Toutes les infos sur notre site web !

Gand : Noche Cubana

18 octobre : Buurtloods, Patrijstraat 10 à Gand.

Soutien à: Des lits d’hôpitaux pour Cuba.

19:00 : repas cubain

15€ avec une consommation à virer sur le compte BE86 9796 4684 9050

21:00 : D.J. Manteca et démonstration de salsa avec Marnix et Carla.

Entrée gratuite.

Exposition « Je vais mourir comme j’ai vécu »

Peintures de la prison par Antonio Guerrero, une de Cinq Cubains.

Du 14 novembre au 11 décembre 2014

Den Hopsack – Grote Pieter Potstraat 24 – 2000 ANVERS

Ouvert le soir et les fins de semaine, fermé le mardi.

Pour des visites en groupe, avec votre classe, votre association, votre syndicat : contactez les Amis de Cuba – régionale d’ Anvers : antwerpen@cubamigos.be, tél : 03 664 72 33

Cuba est le seul pays qui a fait preuve d’une telle solidarité humaine”

Entrevue avec des victimes du désastre nucléaire de Tchernobyl

John Studer

L’Ukraine est au centre de la politique mondiale depuis des mois. Les médias, comme d’habitude, ne donnent pas trop d’informations sur comment les gens ordinaires sur place vivent les évènements. Il y a 28 ans, en 1986, l’Ukraine, alors une république de l’Union soviétique, était déjà au centre de l’actualité. La catastrophe nucléaire à Tchernobyl a sécoué le monde entier, mais les informations disponibles étaient rares et incomplets. Un aspect qui n’a pas du tout été diffusé chez nous, et à peine en Ukraine même, était la façon extraordinaire dont Cuba a réagi après le désastre. L’histoire de cet engagement à long terme et désintéressé de Cuba pour les « enfants de Tchernobyl » a été racontée en juin de cette année par plusieurs d’entre eux à un journaliste nord-américain. Cuba Sí a traduit l’interview qui suit de l’hebdomadaire The Militant du 21 juillet 2014, www.themilitant.com/2014/7826/782602.html.

KIEV, UKRAINE – « Cuba a joué un rôle de premier plan avec l’aide qu’elle a apportée aux sinistrés de la catastrophe nucléaire de Tchernobyl, en particulier si l’on tient compte de la taille du pays », nous dit Lilia Piltyaï, qui a aidé a organiser le transfert à Cuba d’enfants et d’autres personnes qui avaient besoin de soins médicaux. Là, ils ont bénéficié d’un traitement gratuit de haute qualité, Cuba ayant mis sur pied un programme spécial qui a permis de traiter plus de 25.000 victimes ukrainiennes, biélorusses et russes du désastre de 1986 à Tchernobyl, en Ukraine.

« C’est la première fois que nous rencontrons une délégation des Etats-Unis qui s’intéresse à ce que nous avons fait », dit Piltyaï, avec l’aide de l’interprète Oksana Demyanovitch, aux correspondants du Militant. Prennent également part à la rencontre huit jeunes femmes qui ont été soignées à Cuba, deux de leurs mères, et Tatiana Bourka, qui est associée au programme et a travaillé pendant 8 ans comme « liquidatrice » pour aider à l’évacuation de la population de la région de Tchernobyl.

L’organisation de jeunesse du Parti communiste, le Komsomol en Ukraine, avait désigné Piltyaï pour organiser la coordination avec le programme cubain lorsque celui-ci a débuté en 1990. Aujourd’hui, elle travaille dans le cadre d’un programme de soins cardiologiques au ministère de la Santé ukrainien.

« L’explosion de Tchernobyl du 26 avril 1986 a donné lieu à une tragédie sociale. Les autorités n’ont alerté personne sur la gravité de ce qui était en train de se passer. Aujourd’hui encore, je ne sais toujours pas pourquoi elles n’ont pas annulé les grands défilés du 1er mai à Kiev et dans les autres villes fortement touchées par l’irradiation », explique-t-elle. « Jusqu’au début des années 1990, elles ont interdit la diffusion d’informations relatives à la véritable portée de l’irradiation et au nombre de personnes touchées, dit Piltyaï. Mais certains de nos jeunes scientifiques ont rassemblé les données, et celles-ci ont été publiées fin 1989, mettant en lumière la gravité de l’irradiation subie par la population. »

Un grand nombre de ces données a fait l’objet d’articles, puis, plus tard, d’un petit ouvrage de Alla Yarochinskaya intitulé Tchernobyl : la vérité proscrite, qui révélait que les autorités soviétiques avaient dissimulé la vérité et été jusqu’à couper une partie de l’aide aux sinistrés pour minimiser l’importance du désastre. « En conséquence, le gouvernement s’est trouvé dans l’obligation d’étendre la zone officiellement considérée comme sinistrée et, partant, le nombre de personnes ayant droit à une indemnisation », dit Piltyaï. « Pour la première fois, les habitants de Kiev, la plus grande ville du pays, ont été considérés comme sinistrés. Le gouvernement était préoccupé par ce qu’il devrait payer comme indemnités. » Kiev est située à environ 125 km de Tchernobyl.

Cuba octroie une aide médicale gratuite

« Nous, les jeunes du Parti communiste, avons répondu en lançant un appel à l’aide internationale, » raconte Piltyaï. « Au consulat cubain, ils ont lu une partie des documents sur la véritable portée du désastre et ont entendu notre appel. Sergio López, l’ambassadeur cubain de l’époque, est venu rencontrer les jeunes membres du PC et a offert l’aide de Cuba. Il a dit que ce serait un plaisir pour Cuba d’offrir un traitement médical gratuit à ceux qui en avaient besoin. Deux semaines plus tard, trois médecins cubains parmi les plus réputés sont arrivés en Ukraine. Ils se sont rendus dans des hôpitaux et des villes et ont sélectionné les enfants les plus malades pour les envoyer à Cuba. Une fois le premier groupe choisi (139 enfants et quelques-uns de leurs parents) on a fait la demande de billets d’avion au gouvernement ukrainien, mais ils nous ont dit qu’il n’y avait pas de budget pour cela. Les autorités médicales nous critiquaient et nous accusaient de mettre en doute la qualité du système de santé soviétique. »

« Le 29 mars 1990, deux avions cubains ont emmené le premier groupe vers l’île, » poursuit Piltyaï, qui a voyagé dans le premier avion. « Nous avons été reçus par le président cubain Fidel Castro à notre atterrissage à La Havane. Il était surpris et frappé par l’état des enfants. Il a alors consulté sur place d’autres représentants du gouvernement et, lors de l’atterrissage du second avion, trois heures plus tard, il a annoncé que Cuba accueillerait 10.000 enfants d’Ukraine, de Biélorussie et de Russie. Je n’en croyais pas mes oreilles, » dit Piltyaï. « J’ai demandé à l’interprète s’il n’avait pas fait une erreur. Non, donc. Et les Cubains l’ont fait, et plus que ça. »

Fidel Castro a prononcé un discours le 1er juillet 1990, lors de l’inauguration des locaux attribués au programme médical, dans l’ancien centre des Pionniers (l’organisation des enfants), à Tarará, dans les environs de La Havane. Il a dit que les travaux avaient pris moins de 3 mois, grâce à l’aide de plus de 7.000 travailleurs volontaires ayant relevé le défi avec « un esprit internationaliste » profond, comme il l’a souligné. Le centre des Pionniers, situé sur la côte, n’a pas uniquement été choisi parce qu’il abritait des installations médicales. Le président cubain a souligné que « pour un enfant, il est déprimant d’être emprisonné dans un hôpital, raison pour laquelle on a prévu des programmes récréatifs, des vacances et des séjours à la mer. »

« Etant donné que les autorités ukrainiennes ont refusé de prendre en charge le transport des enfants à Cuba, entre 1991 et 1998 nous nous sommes organisés avec certains des parents et nous avons mis sur pied notre propre fonds de soutien, » dit Piltyaï. « J’ai réussi à faire passer un appel à la télévision, ce qui nous a fait un peu de publicité et rapporté un grand soutien. Après cela, on a récolté l’argent nous-mêmes. Nous avons reçu des dons d’ici, du Canada, où il y a une importante communauté ukrainienne, et d’autres endroits. Il a fallu un effort collectif immense, mais nous avons réussi à organiser un vol charter tous les deux mois. »

« Les Cubains ont organisé tout le logement, l’aide médicale et le reste. Cuba a été le seul pays au monde à mettre un tel programme sur pied. Nous avons reçu un peu d’aide d’autres pays : l’Allemagne, Israël, la France et même les Etats-Unis, mais Cuba a été le seul pays à organiser un programme intégral et à long terme. Et ce alors que les Cubains eux-mêmes étaient confrontés à des défis sérieux, ce qu’ils ont appelé la ‘Période spéciale’, » explique Piltyaï. Avec l’effondrement de l’Union soviétique en 1991, Cuba a perdu 85% de son commerce extérieur, ce qui a donné lieu à une crise économique et sociale aigüe, marquée par une pénurie d’aliments et d’autres produits de base.

« Pendant 24 ans, Cuba a soigné plus de 25.000 personnes, dont plus de 21.000 enfants. Parmi ceux-ci, 40% étaient gravement malades, avec des cancers de la thyroïde, d’autres types de cancer ou des défauts physiques, y compris des maladies du sang ou de la peau. Cuba a offert des soins de santé d’un niveau tellement élevé, l’Ukraine ne pouvait arriver à ce niveau. Par ailleurs, l’amour exprimé par le peuple cubain, les médecins et tout un chacun a été quelque chose de complètement extraordinaire, » dit Piltyaï. « En 2012, des bureaucrates ukrainiens de la santé publique ont convaincu le président d’alors, Viktor Yanoukovitch, que l’Ukraine devait se charger elle-même de tous les traitements des victimes de Tchernobyl, et le gouvernement a mis fin à sa collaboration avec le programme, » ajoute-t-elle. « Nous avons continué à nous battre et en 2013, Yanoukovitch a dit que des fonds seraient prévus dans le prochain budget pour l’envoi de 100 enfants supplémentaires. » Yanoukovitch a été renversé en février 2014, lors des grandes manifestations contre le gouvernement. Actuellement, l’avenir du programme consistant à envoyer des Ukrainiens se faire soigner à Cuba n’est pas clair. « Certaines personnes continuent d’être soignées à Cuba, mais elles doivent réunir elles-mêmes les fonds pour couvrir le transport. Cuba est disposée à poursuivre le programme et on espère trouver une manière d’obtenir le financement, » dit Piltyaï. Selon elle, il y a encore des centaines de jeunes ukrainiens sur la liste d’attente.

« Cuba dit qu’elle fait ce qu’elle fait pour des raisons morales et éthiques, et c’est pour cela qu’elle n’a jamais évalué le coût du programme, mais nous estimons que cela leur a coûté plus de 2 milliards de dollars. Jamais on n’oubliera ce que Cuba a fait, » conclut Piltyaï.

« Une deuxième patrie »

Le groupe offre deux cadeaux au Militant. Le premier est un livre en russe intitulé Une deuxième patrie, ce qui est l’expression utilisée par toutes les jeunes femmes pour parler de Cuba. Le livre décrit le programme médical cubain de Tarará. Piltyaï et plusieurs autres femmes du groupe apparaissent en photo dans le livre.

Le deuxième cadeau est un tableau d’Inna Molodchenko, une jeune femme qui est venue à la rencontre avec sa mère, Tatiana Molodchenko. Inna est la première personne sur la liste d’attente. « Au cours des huit premières années de sa vie, Inna ne pouvait mastiquer, » explique sa mère. « Elle a effectué plusieurs séjours à Cuba, où elle a bénéficié de six interventions chirurgicales qui lui ont finalement permis d’avaler. Elle souffrait également d’une maladie de la peau et éprouvait des difficultés à bouger les mains. »

« En 2008, je me suis rendue pour la première fois à Cuba, et j’en suis récemment revenue après un nouveau séjour d’un mois, » raconte Tatiana Bernadska. « Je me suis réellement sentie dans une deuxième patrie. Les médecins sont très remarquables, tout comme l’est le peuple cubain. Ils nous ont aidés comme si nous étions leurs propres enfants. »

Youlia Palamartchouk témoigne : « Mon grand-père était ingénieur à Tchernobyl. Avant de partir à Cuba je manquais totalement de confiance en moi. L’amour et la compréhension du peuple cubain m’ont aidée à apprendre à m’aimer. L’ensemble du programme : les cours, les concerts, les spectacles de danse, les échanges culturels, l’accès à une bibliothèque avec des livres en russe, des professeurs ukrainiens pour nous aider, le tout payé par les Cubains, tout l’environnement était super. »

« A l’école, j’ai commencé à souffrir de la tête et lorsqu’ils m’ont envoyé chez le médecin, il a dit que j’avais un cancer du cerveau », raconte une autre jeune femme, Youlia Panasiouk. « Ils m’ont opérée à Kiev, mais, quand je me suis réveillée, ils m’ont dit ne rien pouvoir faire et qu’il me restait 6 mois à vivre. C’est par hasard que ma famille a entendu parler du programme cubain. » Les autres jeunes femmes ont des histoires semblables. L’existence du programme n’est pas largement connue parce que le gouvernement ukrainien n’a pris aucune responsabilité dans son organisation. « J’ai eu une consultation avec les médecins cubains, qui ont agi très rapidement, et, trois jours après, je partais pour Tarará, » continue Panasiouk. « J’ai pensé que j’y resterais 45 jours, mais, finalement, j’y suis restée en traitement pendant 5 ans, accompagnée de ma maman. Lorsque je suis rentrée en Ukraine, ma santé s’est à nouveau détériorée et je suis retournée à Cuba pour de nouvelles opérations chirurgicales. Vous pouvez constater que j’ai encore une légère paralysie du côté gauche. J’ai reçu de la kinésithérapie pour récupérer la mobilité. Les médecins cubains se sont battus pour m’aider. Je suis vraiment contente que le destin m’ait donné la chance d’aller à Cuba. Cette expérience nous a appris qu’il est possible d’avoir une attitude différente envers les êtres humains. »

Plusieurs des jeunes femmes disent qu’elles ont pris connaissance, au cours de leur séjour à Cuba, de la lutte pour libérer les 5 Cubains prisonniers aux Etats-Unis et qu’elles ont contribué à faire circuler l’information à ce sujet en Ukraine.

La solidarité avec Cuba est importante

« J’ai travaillé comme liquidatrice, une de ces gens qui ont aidé à évacuer la population, » nous raconte Tatiana Bourka. Des centaines de milliers de personnes ont travaillé comme liquidateurs, certaines d’entre elles comme volontaires, d’autres dans le cadre de leur service militaire obligatoire. Elle ajoute : « La zone où j’ai été envoyée était supposée être vide, déjà évacuée, avec de très hauts niveaux de radioactivité. En réalité, des gens sont demeurés au village jusqu’au 17 mai, plus de trois semaines après la fusion du réacteur. Au début, ils n’évacuaient que les personnes qui souffraient de vomissements. »

« En 1989, il y a eu une extension de la zone reconnue comme ayant été contaminée, ce qui a conduit à l’évacuation de 50.000 personnes supplémentaires. Le programme cubain a commencé après ceci. Nous étions très reconnaissants à l’égard du peuple cubain. C’est le seul pays qui a fait preuve d’une telle solidarité humaine, entièrement sur ses propres deniers, » dit Bourka. « On n’a pas suffisamment parlé du programme cubain. De nombreuses personnes n’en avaient pas connaissance. Cela a constitué la seule limite au nombre de personnes susceptibles d’en bénéficier. Nous devons divulguer l’information maintenant et renforcer à nouveau le programme. Nous n’oublierons jamais le peuple cubain. »

« Ça a été un programme irremplaçable, qui a démontré que la Révolution cubaine est bien vivante et que la solidarité avec Cuba est très importante, » résume Lilia Piltyaï.

FacebookTwitter