DROITS DE L’HOMME ET LIBERTES CITOYENNES A CUBA
Alison Diaz – Septembre 2018
Quand on circule à Cuba, les gens qu’on rencontre sont en général très nuancés au sujet du système dans lequel ils vivent. Ils reconnaissent les points positifs, mais ont aussi des critiques. Souvent cela concerne quel sont les droits garantis et quelles libertés (individuelles) manquent.
En occident Cuba suscite soit une destination de vacances aux Caraïbes, avec des cocktails sur des plages de sable blanc, de splendides bâtiments coloniaux et des vieilles voitures, soit des images catastrophes de dictature communiste, où l’on viole allègrement les libertés citoyennes et les droits de l’homme. Mais, alors que l’île devient une destination de vacances de plus en plus populaire, le rapport annuel des Nations Unies au sujet du développement humain, déforce l’idée d’une population pauvre et réprimée.
Développement humain.
Surtout dans le domaine des droits économiques, sociaux et culturels, Cuba obtient des scores excellents en comparaison avec d’autres pays d’ Amérique Latine (et beaucoup d’autres pays dans le monde). A Cuba chacun a un accès garanti à une éducation de qualité et à des soins de santé gratuits. A Cuba il n’y a pas des hordes de sans-abris dans les rues, et la population ne souffre pas de violences économiques structurées. A Cuba il n’y pas de quartiers à éviter dominés par la violence criminelle, et la culture est un bien public. Ceci sont des acquis importants de la Révolution cubaine (1953-1959) et de la politique intérieure qui a suivi.
Dans le rapport des Nations Unies au sujet du développement humain, Cuba est clairement ancré dans la colonne des pays avec un Haut Développement Humain. Selon l’index de bien-être de l’ ONU, uniquement le Chili fait mieux, mais par contre ce pays connaît un clivage énorme entre riches et pauvres, là où Cuba est un pays beaucoup plus égalitaire. En termes de moyens économiques par rapport à la capacité pour le développement humain, Cuba est même numéro 1 dans le monde. Ceci veut dire que Cuba utilise efficacement les moyens modestes disponibles, au profit des citoyens. Il faut y ajouter qu’il s’agit d’un pays qui est la cible, depuis plus de cinq décennies, d’une guerre économique impitoyable de la part des États-Unis. Les résultats impressionnants de Cuba pour le développement humain le sont malgré la politique de sanctions de Washington, qui veut saboter tout développement socio-économique, dans l’espoir d’une révolte de la population contre le régime révolutionnaire. Plusieurs estimations ont été faites, mais toutes sont d’accord pour dire que le blocus nord-américain à coûté plus de 100 milliards au petit pays. La politique nord-américaine par rapport à Cuba peut donc être qualifiée de violation flagrante des droits de l’homme du peuple cubain.
Dès le début, la Révolution cubaine a contribué à la lutte mondiale en faveur des droits de l’homme, de la justice sociale et de la dignité humaine, via un ample programme de solidarité internationale. Cuba a joué un rôle déterminant dans la lutte de libération anti coloniale de plusieurs pays africains.
Aujourd’hui le pays envoie des médecins,du personnel soignant et des enseignants, afin de lutter contre la maladie et l’illettrisme. Quand, en 2014, la Guinée, le Libéria et le Sierra Leone sont frappés par l’épidémie de Ebola, Cuba a envoyé la plus grande mission médicale parmi tous les pays qui ont offert une aide.
Libertés civiles
A l’ouest Cuba est généralement considéré comme un violateur du traité international des droits politiques et civils, un régime totalitaire, strictement contrôlé successivement par Fidel et Raúl Castro. Bien qu’il ne faille pas qualifier le pays de paradisiaque,mais il est difficile de comparer Cuba avec beaucoup de régimes latino américains, dictatures et régimes qui faisaient disparaître les opposants politiques, les enfermaient, les torturaient. Le système politique cubain n’est d’ailleurs pas une entité statique, mais se caractérise par l’expérimentation et la volonté de corriger les erreurs et les faux pas. .le régime réagit aux injonctions populaires d’adaptation. Un exemple en est l’ouverture et le renouvellement du système économique, avec l’ouverture aux petites entreprises privées. Exercer une opposition politique hors du cadre officiel créé pour débattre de la société (et qu’on utilise allègrement) est parfois compliqué à Cuba, parfois plus à l’un moment de l’histoire qu’à d’autres. Un environnement international où un puissant voisin intervient ouvertement et clandestinement (ex. le blocus) pour un changement de régime, y joue un rôle important.
En conclusion, on peut dire que Cuba score haut dans les droits économiques, sociaux et culturels, mais est visé par rapport à des manquements de libertés civiles,, par un pays qui prône ces droits,, mais qui ne réussit pas à garantir les droits économiques, sociaux et culturels pour ses propres citoyens, et à une histoire de soutien aux pires dictatures d’ Amérique Latine.
(Traduit de la revue « Vrede », 2018).