LES SANCTIONS AMÉRICAINES CONTRE CUBA ACTIVENT LE CONFLIT COMMERCIAL AVEC L’ UE.
article par la Coordination pour la Levée du blocus contre Cuba
Le 2 mai Trump active le discutable article III de la Loi Helms-Burton. Il ouvre ainsi la porte à un conflit ouvert avec l’ Union Européenne et d’autres pays ayant des intérêts économiques à Cuba. A partir de cette date les entreprises qui investissent à Cuba courent le risque d’être attaquées devant un tribunal nord-américain. Ceci est contraire aux accords internationaux de l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC).
L’article III de la Loi Helms-Burton stipule que les citoyens américains, y compris les cubano-américains, peuvent exiger des compensations devant un tribunal nord-américain, de chacun qui obtient des bénéfices via leurs ex-propriétés confisquées par l’autorité cubaine. Comme Cuba a placé sous contrôle de l’état, après la Révolution de 1959, de grands pans de l’économie, ceci signifie que quasi toute entreprise avec des intérêts économiques à Cuba est exposée à une procédure juridique.
En 1996, quand le président Carter signait la Loi Helms-Burton, bétonnant le blocus contre Cuba, l’ Europe a immédiatement déposé une plainte auprès de l’ OMC. L’ Europe, comme d’autres pays comme le Canada et le Mexique, estimait inacceptable que les États-Unis obligeait des entreprises non américaines -au risque d’amendes- a exécuter avec eux le blocus commercial contre Cuba. Afin d’éviter une confrontation Carter suspendait l’article III incriminé par un décret présidentiel . Depuis lors tous le présidents, y compris Trump durant les deux premières années de son mandat, ont prolongé ce décret tous les six mois.
Des faucons à la Maison Blanche.
Depuis l’arrivée des faucons extrémistes, John Bolton en tant que conseiller national de sécurité, et Mike Pompeo en tant que ministre des affaires étrangères, la Maison Blanche annule la politique de rapprochement entamée par Obama. Par le choix d’une stratégie agressive les États-Unis retournent à la vieille doctrine Monroe de « L’ Amérique aux Américains », ou en terminologie de Donald Trump « America First ». Ce que le reste du monde en pense ne semble pas l’inquiéter.
Maintenant que l’ Article III est activé, Cuba devient la scène d’un conflit commercial entre les USA et l’ Union Européenne. Et c’est logique, car la démarche nord-américaine peut avoir des conséquences désastreuses pour les entreprises européennes. L’ UE est un des principaux partenaires commerciaux de Cuba Des entreprises européennes ont largement investi dans l’île des Caraïbes. Rien que l’ Espagne investi près de 300 millions d’euros à Cuba annuellement, surtout dans le tourisme. Maintenant elle court le risque de grands procès de dédommagement. Si les USA et l’ UE jouent le jeu durement, nous sommes partis pour des procédures qui peuvent prendre des années.
L’ Europe risque de riposter.
Cette agression flagrante de Trump s’oppose totalement à la stratégie de l’ UE qui a démarré, sur base d’égalité et de respect, un dialogue politique avec Cuba. Federica Mogherini, la Haute représentante pour les affaires étrangères et la sécurité, a sévèrement condamné la décision US. Le journal espagnol « El País » a publié des extraits d’une lettre de Federica Mogherini et Cecilia Malmström, la Commissaire Européenne du Commerce, à Mike Pompeo : « L’ UE se verra contrainte d’utiliser tous les instruments à sa disposition pour protéger ses intérêts à Cuba », ont-elles prévenu. Si les USA continuent leurs plans, Bruxelles déposera à nouveau une plainte auprès de l’OMC. Elles ont également menacé de passer à la confiscation des actifs d’entreprises nord-américaines en Europe, en compensation des dégâts dont souffriraient des entreprises européennes.
Nous sommes alarmées par cette nouvelle agression contre Cuba, qui menace le dialogue politique et la coopération entre l’ UE et Cuba. La position de l’ UE nous satisfait, qui promet de ne pas accepter les sanctions imposées par les USA, mais nous demandons des actes en plus des belles déclarations. Car jusqu’à ce jour l’ UE a été impuissante pour contrer effectivement les effets négatifs du blocus américain contre Cuba, comme le prouve notre enquête au sujet des banques d’octobre 2018. Une enquête limitée a prouvé que certaines banques belges refusent d’exécuter des paiements vers Cuba. Même des paiements au sein de l’ Europe, avec la mention Cuba dans le nom du destinataire ou dans la communication, sont refusés.