Cuba Sí 192 – traductions

Cuba Sí 192 – traductions

Traductions par Freddy Tack

ECONOMIA

Quel est aujourd’hui le poids du secteur non-public à Cuba ?

Deuxième volet : les coopératives non-agricoles.

Par: Wim Leysens

Dans le précédent numéro de Cuba Sí vous avez pu lire un premier article sur le poids des initiatives non-gouvernementales dans l ‘économie de Cuba. La première partie était consacrée aux entrepreneurs indépendants ou « cuentapropistas » ; ce deuxième volet est concentré sur les coopératives non-agricoles.

Le VIIe Congrès du Parti Communiste de Cuba a fixé, en avril 2016, les grandes lignes de la nouvelle gestion de l’économie à Cuba, qui reste fondamentalement socialiste. Le point de départ reste inchangé : l’économie est au service des réalisations sociales, comme l’accès gratuit pour tous à l’éducation, la santé, la culture et le sport. La meilleure garantie est que le peuple reste propriétaire des moyens de production en des résultats du travail (1). L’économie planifiée est maintenue et l’autorité continue a gérer les principaux secteurs économiques et stratégiques, qui restent le moteur pour le développement économique et social du pays. A côté de cela il y a une place pour des entreprises privées, soit de particuliers ou de cuentapropistas, soit de coopératives.

Dans un cadre socialiste.

L’autorité préfère la création de coopératives par rapport au cuentapropistas particuliers. Cette formule de collaboration rejoint étroitement l’idéal socialiste de propriété collective des moyens de production. Les coopératives garantissent également la participation et l’implication des membres, les « socios », à la production et à la gestion. Et les coopératives assument une responsabilité sociale envers la communauté, pour laquelle ils livrent des services. Les coopératives agricoles ont un statut légal depuis 1976. Depuis décembre 2012 l’autorité reconnaît également les coopératives non-agricoles. Cette préférence politique pour les coopératives se traduit dans un système de stimulants, qui offre aux coopératives des avantages que les travailleurs indépendants n’obtiennent pas. Ainsi les coopératives payent moins d’impôts, obtiennent plus facilement des crédits, et peuvent acheter leurs produits de base à des prix préférentiels.

D’entreprise d’état à coopérative.

L’actualisation du modèle économique est aussi due à la réalité économique,et l’autorité doit assainir ses dépenses. Par la création de coopératives l’autorité recherche par des moyens sociaux le passage d’entreprises d’état (2), qui n’étaient pas efficaces sous la gestion publique, pour leur donner plus d’autonomie. Des entreprises de secteurs non-stratégiques, comme la gastronomie, les soins aux personnes, le transport, le commerce de détail, des petits ateliers pour le textile, les meubles, etc. sont prises en considération dans ce domaine.

Une première expérience a été lancée pour les salons de coiffure. On a demandé aux travailleurs de prendre à leur compte la gestion des salons. Déjà en 2013, 1.387 salons de coiffure (3) travaillent sur base indépendante. Il était possible de reprendre le local et le matériel pour un loyer raisonnable. Les salons peuvent continuer l’achat de leurs produits de base à l’état, à des prix réduits de 20 %.

Un autre secteur pris en compte pour cette évolution est celui de la gastronomie. Cubadebate (4) a annoncé, en octobre 2014, que plus de 12.000 restaurants et entreprises de fourniture de ce secteur, comptant au total 134.402 travailleurs, seront progressivement transformées en entreprises privées ou en coopératives. 

Mais toutes ces entreprises n’ont pas adoptées immédiatement le statut de coopérative. L’autorité ne désire pas précipiter ce processus. Des visites d’inspection et des études externes (5) ont d’ailleurs constatées quelques manquements. Mais la route reste ouverte. Dans les trois premiers mois de cette année 16 nouvelles coopératives (6) ont été agrées, contre 22 l’année dernière. Le nombre global s’élève maintenant à 383, avec une concentration à La Havane (208), Artemisa (67), Matanzas (19, Mayabeque (15) et Pinar del Rio (12). Les principales activités sont : le commerce (131), la restauration (102), la construction (60), et de petits ateliers de production (49) (7). Pour 2016 230 restaurants de La Havane sont sur la liste pour le passage en coopérative. N’oublions pas de signaler que les coopératives peuvent également être créées par des citoyens qui se rassemblent pour monter une entreprise.

Pas à pas.

Il est évident que les adaptations économiques s’accompagnent de maladies infantiles (8). Chez les coopérateurs une des plaintes les plus fréquente, ainsi que chez les cuentapropistas, est la fourniture des produits de base. La pénurie de produits et de produits alimentaires est un problème pour l’ensemble de Cuba, tant pour le Cubain moyen que pour les entreprises. Pour remédier à ce problème l’autorité a créé des entreprises pour le commerce en gros, où les coopératives obtiennent des réductions jusqu’à 20 %. Cimex, Zaza, Gran Comercial sont quelques-unes des onze entreprises en gros qui doivent garantir les fournitures aux entreprises coopératives (9). Depuis le 2 mai 2016 les coopératives peuvent également passer des contrats directement avec des entreprises publiques. Mais cela n’exclut pas des erreurs, comme le signale le témoignage de Migdelis Azahares, président de La Casona : « Dans notre restaurant nous utilisons des produits qu’il nous faut parfois acheter dans les magasins de détail, et où il est parfois difficile d’acheter en grandes quantités ».

Un autre obstacle est la location de locaux et de matériaux que la coopérative reprend d’une ancienne entreprise publique. L’enquête de Cubadebate démontre que pas mal de restaurants payent des loyers trop élevés. « Les coopératives payent 10 CUC par mètre carré. Moi, je paye trois mille CUC par mois, plus encore mille pour le personnel… Notre coopérative à un petit volume de transactions, et nous ne pouvons plus augmenter nos prix, car nous nous trouvons pas dans un quartier central comme le Vedado (touristique) et la Vieille Havane », signale Manuel Gonález de Bien Me Sabe (10) dans le Nautico.

A la grande satisfaction des membres.

La majorité des socios, les membres-travailleurs des coopératives, sont très satisfaits du changement, surtout pour le salaire. En moyenne on gagne 1.680 CUP, soit trois fois ce qu’ils gagnaient auparavant, sans compter la participation aux bénéfices, payée à la fin de l’année. « Rien n’est facile », déclare Misael Valle (11), socio de San José de las Lajas à Mayabeque, une des 15 coopératives de recyclage de l’île. « Quand nous étions encore une entreprise publique, je travaillait aussi dur, et j’ai même reçu le titre d’avant-garde nationale…mais cette année 2016 nous gagnons 3.500 pesos par mois, contre 600 auparavant. Grâce à ça nous pouvons rénover notre maison ».

Pourquoi les entreprises publiques n’obtiennent elles pas le même résultat ? « je ne suis pas certain… », toujours selon Misael Valle ; « Il faut croire que dans la coopérative nous sommes plus concernés, nous sommes responsables de chaque dépense, nous payons pour le gaspillage en les pertes, tout dépend directement de nous, et cela nous stimule ». On note en général moins d’absentéisme, et la création de coopératives, comme celle d’entreprises privées, stimule l’économie locale. L’entreprise de recyclage mentionnée travaille avec 76 indépendants qui se chargent de la récolte de boîtes usagées, de bouteilles en plastic, de papier,etc. Et l’entreprise peut mieux les payer qu’auparavant.

Attention avec la transformation obligatoire en coopérative.

Les grands défis se trouvent surtout chez les entreprises publiques qui passent en coopérative indépendante. Une première enquête (12) a démontré que les coopératives les plus performantes sont celles créées par des personnes indépendantes. Dans trop d’anciennes entreprises publiques la décision a été imposée d’en haut, et les travailleurs ont eu l’impression qu’il n’y avait pas d’alternative. D’autre part les dirigeants et les comptables ne recevaient qu’une formation technique limitée. Mais personne n’était formé et préparé à fond sur le statut et le fonctionnement d’une coopérative en tant qu’entreprise en auto-gestion avec une responsabilité sociale. Un autre point faible reste la gestion économique déficiente. Une comptabilité transparente est difficile à cause du manque de preuves d’achats et de ventes. Et cela suscite une méfiance entre les socios.

Un exemple d’un passage réussi.

Autochapt est une entreprise de carrosserie, transformée en coopérative il y a un an.María Elena Benavides Sotolongo, déléguée syndicale raconte : « Nous avons maintenant une capacité de 2.000 voitures par an. Nos meilleurs clients restent les ministères. Même si la majorité a gardé ses ateliers et que nous sommes un peu plus chers, ils préfèrent AUTOCHAPT à cause de la qualité que nous livrons. Avec les bénéfices réalisés et grâce aux crédits des banques, nous avons démarré deux nouveaux ateliers, un pour le recouvrement des sièges, et un pour les véhicules lourds, comme des camions et des grues. Nous allons maintenant ouvrir une tôlerie pour les microbus et les camions. Nous avons 165 travailleurs, dont la majorité sont des socios. La loi actuelle prévoit que celui qui travaille depuis plus de trois mois dans l’entreprise, doit recevoir la possibilité de devenir socio.

En 2016 nous voulons consolider l’entreprise. Seulement après nous examinerons si nous continuons à étendre les activités.

Les socios se réunissent trimestriellement en assemblée générale, afin d’examiner les contrats en cours et la situation financière. On y discute aussi des autres aspects, comme le transport vers le lieu de travail. L’entreprise a acheté des motos électriques pour 80 travailleurs (des pièces détachées chinoises, assemblées à Villa Clara). Prix : 915 CUC, que le travailleur peut rembourser, sans intérêts, en 12 mois, une somme acceptable quand on sait que le salaire moyen est de 7 à 8.000 CUP, soit entre 280 et 320 CUC. L’assemblée générale élit les dirigeants par vote secret. L’ancien directeur de l’entreprise publique a été réélu, et Denis, un responsable de la production, a été désigné comme vice-président.

  1. http://www.cubadebate.cu/wp-content/uploads/2016/05/Conceptualizacion-Modelo-Economico-Social-Cubano-Desarollo-Socialista.pdf
  2. Camila Piñeiro Harnecker, Nuevas cooperativas cubanas : logros y dificultades, pag. 543. In : Omar Everleny Pérez Villanueva, e.a., Miradas a la economía Cubana, Análisis del sector no estatal., Ed Caminos, La Habana, 2015.
  3. Cubainformación, http://cubainformacion.tv/index.php/economia/52094-un-cambio-de-estilo-peluquerias-convertidas-en-cooperativas-en-cuba
  4. http://www.cubadebate.cu/noticias/2014/10/01/mas-de-12-mil-unidades-de-la-gastronomia-y-los-servicios-tecnicos-y-personales-pasan-a-la-gestion-no-estatal/#.V7BM7tSyNBc
  5. Dans la suite de l’article les coopératives non-agraires seront nommées coopératives tout court.
  6. http://www.cubadebate.cu/noticias/2016/06/29/autorizades-16-cooperativas-no-agropecuarios-en-primer-trimestre-de-2016/#.V7BCIdSyNBc
  7. Début 2014 le Centro de Estudios de la Economia Cubana CEEC et l’Asociación Nacional de Economistas de Cuba ANEC, ont réalisé un test chez 40 coopératives. Les résultats sont publiés dans : Camila Piñeira Harnecker – id. Point 2.
  8. http://cubadebate.cu/especiales/2016/05/30:cooperativas-no-agropecuarias-en-la-gastronomia-la-ultima-cena-fotos/#.V7BC6tSyNBc
  9. Id.
  10. http://cubadebate.cu/noticias/2016/05/15/cooperativas-no-agropecuarias-de-industria-mas-luces-que-sombras/#.V7BDddSyNBc
  11. Id. 2

Interview de l’ambassadrice.

Après beaucoup de coups de fil et d’échanges de courriels, finalement on a réussi ! Une interview avec la vraie et l’unique Norma Goicochea Estenoz, ambassadrice de Cuba en Belgique.

Qui est, enfait, Norma Goicochea Estenoz ?

J’aime parler de mes origines. Et j’en suis très fière. Je parle toujours avec fierté de ma famille et des opportunités qui m’ont été offertes par la révolution. Comme beaucoup je viens d’une famille d’ouvriers. Nous appartenions à une classe sociale très inférieure. Mes parents n’avaient jamais eu la chance de faire n’importe quels études, même pas les secondaires. Et pourtant c’étaient des gens très intelligents et des sages. Ma mère travaillait comme cuisinière pour les nobles. Mon père était chauffeur de camion. Ce sont mes parents qui ont forgé mon caractère et qui m’ont appris d’aimer mon pays et sa révolution. Leur vision de la vie, leur amour pour Cuba et leur solidarité ont toujours été un exemple pour moi.

Moi, je suis la mère privilégiée d’une gentille fille qui, en tant qu’enfant de son époque, est très dédiée à la révolution. Et entre temps je suis la grand-mère d’une magnifique petite fille. (Impossible de dire autre chose, car je ne serais pas une bonne grand-mère). Finalement je voudrais avoir plus de temps à passer avec ma famille.

Au point de vue académique, je suis licenciée en relations internationales, avec un master en défense nationale. Ces formations n’ont pas seulement marqué ma personnalité en tant que professionnelle, mais ont aussi contribué à ma formation comme révolutionnaire, comme Cubaine et comme patriote. Mais la base a été inculquée lors de mes études secondaires. J’ai suivi les cours à l’institut Comandante Ernesto Che Guevara à Ceiba del Agua, nommé aussi Ceiba 1. Cette école était la première construite dans l’idée qu’il faut lier les études au travail. Ceci cadre dans la vision de Fidel Castro, qui se basait sur la conception pédagogique de José Martí. C’est la que fut formée la nouvelle génération. Et cette jeune génération d’élèves de Ceiba 1 avait beaucoup d’amitié et de respect pour ses enseignants et les collaborateurs de l’école, qui se sont engagés pleinement à leur tâche : la formation de l’homme nouveau. Ils nous ont démontré qu’un meilleur monde est possible. Je garde donc les meilleurs souvenirs du temps passé à Ceiba 1.

Après ma formation j’ai commencé à travailler au Minrex (Ministère des Affaires Étrangères), où j’étais chargée surtout de thèmes multilatéraux. J’étais membre de la mission Cubaine aux Nations Unies, où je travaillais surtout pour la Cinquième Commission, spécialisée en administration et budgets. Parfois je devais aussi traiter des dossiers plutôt du domaine économique et/ou social. J’ai bien aimé travailler à la Cinquième Commission. Certains trouvent ce département trop technique, mais je ne partage pas ce point de vue. Je le trouve plutôt un organe politique, attribuant des moyens aux états membres, sur base des besoins.

Plus loin dans ma carrière j’ai été membre de plusieurs groupes spécialisés de l’ONU, et j’ai eu le privilège de représenter mon pays lors de nombreux forums internationaux. Je l’ai encore fait jusqu’en avril 2011, comme ambassadrice pour l’ Autriche, la Croatie et la Slovénie. Durant la même période j’étais également déléguée auprès de l’ Agence Atomique Internationale, l’ Organisation pour le Développement Industriel de l’ ONU et le Bureau de l’ ONU contre les drogues et les violences.

Je remercie la révolution pour la confiance qu’elle m’a accordé, et pour le privilège que je partage avec mes collègues de représenter mon peuple. Un peuple qui mérité sa place dans l’histoire, un peuple qui mérite la gloire et la victoire. (citation de Fidel).

Les valeurs reçues de mes parents restent un fil rouge dans mon caractère. Ils m’ont appris la tendresse, la joie de vivre et l’empathie pour les problèmes sociaux. J’aime l’art et la littérature. J’adore la poésie et la danse. La danse est une thérapie pour moi. Et j’adore ma famille et mes amis, avec qui j’aime passer du temps. Et puis je suis amoureuse de Cuba et de ses paysages. J’adore La Havane, et je ne peut pas fonctionner sans le Malecón. Sans Cuba je ne vis plus.

Quelle a été votre expérience la plus agréable ou la plus intense en Belgique ?

Voila une question intéressante. Je n’y ai jamais réfléchi. Depuis mon arrivée en Belgique, le 8 décembre 2014, j’ai vécu pas mal de choses, en majorité des choses agréables. Mais je pense que le moment le plus intense a été la nouvelle de la libération des Cinq. La plus belle expérience a été le privilège de pouvoir accompagner Adriana, Gerardo et Gema lors de leur séjour en Belgique en septembre 2015.

Vous êtes arrivée en Belgique lors d’une époque politique où les idées socialistes ont peu de succès.

Que signifie ceci au niveau professionnel ? Et quel sont, selon vous, les facteurs qui influencent et maintiennent cet individualisme omniprésent ?

Il m’est impossible de donner mon avis au sujet de la situation politique actuelle en Belgique. Mais mon expérience dans le domaine professionnel est malgré tout positive. Ceci est dû surtout aux bonnes relations et à l’interaction positive entre les deux gouvernements.

Nous constatons également beaucoup d’intérêt pour Cuba, tant du monde des entreprises, que du Belge moyen. Malgré cet intérêt, la presse continue a nous ignorer, et lorsqu’elle ne le fait pas, elle déforme la réalité cubaine.

Une des conséquences s’exprime lors de conversations, où mon interlocuteur me fait la remarque qu’il voudrait visiter Cuba avant que ça change. A chaque fois je répond que Cuba change depuis le 1/1/1959, quand nous avons entamé dans notre pays un processus révolutionnaire, qui a occupé toute la deuxième moitié du XXe siècle, et qui continue à ce jour. En 1961 Fidel à caractérisé ce processus de « La révolution socialiste et démocratique de Cuba est celle des humbles, avec les humbles et pour les humbles ». 

Il est important de savoir que Cuba maintient ses principes dans le domaine politique, et les maintiendra, et que Cuba défend sa souveraineté, ses idéaux, son indépendance et sa vision internationaliste, dans une lutte pour un monde meilleur. 

Cuba ne devient pas un pays capitaliste, mais reste un pays socialiste qui oeuvre pour un meilleur socialisme.

Quels sont, selon vous, les plus grands défis pour Cuba ?

Continuer à nous développer en un état socialiste durable. Notre économie doit être plus efficace, nous devons maintenir et renforcer notre projet juridique et notre conjoncture actuelle.

Que peut signifier la « solidarité » lors de la réalisation de ces défis ? Et pensez vous que la solidarité en général peut contribuer au projet cubain et aider le peuple cubain ?

La solidarité a toujours été très importante pour Cuba et le restera. Je crois le rôle de la solidarité vital pour le processus révolutionnaire et pour le peuple cubain.

La solidarité a contribué à notre développement économique et social, par sa participation aux brigades de travail, l’envoi de dons, et par sa présence à Cuba. Durant la période la plus difficile, la période spéciale, la solidarité nous a toujours tendu la main pour atténuer les souffrances du moment. Et elle a été un acteur important dans la lutte contre le blocus que les États-Unis nous imposent depuis cinq décennies.

Nous reconnaissons également le rôle politique de la solidarité. En tant que représentants des différentes organisations vous avez rappelé à vos gouvernements les réalisations de Cuba, vous avez démontré sans cesse que Cuba n’était pas seul et ne sera jamais seul. La solidarité a contré les plans de l’ Occident pour éliminer l’actuel gouvernement cubain. La campagne pour les Cinq en est un magnifique exemple.

La solidarité est un édifice qui, avec d’autres organisations internationales, a soutenu notre lutte pour la dignité et notre auto-détermination. Lors du dernier congrès du parti Raúl Castro s’y est référé : « Nous remercions les partis et les mouvements politiques, les organisations sociales, académiques, religieuses et intellectuelles, les artistes, les dirigeants syndicaux, les agriculteurs, les étudiants et les amis solidaires du monde entier, qui nous ont accompagnés dans notre lutte ».

Et puis la solidarité est indispensable dans la conjecture actuelle, malgré le rétablissement de relations diplomatiques entre les États-Unis et Cuba. Nous sommes convaincus que le mouvement de solidarité, dont les Amis de Cuba font partie, continuera à nous soutenir pour mettre fin à l’injuste blocus. Celui-ci est resté quasi intact, malgré la position d’ Obama et de certains membres de son administration. Nous savons que vous continuerez à nous soutenir dans notre exigence de restitution de la base de Guantánamo. Et qu’avec vous nous avons un allié contre les nombreuses tentatives pour renverser notre système politique, social et économique.

Quels sont les objectifs que vous voudriez réaliser lors de votre mission en Belgique ?

Notre travail consiste essentiellement dans la promotion des relations politiques, économiques et commerciales entre Cuba, la Belgique et le Grand Duché du Luxembourg.

Nous stimulons aussi la collaboration et le respect entre les diverses entités cubaines (gouvernement, assemblée nationale,…) et les institutions au sein de l’ Union Européenne. Nous faisons la promotion de Cuba et essayons d’offrir une meilleure compréhension de la réalité quotidienne de Cuba. Nous soutenons le rapprochement avec les résidents Cubains et la population locale. Et il est clair qu’un élément important de nos tâches consiste en la collaboration avec la solidarité et avec ceux qui respectent notre auto-détermination.

Quels sont, selon vous, les défis pour la solidarité ?

Collaborer pour un monde meilleur, que nous savons possible.

Alexandra Dirckx

CULTURA

LE CARNAVAL DE SANTIAGO DE CUBA – PATRIMOINE MONDIAL.

Le carnaval à Santiago de Cuba n’est pas tellement connu chez nous, bien que se soit l’un des plus importants de l’ Amérique latine. Et il est reconnu comme patrimoine de l’humanité.

Il se déroule toujours au mois de juillet, le mois le plus chaud à Cuba, et à un des endroits les plus chaud du pays. Les origines sont à chercher dans les fêtes de l’été, que les maîtres des esclaves autorisaient fin juillet, à l’occasion de quelques fêtes de saints. Le 25 juillet est également la fête de St. Jacques (Santiago en espagnol), le nom de la ville. Et le 26 juillet, fête nationale à Cuba, tombe également en pleine période de carnaval.

C’est un événement passionnant et coloré, d’un autre caractère que les fêtes de carnaval chez nous. Ici on se promène travesti en ville, mais à Santiago le but est d’aller travesti voir le défilé qui se déroule dans plusieurs rues de la ville, sur une centaine de mètres, où des tribunes sont érigées et où la population peur prendre place. Deux parties se succèdent : le carnaval des enfants et le carnaval des adultes. Le carnaval des enfants débute en fin d’après-midi, celui des adultes a lieu le soir. Le défilé a lieu chaque jour de la semaine de carnaval. Les deux défilés durent près de cinq heures. On y dance beaucoup et il y a de nombreux chars avec des danseuses riches en couleurs exotiques. Il y a même un char réservé aux personnes de poids… et qui emporte un grand succès.Les deux carnavals présentent une fête musicale, où la conga joue un rôle prépondérant. Plusieurs quartiers ont leur groupe de conga, constitué d’hommes qui battent les tambours sur un rythme obsédant, accompagné d’un homme qui joue de la trompette chinoise. Et cette année on y a même aperçu une femme. En préparation du carnaval les groupes de conga partent de leur quartier, entraînant une foule de plus en plus nombreuse. Ce qui suscite parfois des difficultés dans les rues étroites. Mais la gaieté domine partout. A quelques exceptions près Santiago est aussi la ville où sont nés la plupart des rythmes musicaux et des danses cubaines.

Cette année, les festivités se déroulaient sous le signe du proche anniversaire de Fidel Castro, le 13 août. Sur plusieurs banderoles on lui souhaitais un bon anniversaire, et plusieurs participants avaient peint un 90 sur leur joue.

Les groupes passent aussi devant un jury. Les prix ne sont pas en argent, mais en un classement des différents groupes, sur plusieurs critères, communiqué le dernier jour, et confirmé par un diplôme. La tension se lit sur les visages et l’explosion de joie est énorme pour le premier prix.

Le carnaval dure sept jours et, en dehors du défilé devant les tribunes, il y a tous les jours d’autres activités, partout dans la ville, qu’on désigne aussi par le nom de carnaval, mais sont en fait des fêtes de quartier, avec des spectacle musicaux, des stands de boissons et de nourriture, des jeux pour les enfants, etc. Des groupes connus s’y produisent, comme Candido Fabré et son groupe. Beaucoup de joie et d’ambiance, mais là les gens ne sont pas déguisés.

En août cela se calme, car en juillet Santiago fêtait aussi la « Fiesta del Caribe », avec des groupes de tous les pays de la région, et la « Fiesta del Fuego »… Plein de motifs pour affronter la chaleur et de passer le mois de juillet dans la deuxième ville de Cuba.

Regi Rotty

DEPORTES

Qu’a fait Cuba à Rio ???

Comme toujours nous avons suivi les prestations des Cubains lors des Jeux Olympiques, cette année à Rio de Janeiro.

120 sportifs (89 hommes et 31 femmes) ont fait le déplacement, pour un total de 19 disciplines. En tête l’athlétisme (39 personnes), le volley (12), la boxe et la lutte (10 chacun). A Pékin en 2008 Cuba avait gagné 24 médailles, et à Londres en 2012 il en avait 14. Combien de médailles cette année, et quelles prestations à l’avant plan ? Voilà notre recherche.

Cela commence plutôt mal. L’équipe de volley se déplaçait pour la première fois depuis 16 ans. Mais 8 joueurs de l’équipe nationale (18 personnes) étaient arrêtées en Finlande et toujours en prison pour l’enquête. Ils sont soupçonnés d’être mêlés à un viol dans leur hôtel, lors des compétitions de la World League en Finlande. Mais une équipe de 12 joueurs était à Rio. Sans grand résultat, car ils n’ont pas passé les épreuves de groupe.

Nivaldo Díaz et Sergio González, les joueurs de beach volley, ont mieux réussi.Dans leur premier match ils ont battu l’équipe brésilienne,e au classement mondial. Ils ont ensuite gagné le deuxième match, sans problèmes, contre le Lettons. Puis les Canadiens ont été battus. Ce n’est que dans les quart de finale qu’ils ont perdu contre deux Russes gigantesques : 22-20, 22-24 et 18-16.

On espérait beaucoup de la boxe, mais le coach fut déçu. Les Ousbèques se sont manifestés en force. Malgré tout des médailles ont été engrangées. La première médaille est revenue à Joahnys Argilagos n dans la catégorie des 49 kg. Sa prestation a fait penser au Mohamed Ali des grands jours, par la frivolité de sa danse dans le ring. Mais Joahnys ne pèse même pas la moitié du « plus grand ». Erislandy Savón (91 kg) a obtenu le bronze, ainsi que Lázaro Álvarez (60 kg), et puis il y a eu trois médailles d’or pour Robeisy Ramírez (56 kg), Arlen Lopez (75 kg) et Julio César de la Cruz (81 kg).

En poids, pour la première fois une femme cubaine participait, Marina de la Caridad Rodriguez (21 ans). Elle a terminé huitième.

Normalement la récolte en médailles est bonne en athlétisme, mais cette année c’est la déception. Uniquement une médaille de bronze pour le disque-dames, pour Denia Caballero, et la sixième place pour le 4×400 mètres et dans le 10 (Leonel Suárez). Ou faut-il se consoler avec les Cubains d’origine. Ortega Orlando, un Cubain naturalisé Espagnol a obtenu l’argent aux 110 mètres haies. A signaler que Pichardo, blessé, n’a pas pu participer.

En judo également, les résultats sont maigres. Une médaille d’argent pour Idalys Ortiz (+78 kg) est l’unique réussite.

En gymnastique nous avons pu assister aux belles prestations de Manrique Larduet, qui, malgré une blessure, se qualifiait pour les finales, et a raté le bronze de peu. Mais se classer parmi les 8 meilleurs du monde, ne venant pas d’un pays à gymnastique, donc lésé par les arbitres, est une belle prestation.

En lutte gréco-romaine Cuba c’est fait remarquer. Mijaín Lopez, un coloose de 130 kg, a obtenu l’or pour la troisième fois. Ismael Borrero a obtenu l’or en 59 kg, et Yasmani Daniel Lugo Cabrera l’argent en 98 kg.

Au total 5 médailles d’or, 2 d’argent et 4 de bronze, mieux que la Belgique, mais moins bien qu’il y a quatre ans. Cuba reste fort en sports de combat (en Teakwondo il y a également de la qualité), mais en athlétisme et en sports d’équipe il y a du travail à faire. (Le base ball a été exclu comme sport olympique). 

Mark Lamotte

REGIONALES

GAND

Pour remplir le 47e conteneur, la régionale de Gand a été jusqu’à Landen, près de Louvain. Le home pour anciens OLEYCK nous avait contacté, car suite à un déménagement, on nous offrait une grande quantité de meubles.

L’offre été de bonne qualité : des lits haut/bas électriques, des tables de nuit avec frigo, des fauteuil relax quasi neufs, et quantité de petit matériel. Le projet de remplir deux conteneurs a été abandonné, après la demande d’une autre organisation pour envoyer la moitié du matériel au Congo.

Nous avons travaillé en deux jours. Une première équipe le samedi, pour démonter les meubles et les descendre du deuxième étage au rez-de-chaussée. La deuxième équipe le dimanche, pour charger le conteneur.

Un beau week-end ensoleillé, pour une bonne ambiance, mais transformant le conteneur en un four. Un bon résultat, mais qui a coûté beaucoup de transpiration. Alejandro, le premier secrétaire de l’ambassade de Cuba, ainsi que deux Cubains de passage en Belgique, ont activement participé.

Une fois de plus nous avons rempli le conteneur, et nous sommes convaincus qu’à Florida-Camagüey on sera heureux avec ce matériel très utile. Grâce à la régionale d’ Anvers il y avait aussi 20 boîtes de livres en Esperanto.

Pour le conteneur 48 les choses se précisent. L’asbl St-Lodewijk à Kwatrecht prévoit le déménagement de l’internat pour fin septembre, et nous planifions un chargement en octobre. Puis nous allons un peu mettre le frein, non pas par découragement, mais sous pression de la caisse.

Pour une première fois les Amis de Cuba étaient présents en Allemagne avec un stand d’information, invités par Cuba Sí – Berlin, pour leur 25e anniversaire. Une fête comparable à Manifiesta, en petit. Nous avons ressenti beaucoup d’enthousiasme pour notre participation, et l’intérêt pour notre stand en témoigne.

A refaire, car combiner cette activité avec une visite à cette ville passionnante vaut certainement la peine. 

Marc Wuytack

FacebookTwitter