5. La période américaine
La situation perdure jusqu’en 1902 quand Cuba obtient finalement
une sorte de « Constitution », basée sur celle des Etats-Unis, mais
avec un amendement important en annexe : l’amendement Platt (du nom du
sénateur Orville Platt). Cet amendement stipule, entre autres, que les
Etats-Unis gardent le droit d’intervenir militairement à Cuba à chaque
fois qu’ils l’estiment nécessaire. Y est inclus également
l’établissement d’une base militaire des Etats-Unis sur l’île, à
Guantanamo, pour une durée illimitée.
Cela ne dura pas longtemps pour que les Etats-Unis usent de leur
droit d’intervention. Une première intervention militaire a lieu en
1906 (avec une occupation jusqu’en 1909). En 1912 ils reviennent pour
mater une révolte d’anciens esclaves et en 1917 une nouvelle
intervention a lieu, cette fois-ci pour garantir les livraisons de
sucre durant la Première Guerre Mondiale.
Les années ’20 sont marquées par la dictature de Gerardo Machado,
connu pour ses méthodes fortes face à n’importe quelle agitation.
Durant sa dictature le tourisme américain se développe, basé sur les
casinos, les bars et la prostitution. Aux Etats-Unis régnait la
prohibition (consommation d’alcool illégale) et beaucoup d’Américains
venaient à Cuba pour boire et s’amuser. Entre temps les entreprises
américaines avainet accaparé 2/3 des terres agricoles et la majorité
des mines à Cuba.
Durant la grande dépression de 1929 des troubles sociaux éclatèrent
pour protester contre la pauvreté de la population, contrastant avec
l’extrême luxe et les dépenses des classes supérieures et des
Américains. En 1933 Machado est renversé durant une grève générale et un
certain sergent Fulgencio Batista prend le pouvoir. Il reste chef
d’état major et dirigeant de l’armée jusqu’en 1940 et dirige
effectivement le pays. En 1940 Batista propose une constitution
démocratique et se fait élire président. Ensuite les années ’40
deviennent une période politique chaotique où divers candidats de
partis récemment constitués se succèdent à un rythme accéléré. La
situation économique de la majorité des Cubains reste inchangée et pour
les élections de 1952, où se présente un jeune candidat du Parti
Ortodoxo –un certain Fidel Castro Ruz-, le résultat est incertain.
Batista prend les devants et par un second coup d’état il jette à la
poubelle sa propre constitution démocratique de 1940. Dans cette
deuxième moitié des années ’50, la moitié des terres, industries et
services de Cuba sont aux mains des étrangers. Batista et compagnie se
sont scandaleusement enrichis par la corruption et avec avidité, alors
que le Cubain moyen continue à travailler et à vivre dans la pauvreté.