Cuba Si 223 – Traduction

Cuba Si 223 – Traduction

LA  VIE  Á  CUBA  –  UN  TÉMOIGNAGE.

                                                                                                                                    Regi Rotty

Ci-après je partage avec vous encore quelques impressions récentes de mon séjour à Cuba en 2024.

Le festival annuel « Festival de la Trova » a été une belle édition annuelle avec, une fois de plus, les meilleurs groupes de Santiago de Cuba, sans aucun doute la capitale musicale de Cuba. Il y avait la Familia Valera Miranda, Estudiantines Invasores, Guitarras y Trovadores, Son Diamante, Septeto Cumbre, Moneda Nacional, JJ Son, Septeto santiaguero, Septeto de la Trova, et plein d’autres groupes. On pouvait aussi y saluer des musiciens marquants comme Alejandro Enis Almenares, 90 ans, une icône avec un sens de l’humour spécial, et Gabino Jardines, décédé récemment, avec leur jeu de guitare virtuose.

Comme d’habitude des concerts avaient lieu dans différents endroits de la ville, jusqu’à la prison, car les prisonniers aussi ont droit à leur portion de culture musicale. Le cimetière n’était pas oublié avec une prestation musicale sur les tombes de musiciens comme Compay Segundo, probablement le plus renommé. Bref, quelques jours de plaisir musical, un peu tempéré cette année par les coupures de courant électrique durant le festival. Les orchestres ne se laissaient pas intimider et jouaient sans amplification, la guitare basse étant remplacée par un exemplaire acoustique avec un son remarquable. L’expérience était tellement intense que le public intégrait l’orchestre et chantait avec conviction. L’ouverture, le soir, du festival au Parque Cespedes était comme toujours une expérience grandiose où l’éclairage était garanti. Les autres soirées il n’y avait pas d’éclairage, un sentiment étrange que je n’avais jamais vécu en plus de vingt ans que je visite Cuba. Le Parqye Cespedes est avec le Plaza de Marte, le parc le plus connu à Santiago. Uniquement l’Hôtel  Casa Grande, disposant d’un générateur, éclairait faiblement le Parque Cespedes. A cause du manque de combustible  il faut épargner l’électricité qui est livrée parcimonieusement. Et cela vient aussi d’un manque de fonds dû au blocus de Cuba par les États-Unis, qui coûte plus de cinq milliards d’euros par an. Et les conséquences financières de la pandémie se font encore sentir.

Les interruptions de courant électrique de 5 heures par jour en moyenne font craindre les mois chauds de l’année, où un ventilateur fonctionnant peu faire la différence entre dormir ou ne pas dormir. Cela inquiète beaucoup les gens, ainsi que les hausses de prix à cause de l’inflation. Le gouvernement a augmenté les salaires, mais pas pour tout le monde, par manque d’argent. Les augmentations ont été prioritaires dans deux secteurs, les soins de santé et l’enseignement, dans lesquels la révolution cubaine a toujours investi avec force.

La lutte contre la corruption avancée régulièrement par le président, n’a pas, ou pas encore, le résultat escompté  Les conditions de vie compliquées des Cubains par le blocus sans cesse renforcé sont sous pression constante et font que les Cubains cherchent aussi des solutions hors la loi. Actuellement il n’est pas étrange que exceptionnellement des médicaments produits à Cuba sont introuvables dans les pharmacies, mais circulent sur le marché noir. Ceci limite le droit à la santé car pas tout le monde ne peut se payer les prix du marché noir. Parfois il manque des produits comme les anesthésiants et le patient doit se rendre à la capitale où il y en a de disponible. Je connais le cas d’un homme avec une fracture du bras qui a attendu trois mois pour une opération à cause du manque d’anesthésiants. Les bouts fracturés s’étaient entre temps soudés, mais mal, et il a fallu fracturer  le bras une deuxième fois pour le soigner définitivement.

La crise a aussi pour conséquence l’exil de nombreux Cubains. Ce sont souvent des gens dont les connaissances et l’expérience sont utiles pour la société cubaine, ce qui rend leur départ défavorable pour le pays. Mais de nombreuses personnes âgées quittent également le pays. Mais pas tous ceux qui le voudraient ne peuvent partir car pour cela il faut assez d’argent et tout le monde n’en dispose pas. Des séparations familiales sont fréquentes. Une partie de la famille reste à Cuba et les autres ont déménagé à l’étranger et ils ne se voient plus aussi souvent qu’ils ne le voudraient. Cela est certainement le cas pour les Cubains qui vivent aux États-Unis où une ou deux semaines de congé par an sont normales, ce qui ne donne pas beaucoup de temps à consacrer à la famille. Dans les émigrations les divorces sont pénibles. Que faut-il penser du cas où une mère cubaine a émigré en Espagne car elle a des grands-parents espagnols qui lui ont procuré un passeport et où le père cubain travaille aux États-Unis et dont l’enfant est resté à Cuba ? Et  aucun des deux parents ne veut accorder l’accord que l’enfant puise aller vivre avec l’autre parent.

La crise a aussi tempéré l’enthousiasme pour la révolution et a suscité plus de laisser aller, parfois de la déception, car la révolution cubaine a difficile pour affronter la crise. Les gens espéraient le charisme de Fidel, mais personne n’égale ce charisme. Beaucoup estiment que Fidel aurait pu résoudre cette crise, mais Fidel n’a jamais eut à faire à une crise d’une telle ampleur, n’a jamais du combattre les conséquences d’une pandémie et n’a jamais subi un blocus aussi féroce que l’actuel.

L’objectif du gouvernement est d’obtenir des devises pour mieux faire face à la crise. Stimuler le tourisme est un moyen. Ainsi le spectacle du Tropicana à La Havane reste le show du plus grand cabaret à ciel ouvert au monde, un classique de niveau à conseiller à chacun. J’y ai été récemment avec une famille cubaine, pour laquelle le prix est fixé à 2500 cup, avec un repas chaud, une bière Cristal et un quart de litre de rhum Havana Club Añejo Especial, avec le cola indispensable. Le Tropicana à Santiago est comparable mais à moins de spectacles par semaine.

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LE  PARADOXE  DU  TOURISME  CUBAIN : UN  SECTEUR  EN  CRISE  COMME  LEVIER  POUR  UNE  REPRISE  ÉCONOMIQUE ?

                                                                                                                                     Wim Leysens

En avril de cette année j’ai fait un circuit touristique à Cuba avec ma famille. La crise économique s’est manifestée immédiatement. Ce qui se remarquait le plus c’est le nombre réduit de touristes dans les rues de la Havane, les hôtels fermés et les cartes de menus très limitée. J’ai soumis quelques questions que je me posais à Julian Morales, le secrétaire général  du Sybdicat national du Tourisme et de l’hôtellerie (SNTHT).       

Le secteur touristique face à deux défis.

« Le tourisme est la locomotive de l’économie nationale. Il est donc essentiel d’encore le développer » nous déclare Julio Morales. Le tourisme est le secteur économique le plus important de Cuba, mais doit se relever d’urgence d’une profonde crise. 2019 a été une année record pour Cuba avec 4,6 millions de touristes. A cause du Covid-19 le tourisme c’est arrêté comme dans beaucoup de pays touristiques. En 2022 le pays a accueilli 1,7 millions de touristes et en 2023 on atteignait 2,7 millions.       

Selon Morales il y a trois facteurs internationaux qui rendent difficile la reprise du secteur. Le blocus nord-américain cause des pénuries dans les chaînes de fourniture des matériaux d’entretien des hôtels et même pour la nourriture de la clientèle. Le fait que les États-Unis ont repris Cuba sur la liste des pays qui soutiennent le terrorisme est un deuxième facteur. Cela fait peur aux touristes et complique les transactions financières des tour-opérateurs étrangers avec Cuba. Un troisième élément est l’information négative dans la presse internationale, où les touristes sont prévenus de troubles possibles, de vols ou de prostitution. Ce sont des information fausses car Cuba reste encore toujours un des pays les sûrs.

A côté il y a des facteurs internes qui rendent la reprise du tourisme difficile. L’économie cubaine est en crise. Quelques exemples : il y a quelques années Cuba produisait des matelas pour les hôtels.
Par manque de devises l’entreprise ne pouvait plus importer des matières premières et la favrique est tombée sans travail. L’industrie du tabac souffre également d’une diminution de la production de cigares, ce qui diminue l’attrait des « casas de tabaco » chez les touristes. Le pays produit moins de nourriture ce qui a des conséquences pour la fourniture des hôtels.

Le management dispose de l’autonomie pour livrer de la qualité.

Nous en avons fait l’expérience nous-mêmes. Quand nous allions manger dans un restaurant de l’état, le maître d’hôtel commençait par nous énumérer les plats et les menus non disponibles. Pourtant les restaurants privés réussissent à proposer des plats variés et excellents. Julio Morales admet la situation. Les particuliers peuvent plus facilement de la nourriture et d’autres produits et même en importer. Les entreprises publiques sont liées plus strictement à la gestion nationale pour s’approvisionner sur le marché national et éviter les importations. Et Morales signale la responsabilité d’un service moins efficace aux gestionnaires locaux. Ces dernières années les entreprises publiques disposent de plus d’autonomie. Que l’autorité assume les pertes, ce qui était le cas auparavant, n’est plus à l’ordre du jour. Le syndicat a passé un accord clair avec l’administration de l’état. Des bénéfices de l’entreprise 35% va à l’état national/ Des 65% restants la moitié va a des primes extra pour le personnel. Dans la mesure où le restaurant fait plus de bénéfices le revenu des travailleurs augmente, et ils ont donc tout intérêt à bien soigner les clients. De l’autre moitié 30% est destiné à l’amélioration de l’infrastructure ou du service. Ceci offre au management l’espace pour investir dans la qualité, également du menu. Le reste des bénéfices est consacré à la construction de maisons pour les travailleurs ou à d’autres avantages sociaux, comme des prêtes pour l’achat de matériel domestique.

Le paradoxe : le tourisme est à la fois une part du problème et de la solution.    

Le secteur touristique n’échappe pas à la crise. La pénurie de produits de base, la qualité moindre des buffets dans les hôtels, les cafés vides, les coupures de courant, le manque de combustible : ce sont des facteurs qui découragent les touristes qui rêvent de vacances sans soucis. Et ainsi la tourisme cubain tombe dans une réaction en chaîne négative : moins de satisfaction chez les touristes – demande en baisse – sous occupation des hôtels – moins de revenus – moins de qualité. S’y ajoutent les destinations alternatives comme Cancún au Mexique et Punta Cana en République Dominicaine. Les tours-opérateurs ont vite fait leur compte. Depuis mai 2024 la compagnie aérienne TUI a remplacé tous ses vols de Varadero à Punta Cana, à partir de Bruxelles et Amsterdam. 

Il est paradoxal que le tourisme souffre de la crise économique et est en même temps le secteur dont l’autorité fait le levier pour une reprise économique. Car peu de secteurs nationaux ont le potentiel du tourisme pour générer les entrées et les devises plus que nécessaires. Julio Morales est d’avis qu’il n’y a pas d’autre voie que se consacrer au tourisme. Rien n’indique que l’île atteindra le chiffre record de 2019. Cuba a près de 3.000 km de côtes avec les plus belles plages et le pays parie sur cet atout. Mais le pays doit également attirer d’autres catégories de touristes en diversifiant l’offre. Cuba dispose d’une riche culture, une magnifique nature et une histoire passionnante qui offrent des opportunités pour organiser des offres adaptées. Par la haute qualité du système de santé le pays veut attirer le tourisme de santé pour les étrangers qui veulent se faire soigner à Cuba. Servicios Médicos Cubanos offre des traitements pour toute une série d’affectations comme la désintoxicarion de drogues, le diabète, le cancer de la peau, etc.

Cuba ouvre les portes pour de nouveaux marchés.

Morales voit aussi des possibilités pour aborder de nouveaux marchés. Mais il doit d’abord exprimer sa colère du fait que  le marché le plus évident reste fermé, car les États-Unis interdisent les visites à Cuba pour du tourisme à ses citoyens. Ceci étant dit les Canadiens forment le plus grand groupe de touristes. A la deuxième place on trouve les Russes. Il y a peu Cuba et la Russie ont signé des accords qui doivent promouvoir le tourisme, avec succès. Durant les trois premiers mois de l’année plus de 75.000 Russes ont visité Cuba, le double qu’en 2023 sur la même période. Les Canadiens et les Russes réservent essentiellement des vacances au soleil « all-in ». Ils quittent à peine leurs hôtels sur les plages. Le tourisme européen est plus diversifié, mais encore réduit. Si les européens négligent ainsi Cuba c’est aussi parce que les États-Unis excluent ceux qui ont visité Cuba du formulaire ESTA nécessaire pour un voyage aux USA.

Cuba vise aussi son continent. De nouvelles liaisons aériennes sont ouvertes avec le continent latino-américain. L’île espère  de nombreux visiteurs du Mexique et d’Argentine. La Chine est également visée. Lors de la Foire Internationale du Tourisme FIT-Cuba, début mai, le ministre du tourisme Juan Carlos García Grande, a annoncé que les citoyens chinois peuvent maintenant visiter Cuba sans visa. Depuis le 17 mai Air China a ouvert deux vols par semaine de Pékin à La Havane, avec une escale à Madrid. Et il a également annoncé que la possibilité est ouverte pour régler une demande de visa par la voie électronique.

Le tourisme peut-il gagner son pari ?

Espérons que ces efforts vont remplir les hôtels vides car la situation actuelle est inquiétante. 67% des hôtels sont gérés par 18 chaînes étrangères, essentiellement du Canada et d’Espagne, avec une offre de55.750 chambres, occupées à seulement 25% par 2,7 millions de touristes en 2023. Ceci est insuffisant pour compenser les gros investissements des chaînes hôtelières étrangères. Pour 2024 le gouvernement cubain vise les 3,2 millions de visiteurs. Lors de FIT Cuba le ministre a annoncé fièrement que Cuba avait souhaité la bienvenue au millionième touriste. Mais il a reconnu que atteindre le chiffre sera difficile mais pas impossible.

Nous avons vécu la sous-occupation. Remedios, au nord de Santa Clara, un des plus anciens villages de Cuba avec un magnifique centre colonial, compte quatre hôtels magnifiques rénové il y a quelques années. Selon les projets de l’autorité Remedios devait offrir une alternative à Trinidad, très visité. Durant notre séjour deux hôtels étaient fermés et le troisième n’offrait pas de services faute de clients. La question se présente dès lors si les investissements lourds valaient la peine, certainement dans le contexte actuel où les services de base par le gouvernement, y compris les soins de santé, ont baissé en qualité ces dernières années. Il n’est dès lors pas étonnant que les Cubains posent des questions au sujet des lourds investissements pour la restauration de bâtiments historiques du vieux centre de La Havane ou pour la construction d’encore plus d’hôtels soleil et mer. A plusieurs reprises nous avons entendu : « Cet argent serait plus utile pour relancer l’agriculture. »

Sources

° Conversation avec Julio Morales, 19 avril 2024.

° Communication du Ministère des Affaires Étrangères (MINREX)

°Servicios Médicos Cubanos.

°http://efe.com/economia/2024-05-02/radiografia-del-turismo-en-cuba/

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LE  SPORT  Á  CUBA : BIEN  PLUS  QUE  LA  CHASSE  AUX  MÉDAILLES  OLYMPIQUES.

                                                                                                                             Gunnar Vergauwen

Alors que la situation économique et sociale est dans une impasse pour la plus grande des Caraïbes, les fonctionnaires cubains du secteur des sports font tout pour revenir des Jeux Olympiques à Paris avec une belle collection de médailles, parmi les pays les mieux classés. La communauté sportive cubaine, une excellence depuis le dernier demi siècle, certainement en tant que petit participant, est considéré avec les grands capteurs de médailles, parmi les meilleurs médaillés. En 2023, avec les graves difficultés économiques et l’étranglement économique, contre toutes les règles de droit internationales, pour encore plus étrangler les Cubains, pas moins de 17 athlètes de premier plan ont quitté Cuba. Les prestations du pays au sommet des prestations sportives sont donc menacées, mais pas encore dramatiques : en juin 2023, lors des jeux d’Amérique Centrale et des Caraïbes à San Salvador, Cuba a obtenu le chiffre impressionnant de 196 médailles. Lors des Jeux Panaméricains d’octobre 2023 à Santiago de Chile, les sportifs cubains sont rentrés avec 69 médailles, cinquième au classement par pays.

Constatation réelle : on n’atteint plus les succès des années de gloire (1970-2000). Ces vingt dernières années Cuba est devenu un pays à émigration et ne réussit pas de fixer les athlètes au sommet à leur nation. On ne peut ignorer le déclin des sports nationaux par excellence : la boxe et le base-ball, au regret de beaucoup de Cubains. L’état du sport cubain n’est plus ce qu’il a été et même si quantitativement l’espoir de médailles pour la délégation cubaine aux Jeux Olympique est modeste, il n’est pas question de défaitisme. Cuba a l’ambition d’atteindre une fois de plus une place dans les vingt pays au sommet. Pour ceux qui doutent, n’oublions pas que la perle des Antilles, il y terois ans à Tokyo, juste avant le Covid-19, devenait 14ème, et où seulement deux pays comme les Pays Bas et la Nouvelle Zélande, comparables en nombre d’habitants, ont fait mieux.

La chasse aux médailles internationales reste une conséquence de la lutte de prestige entre deux blocs de pouvoir durant la guerre froide, mais le sport à Cuba est bien plus que les muscles gonflés dans les arènes internationales à la gloire du système politique. Dès la libération du joug néo colonial (1 janvier 1959) le sport à Cuba est ancré sur des motifs humanistes pour mettre fin au caractère répressif des hiérarchies sociales sous le dictateur Batista, afin de le transformer en un grand programme d’avancées sociales. JoséMartí, le Père de la Patrie, avait déjà prévu la direction que devait prendre la révolution sociale dans le pays « La mère du décorum , la vitalité de la liberté,  le maintient de la République et le remède contre ses vices est, au-dessus de tout la diffusion de la culture » (Lettre de New York, 1886). les nouveaux dirigeants révolutionnaires, Fidel Castro et Ernesto Guevara, les deux des sportifs reconnus, ont mis fin au joug colonial dans l’esprit de Martí etv ont confié le rênes de l’économie et de la culture aux mains de nouvelles institutions étatiques souveraines de planning rationnel et d’organisation, justifiés et légitimés eux-mêmes par le surgissement  des organisations de masse révolutionnaires.

Avant 1959 le sport à Cuba était une affaire des élites et de la (petite) bourgeoisie. La majorité de la population, les ouvriers pauvres et les paysans, en était exclue et ne pouvait pas participer au mouvement olympique du pays en formation, tout comme elle était exclue des « hautes » activités culturelles. La gestion des sports était aux mains de la classe bourgeoise dominée par le capital et l’idéologie nord-américaine. Elle créait les clubs et propageait une culture de « du pain et des jeux » avec le base-ball professionnel, la boxe, les combats de coqs et les jeux du hasard, appréciés par le peuple. Avant 1959 le peuple cubain, quasi analphabète, était un corps passif au lieu d’un joueur actif. 

Avec le triomphe de la révolution un des objectifs culturel des plus importants était l’éducation physique du peuple : non pas de gains professionnels aliénants et de divertissement abêtissant, mais le développement de l’homme nouveau, le corps et l’esprit en harmonie. Déjà le 13 janvier 1959, à peine deux semaines après la grande victoire, Fidel soulignait : « Le jeu doit disparaître dans sa forme commerciale ». Il avançait ainsi l’idée que la nouvelle ère révolutionnaire à Cuba devait éliminer les habitudes ancrées des sports et des jeux, pour renaître en un besoin social pour tous. Le Cuba révolutionnaire voulait faire correspondre le sport et le temps libre avec les idéaux humanistes les plus élevés et avançait la nouvelle gestion des sports en point culminant de la longue lutte de libération des couches populaires cubaines/

De nombreux larges programmes culturels, les subsides pour la nourriture, les moyens sociaux, les campagnes d’alphabétisation, la démocratisation de l’enseignement, le développement de la science, et la collaboration internationale intensifiée, forment la base pour une gestion sportive unique qui a contribué à la gloire de la plus grande île des Caraïbes.

La gestion des sports était par principe centré sur le développement d’un mode de vie sportif et sain. En 1961 chaque forme de sport professionnel était bannie et on encadrait l’amateurisme, en accord avec le caractère socialiste explicite affirmé par la révolution cubaine. Les masses populaires reprennent les anciens clubs sportifs en les nommant clubs sociaux. Ceci rejoignait la lutte de la révolution contre la discrimination sociale, et contre le racisme en particulier. Les femmes sous-représentées obtenaient une égalité et participaient activement aux activités sportives. La même année les initiatives des dirigeants cubains se concrétisaient  dans la création de l’Institut pour les Sports, l’Éducation physique, et la Récréation (INDER) avec pour objectif de promouvoir et d’organiser les activités sportives dans toutes les provinces du pays. L’Inder créé aussi des écoles pour la formation de professeurs d’éducation physique, des écoles d’initiation et des centres d’entraînement. La médecine des sports est institutionnalisée et à La Havane surgit une Université des Sports. Contrairement à ce que l’on  pourrait penser chez nous, le gouvernement révolutionnaire installe une industrie autochtone pour divers équipements sportifs établissant ainsi la base matérielle pour la réussite de la politique sportive,et une avancée stratégique pour contrecarrer la dépendance des importations. Le pas logique suivant est le lien entre les syndicats et les autres organisations de masse avec la gestion sportive. Chaque citoyen cubain disposait de l’opportunité pour exercer un sport au sein de son centre de travail, ministère ou unité de garde révolutionnaire. Un renouvellement essentiel et important concernait la base de la pyramide : à partir de maintenant chaque enfant cubain, y compris ceux des couches les plus vulnérables, avait droit à l’enseignement et à la culture physique. Les meilleurs jeunes sportifs étaient dirigés vers des institutions sportives spécifiques, la base des triomphes Olympiques du pays caribéen socialiste.

Ce n’est pas un secret que durant la guerre froide le sport était un spectacle de lutte. Gagner dans des rencontres sportives internationales était l’équivalent d’une guerre gagnée. Les sportifs cubains étaient et sont conscients que l’exercice de leur sport formait une part importante de la défense de leur pays contre l’ennemi impérialiste.  Quand Cuba a récolté les résultats de sa gestion sportive révolutionnaire, le pays n’a pas hésité pour souligner, dans un esprit humaniste, que les gens et les peuples sont égaux, mais que certaines idées et convictions, et donc des systèmes sociaux, sont supérieurs aux autres.

Encore aujourd’hui les dirigeants cubains présentent les succès sportifs en termes sociaux : le triomphe du développement scientifique, culturel et pédagogique d’un pays socialiste.   

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