Cuba Si 222 – Traduction
TERRORISTES ? QUI ?
Freddy Tack
Tout le monde est au courant que Cuba a été remis par Trump sur la liste des pays qui soutiennent le terrorisme. Cette reprise cause des dommages sérieux pour Cuba dans les domaines économiques et financiers.Depuis lors de nombreuses banques et organismes internationaux ont suspendu leur collaboration avec Cuba et les transactions financières internationales sont un cauchemar quotidien pour les autorités cubaines. Les investissements étrangers sont également touchés, ainsi que d’autres secteurs financiers et commerciaux. La reprise sur cette liste en plus du blocus toujours renforcé sont à l’origine des énormes difficultés qui frappent le peuple cubain dans la vie quotidienne.
Contradictions.
On peut d’ailleurs se poser de nombreuses questions au sujet des contradictions incompréhensibles dans la gestion par les autorités nord-américaines.
La 8 février avait lieu à Washington DC une réunion au sujet de la lutte contre le terrorisme, la traite illégale d’êtres humains lors de migrations, du trafic de drogues, et d’autres thèmes qui concernent la sécurité des deux pays. La délégation nord-américaine était composée de participants de la Sécurité Interne, de la Justice et de l’ État. La délégation cubaine était représentée par des délégués du Ministère des Affaires Intérieures, de la Haute Cour de Justice et des Douanes.
Quand même étrange de mener des négociations officielles au sujet de la lutte contre le terrorisme avec des représentants d’un pays que l’on reprend sur la liste des pays qui soutiennent le terrorisme ?
Cuba a estimé que la rencontre c’est déroulée dans une sphère de respect et de professionnalisme. Cuba a informé la délégation des États-Unis aux sujet de personnes séjournant aux USA et identifiées comme ayant des liens avec le terrorisme, la traite de personnes humaines et d’autres activités illégales.
Les deux délégations étaient unanimes au sujet de délits transfrontaliers qui exigent une collaboration les combattre, et également pour poursuivre la collaboration dans ce domaine.
Qu’y a-t-il à la base de cette collaboration ?
La collaboration dans ce domaine remonte au gouvernement Obama, avec un mémorandum signé le 16 janvier 2017. Il établit des échanges d’information au sujet de huit thèmes, comme la sécurité informatique, les migrations illégales, la collaboration juridique, la lutte contre le terrorisme.
La rencontre récente est la sixième de l’exécution de ce mémorandum. En ce qui concerne les informations fournies par Cuba les agences fédérales nord-américaines ont parfois envoyé un accusé de réception, soit sont restées sans réponse. A la fin de cette sixième réunion le parti nord-américain a publié un communiqué de presse mentionnant que les échanges avec Cuba répondent à « l’intérêt national » des États-Unis. Une déclarations en contradiction totale avec les pratiques anti-cubaines et certainement avec la reprise sur la liste des pays qui soutiennent le terrorisme.
Si la politique envers Cuba était basée sur « l’intérêt national » des États-Unis la sécurité des migrants devrait passer avant la traite de personnes humaines, il y aurait plus de collaboration inter universitaire et moins de vol de cerveaux. Il y aurait plus d’avances dans les sciences et plus de vies humaines seraient sauvées. Le budget fédéral des États-Unis serait utilisé pour des objectifs productifs et non pour des déstabilisations extérieures. Le commerce se développerait et non l’inflation des prix sur le marché de tiers. La véritable culture apparaîtrait dans les théâtres au lieu du mercantilisme des amusements commerciaux. Et un voyage temporaire remplacerait les migrations définitives.
Des experts de l’ONU se prononcent (08/02/2024).
Des experts de l’ONU des Procédures Spéciales du Conseil des droits humains ont déclaré que la liste unilatérale des États-Unis de pays qui soutiennent le terrorisme est une violation des droits humains. Les signataires sont : Alena Douhan (rapporteur spécial au sujet de l’impact négatif des mesures coercitives unilatérales pour les droits humains), Michael Fakhri (rapporteur au sujet des droits alimentaires), Attiya Waris (experte indépendante au sujet de la dette extérieure, d’autres obligations financières et les droits humains), Cecilia M. Bailliet (experte indépendante au sujet des droits humains et de la solidarité internationale), et Livingstone Sewanyana (expert indépendant au sujet de la promotion de la démocratie et d’une ordre international juste). Les Procédures Spéciales sont l’organe suprême des experts indépendants du Conseil des Droits Humains de l’ONU. Ils travaillent de façon volontaire, ne font pas partie du personnel de l’ONU et ne reçoivent pas de salaire pour leur contributions. Ils sont indépendants d’un gouvernement ou d’une organisation et fournissent leurs services à titre individuel. Dans leur communication ils estiment que l’isolement total des pays repris sur la liste de Washington (actuellement Cuba, la République Démocratique de Corée, l’Iran et le Soudan) cause des influences négatives pour l’alimentation, les médicaments, l’appareillage médical et les marchandises humanitaires. Ils mentionnent que la reprise unilatérale est est contradictoire au Droit International, au principe de souveraineté des états, à l’interdiction d’intervention dans les affaires internes des états et avec le principe de solution pacifique de divergences internationales.
Rien de neuf au sujet de la position des États-Unis envers Cuba. Depuis 1959 ils utilisent tous les prétextes, tous basés sur des données fausses et non objectives, pour intituler Cuba comme un danger pour la sécurité nationale des États-Unis, et ils collaborent, soutiennent et financent les secteurs les plus réactionnaires de la maffia de Miami.
1959 – 2024 : 65 ans de terrorisme contre Cuba.
Permettez nous de rappeler ce que les États-Unis ont fait contre Cuba, et la liste est loin d’être complète. Dès les premiers jours après la victoire Cuba a été victime de sabotages, d’incendies ‘bâtiments, canne à sucre, plantations de tabac, etc.), d’attentats contre des centres touristiques et des hôtels (causant même le décès d’un touriste), d’attentats terroristes comme l’explosion du navire le Coubre), d’infiltrations armées et d’invasion (Baie des Cochons), d’un attentat contre un avion civil de Cubana de Aviación, (les organisateurs et les exécuteurs se promènent en liberté aux USA), plus de 600 tentatives d’assassinat de Fidel Castro et d’autres dirigeants révolutionnaires, des guerres chimique et bactériologiques (plants de tabac, canne à sucre, peste porcine, dengue, affections occulaires entre autres chez les enfants), meurtres de représentants diplomatiques à l’étranger, etc., etc. Une liste détaillée nécessiterait un gros livre.
Ajoutez à cela un blocus de plus de soixante ans, sans cesse renforcé, qui frappe la population cubaine dans tous les aspects de la vie quotidienne (alimentation, médication, transport, fourniture d’électricité, combustible…). Alors, qui sont les terroristes ?
Sanctions contre les terroristes.
Le 7 décembre 2023 la « Gaceta Oficial » (le Moniteur cubain) a publié une résolution du Ministère de la Justice. Cette résolution souligne la priorité donnée par Cuba à l’examen et au traitement judiciaire des actes terroristes contre le, pays. Elle édicte de lourdes peines allant de 10 à 30 ans, prison à vie et même peine de mort pour les actes les plus lourds (la peine de mort n’est plus exécutée depuis des années à Cuba).
La résolution publie une liste de 61 coupables d’actes terroristes et de 19 organisations terroristes. Pour ceux qui séjournent hors de Cuba on fait appel aux normes internationales. Ainsi Cuba peut demander l’extradition à d’autres pays et faire appel à des enquêtes conjointes en dehors des frontières territoriales. On peut également passer à des condamnation par contumace.
Plusieurs personnes reprises sur la liste publiée se trouvent également sur les listes d’Interpol, ce qui n’empêche pas que plusieurs d’entre elles se promènent en liberté aux États-Unis. La liste mentionne des personnes ayant qui ont mené des actions depuis 1999 à ce jour. Des procédures judiciaires sont en cours pour agressions contre des infrastructures touristiques, des infiltrations avec pour but des actes avec violences, des attentats contre le président de la République, et la, promotion d’actes armés conter l’île.
Qui sont les terroristes et qui les soutient ?
Un exemple récent : le 9 décembre 2023 un homme a été arrêté à Cienfuegos, il résidait aux États-Unis et voulait entrer clandestinement dans le pays. Il était venu de Floride en moto maritime spécialement adaptée. Il était armé et disposait de nombreuses munitions. Sa mission consistait au recrutement de personnes pour incendier des champs de canne à sucre, créer l’insécurité, endommager les centres touristiques, la diffusion de propagande contre le gouvernement, etc. On a découvert immédiatement qu’il figurait sur la liste du 7 décembre. Il exécutait les ordres de groupes terroristes de Miami, les mêmes qui demandent à Washington de bombarder La Havane. Il avait reçu un entraînement paramilitaire et avait été bien payé pour sa mission.
En même temps une campagne était menée par Miami sur les réseaux digitaux au sujet d’une fin d’année sanglante à Cuba. Une indication claire qu’une nouvelle vague d’actions violentes contre Cuba était encouragée.
Revenons à la liste publiée et transmise à Interpol (dont 196 pays sont membres), on peut constater qu’à une personne près toutes les personnes de la liste séjournent aux États-Unis. Tenez-vous bien : l’unique exception est un Cubain qui séjourne en Belgique.
Beaucoup d’entre eux sont directement financés par le Département d’État des États-Unis et par la CIA qui utilise diverses ONG pour les payements. Des organisations reprises sur la liste sont même considérées terroristes par le FBI. Le CORU (Coordination des Unités Révolutionnaires Unies), responsable de l’attentat sur un avion civil, se trouve sur la liste à côté de Omega 7, classé par le FBI comme une des organisations terroristes les plus dangereuses, et de Alpha 66. Tous leurs membres restent impunis et actifs sans aucune intervention des autorités nord-américaines.
Campagnes médiatiques et réseaux digitaux.
En 2018 les États-Unis ont créé une « task force » pour l’utilisation d’Internet et des outils digitaux contre Cuba. Mission : mener une guerre psychologique contre Cuba et diffuser de la propagande parmi la population cubaine. Depuis lors et sur cette base des messages de haine sont envoyé à partir de Miami, qui incitent à exercer de la violence interne, d’assassiner des dirigeants de la révolution, de destructions d’infrastructures sociales et économiques et de tous types de sabotages, entre autres des centrales et réseaux électriques et de fomenter des incendies.
Une nouvelle forme de guerre non déclarée contre Cuba, avec des campagnes contre la collaboration médicale de Cuba dans le monde, la campagne sur les soi-disant attentats acoustiques contre des diplomates nord-américains, de soi-disant violations des droits humains, et la liste continue.
Pas un jour ne passe sans que la presse cubaine signale des faits en rapport avec ces campagnes et les fake news sur les réseaux digitaux (que l’on peut difficilement nommer réseaux « sociaux »).
Des faits.
Pour terminer cet article nous reprenons ci-après quelques faits des trois derniers mois (décembre 2023-février 2024).
09/12/2023 : tentative d’infiltration à partir de Miami (voir l’extrait cité auparavant).
Une autre personne concernée par l’enquête admet devant la caméra : « Mijail Sanchez m’a demandé de détruire une tour de haute tension pour 1.500 dollars, ainsi que des rétributions pour incendier des véhicules et des champs de canne à sucre. Kiki Naranjo (aux USA depuis 2020) m’a proposé de l’argent exécuter des sabotages. » Naranjo était accusé de perturbations de l’ordre public, d’attentats, de vol avec violence sur les personnes, et continue, à partir de Miami, à inciter aux sabotages via les réseaux digitaux.
10/12/2023 : La Fundación Patriótica, organisation de Miami, appelle aux actions armées contre Cuba durant les fêtes de fin d’année.
L’ambassade de États-Unis à La Havane tente de décourager les voyages à Cuba via des communiqués.
04/01/2024 : Des groupes d’extrême droite à Miami lancent des fake news au sujet de soi-disant actions menées par l’ambassade de Cuba en Argentine, qui paierait des manifestants contre Javier Milei et seraient à la base de ces manifestations conter le président argentin d’extrême droite.
24/01/2024 : Espagne : Javier Larrondo, président de l’association de droite « Prisoners Defenders » entame un procès contre José Manzaneda, coordinateur du journal digital « Cubainformación » et contre l’association de solidarité Euskadi-Cuba, à cause de « fausses informations ». Il demande six ans de prison pour chacun des accusés et 50.000 euros d’amendes. Finalement le tribunal a rejeté l’accusation. Un exemple clair de diffamation et de lynchage sur les réseaux digitaux dans des pays extérieurs à Cuba.
31/01/2024 : les services de renseignement nord-américains lancent la campagne « Operation Streaming », une manipulation de figures et de faits de l’histoire cubaine, au sein de la population à Cuba. Une des participantes est Rosa Maria Payá, une grande amie de Trump. La base se trouverait en Argentine, avec un financement par le Département d’États des USA et de l’OEA (Organisation des États Américains). Les thèmes qu’ils veulent déformer : les figures de Camilo Cienfuegos et Ernesto Guevara, les données historiques sur la lutte contre la contre révolution dans la Sierra del Escambray, l’internationalisme cubain en Afrique, la Baie des Cochons, l’aide médicale de Cuba dans le monde. Cette guerre des « connaissances » prévoit aussi des bourses et des formations pour des Cubains que les États-Unis veulent utiliser comme pions politiques contre le gouvernement cubain.
03/02/2024 : Max Lesnik, journaliste cubain actif dans la lutte contre Batista e(t qui séjourne aux États-Unis depuis 1961 où il a créé une revue «Réplica », annonce avoir reçu des menaces de mort à cause de son engagement contre le blocus.
05/02/2024 : des sources à Miami annoncent des plans pour frapper des entrepreneurs privés à Cuba et à l’extérieur du pays, afin de liquider toute livraison au peuple cubain. Une liste de PME cubaines a déjà été établie. Une initiative du bien connu sénateur Marco Rubio et de la parlementaire Maria Elvira Salazar. Ils comptent sur la réélection de Trump pour concrétiser leurs projets.
20/02/2024 : le gouvernement nord-américain refuse d’accorder des visas à des joueurs de basket cubains.
25/02/2024 : La FNCA (Fondation Nationale Cubano-Américaine) collabore activement avec des organisations de droite espagnoles pour promouvoir des formations à des actions subversives à Cuba, par une formation de contre-révolutionnaires qui séjournent à Cuba. Des cours sont planifiés aux USA, en Espagne, au Mexique, au Panama, au Costa Rica et au Pérou. Au programme : déstabilisation, rendre la gouvernance impossible à Cuba, le tout basé sur des manuels au sujet des guerres non-conventionnelles et de coups d’état « pacifiques ». Encore une tentative des États-Unis pour détruire la révolution cubaine.
28/02/2024 : une résolution anti-cubaine se trouve au menu du parlement Européen, déposée par des parlementaires européens d’extrême droite. Une initiative de Javier Nart pour faire condamner Cuba pour de soi-disant violations des droits humains. Le but sous-jacent est de mettre fin à l’accord existant de dialogue et de collaboration entre l’Union Européenne et Cuba.
Le « Movimiento Estatal de Solidaridad con Cuba », une plate-forme de 63 organisation de solidarité espagnoles a fait une appel pour voter contre cette résolution, appel diffusé dans les autres pays de l’UE.
Alors, qui sont les terroristes ?
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COMMENT VA LA VIE A CUBA ? UN TÉMOIGNAGE.
Regi Rotty
Je suis arrivé à Cuba fin novembre 2023 pour y séjourner plusieurs mois. Ci après je partage avec vous quelques impressions sur la vie à Cuba aujourd’hui.
Cuba a toujours été un pays de contrastes et de surprises et je l’ai une fois de plus vécu lors d’un bref séjour à Varadero. Pour retourner à notre séjour nous avons régulièrement fait appel à un taxi, car je me déplace moins facilement. Pour une distance d’un peu plus d’un kilomètre nous avons demandé à chaque fois le prix et dans la plupart des cas on nous répondait « cinq ». Et quand je posait la question cinq quoi, la réponse était « dollars ». Certains Cubains aiment exploiter les autres… Alors on attend d’avoir trouvé quelqu’un qui demandait un prix raisonnable en pesos cubains, ce qui a toujours réussi. Mais un jour nous avons arrêté un jeune chauffeur avec une magnifique voiture restaurée des années ’50. Pour une fois j’avais oublié de demander le prix avant le trajet et arrivés à notre hôtel bon marché j’ai demandé le prix et la réponse était « rien ». Voilà les contrastes que l’on rencontre à Cuba.
L’année dernière l’inflation atteignait les 30 pourcent et cela se fait surtout sentir pour les pensionnés qui touchent un peu plus de 1.500 pesos (le cours de change officiel est de 120 cup pour 1 dollar, mais en rue on échange pour 300 cup, là où au début de l’année il fallait compter 260 cup). Cela fait mal, c’est évident, mais on ne voit pas de gens qui meurent de faim.
Mais l’état aussi a des difficultés. Dans un petit village que je connais bien une école primaire à six enseignants, un pour chaque classe. Il n’en reste que trois,, les autres sont partis. Chaque enseignant a maintenant deux classes. Et une enseignante était toute fière d’avoir trouvé de la peinture verte pour rafraîchir le tableau car l’état n’a plus les moyens. Il y a peu le gouvernement a décidé, pour freiner le départ des principaux piliers de la révolution, l’enseignement et la médecine, d’accorder une augmentation substantielle aux travailleurs concernés, 40% si je ne me trompe pas.
L’état affronte aussi, à nouveau, des difficultés pour la fourniture de l’électricité. Une fois de plus il manque du pétrole pour générer de l’électricité, avec des journées avec plus de cinq heures sans courant électrique. Des rencontres sportives sont annulées pour épargner le combustible… La pèche souffre également du manque de pétrole. Certains bateaux ne sont plus sortis en mer depuis un mois, attendant que le pétrole revienne.
Les nouvelles mesures des États-Unis pour inciter les Cubains à quitter l’île par le système nommé « Parole » ne sont que des moyens de recettes pour la maffia mais peuvent également donner lieu à du trafic d’êtres humains : il est courant que quelqu’un des États-Unis invite un Cubain d’émigrer via ce système et paye 5.000 dollars pour le voyage et les documents nécessaires, pour ensuite exiger le remboursement de 10.000 dollars, à payer par tranches, une fois la personne aux États-Unis.
A Cuba certaines choses ne fonctionnent pas comme il le faut. Par exemple les groupes d’achat et de vente de toutes sortes de marchandises sur Facebook. Ils s’appellent Revolico, suivi du nom de la région. De temps en temps on y propose des choses à vendre qui sont clairement illégales, par exemple parce que l’origine ne peut être qu’une bodega où se distribuent des aliments distribués pour la libreta, et auquel chaque Cubain à droit. Le contrôle de ces affaires illégales est visiblement faible. Sur Revolica apparaissent aussi sporadiquement des textes anti-révolutionnaires.
Une rumeur circule actuellement que des sacs de ciment fermés sont mélangés par des vendeurs avec de l’amiante moulue. Les rumeurs ne sont pas toujours exactes, certainement pas à Cuba, mais au courant des années j’ai vécu ce genre de fraude personnellement avec du faux savon inutilisable emballé dans un emballage d’une bonne marque, de canettes de Cristal remplies d’une bière de moindre qualité, ou des bouteilles d’eau de source remplies d’eau d’origine inconnue avec un goût de chlore. Chose apparue aussi en Belgique à plus grande échelle avec l’eau du robinet à la place de l’eau de source. Et on trouve encore partout des plaques en amiante… Je connais deux cas, un à Camagüey et un à La Havane, où le ciment était d’une telle mauvaise qualité que des lavabos posé sur une solide construction dans le mur qu’ils sont tombés. Solution : acheter du ciment importé par une PME de l’étranger pour 6.000 cup au lieu de 3.000 cup. Mais tous les Cubains n’ont pas les moyens pour le faire.
Pour les touristes les choses se sont améliorées avec plus d’activités touristiques et plus de possibilités d’achat de produits que l’on trouvait rarement auparavant. Et tous les touristes qui ont visité Cuba sont enchantés de leurs expériences. Surtout la gentillesse des Cubains est reconnue. Et l’atmosphère à Cuba est bonne malgré les problèmes. Je dirais, venez et faites en l’expérience vous mêmes.
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UE – CUBA : D’UNE COLLABORATION CONDITIONNELLE, PUIS CONSTRUCTIVE VERS UNE COLLABORATION CRITIQUE.
Wim Leysens
En décembre 2016 l’Union Européenne (UE) et Cuba ont signé le Traité pour un Dialogue Politique et la Collaboration, entré en application onze mois plus tard. Ce traité mettait fin à la « Position Commune » de l’UE . Cette position avait été prise en 1998 à l’initiative du premier ministre espagnol Aznar (PP) qui liait une collaboration avec Cuba à la condition de profonds changement politiques. Depuis le traité Cuba et l’UE se rencontrent régulièrement dans des commissions. La collaboration économique se concentre sur trois domaines : l’agriculture, le changement climatique, et la transition énergétique. Le dialogue politique comprend cinq chapitres : limitations d’armes de poings, désarmement, développement durable, droits humains, et mesures de sanctions unilatérales. Les deux partenaires soulignent que le traité offre une base solide pour des relations basées sur le respect mutuel et la réciprocité.
Un dialogue constructif.
L’UE reconnaît, contrairement aux États-Unis, que l’isolement de Cuba ne fonctionne pas comme stratégie à Cuba. Le traité inaugure une nouvelle phase de relations plus pragmatiques, dans laquelle l’UE accepte le système économique et politique de Cuba comme situation de départ. Le traité admet une collaboration économique parallèle au dialogue sur les droits citoyens, économiques, sociaux et culturels. De cette façon l’UE se voit comme un partenaire relevant qui peut jouer un rôle dans le processus complexe de transformations économiques, sociales et institutionnelles que vit Cuba ces dernières années. Géopolitiquement l’accord avait aussi un effet positif sur les relations de Cuba avec l’UE, car celle-ci prenait des distances par rapport de l’attitude agressive des États-Unis contre Cuba.
L’UE est le principal partenaire économique de Cuba.
Durant les dix dernières années l’UE est devenue le principal partenaire économique et la plus importante source de revenus commerciaux de Cuba, loin devant les alliés stratégiques et idéologiques de Cuba, la Russie et la Chine. En 2021 l’UE et ses 27 états membres représentaient un tiers du total du commerce de Cuba : 33% comparé au 11,7% avec la Chine. Les pays membres ont renforcé leurs investissements directs à Cuba, représentant (avant le Covid) la deuxième source touristique et l’UE devenait le principal donneur d’aide au développement officiel. L’accord conclu avec l’UE donne également accès à Cuba à tous les instruments qu’offre l’UE à ses partenaires latino-américains, comme les programmes régionaux Erasmus Mundo. (1)
L’UE s’oppose au blocus des États-Unis.
Depuis l’approbation de la Loi Helms-Burton en 1996, élément important pour Cuba, l’UE s’oppose au blocus illégal contre Cuba. L’application extraterritoriale des sanctions est une violation du droit international et représente une attaque contre la souveraineté de l’UE et de ses pays membres. Pour la 31e fois l’UE a approuvé , le 2 novembre 2023, lors de l’ Assemblée Générale des Nations Unies, la résolution cubaine qui appelle a mettre fin aux sanctions nord-américaines. Le représentant espagnol a justifié la position de l’UE (2) : « Je dois aujourd’hui à nouveaux exprimer notre conviction que l’embargo économique, commercial et financier des États-Unis contre Cuba a une influence néfaste sur la situation économique de ce pays et une effet négatif sur le niveau de vie de la, population cubaine. Nous ne pouvons pas oublier que le commerce extérieur et les investissements étrangers jouent un rôle important pour soutenir le pays sur la route de la, modernisation, des transformations et d’une croissance durable… ».
Mais en même temps le cas de Cuba n’est pas assez déterminant pour l’UE pour affronter les États-Unis, certainement pas dans le contexte actuel. Les USA et l’UE forment une alliance stratégique et tout l’intérêt se fixe aujourd’hui sur l’Ukraine. Vu que Biden ne donne aucun signe pour assouplir le blocus, Cuba se positionne plutôt géopolitiquement aux côtés de la Russie, qui a accordé à Cuba une importante révision de sa dette.
Le dialogue politique au sujet des droits humains.
Un des points les plus difficiles de la relation bilatérale est le dialogue sur les droits humains. L’accord offre un cadre structuré pour échanger de vues la situation des droits humains des deux côtés sur un pied d’égalité. Le 23-24 novembre l’UE a envoyé Eamon Gilmore, le représentant spécial pour les droits humains à Cuba pour le quatrième dialogue sur ce thème. Les deux parties sont avares pour l’information au sujet de ces rencontres. E. Gilmore a déclaré au sujet de ce dialogue (3) : « Chaque pays peut faire plus quand il s’agit de droits humains et de libertés fondamentales. Nous voulons poursuivre un dialogue honnête, ouvert, respectueux, dans les deux sens avec Cuba sur ce thème ». Díaz-Canel (4) a souligné que Cuba s’engage pour une réalisation totale de tous les droits humains. Il partage l’importance de ce dialogue, mais ajoute « sans politisation, sans double mesures ou d’ingérence dans les affaires intérieures des parties ».
Lors de quatrième dialogue l’UE a exprimé son inquiétude à propos des longues peines prononcées pour les démonstrations du 11-12 juillet 2021. Gilmore a demandé de libérer ceux qui été arrêtés pour exprimer leurs convictions et leurs idées, et a encouragé les autorités a entamer un dialogue inclusif et sensé avec la population cubaine. Durant la visite Gilmore a même rencontré des membres des familles de certains détenus. L’UE a également insisté sur l’importance de la classe moyenne lors de l’élaboration de la politique gouvermentale.
Pour sa part Cuba a insisté sur le fait que le blocus nord-américain est la plus grande violation des droits humains. Cuba a donné des informations au sujet des nouvelles lois décrétées en conformité avec la nouvelle constitution (2019) qui offrent encore plus de protections des droits humains. Pour le reste la presse cubaine se limite à la mention de divergences de vues sur plusieurs des sujets abordés.
Pourtant le quatrième dialogue a été clôturé par quelques accords. Plusieurs projets éventuels au sujet des droits humains seront examinés, dont l’alimentation, le logement, les soins de santé, l’énergie, la culture, l’environnement,, la participation citoyenne et l’attention aux personnes ou aux groupes vulnérables.
L’évolution vers une collaboration critique.
Depuis 2016 Cuba a perdu en importance dans la gestion extérieure de l’UE. Les événements de juillet 2021 ont été un revirement dans la position constructive de l’UE. Les troubles au sujet de l’alimentation ont offert un alibi parfait pour la droite au Parlement Européen pour accentuer leurs attaques traditionnelles contre Cuba, et avec « succès ». Le 12 juillet 2023 la Parlement Européen (5) a approuvé une résolution très critique, qui invitait même l’UE a suspendre l’accord de collaboration avec Cuba. L’Assemblée Nationale de Cuba a réagi furieusement et a déclaré que le parlement européen manque de toute autorité morale, politique et juridique pour juger Cuba, la résolution prouve un haut degré d’ingérence.
La résolution c’est aussi fait sentir dans la position de l’UE aux Nations Unies de novembre 2023 : « L’accord comprend un agenda pour notre engagement critique envers Cuba… Nous restons inquiets au sujet des droits humains à cuba, entre autres après les événements du 11 et 12 juillet 2021, pour les sentences sévères prononcées à ce jour par les tribunaux cubains, et au sujet des droits civils et politiques ».
Les prévisions qu’après les élections de juin 2024 les fractions de droite au parlement européen seront plus fortes font craindre une augmentation des attaques contre Cuba.
Comment Cuba perçoit l’UE ?
Même si l’UE est le principal partenaire économique de Cuba, ce n’est certes pas le principal partenaire politique. Dans sa politique internationale Cuba attache peu d’importance à l’UE. Toute l’attention de Cuba est dirigée vers la levée du blocus et l’amélioration des relations avec les États-Unis. L’attention pour l’Europe reste limitée à des conflits sporadiques comme la réaction au sujet de la résolution contre Cuba au Parlement Européen en juillet 2023. L’UE n’est pas, contrairement à d’autres partenaires étrangers, un allié idéologique de Cuba. L’UE est ressentie comme un partenaire fidèle des États-Unis, avec des opinions comparables, comme la promotion de la démocratie. Cuba priorisé les relations pour la collaboration Sud-Sud. La presse officielle attache plus d’importance aux relations avec des pays comme la Russie, la Chine, la Turquie et l’Algérie, tous visités par le président Miguel Díaz-Canel en novembre 2022. Ces pays partagent les positions idéologiques de Cuba et s’opposent à l’hégémonie des États-Unis. En plus de leurs affinités idéologiques ces pays promettent des avantages économiques que l’UE ne peut offrir à Cuba, comme les transports d’énergies que Cuba a cruellement besoin.
2.Press and information team of the Delegation to the UN in New York
3.https:// www.eeas.europa;eu/eeas/cuba-visit-eu-special-representative-human-rights-a nd-4th-eu-cuba-human-righys-dialogue_en
5.https://www.europarl.europa.eu/doceo/document/TA-9-2023-0280_EN.html
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SÉJOUR EN OCTOBRE 2023 Á SANTIAGO DE CUBA : IMPRESSIONS ET RÉFLEXIONS.
Guy Verbakel
Queridos amigos y amigas
Cela va de mal en pis ! Les Cubains souffrent !
Durant des années Cuba a pu se maintenir économiquement, malgré le blocus des États-Unis. Il pouvaient le faire grâce, entre autres, au secteur touristique et d’autres activités économiques qui rapportaient des entrées financières comme le secteur biotechnologique et des contrats de longue durée avec des pays pour une assistance médicale.
La période du Covid a brutalement mis fin tout ceci. D’un jour à l’autre les frontières se sont fermées, tant pour les touristes qui voulaient venir à Cuba que pour les Cubains qui voulaient voyager à l’étranger. Conséquence : pendant 2,5 ans on n’a plus vu à Cuba un seul visiteur des plus de trois millions de touristes des autres années.
Deuxième conséquence : on a fermé des hôtels, des bars, des palacios de bolero. Le personnel des hôtels, les serveurs, le personnel des chambres, les fournisseurs, le personnel d’entretien, les casas particulares sont tous tombés sans travail. Le personnel de l’état étaient payés mais à 60% de leur salaire. Il n’ y avait donc plus d’entrées mais les dépenses restaient et augmentaient pour les dépenses extra du Covid.
Dans l’agriculture Cuba a encore quelques anciens atouts comme la canne à sucre et le tabac, mais le pays ne produit pas assez de nourriture ce qui nécessite des importations pour un pays déjà dans une situation financière difficile. La production de riz est insuffisante et il faut en importer du Vietnam et de Chine. Il est exact que les changements climatiques et de plus longues périodes de sécheresse diminuent les récoltes. Il est tout aussi vrai que les terres où se produisent des monocultures s’épuisent et le rendement est plus faible. D’autant plus qu’il manque des capitaux pour l’achat de fertilisants. Mais je peut pas me défaire de l’impression que les impulsions pour améliorer l’agriculture se font trop lentement.
En ce qui concerne l’énergie il y a quelques installations de panneaux solaires mais la plus grande partie de la production d’électricité est à base d’utilisation de pétrole. Cuba produit du pétrole mais en quantités insuffisantes pour rencontrer tous les besoins. Il y a des projets pour rendre moins dépendante du pétrole la production d’électricité en installant plus de panneaux solaires et des éoliennes, afin d’arriver à un tiers de la production d’ici 2030. Mais cela aussi coûte cher.
Cuba veut de plus en plus utiliser le soleil et le vent qui sont présents en abondance. L’état cubain a développé un programme pour le réchauffement de l’eau par énergie solaire dans les habitations. Beaucoup de maisons disposent déjà de ce système. L’actuel manque de fonds et le blocus rendent difficile l’achat de pétrole avec des coupures de courants fréquentes qui en sont le résultat. Les Cubains souffrent et certainement quand le ventilateur ou l’air conditionné ne fonctionne plus durant des nuits torrides. Dans le pire des cas il y a encore une perte de nourriture parce que le congélateur est arrêté pendant quelques jours.
Dans le domaines des finances je vois des prix qui dépassent les sommets. J’ai encore connu un oeuf à 2 cup, maintenant il en vaut 100 ! Ce n’est qu’avec la libreta que l’on peut encore acheter un nombre limité d’oeufs à 2 cup. Par contre le marché noir à le vent en poupe. En rue on change 1€ pour 240 cup (le double du cours officiel). On ressent une impression de manque de prise en mains par l’autorité sur beaucoup de choses.
Tout cela mine également l’éthique au travail : certains magasins qui devraient être ouverts de 9h. du matin à 9h. du soir n’ouvrent qu’à 10h. et sont fermés à 16h. Pourquoi ? Certains n’ont plus envie de travailler, voir de bienn travailler pour un petit salaire. Et à la fin du mois on ne voit pas de différence.
Dans ces circonstances une émigration massive est compréhensible.
Mais la population est souvent mal informée au sujet de l’émigration. Ils croient que les États-Unis sont un paradis de miel ! Pauvres Cubains qui vivront la réalité. Et il est inutile que j’explique cela.
Bref, mon coeur saigne à la vue de tant de souffrances humaines et économiques. Espérons que le nouveau régime économique, avec plus d’indépendants et des PME apporteront un soulagement sur un plus long terme.
05 novembre 2023.
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ROCHA : EX-DIPLOMATE NORD-AMÉRICAIN ARRÊTÉ POUR ESPIONNAGE EN FAVEUR DE CUBA.
Freddy Tack
Plein de titres dans la presse, mais peu d’information : une ex-diplomate nord-américain est arrêté pour espionnage en faveur des services de renseignement cubains. Il s’agit de Victor Manuel Rocha, né en Colombie en 1950. La famille avait émigré aux États-Unis et vivait dans une habitation sociale à Harlem. Rocha fait des études brillantes aux universités de Yale, Harvard et Georgetown. Naturalisé nord-américain il fait carrière comme diplomate du Département d’État et dans des ambassades nord-américaines en République Dominicaine, au Honduras et au Mexique. Plus tard il est nommé directeur des relations avec Cuba du Conseil National de Sécurité. Il occupe aussi un poste à Cuba dans la « section d’intérêts » de l’époque, dans l’ambassade de Suisse (à l’époque les États-Unis n’avaient pas de relations diplomatiques officielles avec Cuba mais maintenaient une section d’intérêt logée dans l’ambassade suisse. En 2000 il devient ambassadeur des USA en Bolivie.
Il était membre du « Council on Foreign Relations », du « Conseil d’avis pour la transition à Cuba » et du « International Council on Terrorism », dont Henry Kissinger était le responsable. Une fois pensionné il gardait l’accès aux projets des États-Unis pour Cuba. Il a également été conseiller pour ‘L’US Southern Command », la direction militaire des troupes nord-américaines en Amérique Latine.
Pendant plus de quarante ans Victor Manuel Rocha a pu fournir des informations au services de renseignements cubains au sujet des actions planifiées par les autorités nord-américaines pour déstabiliser Cuba et susciter un changement de régime.
En 2022 et 2023 il est suivi par un agent du FBI qui se faisait passer pour un agent des services cubains, pour être arrêté le 1er décembre 2023 à Miami. Rocha, 73 ans, passera probablement le reste de sa vie en prison.
L’activité de Rocha durant plus de 40 ans est une des plus longues infiltrations à un haut niveau des instances d’état des États-Unis. Selon l’AFP le Département d’État va étudier à long terme les conséquences pour la sécurité nationale.
Rocha n’a jamais demandé ni avantages ni rétribution à Cuba et n’a agi que par conviction. Lors des conversations avec le faux agent du FBI il parlait de ses « camarades cubains » et se référait aux États-Unis comme « l’ennemi » et utilisait le mot « nous » quand il parlait de lui et de Cuba.
En 2001 Ana Belén Montes était arrêté pour espionnage (voir Cuba Sí 218, pag. 14) et qui avait fourni des informations à Cuba durant une dizaines d’années, dans son poste d’analyste des services de renseignement militaires nord-américains. Elle a été condamnée à 25 ans de prison, mais libérée sous conditions en janvier 2023. En 2010 Kendail Myers, également diplomate nord-américain, avait été condamné à vie pour trente ans d’espionnage en faveur de Cuba.
Des figures souvent peu connues, qui année après année ont défendu Cuba à cause de leurs convictions et risquant leur liberté et leur vie au service de Cuba et des idéaux défendus par la révolution cubaine, peu importe les risques courus et sans aucun intérêt personnel.
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LIVRES
UNE HISTOIRE POPULAIRE DE CUBA. DE 1492 Á NOS JOURS.
Rémi Herrera.
Éditions Critiques, Maris, 2023.
Gunnar Vergauwen
Rémi Herrera est un économiste marxiste réputé et expert des révolutions latino-américaines et asiatiques. Avec son « Histoire populaire de Cuba » il présente une image complète du comment Cuba, nommé par Colomb « le plus beau pays que des yeux humains aient pu contempler », est arrivé à la construction d’un état socialiste, de la colonie espagnole et l’assujettissement économique et politique aux États-Unis. Un pays qui joue encore toujours un rôle progressiste de premier plan dans les relations internationales.
Celui qui espère découvrir une historiographie racontée de cette histoire populaire est à la mauvaise adresse avec cet auteur. N’espérez pas des récit de batailles des guerres coloniales contre la couronne espagnole, ou d’autres histoires d’arrière plan comme celle du base-ball qui devient un sport national dans la deuxième moitié du 19e siècle. Mais ce manque de récits n’est pas une erreur. Le point vital de Herrera n’est pas là. Le livre tisse les grandes lignes entre l’histoire économique et coloniale de l’île avec la lutte de (essentiellement) les esclaves noirs et d’autres couches de la population contre une exploitation et une violence phénoménale auxquelles elles sont soumises.
Grâce à de nombreux graphiques concernant la position de Cuba dans le commerce international et d’autres données statistiques sur le développement socio-économique de Cuba, complétés par des repères chronologiques, qui expliquent les faits les plus marquants de l’histoire, le récit clair de Herrera offre au lecteur une « capacité à penser » qui permet de dégonfler la propagande anti-révolutionnaire avec aisance.
Rémy Herrera ne cache nullement que Marx l’a inspiré pour l’écriture de ce livre. Car sans analyse de la réalité historique et sociale, et surtout de la production sociale, en tant que base de l’existence humaine, il est impossible d’avoir une compréhension claire des faits historiques. Son livre raconte comment Cuba a été inclus dans le commerce capitaliste mondial en formation au travers de cycles consécutifs d’or, de cuivre, de cuir, cycles toujours initiés par avec violence par le centre colonial, sans construction industrielle suivie. Cuba est ainsi resté un pays de la périphérie du système mondial. Herrera aborde largement le développement des plantations de sucre, de café et de tabac, produisant des produits de luxe pour les riches de la métropole, de l’Europe Occidentale et des États-Unis en croissance, par une féroce exploitation du travail des esclaves. Dès 1775 (indépendance des USA) Cuba insère ses spécialités économiques dans le système via une alliance entre entre trois classes dominantes : l’élite créole locale, les commerçants espagnols, et au-dessus de ces derniers les élites anglo-américaines, les vrais dirigeants dans les coulisses du système capitaliste mondial. Rémy Herrera donne aussi des informations intéressantes au sujet des migrations durant le 19e siècle, qui ont façonné le peuple cubain dans sa forme actuelle, la « couleur cubaine » unique et fascinante.
Comment Cuba à échangé la domination espagnole contre celle par les État-Unis, comment finalement les « barbudos » de Castro Che et Cienfuegos, à la tête d’une véritable révolution populaire, ont mis fin à la domination de l’élite compradore et à l’impérialisme nord-américaine est une histoire mieux connue. Herrera écrit avec amour des immenses réalisations du nouveau Cuba socialiste, qui tient toujours malgré l’horrible blocus par les nord-américains, espérant de faire capituler l’île. Il souligne l’originalité unique de l’expérimentation politique cubaine : le magnifique lien entre la lutte de libération nationale, la lutte contre le racisme, l’anti-impérialisme conséquent, la lutte sociale et pour finir l’internationalisme (également militaire avec le soutien aux mouvements de libération dans les trois continents du Sud Global), le tout imprégné d’une motivation humaniste.
Une histoire populaire de Cuba est un livre à lire. Un classique en ce qui me concerne. Écrit clairement et démontrant avec logique historique contraignante le caractère unique de la lutte politique et sociale entamée par le peuple cubain contre le colonialisme et l’impérialisme, une bataille gagnée dont la nécessité était déjà avancée par le Père de la Patrie José Martí et qui reste
d’une actualité évidente.
« Le nord injuste et plein de convoitise a plus pensé à assurer la fortune de quelques-uns qu’à créer un peuple pour le bien-être de tous. Au Nord s’aggravent les problèmes sans qu’existent les lumières qui pourraient les résoudre. Là-bas s’entassent d’un côté les riches, de l’autre les désespérés. Le Nord se ferme et se remplit de haines ».