Cuba Sí 211 – traductions

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SUCCESION  DE  GÉNÉRATIONS  AU  SEIN  DE  LA  RÉVOLUTION  CUBAINE.

Miguel Díaz-Canel Bermudez est le nouveau dirigeant du Parti Communiste de Cuba.

                                                                                                                                     Yves van Gijsel

Yves van Gijsel suit le fonctionnement de FOS (Solidarité Socialiste Flamande) à Cuba. Avec l’accord de FOS nous reprenons cet article, avec nos remerciements.

Miguel Díaz-Canel Bermudez a été élu premier secrétaire du Parti Communiste de Cuba (PCC).Il succède à Raúl Castro qui, à son tour, fait un pas de côté dans la politique cubaine. Pourtant il y a de grands défis pour Miguel Díaz-Canel, dont le blocus par les États-Unis. Cet article éclaire la situation actuelle à Cuba.

Un tournant.

Le dimanche 18 avril l’actuel président de Cuba, Miguel Díaz-Canel Bermudez, a été élu premier secrétaire du PCC. Ce signifie que Raúl Castro quitte la scène politique. Une décision annoncée il y a déjà cinq ans. Il rencontre ainsi la règle qu’il a introduite lui même, par laquelle les cadres ne peuvent pas accomplir un mandat plus de dix ans. A côté de Raúl prend également fin la carrière des trois dernières figures historiques au sein du bureau politique du parti. Maintenant le sommet du parti est composé de membres qui n’ont pas participé à la lutte contre la dictature de Batista.

Le choix de Miguel Díaz-Canel n’est pas du tout une surprise. Suite aux problèmes de santé de Fidel Castro vers 2005, on a misé sur de possibles jeunes figures pour reprendre le flambeau des « comandantes », un groupe toujours de plus en plus réduit. En 2009 cela c’est mal, passé avec les deux dirigeants les plus en vue de la nouvelle génération. Leur attitude peu respectueuse vis à vis de l’ancienne garde et leur comportement extraverti ne fut pas accepté. Ils furent rapidement écartés. Le nouveau candidat allait avoir un autre profil. Un travailleur acharné et fidèle, provenant d’une famille modeste, sans liens avec la direction historique et un conciliateur au sein des différentes tendances dans le parti. Un exemple de méritocratie apprécié par la révolution.

Une nouvelle dynamique.

Miguel Díaz-Canel a commencé sa carrière au sein du parti, à l’âge minimal de 35 ans pour y accéder, comme secrétaire général dans deux provinces. En 2009 il est promu ministre de l’ Enseignement Supérieur. A peine trois ans plus tard il était vice-président du conseil des ministres, et l’année suivante il assume la vice-présidence sous Raúl Castro. En 2018 il devenait chef de l’état en tant que président, à côté du premier ministre. Une fonction réintroduite après presque 55 ans. Cette dualité rejoint la vision que le parti doit essentiellement jouer un rôle politique et doit moins se mêler de tâches exécutives. Il est donc logique que la direction du parti revienne au président.

Lors de son discours final il a donné sa vision sur le fonctionnement du parti et quelques problèmes actuels. Au sein du parti les lignes de force restent l’unité et la continuité. Il est nécessaire d’introduire une nouvelle dynamique, centrée sur une meilleure communication avec le population et où les membres du parti jouent un rôle d’exemple.  Les organisation de masse FMC (Fédération des Femmes Cubaines) et CTC (Confédération Nationale des Syndicats) sont des canaux idéaux pour contribuer à cette mission. C’est aussi la meilleure façon de contrer les attaques contre Cuba via les médias sociaux.

Ces attaques sont liées au blocus économique et financier agressif et continu par les États-Unis. Avec la récession mondiale, les efforts pour garder sous contrôle la pandémie du coronavirus et des problèmes internes, le blocus est la cause principale de la situation économique difficile du pays. Les problèmes internes sont liés à l’inefficience  et le manque d’efficacité des entreprises de l’état et du secteur public, surinvestissements, manque de contrôle des moyens et problèmes structurels. Par contre l’économie cubaine à fait preuve de souplesse pour maintenir les acquis sociaux. Le monde a pu voir comment la volonté politique et la mission humaniste de la révolution, avec une gestion où l’être humain est central, ont abordé avec succès les problèmes complexes comme la pandémie du Covid-19. La tâche était de sensibiliser la population et de soutenir la stratégie de prévention, également dévolue aux deux organisations de masse citées, en collaboration et selon lez directives du Centre de Promotion et de Prévention des maladies (UPP) du Ministère der la Santé Publique.

Selon le nouveau dirigeant du parti les thèmes prioritaires qu’il faut aborder sont la sécurité et la souveraineté alimentaire, les sources d’énergie renouvelable,  l’efficacité du processus d’investissements, la croissance de la production nationale pour répondre à la demande interne et une amélioration qualitative des services à la population. Ici également le rôle de la CTC et des syndicats affiliés est crucial pour expliquer, via les cadres syndicaux et les délégués, le réformes aux travailleurs et de les soutenir, et de sauvegarder leurs droits dans le nouvel environnement de travail.

Plus de flexibilité et assouplissement du blocus.

Miguel Díaz-Canel garantit la continuité du caractère socialiste de la révolution. Ce qui est un défi fondamental dans le contexte actuel. Il peut compter sur le soutien du parti pour sortir l’économie du pays du marasme actuel. Il devra admettre l’évolution du modèle économique vers plus de flexibilité des entreprises publiques et l’autorisation de petites et moyennes entreprises privées. La suppression ou au moins un assouplissement du blocus nord-américain serait un soutien bienvenu.

Publié le 29 avril 2021.

VIVRE  A  CUBA  EN  TEMPS  DE  PANDÉMIE.

                                                                                                                                     Regi Rotty

Un bref aperçu de mon séjour de 14 mois à Cuba durant la pandémie.

Au début, quand nous venions d’arriver à Cuba, en février 2020, on ne se rendait pas compte du danger que a maintenant coûté la vie à des millions de personnes dans le monde. Puis se fut le choc… Et je le reconnais, je n’ai pas vite peur, mais j’étais angoissé. Nous avons décidé de quitter la petite ville de Florida, pour s’installer dans un petit village de pêcheurs à la côte, à 40 km de la banque la plus proche. Nous pensions courir moins de risques d’attraper le virus quand il y avait moins de monde.

Après un certain temps il s’avéra que Cuba s’en sortait bien en comparaison avec d’autres pays, et certainement avec la Belgique où en 2020 il y avait 100 plus de décès qu’à Cuba pour un nombre de citoyens comparable. Certaines provinces étaient même épargnées pendant des mois. Nous avons alors décidé de rester et nous avons prolongé cette décision plusieurs fois. Dès le début Cuba a imposé des mesures drastiques. Masque obligatoire en rue et dans les bâtiments publics et les magasins. Si nécessaire lockdown d’une rue, d’un quartier ou d’une ville. Arrêt des déplacements et des activités non-essentielles. La fermeture des écoles a suivi et les personnes entrant dans le pays étaient mis en quarantaine.  En décembre 2020 on a légèrement assoupli les mesures afin de permettre le visites de familles résidant à l’extérieur du pays. Le résultat ne fut pas bon. Rien qu’en janvier 2021 on a enregistré autant de cas que pour l’ensemble de 2020 et depuis lors infections restaient constantes et environ au même niveau, bien que moins nombreuses qu’en Belgique. Fin avril nous sommes revenus en Belgique pour enfin  revoir la famille et les amis, et pour s’y faire vacciner, car le vaccin était disponible pl;us rapidement qu’à Cuba, qui développe cinq vaccins, une performance admirée mondialement. Deux de ces vaccins sont en phase trois, la dernière phase des tests.

Et comment vivre là-bas ? Les six premiers mois à la côte nous avons suivi les nouvelles sur une vielle petite télévision, avec une antenne qui ne captait que deux chaînes, Cubavisión et un canal de sports. Le signal TV à la côte n’est pas toujours bon et de qualité variable, mais Cubavisión offre de bons films et une information très complète, par exemple sur le nommé groupe de San Isidro, un groupuscule de dissidents qui essaye par tous les moyens à se faire remarquer via les médias sociaux.  Ainsi on a pu voir Luis Manuel Otero, le dirigeant du groupe, proclamer haut et fort que Trump était son président… On y dénonce aussi les liens entre ce groupe et le financement à partir de l’étranger via des textes publiés sur les médias sociaux. On a également montré un appel pour organiser une invasion. L’ extrême droite en pleine forme.

Les premiers mois ce n’était pas toujours évident de trouver des produits alimentaires, surtout les légumes.  Puis cela c’est amélioré et nettement amélioré, car les gens pouvaient acheter des « modulos », des colis avec des produits essentiels en alimentation, de l’huile, du café, du shampoing, du dentifrice, etc. à des prix raisonnables et en supplément des produits garantis de la « libreta ». Les derniers mois le petit village côtier a été entièrement raffraîchi. Celui qui le voulait pouvait faire repeindre sa façade par la commune, même si seulement deux couleurs étaient disponibles. Une collecte avait été organisée préalablement avec une demande de contribution libre. Une antenne wifi a été ajoutée, planifiée depuis longtemps, ce qui nous permettait de disposer d’internet sur le téléphone et qu’il ne fallait plus sortir pour chercher un bon signal pour téléphoner.

Nous avons bien sûr établi des liens d’amitié avec quelques Cubains, avec qui nous avons partagé les plaisirs et les difficultés. Et, naturellement, le cochon a été tué pour les fêtes de nouvel an, et nous avions contribué à son élevage en achetant un sac d’aliments. Et nous avons beaucoup profité de la mer. Les Cubains m’ont considéré comme cinglé parce que j’allais nager en mer en janvier. Bien trop froid pour eux. Mais j’y allais chaque jour, même quand il y avait des vagues. La nature est très présente, avec des lézards dans le jardin, beaucoup de mouettes, des passages de flamands ou de pélicans qui flottaient à quelques mètres. Et de magnifiques couchers de soleil. Les journées passaient ainsi calmement, enn pleine nature. Mais souvent il y avait une fête chez des voisins avec de la;musique reggaeton à fond, souvent jusqu’à deux heures du matin… Difficile alors de jouir de la nature. Mais je pensait souvent aux gens en Belgique qui devaient vivre l’épidémie dans de petits appartements, et je réalisait notre privilège. Ce qui était plus compliqué, c’était le manque de bonne bière, d’accord un luxe… Les bonnes bières cubaines, Bucanero et Cristal étaient de plus en difficile à trouver, et remplacées par Hollanda des Pays-Bas ou Belga (!) d’Espagne, etc. Heureusement j’avais acheté 3 packs de 24 cannettes de Bucanero et un pack de Cristal lors d’une excursion à Santiago de Cuba au début de la pandémie. Avec une bière chaque dimanche j’ai pu tenir jusqu’à la fin. On cuisait le pain avec une machine à pain apportée de Belgique et de la farine achetée dans un magasins de dollars à Florida.  Ces magasins de dollars ont été installés par les autorités pour générer les devises indispensables. Avec les bénéfices on pouvait alors acheter des produits à l’étranger et d’autres magasins peuvent être aidés.

Au début il y avait peu de monde dans les magasins à dollars, mais,au fur et à mesure que ceux qui le voulaient réussissaient à obtenir une carte de banque en dollars cela changeait et là aussi des files se formaient. Certains magasins donnaient une priorité aux moins valides et aux aux anciens, d’autres pas. Et le système d’approvisionnement n’est pas toujours efficace. Ainsi on pouvait voir des montagnes de papier toilette dans un magasin pendant des semaines et puis des semaines sans papier toilette. Ceci a été un problème pour nous au début, résolu avec des petits morceaux de tissus, déchets d’une couturière. Chaque problème trouve sa solution cubaine ! Ou presque chaque problème. A un certain moment il n’y avait plus de matière pour boucher les dents, à cause du manque de devises. J’ai alors acheté pour quelques centaines d’euros de cette matière en Belgique et je l’ ai fait envoyer, ce qui m’a dépanné, mais aussi  quelques autres personnes. A cette époque la poste cubaine connaissait des retards importants, près de trois mois. Heureusement je n’avais que de légers maux de dents.

En comparaison avec la période spéciale, la crise économique après la chute du bloc socialiste, la situation actuelle est différente. Ainsi, il n’y a pas d’apagones (coupures de courant), comme c’était le cas dans certains quartiers. D’autre part il y a des gens qui profitent de la rareté de certains produits de consommation et qui demandent des prix exorbitants. S’il s’agit de produits essentiels pour lesquels le gouvernement a fixé des prix, chaque Cubain peut déposer une plainte et les revendeurs sont poursuivis. Sur le site web Revolico où les Cubains peuvent se vendre des produits entre eux, on voit que les revendeurs ne mentionnent pas de prix mais demandent de les contacter…Dans un petit magasin on m’a demandé 350 CUP, soit presque 15 dollars, pour une petite lampe led, introuvable ailleurs. Le’ cours non officiel du dollar est le double du cours officiel, même un peu plus. Ceci rend la vie très difficile, pour ceux qui ne disposent pas de dollars.

En tout cas ce fut une expérience passionnante et on pourrait en dire beaucoup plus, mais le rédacteur en chef me signale toujours que mes articles sont trop longs…

LA  LOI  SUR  LE  BIEN-ÊTRE  ANIMAL : UN  EXEMPLE  DE DIALOGUE  ENTRE  CITOYEN  ET  AUTORITÉ.

                                                                                                                              Wim Leysens

Lors de son discours de clôture du VIII Congrès du PCC le président Díaz-Canel a souligné la nécessité du dialogue avec la population. Raúl Castro avait prévenu au début du Congrès au sujet des opposants qui veulent semer la confusion et la discorde en abusant de thèmes qui touchent la population (comme le racisme, les LGBT+, les droits des animaux). Comment l’autorité peut-elle préserver le dialogue, sans faire entrer le cheval de Troie ? On trouve un exemple de l’approche par l’autorité de cette tension dans les discussions au sujet du bien-être animal. Il y a à Cuba un mouvement croissant de citoyens et d’organisations qui se soucient du bien-être animal. Depuis des années des initiatives citoyennes agissent au niveau local pour l’accueil des animaux abandonnés. Ces groupes se retrouvent sur internet et s’unissent sur des plate-formes.

Le 26 février 2021 le Conseil d’ État a approuvé la loi sur le bien-être animal, qui reprend quelques décrets existants et les complète avec plusieurs améliorations importantes. La loi entre en vigueur nonante jours après la publication dans le Journal Officiel (10 avril 2021). Durant cette période intermédiaire l’autorité dialogue avec les organisations pour le bien-être animal pour aborder l’exécution de la loi.

Qu’y a-t-il dans la nouvelle loi ?

La loi part du principe que la santé des gens est liée à la santé des animaux. Ceci nécessite un changement des mentalités et la maltraitance des animaux sera punissable. L’autorité installe le Centro Nacional de Sanidad Animal (Cenasa) qui doit veiller au bien-être animal suivant les dispositions de la loi.

Un premier problème à traiter concerne le bien-être anomal en général. La loi rend possible la description des conditions permettant aux gens de garder des animaux (domestiques), afin de pouvoir combattre les abus et les abandons.

Un deuxième défi concerne les nombreux chats et chiens errants. La loi prévoit la possibilité de création de centres d’accueil publics et reconnaît les initiatives de particuliers qui accueillent des animaux depuis des années par leurs propres moyens.

Troisième point : la loi promet la rénovation des cliniques vétérinaires qui devaient, ces dernières années, travailler dans de mauvaises conditions. Les  vétérinaires sont chargés de contribuer  à veiller pour le bien-être animal et obtiennent la possibilité de collaborer (après leurs heures et ppur leur propre compte) avec des organisations animalières privées.

Par contre la loi autorise encore des offres rituelles d’animaux, fréquent dans la religion de la santeria. Les combats de coqs ne sont pas défendus, mais, uniquement possibles dans les « clubs de coqs » de l’entreprise d’état Flora y fauna. Les combats de chiens seront, eux, punissables.

Une loi établie en dialogue avec les citoyens.

Le Ministère de l’agriculture (Minag) souligne que la loi a été établie en dialogue avec les organisations pour le bien-être animal. Le projet de loi a été rédigé en janvier 2020 sur base des travaux d’un groupe multidisciplinaire, composé  de 42 institutions publiques et organisations des droits des animaux. Une des organisations animalières participantes était l’ Asociación Nacional para la Protección de Animales y Plantas (Aniplant), une des seules à disposer d’une reconnaissance officielle. Le gouvernement a alors promu un décret permettant les citoyens d’introduire leurs propositions par mail jusqu’au 15 décembre 2020. Et du 3 au 23 novembre 2020 chacun pouvait présenter des commentaires sur le projet via le site web du Minag. La page a été consultée plus de 6.000 fois et a enregistré 1.200 réactions intéressantes. En novembre 2020 le projet n’a pas été approuvé par l’assemblée générale (le, parlement), pour être finalement approuvé maintenant. Dès lors les organisations pour les droits des animaux sont pleinement associées à l’exécution et à la communication au sujet de la loi.

Un long combat des organisations citoyennes.

Nora Pérez García, directrice de Aniplant, est très satisfaite de la nouvelle loi et invite toutes les organisations animalières à collaborer à son exécution. Elle avait déjà fait un premier appel pour une loi sur le bien-être animal en 1998. Le mouvement non reconnu officiellement « Cubanos en defensa de los animales » (CEDA) a réagi par « Cuba fait la fête, les amis des animaux explosent de joie ». Le mouvement pour les droits des animaux a connu une croissance remarquée les deux dernières années. Le 7 avril 2019 500 Cubains ont manifesté dans les rues de La Havane pour exiger une loi sur le bien-être animal.  Ce fut la première manifestation indépendante et non politique autorisée par les autorités cubaines.

Le 19 février 2021 une dizaine de militants manifestaient sous la direction de Beatriz Batista, directrice de « Refugio » devant le siège du Minag contre la lenteur pour une loi sur le bien-être animal. Le même jour ils étaient reçus par la vice-ministre Ydael Pérez Brito etb pouvaient présenter leurs desirata. La rencontre était transmise en direct sur leur page facebook, quand vers la moitié des débats un fonctionnaire leur a demandé d’arrêter. Mais le quotidien officiel Granma a publié un large rapport de cette rencontre sous le titre « Un dialogue respectueux et constructif au sujet de la protection animale ». La vice-ministre y déclarait que durant ce même mois de février la loi serait approuvée.

L’opposition manipule les organisations pour les droits des animaux à des fins propres.

Des forces de l’opposition ont profité allègrement du mouvement en faveur des animaux et manipulent dans leur information la fonction de leur unique but : discréditer l’autorité cubaine. Cibercuba, site web anti-gouvernemental notoire, publie à ce sujet « Le dialogue entre le gouvernement et les défenseurs des droits des animaux c’est déroulé dans une ambiance tendue, faite d’attaques et de menaces contre les activistes ».

Cubanet.org introduit son article avec un paragraphe « Après beaucoup de retard Cuba a une loi sur le bien-être animal depuis le 28 février. L’approbation a été retardée durant des mois avec toutes sortes d’excuses. Mais finalement la loi est une victoire des défenseurs des droits des animaux. Malgré les nombreux obstacles, malgré la mauvaise foi et les attaques ils n’ont jamais cédé et ont durement combattu pour obtenir cette loi ».

En conclusion : un processus participatif qui mérite d’être poursuivi.

Depuis quelques années beaucoup de Cubains ont accès à internet. L’introduction du 3G a rendu possible la communication entre Cubains via leur smartphone. Ceci a des conséquences pour les médias sociaux et les initiatives citoyennes qui les utilisent beaucoup.

L’autorité cubaine doit apprendre a tenir compte de cette nouvelle réalité. L’état n’a plus le monopole de l’information.

Le mouvement pour les animaux connaît une forte croissance depuis quelques années. Sans doute la conséquence d’une donnée sociologique : une classe moyenne a surgi à Cuba, qui dispose de moyens pour des animaux domestiques et est en général sensible au bien-être animal. Ainsi des initiatives locales ont vu le jour qui entreprennent des actions et sensibilisent avec un succès croissant au sujet d’animaux errants. Et le gouvernement est appelé à donner des réponses aux sensibilités exprimées par ces mouvements.

A ce sujet la réaction du directeur juridique du Minag au sujet de la loi sur le bien-être animal est prometteuse et remarquable. Il a exprime sa grande satisfaction au sujet de la participation des associations animalières lors de l’élaboration de loi et il veut appliquer la même façon participative pour d’autres lois qui doivent être préparées pour octobre 2021, comme la loi sur l’autonomie alimentaire et la loi sur l’éducation alimentaire.

En général, les militants de la cause animale sont également satisfaits, même s’ils ont encore des points critiques (sacrifices rituels/combats de coqs) et qu’ils restent vigilants. Mais c’est une étape : la loi sur le bien-être animal constitue un pas important, dans le sens où les efforts des organisations  citoyennes ont abouti à une loi. Ceci ouvre des perspectives pour d’autres mouvements comme le mouvement LGTB+. Ceux ci plaident pour l’inclusion du mariage homosexuel dans le nouveau Code de Familles, actuellement en éloboration.

Pour l’autorité cubaine la meilleure stratégie est probablement d’entamer un dialogue sincère avec les nouvelles initiatives citoyennes. Elle renforce ainsi les liens avec la population, complémentairement aux liens via les organisations de masse. Et d’autre part elle coupe l’herbe sous les pieds d’une opposition politique qui tente de s’accaparer des mouvements citoyens.

Sources :

http://www.granma.cu/cuba/2021-02-19/dialogaron-sobre-proteccion-animal-en-cuba-autoridades-del-ministerio-de-la-agricultura-y-grupos-protectores

http://www.granma.cu/cuba/2021-03-03/dialogan-autoridades-del-minag-y-grupos-protectores-sobre-la-implementacion-del-decreto-ley-de-bienestar-animal-27-02-2021-11-02-20

SITUATION  ÉCONOMIQUE  DIFFICILE  ET  COMPLEXE.

                                                                                                                                              F. Tack

Le bilan de la situation économique en 2020 et la planification pour 2021 donnent une image des difficultés que Cuba& doit affronter et de la complexité de la recherche pour des solutions.

L’évolution PIB durant les cinq dernières années illustre l’impact de la période Trump, avec 242 mesures de renforcement du blocus, et de la crise du coronavirus qui n’a pas épargné Cuba. De 2015 à 2018 Cuba a encore enregistré des chiffres de croissance (modestes) : 4 % en 2015, 0,5 % en 2016, 1,6 % en 2017 et 1,2 % en 2018. A partir de 2019 on constate une diminution du PIB de 0,2 % pour 2019, et une chute catastrophique de 11 % pour 2020.

Mais Cuba reste optimiste et planifie une croissance de 6 à7% pour 2021 par rapport à 2020 et à prix constants.

Réalisable ou mirage ?

Quelles perspectives pour 2021 ?

Pour cette année on espère une récupération graduelle de l’activité économique et on attend des résultats de l’unification monétaire et des réformes financières, des hausses des salaires et de l’application des mesures du « Tarea Ordenamiento » (voir Cuba Sí nr. 209, l’article de Wim Leysens, pag. 9-11, et Cuba Sí nr. 210, l’article de Regi Rotty, pag.12).

On espère une croissance de 19 % des entrées en devises, par la vente de services (entre autres de télécommunication et d’une récupération partielle du tourisme) et de biens. En ce qui concerne le tourisme 2020a été clôturé avec environ un  million de visiteurs. 2021 devrait pouvoir compter sur plus de 2 millions de touristes. Cuba applique des règles sanitaires qui devraient tranquilliser les visiteurs et plusieurs compagnies aériennes annoncent la reprise de leurs vols vers Cuba. On table également sur des potentialités d’exportations du pays.

Pour les importations des limitations sont à l’étude et les priorités sont fixées : 17 % est consacré à l’alimentaire et 20 % aux combustibles. 207 millions de dollar sont prévus pour des engrais et des pesticides (y compris les matières premières pour une production locale).

Le plan des investissements croît de 22 % et fixe également des priorités : défense, production alimentaire, tourisme, sources d’énergies renouvelables, construction et production de ciment et d’acier. L’ensemble de ces investissements devrait donner la création de 11.500 nouveaux postes de travail.

Dans le domaine de l’emploi on espère une croissance de 32.000 jobs, dont 22.000 dans le secteur public et 10.000 dans le secteur privé. Il est utile de rappeler que les dix dernières années le chômage à Cuba a été maintenu en dessous de 4 %, ce qui correspond à un plein emploi selon les paramètres internationaux. A titre de comparaison les organismes internationaux tablent sur une perte de 26 millions d’emplois en Amérique Latine et les Caraïbes suite à la crise du coronavirus.

Quelles sont les perspectives après les quatre premiers mois de 2021 ?

Durant le conseil des ministres de début mai le gouvernement cubain a souligné que l’on ne renonce pas aux objectifs de croissance. Le conseil insiste sur le recours aux solutions internes et à une dépendance minimale de l’externe. La planification centrale doit jouer avec flexibilité de la décentralisation et de l’autonomie des secteurs économiques : les entreprises publiques, les coopératives et les autres formes de gestion. La priorité des priorités est la production nationale de produits alimentaires. Le système des entreprises doit également mettre l’accent sur le développement des petites et moyennes entreprises (PME) et de l’extension du télétravail. L’utilisation de la science et de l’innovation doit se développer et l’usage des sources d’énergie renouvelables est encouragé. La production nationale doit se concentrer sur la demande du marché  interne  et la qualité des services à la population doit s’améliorer.

Depuis le début de 2021, avec l’introduction de la « Tarea Ordenamiento » 172.925 personnes ont exprimé leur intérêt pour les offres d’emploi, dont 111.797 ont accepté l’offre (65 %). 52 % de ces jobs se situent dans le secteur public (où les salaires ont fortement augmenté) et 48 % dans le secteur privé. Près de 5.000 candidats se sont inscrit pour des séances de formation dans différents secteurs. 33 % de ces travailleurs sont des jeunes en dessous de 35 ans, dont 36 % sont de femmes.

3.635 personnes ont opté pour des emplois dans les coopératives agricoles.

Le conseil des ministres a rappelé que la récupération économique n’est pas possible à court terme, entre autres à cause des difficultés dans le secteur touristique qui reste le moteur de l’économie (bien que quelques compagnies aériennes reprennent leurs vols sur Cuba), et surtout à cause des limitations accrues du blocus économique, commercial et financier imposé par les États-Unis.

On peut certes souligner des éléments positifs : l’évolution favorable de l’emploi et une légère croissance de la vente en pesos cubains. Fin avril on avait récupéré 80% des CUC en circulation, un rythme positif pour le six mois programmés pour la récupération. Optimisme et fermeté restent à l’ordre du jour, malgré la reprise lente du tourisme, la crise du Covid-19 et le blocus qui n’empêche pas Biden de dormir.

Le 20mai Alejandro Gil Fernández, le vice-premier ministre responsable pour l’économie et la planification, confirmait que Cuba ne renonce pas à la croissance de 6 % pour 2021. Il a rappelé que si la croissance se maintient à 6 % en 2021 et 2022, onn récupère le niveau du PIB de 2019, soit environ 56.900.000.000 pesos.

DÉCRET  PRÉSIDENTIEL  EN  FAVEUR  DE  LA  FEMME.

                                                                                                                                 Alexandra Dirckx

Le 8 mars, journée internationale de la femme, Cuba a publié dans le journal officiel, Gaceta Oficial de Cuba, un tout nouveau décret présidentiel. Ce décret, finalisé en février mais publié le 8 mars pour la simple raison qu’il s’agit du « Programme national pour le progrès des femmes ». Le programme veut promouvoir le bien-être de la femme et l’intégration de la femme dans la communauté cubaine.

Malgré le fait que la constitution cubaine confirme l’égalité de la femme et de l’homme et que toute discrimination de la femme, dans n’importe quel domaine, est illégale, la Fédération des Femmes Cubaines (FMC) regrette que ce principe de l’égalité n’est pas toujours garanti pour toutes les femmes. Il y a le problème de la violence intrafamiliale où les femmes sont victimes de violences physiques et sexuelles. Et le nouveau modèle économique a également un impact sur le revenu et la dépendance financière de la femme qui en découle.

Pourtant la femme est la pierre angulaire de la société cubaine et il est important que chaque forme de discrimination et de violence envers les femmes soit combattue. Il faut, comme le stipule la constitution, que la femme puisse participer à la communauté et ce dans tous les domaines.

Le programme développe toute une série de mesures et de points d’action avec comme objectif l’émancipation financière de la femme et la lutte contre la discrimination. Pour le réaliser plusieurs secteurs collaborent : enseignement, prévention, travail social, législation, soins de santé, reproduction et finalement statistique et recherche. En travaillant à partir d’approches différentes se créent des mécanismes structurels qui veillent à l’égalité des genres.

La FMC veillera à l’implémentation et au suivi du programme, l’adaptera si nécessaire et formulera des recommandations pour améliorer la situation des femmes. Le 8 mars n’est donc pas choisi sans raison pour rendre public ce décret. Le choix du 8 mars est symbolique et est l’expression du respect vis-à-vis des femmes comme pierre angulaire der la société cubaine.

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