Cuba Sí 207 – traductions
LE 1er MAI Á CUBA.
Freddy Tack
A Cuba aussi, suite au coronavirus, les manifestations de masse et les meetings à l’occasion de la fête du travail ont été annulées. Mais ceci n’a pas empêché les Cubains de fêter le 1er mai, mais avec le respect de toutes les mesures de protection.
La CTC (Confédération des Syndicats cubains) a invité tous les travailleurs de fêter le 1er mai à la maison, dans les communautés et dans les centres de travail, entre autres en arborant le drapeau cubain et sous le thème « Por Cuba, unidos venceremos » (Pour Cuba, ensemble nous vaincrons). Le slogan pour la fête : « Mi casa es mi plaza » (Ma maison est ma place).
Une autre initiative venait de la UJC (Union des Jeunes Communistes), et a été largement suivie par les jeunes, avec un appel, via les réseaux sociaux, au soutien des travailleurs de la santé et en concordance avec le mouvement ouvrier. Le président de la UJC a aussi invité les Cubains à chanter partout, à 8 heures du matin, l’hymne national.
Dans les centres de travail le 1er mai a été fêté par des rassemblements, en respect des distanciations et avec port du masque.
A Cuba, Covid ou pas Covid, le 1er mai reste une fête de masse des travailleurs.
CUBA ET L’ UNION EUROPÉENNE (UE).
F.Tack
A l’occasion de la Journée de l’ Europe (le 9 mai, depuis 1985), Alberto Navarro, ambassadeur de l’ UE à La Havane, a accordé un long entretien à Cubadebate. Il a abordé les évolutions en Europe,, mais nous allons nous arrêter a ces commentaires au sujet des relations UE-Cuba.
Il a d’abord rappelé la signature de l’accord pour un dialogue politique et la collaboration de décembre 2016, qui mettait fin à la « position commune » qui a empoisonné les relations avec Cuba durant 20 ans.
Le dialogue.
Depuis l’accord le dialogue a repris, sur base de la confiance et du respect mutuel. Cinq thèmes sont actuellement abordés dans ce dialogue : les droits de l’homme, le développement durable, les armes de destruction massive, le commerce d’armes légères, et les mesures coercitives unilatérales.
Parallèlement trois échanges sectoriels se poursuivent : énergie, agriculture et modifications climatologiques.
La collaboration.
La collaboration est en plein développement, avec le triplement des programmes. Elle couvre plusieurs secteurs : l’agriculture durable, l’énergie durable, l’accompagnement de la modernisation économique, avec un échange d’experts. Dans le domaine culturel un programme est en cours pour la rénovation du Convento de Santa Clara dans la Vieille Havane, où est prévu un centre de formation pour les jeunes des Caraïbes. Un soutien est prévu pour l’école du cinéma et de la télévision à San Antonio de los Baños et pour l’ ISA (Université des Beaux Arts). Une aide de cinq millions d’euros est octroyée pour un prêt de l’ Agence Française pour le Développement à l’ Institut de Médecine Tropicale Pedro Kouri.
Les sanctions nord-américaines.
Navarro a rappelé que l’ UE condamne l’application de sanctions, car ceci est en contradiction avec le droit international. Il a cité sept entreprises européennes victimes de l’application du Titre III de la loi Helms-Burton : Trivago en Allemagne filiale de Expedia), Booking.com aux Pays Bas (filiale de Booking.com), Pernod-Ricard (collaboration avec Havana Club), la banque française Société Générale, la banque espagnole BBVA, la chaîne hôtelière Iberostar, et la chaîne hôtelière Melia (suspendue).
Dans ses mots de clôture il a déclaré à propos des sanctions : « Nous les considérons comme illégales, mais dans le contexte de la pandémie aussi comme immorales. Il n’existe aucune justification pour maintenir les sanctions. Nous verrons ce qui se passe le 3 novembre aux États-Unis. C’est une date importante pour Cuba et pour nous ».
La population se mobilise pour la santé, la solidarité et la production.
Dans la lutte contre une pandémie Cuba a l’avantage d’être une île. Cet avantage était très limité,car il faut se rappeler qu’en février il y arrivait encore des centaines de milliers de touristes, provenant de nombreux pays touchés par le coronavirus, comme l’ Italie et les États-Unis. Prenons, par exemple, un mois au hasard, entre le 15 février et le 15 mars 2020, des dizaines de milliers d’émigrés cubains viennent des États-Unis, d’ Espagne et d’autres pays européens, pour des visites familiales dans tous les recoins de l’île.
Cuba est un pays pauvre, et doit aussi lutter contre une guerre économique, menée depuis soixante ans par les États-Unis. En 2019 cette guerre c’est encore renforcée, avec comme conséquence des revenus du tourisme en baisse, de grands problèmes pour l’importation de combustibles, des problèmes d’approvisionnement et des longues files d’attente dans et autour des magasins. Dans de telles circonstances un « lockdown » généralisé, comme mesure d’arrêt contre le virus, est tout simplement impossible.
Les chiffres du corona à Cuba.
Les premiers cas de personnes touchées par le nouveau coronavirus ont été détectés à Cuba le 11 mars 2020. Entre le 6 et le 24 avril s’y ajoutaient une cinquantaine de cas confirmés par jour. Ceci a donné un pic de près de 850 cas confirmés le 24 avril (pas encore tous guéris), disséminés sur toutes les provinces. Depuis lors les chiffres sont en baisse. Le 26 mai il y encore 166 cas actifs de Covid-19, dont 90% dans les provinces de La Havane et de Matanzas. Beaucoup de ces cas ont été découvert durant les dix derniers jours, après des pointes locales. Il faudra encore plusieurs semaines avant d’atteindre le but d’une éradication totale du virus, même si dans la majorité des provinces il n’y pas plus de cas connus.
Cuba n’a donc pas connu un « lockdown » généralisé, mais des mesures sociales efficaces pour encercler le virus et l’exterminer, dont plus d’info ci-après. Ces mesures sont encore maintenues provisoirement à ce jour. Cuba a 11 millions d’habitants, comme la Belgique. Du nombre total de 1.974 infections du coronavirus, 82 personnes sont décédées au 26 mai, un chiffre qui connaîtra peu de hausses si les Cubains réussissent à maintenir les énormes sacrifices consentis.
Les chiffres cités semblent bas, et ils le sont, certainement en comparaison avec la Belgique, mais aussi par exemple avec la République Dominicaine, un pays voisin avec un peu moins d’habitants, mais avec six fois plus de décès fin mai et encore des milliers de cas déclarés. Ces chiffres cachent d’autres données, et une mobilisation en grand nombre maintenue durant des mois par les médecins cubains et d’autres travailleurs de la santé, ainsi que les étudiants. A côté des 166 cas actifs, il y avait le 25 mai encore près de 1.800 personnes « suspectées » de Covid-19 hospitalisées, en général des personnes en contact avec des cas confirmés. Au sommet des apparitions locales du virus, plus de 10.000 personnes étaient hospitalisées.Les services de santé cubains estiment cruciale la décision préalable d’hospitaliser tous les cas positifs, avec ou sans symptômes, mais aussi toutes les personnes en contact et les cas suspects. Le traitement préventif est considéré crucial tant pour limiter les cas d’infection que pour limiter les décès. (Voir aussi l’encadré au sujet du traitement de la maladie).
Des fin janvier et jusqu’à aujourd’hui on frappe à la porte de, littéralement, millions de Cubains, pour s’informer de leur état de santé et de détecter d’éventuel cas d’infection. Ce travail est assumé par des dizaines de milliers d’étudiants en médecine, avec les médecins de la famille et leurs infirmier(e)s, les travailleurs sociaux et des militants des comités de quartier, de la fédération des femmes et du syndicat. Cette façon de travailler n’est pas neuve à Cuba. Les infrastructures médicales de quartier sont une pierre angulaire des soins de santé. Les médecins et infirmier(e)s de la famille vivent dans le quartier ou le village, et connaissent les gens qu’ils soignent. Cette approche des soins de santé à Cuba en temps normaux offre une base solide pour affronter des situations exceptionnelles.
Cette méthode de détection de porte à porte avait aussi été appliquée en 2016 lors de la pandémie du virus du Zika. Mais en 2020 la méthode est appliquée à plus grande échelle et de façon plus intensive. Les premières six semaines de l’actuelle « campagne coronavirus » (jusqu’au 11 mars) on n’a détecté aucun cas de Covid-19, mais on a noté 500 cas d’autres infections des voies respiratoires nécessitant des soins médicaux.
Depuis fin avril il pleut à Cuba, après une avant-saison très sèche. Ceci amène un danger d’infections de maladies virales transmises par les moustiques, comme la dengue. Les visites préventives les visent également et des opérations de désinfection se poursuivent, également dans les provinces non touchées par le coronavirus.
« La patrie c’est l’humanité ».
Mi-janvier, tout de suite après le début de la pandémie en Chine, alors que dans beaucoup de pays le Covid-19 était réduit à une « sorte de grippe » et à un « problème chinois », la mobilisation a commencé à Cuba, dans le services publics, dans les entreprises et auprès de la population.
Le 29 janvier, avant la vague en Italie, le conseil des ministres approuvait un plan pour le contrôle d’une possible poussée du Covid-19 à Cuba. Objectif central de ce plan : « Sauver des vies ». L’avenir prouvera que ce n’étaient pas des mots vides de sens.
Cuba dispose toujours de réserves stratégiques de médicaments et de produits essentiels. Et dans une économie nationalisée il est toujours possible d’augmenter à temps la production de certains produits.
En février les hôpitaux sont réorganisés avec des ailes séparées pour les infections des voies respiratoires. Le personnel médical et soignant, dans et en dehors des hôpitaux, reçoit une formation complémentaire, et une capacité d’accueil médical est préparée afin de pouvoir isoler les personnes infectées et leurs contact dès qu’une poussée se déclare. Les usines de vêtements passent à la production de masques buccaux en coton. Dans les entreprises et les quartiers des réunions d’information sont organisées au sujet du virus. Ce sont d’ailleurs des travailleurs du secteur touristique qui ont détecté, le 11 mars, les premiers patients du coronavirus.
En mars le tourisme étranger est progressivement réduit, avec un arrêt total et des mesures de quarantaine pour le voyageurs dès le 23 mars.
Après d’intenses préparatifs Cuba est passé réellement en mode coronavirus à la mi-mars, non seulement à cause des premières infections et de l’arrêt du tourisme, mais aussi par une grande opération logistique d’aide à un navire anglais avec à bord des dizaines de cas avérés et suspects, que personne n’autorisait à accoster quelque part. Le 18mars le navire est accompagné dans le port de Mariel, où des chauffeurs de bus cubains, des ambulanciers et du personnel médical évacuent les 1.000 passagers et membres de l’équipage vers l’aéroport, avant de passer eux-mêmes, selon les strictes mesures de quarantaine cubaines, en isolement pour 14 jours.
Au même moment des centaines de médecins et infirmier(e)s cubains partaient à l’étranger, entre autres en Italie, pour aider dans la lutte contre le Covid-19. Depuis lors ces brigades spéciales coronavirus sont composées de plus de 2.000 personnes, et s’ajoutent aux 28.000 médecins internationalistes « permanents » dans des dizaines de pays.
Le président cubain Miguel Díaz-Canel le résumait le 19 mars comme suit : « L’autorité cubaine a la responsabilité de garantir la vie et la santé de notre population et d’être en même temps solidaire et collaboratif avec ceux dans le monde qui ont besoin de soutien… car nous avons toujours prôné que celui qui dit « patrie » doit dire « humanité ».
A la même époque, dans la deuxième moitié de mars, les cours sont suspendus dans les écoles et les transports locaux sont arrêtés. Transports publics, bâtiments scolaires, parcs de vacances,, personnel libéré du tourisme et de l’enseignement… tout est mis en place pour le transport, le logement et les soins de milliers de patients du coronavirus et leur personnel médical traitant, si nécessaire.
Un arrêt aveugle et en panique de l’économie, comme nous l’avons connu dans beaucoup de pays européens, n’a pas été nécessaire à Cuba, car le virus ne s’est jamais répandu hors contrôle.
Économie et santé en temps de coronavirus.
La vie dans les entreprises est également concentrée sur l’évitement de contagions, ce qui, à Cuba, n’entre pas en conflit avec la nécessité de produire. Quelques exemples concrets durant les derniers mois. A Florencia, province de Camagüey, les services locaux de la santé de cette commune rurale décident, après la détection d’un pic de coronavirus dans une ferme d’élevage de poulets, de mettre les 41 travailleurs dans une clinique d’urgence (centre d’isolation) pour au moins 14 jours. Des travailleurs d’autres fermes et d’autres communes viennent les remplacer et l’entreprise de viande fait appel à des bus des transport locaux et des entreprises de taxis pour le transport domicile-travail.
En ce moment la production de viande de poulet est cruciale à Cuba. Début mars le gouvernement a décidé d’ajouter une quantité fixe de viande de poulet à la liste des produits de base rationnés que chaque Cubain peut acheter mensuellement à des prix très bas.
Fin 2019 les détergents (produit de vaisselle) étaient quasi introuvables ou impayables en monnaie locale. Depuis le début de la crise du coronavirus ils sont ajoutés au livret de rationnement, avec le savon, la poudre à lessiver et le dentifrice. Ce qui implique qu’il faut en produire des quantités suffisantes et qu’il faut les distribuer équitablement. Les ouvriers de l’usine Suchel à Jovellanos, qui produisent le détergent, ont pris un mois d’avance sur le plan de production fin avril, et ont décidé de travailler un jour extra le 1er mai.
Dans les villages, dans une quarantaine de quartiers urbains, et dans une usine où des irruptions locales du virus se sont produites des mesures strictes de confinement, avec une interdiction totale de déplacements ont été instaurés, accompagnés de livraisons à domicile des tous les achats et autres nécessités.
Début mai, quand cinq ouvriers d’une équipe de production d’une grande imprimerie de Santa Clara ont été infectés, les travailleurs des autres équipes et des services de soutien ont donné leur accord pour effectuer leur confinement de deux semaines dans l’usine au lieu d’aller dans un centre de confinement, et de continuer l’impression de la presse quotidienne pour la région. Du 6 au 21 mai les travailleurs ont dormi à côté de leurs machines ou dans leurs bureaux. On leur à livré des repas, des objets de toilette, des cartes avec des crédits pour le téléphone et les data. Un médecin était présent à plein temps, et n’a donc pas, lui également, vu sa famille durant 14 jours.
Dans 40 villages et quartiers où le virus circulait, le confinement se déroulait de la même façon,, mais durant 28 jours, jusqu’à la fin d’une double période d’incubation sans nouveaux cas positifs. Durant cette période les habitants ne sortent pas de chez eux. Ceux qui travaillent hors du quartier sont remplacés tout en maintenant leur job et leur salaire. Le personnel logistique et soignant en contact avec les habitants doit également rester sur place et confiné.
Le secteur de la construction n’a pas été arrêté. Pour le premier trimestre de 2020 près de 10.000 habitations neuves ou rénovées ont été terminées, répondant aux objectifs de 40.000 pour cette année.
Une partie des travailleurs du tourisme aident aux travaux d’entretien et de rénovation des hôtels qui sont temporairement vides.
Un certain nombre de projets de chantiers sont ralentis afin d’éviter le rassemblement trop nombreux de travailleurs sur les chantiers, durant leurs transports et leur séjour dans des « campements ».
Un de ces campements se situe dans la station balnéaire de Varadero, où quasi 4.500 travailleurs construisent de nouveaux hôtels. Plus de 2.000 vivent dans pensions et sont conduits chaque jour aux chantiers en bus. Depuis le début de la crise du coronavirus l’entreprise à triplé le nombre de bus, afin de rendre possible la distanciation.
Chaque soir, au retour du chantier, il y a un contrôle médical. Au moindre symptôme d’infection des voies respiratoires les gens sont placés en isolement, bien sûr avec maintient du salaire. A ce jour aucun cas de Covid-19 n’ a été constaté, malgré quelques foyers locaux dans les villes voisines de Matanzas et Cárdenas.
La production alimentaire : plus que jamais un défi.
A part dans l’enseignement et dans l’horeca il y a eu peu de fermetures à Cuba pour motif de coronavirus. Les travailleurs cubains s’organisent afin de rester le plus possible collectivement au travail. Si nécessaire, le processus de production est adapté afin d’éviter des contaminations. Les plus de soixante ans ont le droit, mais sans y être obligé, de rester chez eux avec maintien du salaire.
Suite à la crise mondiale les exportations de certains produits cubains, comme les cigares, le rhum et les produits biotechnologiques, ont fortement baissé ces derniers mois. A Cuba cela ne cause ni faillites, ni fermetures d’usines ou d’entreprises agricoles. La production est maintenue et les produits sont stockés en attendant une reprise du commerce international. Ceci est possible du fait que les entreprises ne sont pas obligées de réaliser des bénéfices pour des actionnaires et que les travailleurs contrôlent l’organisation de la production.
Malgré cela, en mars et avril, environ 125.000 salariés ont été temporairement au chômage. En Belgique, avec la même population, ce chiffre était de 900.000. A Cuba cela signifie un premier mois à 100% du salaire, puis à 60%. Par ménage un parent au travail peut rester chez lui à ces conditions tant que les écoles sont fermées.
Des 125.000 chômeurs temporaires, 37.000 étaient de nouveau au travail fin avril, dans des secteurs prioritaires : des dizaines d’hôpitaux temporaires (centres de confinement) ont vu le jour, qui en plus du personnel médical nécessitent également du personnel logistique, de cuisine et d’entretien. Les hôpitaux classiques ont un besoin accru de nettoyage et de désinfection. Il y a un besoin de coursiers pour faire les achats et la distribution de repas, afin que les seniors et d’autres groupes à risque puissent rester à la maison. Il manque de bras dans l’agriculture, depuis l’arrivée de la pluie fin avril. Alors que les étudiants en médecine aident directement dans la lutte contre le Covid-19, beaucoup d’autres étudiants et professeurs se sont mis volontairement au travail dans les hôpitaux ou dans l’agriculture.
Depuis la mi-avril les syndicats organisent dans plusieurs provinces des dizaines de brigades, de quelques milliers de travailleurs au total, pour travailler dans la production agricole. Il s’agit ici de travailleurs de l’enseignement, du secteur des sports et de la culture, mais aussi de travailleurs des raffineries de sucre, où la récolte annuelle est déjà transformée, de travailleurs d’entreprises publiques qui peuvent être remplacés dans leur poste de travail, et de gens libérés et mis à disposition par les syndicats.
Le gouvernement a adapté le plan de développement de l’économie pour 2020, vu la forte diminution des revenus du tourisme. Les investissements en cours, comme la poursuite des constructions dans le port de Mariel et la modernisation des usines de matériel de construction se poursuivent normalement. Mais quelques nouveaux investissements en infrastructures et dans l’industrie sont postposés. L’agriculture reçoit une plus grande priorité et cela devra se poursuivre dans les prochaines années.
Un mal ancien, le fait que Cuba doit importer près de 60% de son alimentation, est encore aggravé par le manque récent de combustible, également importé, pour les tracteurs, de pesticides et d’aliments pour le bétail. Première conséquence : dans l’agriculture il faudra mettre plus de main d’oeuvre humaine, dont les brigades volontaires du printemps ont été le départ.
L’industrie agricole autochtone doit également être développée. A Cienfuegos une nouvelle usine a été mise en service pour produire de la farine de manioc (yuca). Ceci est encouragé afin de réduire les importations de blé.
L’élevage de porcs c’est littéralement écroulé l’année dernière. Pour une remise à niveau on compte sur le développement d’une production alimentaire pour le bétail dans le pays, et de remplacer la dispendieuse importation de maïs. Dans la province de Santiago la construction d’une nouvelle usine d’aliments pour le bétail est planifiée.
Sauver des vies : la révolution socialiste marque la différence.
Le parcours de Cuba n’est certes pas parfait. Les services de santé et le gouvernement avaient envisagé encore moins de décès. Les mesures de confinement pour les voyageurs, surtout les voyageurs cubains, auraient du être appliquées plus tôt et surtout plus strictement. Dans quelques cas de personnes décédées le système de détection précoce n’a pas fonctionné. L’unique irruption dans un foyer de soins et dans un foyer de jour pour sans-abris, avec plusieurs décès, aurait pu être évité ou tout au moins détecté plus tôt. Dans plusieurs hôpitaux il y a eu quelques manquements avec des infections et la fermeture temporaire de sections, heureusement sans décès. Mais se sont resté des exceptions, pas des problèmes structurels ou des manques de préparation tels qu’on les a connus dans les hôpitaux de beaucoup d’autres pays, beaucoup plus riches. Dans la grande majorité des hôpitaux cubains les mesures de protection et les procédures strictes de séparation de tout un chacun en contact du Covid-19 et les autres départements ont été scrupuleusement suivies. (Les mesures de protection cubaines impliquent que le personnel des départements Covid-19 est séparé de sa famille et de sa maison durant un mois : deux semaines de service continu suivies de deux semaines de confinement).
La détection active, le confinement préventif et le traitement maximal ( ainsi que les tests) semblent être les clés pour un résultat globalement excellent.
Pour atteindre ce résultat tous les moyens matériels de Cuba – très limités en comparaison de la Belgique- ont été mis en oeuvre de façon planifiée, ce qui est possible dans une économie nationalisée et avec un gouvernement de travailleurs et d’agriculteurs.
Mais avant tout Cuba peut se reposer sur son capital humain pour ses soins de santé, pour le maintien de la production et de la distribution, et pour l’organisation de la solidarité internationale : sur la mobilisation, la conscience et les capacités d’une population qui a assumé les changements au travers de 60 ans de révolution socialiste.
Le traitement contre le Covid-19 à Cuba.
Dans les protocoles de traitement pour le Covid-19 appliqués dans les hôpitaux dans le monde, peu de médication spécifique est mentionnée. En premier lieu, en Belgique aussi, des médicaments standard comme la chloroquine et hydroxychloroquine sont administrés. Le Kaletra (lopinavir+ritonavir), un médicament pour traiter le Sida est également une option fréquente, mais uniquement dans le stade précoce de la maladie. Et il ne faut pas oublier qu’en Belgique et aux Pays-Bas des cas positifs sans ou avec peu de symptômes ne sont pas hospitalisés.
A Cuba, dès le début de l’infection, et dès l’apparition de légers symptômes, on donnait de l’interféron Alfa 2b, du Kaletra et parfois de la chloroquine. Dès que l’on a constaté que l’interféron fait disparaître le virus plus rapidement dans les cas asymptomatiques positifs, tous reçoivent le traitement avec l’interféron, mais sans Kaletra ou chloroquine. Les spécialistes sont convaincus que le traitement précoce diminue le risque de déclenchement de la maladie, ou qu’elle ne développe des formes plus graves. Tous les cas positifs, avec ou sans symptômes, et toutes les personnes de contact, parmi lesquelles des cas suspicieux non-confirmés, sont hospitalisés ou confiné dans des centres d’isolement (en fait des hôpitaux de crise), et peuvent être traités immédiatement selon les protocoles hospitaliers.
Déjà en mars les services de santé ont décidé d’utiliser, en plus de l’interféron, d’autres médicaments biologiques cubains. Ainsi, par exemple, l’anti-CD6 monoclonal Itolizumab et un peptide immunisant modulant récent, et le CIGB-256, utilisé pour l’arthrite rhumatismale, les deux utilisés pour les malades graves et critiques. Ce dernier médicament traite la sur-réaction du système immunitaire au coronavirus, ce qui cause le décès de plusieurs patients.Des 19 patients en état critique, traités à Cuba avec le CIGB-256 entre le 30 mars et le 5 mai, 14 sont guéris, alors que dans le monde entier la majorité des patients en état critique décède.
Plusieurs des malades en état critique ont reçu du plasma immunitaire de patients guéris, avec des résultats satisfaisants.
Pour les patients guéris gardant des séquelles pulmonaires on entame une revalidation avec des cellules souche.
Les groupes à risques, comme les habitants de homes, ont reçu ces derniers mois, en prévention, le Biomodulina-T, un médicament cubain sur base d’extraits de plantes, utilisé depuis une dizaines d’années pour augmenter l’immunité contre les infections des voies respiratoires. Le PrevengHo-VIR, un nouveau médicament qui augmente la résistance aux virus, à été largement utilisé dans les centres de santé des quartiers à La Havane, et dans d’autres régions comptant des chiffres élevés de coronavirus.
Pour les nouveaux lecteurs de Cuba Sí nous voulons encore mentionner que le traitement du Covid-19 est entièrement gratuit pour les Cubains, comme tous les soins médicaux.
Erik Wils, 27 mai 2020