Cuba Sí 181 – traductions

Cuba Sí 181 – traductions

Breves

Freddy Tack

Conseil des Ministres du 21 septembre 2013

Durant le Conseil des Ministres du 21 septembre des décisions importantes ont été discutées et/ou approuvées. Ci-dessous un bref aperçu.

Programme National pour les Médicaments

Ce programme est profondément revu et adapté, toujours avec le même objectif : assurer la santé de la population et limiter les conséquences du blocus dans ce secteur. 

Un programme intégral de recherche, développement et production de médicaments est mis en route, pour une utilisation adaptée et pour un approvisionnement garanti d’au moins 120 jours.

Entre 2014 et 2017 un système informatique sera développé pour la gestion et la vente des médicaments, et pour l’amélioration de l’infrastructure et de l’équipement des pharmacies.

Le programme de développement de la médecine naturelle et traditionnelle est mis à jour et reçoit une priorité et une attention spéciale.

Les maisons de retraite

Des moyens sont libérés pour une amélioration des maisons de retraite, entre autres suite au vieillissement de la population et aux difficultés rencontrées par les ménages pour le placement, ce qui retire certaines forces productrices, surtout des femmes, du circuit productif.

Un troisième groupe de coopératives

73 nouvelles coopératives, hors secteur agricole, sont approuvées. 38 se consacrent au commerce et à la gastronomie, une est active dans l’industrie, une dans le transport et 33 dans la construction.

Elles sont constituées sur base de l’apport des participants, peuvent demander des crédits et fixent leurs prix selon l’offre et la demande.
On ne renonce en aucun cas au principe que l’État reste le propriétaire des moyens de production fondamentaux et qu’il s’agit ici d’activités qui ne sont pas fondamentales pour le développement économique du pays, bien qu’elles le soient pour la vie quotidienne de la population.

Résultats du recensement de 2012

La population cubaine compte aujourd’hui 11.167.325 habitants, soit 10.418 de moins que lors du recensement de 2002. Les femmes sont 50,1%, les hommes 49,9%. 18,3% a plus de 60 ans et seulement 17,2 se situe entre 0 et 14 ans.

On a recensé 885.000 unités de logement, dont 882.424 habitations, le reste étant constitué de locaux de travail avec un logement permanent, de locaux collectifs comme les maisons de retraites ou les orphelinats.

Entre 2002 et 2012 le parc d’habitations s’est accru de 9,9%.

D’autres points abordés concernaient la restructuration du Ministère de la Construction, des règlements internes entre entreprises, de la politique salariale pour les athlètes, entraîneurs et spécialistes sportifs, et le perfectionnement du Bureau de l’ Historien de La Havane.

Le lecteur du tabac à Cuba

Quiconque a un jour visité une fabrique de cigares se souviendra qu’à la tribune quelqu’un lisait à haute voix un journal ou un livre. Une tradition cubaine dans l’industrie du tabac, toujours vivante et déclarée patrimoine culturel de la nation.

En 1839, Jacinto Sales y Quiroga, un jeune Espagnol, visitait Cuba et écrivait un livre sur ses impressions de voyage à son retour en Espagne. .Il voit des ouvriers sur une plantation de café qui trient des fèves dans un silence total, et il écrit : «  L’idée m’est venue que si ces instants pouvaient être utilisés pour l’éducation morale de ces malheureux. Un surveillant pourrait lire un livre à haute voix, ce qui adoucirait la monotonie du travail et contribuerait à alléger leur misère ». Cela se réalise quelques années plus tard, non pas dans les plantations de café, mais dans les usines de tabac.

La tradition trouve ses origines à l’Arsenal, une prison de La Havane, où, pour la première fois des rouleurs de cigares organisent des lectures durant leurs heures de travail. La lecture est introduite sur une base permanente à Bejucal, dans la fabrique Facundo Acosta, en 1864, avec comme « lector » Antonio Leal. Le lecteur est alors payé sur base d’une contribution de tous les travailleurs de l’usine. L’année d’après suit la fabrique Jaime Partagás, puis la fabrique El Figaro, pour être ensuite généralisée dans toutes les fabriques de cigares.

Saturnino Martínez, journaliste et poète, donnera une impulsion au mouvement dans le journal « Aurora », considéré comme progressiste pour l’époque, en écrivant le 7 janvier 1866 : « Ceci est un pas de géant sur la route du progrès et du développement général des ouvriers, car de cette façon ils apprendront graduellement à lire des livres qui deviendront finalement leurs meilleurs amis ».

Que lit le lector ? Un des premiers livres cités est « Las Luchas del Siglo » (les luttes du siècle). Le lector était donc à l’époque une voix qui se lève pour la liberté. Ce n’est pas un hasard qu’à la même période surgissent les premières actions de grève dans les fabriques de cigares, en 1865, entrainant plus de 400 ouvriers. Vers la moitié de 1866 est créé un des premiers syndicats ouvriers chez les « torcedores » (les rouleurs de cigares). Par après cette tradition jouera également un rôle pour les sentiments indépendantistes de Cuba et chez les ouvriers du tabac émigrés à Tampa (Floride), où l’on lit les discours et les écrits de José Martí dans les usines.

Il n’est donc pas surprenant que les colonialistes espagnols trouvent la pratique subversive, interviennent par la répression et que des interdictions sont énoncées à l’égard de certains livres. José Martí qualifie le lecteur du tabac de « Tribune proéminente de la liberté » et décrivait les « tabaqueros » comme les « docteurs du prolétariat cubain ».

Au départ on lisait surtout des grands classiques comme Victor Hugo, Alexandre Dumas, William Shakespeare, Balzac, Stendhal, Edgar Allan Poe, Herman Melville et des auteurs Espagnols, Cubains et Latino-américains renommés. Certains noms de marques de cigares, mondialement connus, trouvent leur origine dans ces oeuvres célèbres, comme Montecristo (le Comte de Montecristo de Dumas), Romeo y Julieta (Shakespeare).

On n’attend pas seulement du lector qu’il lise les livres, mais cela doit se faire avec inspiration, avec chaleur, avec émotion, avec compassion. En cas de succès il est applaudi en frappant sur les tables avec la « chaveta », le couteau courbé utilisé pour couper les feuilles de tabac. Lorsque les ouvriers étaient mécontents de la lecture ou du choix des livres le couteau était jeté par terre en signe de mécontentement. 

La tradition reste vivante dans l’industrie du tabac et l’on y lit maintenant la presse le matin, ou les principales revues, et des livres l’après-midi (romans, livres d’histoire, jusqu’à la psychologie et la sexologie). Comme l’exprime un « lector » : « Ce n’est pas seulement de la lecture, mais une interprétation, une explication de la conjecture et du contexte, un échange sur base d’une connaissance acquise auparavant. Nous ne sommes pas des reproducteurs mais aussi des générateurs d’idées, des donneurs d’impulsion au dialogue et au débat ». 

Une tradition cubaine incomparable, avec de riches expériences, et qui doit se poursuivre comme « un trésor de la mémoire vivante d’une communauté », comme l’exprime si bien Miguel Barnet.

Freddy Tack

Sources :

-Historia del Movimiento Obrero Cubano – 1865-1958. Tomo I : 1865-1935. LaHabana, Editora Política, 1985.

-Hugh Thomas. Cuba. The Pursuit of Freedom. New York, Harper & Row, 1971.

-Miguel Barnet. El lector de tabaqueria : una tradición cubana. In : Granma, 21/12/2012.

-Lecturas de tabaqueria, patrimonio cultural de la nación. In : Giron, 26/11/2012.

-Mayra García Cardentey. Lector de tabaqueria : de promotor cultural a árbitro en sexología.

In : Guerillero, 18/07/2013.

TURÍSMO

En traversant Cuba – Chapitre 13 : Ciego de Ávila – Las Tunas – Holguín

Youri Blieck

Ciego de Ávila

Le voyage au travers des provinces cubaines nous mène finalement à Ciego de Ávila, une petite province au centre de Cuba, séparée de Camagüey lors du dernier remaniement de l’ état. 

Du point de vue du visiteur la province offre peu d’attraits. Celui qui se rend de Santa Clara vers l’est traverse d’office la province et la ville Ciego de Ávila, mais très peu s’y arrêtent. Pourtant Ciego de Ávila est repris dans l’offre touristique internationale de Cuba. Le long de la côte de la province nous trouvons effectivement un archipel de petites et grandes îles qui sont des petits paradis tropicaux. 

Cuba a découvert ce potentiel depuis longtemps et a équipé les deux plus grandes îles de l’archipel de Camagüey en destination internationale : Cayo Coco et Cayo Guillermo. Plusieurs hôtels de 4 et 5 étoiles y ont été construits afin de pouvoir héberger un maximum de touristes sur les îles. Les amateurs de pèche sous-marine, de plongée (surtout à Cayo Guillermo), de tubas, de bains de soleil et/ou de calme se sentiront à l’aise sur les deux cayos. La région est très accessible grâce aux vols internationaux vers la ville de Ciego de Ávila et une route-digue de 27 km qui relie l’île de Cayo Coco à la terre ferme (une belle balade pour celui qui s’offre une voiture de location).

La côte sud de la province a son paradis pour les amateurs du monde sous-marin : l’archipel Los Jardines de la Reina (les jardins de la reine). 160 km de petites îles presque entièrement couvertes de mangroves et qui hébergent une vie sous-marine quasi vierge (pour celui qui y arrive). L’archipel se prolonge vers la côte sud de la province voisine de Camagüey où l’infrastructure est mieux développée.

La pèche est possible en mer, mais aussi dans les eaux douces du plus grand lac de Cuba, la Laguna La redonda, sur la côte nord de la province, au-dessus de la petite ville de Morón.

Dans le temps une « ciego » était une savane (étendue d’herbe) entourée d’un bois et dans la province actuelle de Ciego de Ávila on retrouvait ce genre d’étendue sur le territoire d’un certain Jácome de Ávila, d’où le nom « Ciego de Ávila ». La province se trouve pratiquement au milieu de la longue île de Cuba et durant la seconde guerre d’indépendance (1895 – 1898) les Espagnols y établirent une ligne de défense de la côte nord jusqu’à la côte sud, connue sous le nom de « Trocha de Morón a Jucaro », le fossé de Morón à Jucaro, les deux petites localités qui formaient le début et la fin de cette ligne de défense de 67 kilomètres. L’objectif était d’empêcher que les rebelles puissent exporter leur révolte vers l’ouest du pays. Malgré tout les héros de l’indépendance Máximo Gomez et Antonio Maceo réussirent à passer la ligne et à atteindre l’ouest de Cuba. Ce qui a été répété par Che Guevara et Camilo Cienfuegos 62 ans plus tard en marchant avec leurs colonnes de l’est (la Sierra Maestra) jusqu’à Santa Clara.

La plus grande partie de la province est constituée de prairies plates où l’élevage, la canne à sucre, les citriques et les ananas se complaisent. Dans cette province le traitement de la canne se fait principalement dans la centrale sucrière Ciro Redondo, environ au centre entre la capitale Ciego de Ávila et la petite localité de Morón. Celui qui le veut peut visiter cette centrale et suivre le processus de fabrication de sucre de la canne jusqu’au produit final. Le plus intéressant est que cette centrale est toujours en activité et le visiteur qui atteint la région en pleine zafra (la récolte de la canne à sucre) est repris dans une activité intense et peut littéralement voir les suivre le chemin emprunté par les bouts de canne du champ jusqu’à leur transformation en mélasse et en montagnes de sucre. Cela vaut le détour.

Las Tunas

De l’autre côté de la province de Camagüey nous trouvons la province de Las Tunas, une autre petite province séparée de la grande province d’ Oriente en 1975.

Las Tunas aussi a peu de « curiosités » à offrir au visiteur moyen. Mais c’est, qui sait, une occasion unique de quitter les chemins battus et de partir à la recherche du Cubain réel, des soucis quotidiens de la réalité cubaine, de l’approche joviale et sociale de beaucoup de Cubains, de la vie nonchalante sous le soleil tropical. En effet, le fait que Las Tunas ne figure que rarement sur les circuits touristiques explique que les habitants ne sont pas encore « intoxiqués » par les effets négatifs du tourisme de masse. Celui qui se débrouille quelque peu en espagnol peut s’y faire facilement des amis et vivre des expériences remarquables.

La capitale Victoria de Las Tunas (mais tout le monde dit Las Tunas) a été fondée en 1752, ce qui en fait une « jeune » ville. Durant la deuxième guerre d’indépendance la ville a été pratiquement entièrement incendiée et détruite. Jusqu’en 1975, quand elle est devenue capitale de la nouvelle province, le seul endroit à mentionner était le marché où les éleveur de la région venaient vendre leur bétail. Aujourd’hui c’est un chef lieu de province discret qui voit beaucoup de passants du fait de sa situation le long de la carretera central, l’axe routier qui relie l’est de Cuba à l’ouest de l’île.

Holguin

La dernière province où nous conduit notre parcours de Cuba est Holguin. Une province fort étendue qui héberge la quatrième ville, en grandeur, du même nom, avec environ 250.000 habitants.

Le nom de la région et de la ville viennent du capitaine García Holguin, un des conquistadores qui accompagnait Diego Velazquez, le conquérant de l’île.

La capitale de la province a été créée en 1523, quand ce petit bout de terre tomba aux mains de Bartolom de Bastidas, puis du capitaine Holguin. Les conquistadores du « Nouveau Monde » distribuaient des terres à leurs collaborateurs en récompense de leurs efforts. Ceci fut la base du système des « encomiendas » qui fit de la majorité des envahisseurs espagnols des grands propriétaires terriens et des autochtones des travailleurs au service ou propriété des Espagnols. La ville fut détruite presque entièrement lors des deux guerres d’indépendance du 19e siècle. Il ne faut dès lors pas y chercher une architecture coloniale comme dans d’autres villes cubaines. Mais une promenade dans le centre est agréable avec les trois places successives et, bien sûr, le héros local. Il s’agit de Calixto García, général des guerres d’indépendance. Sur une des places se trouve sa statue, sur la place de la Révolution nous trouvons sa tombe sous le grand monument et un peu plus loin dans la ville il y a sa maison natale.

Holguín n’est devenu capitale qu’en 1975 lors de la formation de la province d’ Holguín coupée de la grande province d’ Oriente. La majorité des visiteurs de la province se compose d’amateurs de plage. La province abrite Guardalavaca, le pendant oriental de Varadero : de longues plages blanches où le palmiers rafraîchissent les touristes, pour autant qu’ils n’aient pas du céder la place à des palaces. L’ambiance classique soleil, plage, mer.

Pourtant on trouve à proximité un site archéologique unique, Chorro de Maita, peut-être un des plus importants de Cuba. Au sommet d’une colline on a trouvé les vestiges d’un cimetière Taino et des traces d’un village Taino. Les indiens Tainos, habitants de l’ île avant l’arrivée des espagnols habitaient des huttes, vivaient de la chasse, de la pêche et de la cueillette des fruits, et n’ont pas laissé de grands monuments comme les cultures disparues d’ Amérique latine l’ont fait. Pourtant les objets récoltés, les squelettes et les traces d’habitations nous fournissent beaucoup de renseignements au sujet de cette culture. Grâce à un musée, le cimetière et un village Taino reconstruit (Aldea Taina) le visiteur peut partir à la découverte les habitants pré-hispaniques de Cuba.

Plus loin au sud de la province, près de Marcan (entre Alto Cedro et Cueto, des villages redus célèbres par Chan Chan, le classique du Buena Vista Social Club : « De Alto Cedro voy para Marcan, luego a Cueto voy para Mayarí ») se trouve la route vers Birán, où se trouve la Finca Las Manacas, lieu de naissance de Fidel et Raúl Castro. Jusqu’à peu il était quasi impossible de visiter la Finca, mais actuellement celui qui veut découvrir l’endroit où se trouvait le berceau des Castro peut y arriver moyennant un petit effort et un peu de chance. Sur le domaine se trouvent aussi les tombeaux des parents de Fidel et Raúl.

Plus à l’est la province devient plus étroite et montagneuse. Cette partie de Holguín est largement couverte par la Sierra del Cristal et les prémices de la Sierra Maestra. Une région idéale pour les randonneurs qui veulent se plonger dans la nature.

Les mêmes amateurs de nature font bien d’éviter la zone côtière du nord de la province. Ici Holguín est le décor de la zone principale d’exploitation minière et minérale de Cuba. La région de Moa est relativement polluée par les industries de nickel et de cobalt qu’on y extrait. Personne ne peut y trouver quelque intérêt. Mais la région est vitale pour l’économie de Cuba car la gigantesque réserve de nickel (une des plus grandes du monde) est aussi une des principales sources de rentrées de l’île.

Ailleurs dans la province on exploite le minerai de fer, le nickel et le cobalt, ou on produit de l’acier. Les routes sont détériorées par les innombrables camions qui sillonnent région, la nature est polluée et les animaux se sont réfugiés ailleurs.

Et dire que Christophe Colomb, lors de la découverte de l’île, a mis pied à terre près de Gibara, aujourd’hui dans les frontières de Holguín. Dans son journal il disait de l’île « la plus belle que des yeux humains aient jamais contemplés ». Heureusement qu’à l’époque il n’y avait pas d’industrie de nickel et d’acier.

Los 5

15 Años. Basta Ya !

Paul Evrard

Un jugement important pour les Cinq

La Cour Fédérale Américaine de Washington DC a chargé le Ministère de l’ Intérieur (août 2013) de rendre public le matériel au sujet des paiements à 44 journalistes qui agissaient à tort pour les Cuban Five. En juin 2013 le Fonds de Partenaires pour le Droit Civil (PCJF) avait demandé l’ouverture des dossiers par une exigence juridique sur base de la « Liberté de l’Information ». Les journalistes couvraient le procès des Cinq et les délibérations du jury (1998-2002). Par leur campagne de diffamation contre les Cinq, un procès honnête était impossible. Le Ministère avait refusé auparavant de libérer les documents. Marta Verheyden, directrice du PCJF : « Ceci est un pas important en faveur des condamnés ». Carl Messineo, juriste du PCJF : « Il semble que le gouvernement a manipulé l’opinion publique en Floride pour atteindre ces objectifs politiques et juridiques. Ils n’ont pas le droit d’occulter leur mauvaise conduite ». (Prensa Latina)

Message télévisé de René González, le 4 septembre 2013

Nous avons été arrêtés le 12 septembre 1998. Nous demandons justice depuis 15 ans, c’est une longue période dans une vie humaine : les enfants grandissent et deviennent adultes, d’autres ont disparus. J’ai purgé ma condamnation mais il faut éviter que mes quatre compagnons restent emprisonnés plus longtemps. C’est dur de le dire, mais si Gerardo Hernández n’obtient pas un pardon il ne sortira pas de prison vivant.

Durant ces années l’affection de notre peuple Cubain était grande et a joué un rôle important. Elle s’exprimait par tous les moyens : de lettres, des dessins d’enfants, des messages et nous voulons le souligner. J’ai eu l’occasion de le sentir, de le découvrir dans les rues de Cuba, sous toutes les formes et dans tous les endroits de cette île… Des initiatives seront annoncées et le plus important c’est que vous y répondiez à votre façon…

Ma recommandation personnelle est liée à une histoire. Ce 12 septembre le pays doit trembler, un tremblement de terre d’amour, un message de notre peuple aux Américains via un symbole qui appartient à l’histoire du peuple américain, un symbole d’amour, d’affection qu’ils peuvent comprendre dans leur langue et leur culture, le symbole du ruban jaune. 

Le 12 septembre je veux voir Cuba rempli de rubans jaunes, que les visiteurs et les correspondants étrangers ne peuvent l’ignorer… Le ruban jaune est un symbole intégré dans leur culture depuis la guerre d’indépendance quand les femmes attendaient le retour du front de leurs époux avec ces rubans. Ceci fut répété durant la guerre civile et le symbole changea de signification jusqu’aux années ’70 du siècle dernier quand une chanson fut composée qui fit le tour du pays et reçut une place dans l’héritage culturel américain.

Cette chanson est belle et émouvante, c’est l’histoire d’un prisonnier qui va être libéré et tout ce qu’il espère de sa bien-aimée c’est « si tu m’aimes encore, noue un ruban jaune autour d’un arbre… ». Et quand il arrive chez lui il voit un arbre avec cent rubans jaunes…

Ainsi le ruban jaune est devenu un symbole pour les Américains qui attendent un proche en mission à l’étranger, un soldat qui revient au pays, et c’est le message que nous voulons envoyer au peuple Américain, qu’ils sachent que nos gens attendent leurs quatre fils injustement enfermés dans des prisons nord-américaines. Nous comptons sur vous, nous vous faisons confiance, nous en faisons une histoire spécifique. Je crois que c’est le moment pour les faire revenir à la maison et leur souhaiter la bienvenue avec amour. (Granma)

Message des Cinq adressé à la conscience mondiale

Il y a aujourd’hui 15 ans, le 12 septembre 1998, des équipes d’arrestation ont pénétré dans nos maisons et a commencé un triste chapitre du système juridique des États-Unis : notre procès. Quelques mois auparavant, après l’intervention du prix Nobel Gabriël Garcia Marquez, les relations entre Cuba et les États-Unis semblaient s’améliorer dans une lutte commune contre le terrorisme. Une délégation du FBI visita Cuba et reçut des informations au sujet d’activités terroristes impunément organisées à partir de la Floride. Le FBI s’engagea à prendre des mesures. Nous l’avons senti : le gouvernement Clinton a utilisé le système juridique pour protéger les terroristes et nous soumettre à un procès politique dans un climat de violence, dans des circonstances cruelles, pour nous briser et rendre une défense honnête impossible. Des mensonges ont envahi la salle d’audiences, des preuves étaient falsifiées et les ordres du juges ouvertement niés. Des terroristes appelés comme témoins par la défense ont été menacés et leurs actes terroristes banalisés. Le 8 juin 2001 le jury, intimidé par la presse locale, convaincue plus tard d’être payée par le gouvernement nord-américain, nous déclarait coupable de toutes les accusations, même une rejetée par le procureur comme non prouvée.

Il est impossible de se comporter moralement pour un but où la haine politique, mélangée à de l’arrogance personnelle et de vengeance, formule des accusations qui sont ridiculisées par la manipulation et l’abus de pouvoir.

Le cercle vicieux commence par la décision politique de nous écraser sous des accusations -certaines entièrement inventées- pour nous forcer à nous rendre…

Mais nous ne nous sommes pas rendus car le prix d’un mensonge pour satisfaire le procureur nous semblait trop déshonorant.

Nous ne nous sommes pas rendus pour suivre le discours du gouvernement nord-américain et gonfler ses dossiers contre l’île. Ceci aurait été un geste impardonnable de trahison de notre peuple chéri.

Nous ne nous sommes pas rendus car nous aurions perdu notre dignité.

Nous avons choisi d’être jugés, dans un procès qui , une fois connu, allait susciter des points d’interrogation, même chez l’appareil juridique aux États-Unis. Si ce qui c’est passé dans le tribunal n’avait pas été occulté, le fait que nous n’avons causé aucun tort au peuple américain, il aurait été impossible de réaliser le cirque dans lequel nous sommes tombés.

Quinze ans durant lesquels le gouvernement des États-Unis et la justice nationale ont fait la sourde oreille aux appels des Nations-Unies, d’ Amnesty International, de Prix Nobel, de parlements étrangers, d’instances juridiques et religieuses. Uniquement l’arrêt de cet autre blocus, celui du peuple américain pour avoir la certitude qu’il reste ignorant, pourrait mettre fin à cette injustice.

Aujourd’hui Cuba sera colorié de rubans jaunes… Ce sera un défi pour ceux qui ont construit un mur de silence et ont refusé d’informer le monde. Nous continuons, soutenus par l’immense démonstration d’affection et nous ne dévions pas d’un pouce du devoir moral de résistance contre le poids d’une haine aveuglante du gouvernement le plus puissant de cette planète.

Gerardo, Ramón, Antonio, Fernando et René. 

Libros

What lies across the water. The real story of the Cuban Five

Stephen Kimber

Fenwood Publishinf, 2013

Il est assez surprenant que l’auteur, professeur de journalisme, Canadien, n’avait pas du tout l’intention d’écrire ce livre. Il pensait à un roman se déroulant à Cuba. Il visita donc l’île à plusieurs reprises, il y a dix ans, pour y trouver l’inspiration. Mais lors de ses séjours il était confronté à la présence permanente des Cinq jeunes Héros. Jusqu’à sa rencontre avec son guide Alejandro (un interprète, ex-agent de sécurité de Fidel Castro, puis actif dans le contre-espionnage). Il lui disait, au sujet des difficiles relations avec les États-Unis : « Peu importe qui est président, peu importe qui dirige à Cuba, les relations ne s’amélioreront jamais tant que l’affaire des Cinq n’est pas résolue ! »

Ce fut la révélation pour Kimber. L’affaire intrigua le journaliste à un tel point qu’il entame une recherche en profondeur et avant qu’il ne le réalise son livre existait.

Le sous-titre suggère l’histoire complète, mais ceci sera pour un prochain livre, car même s’il a obtenu beaucoup d’informations de la part cubaine, malgré ses correspondances et ses conversations avec les Cinq, les archives nord-américaines restaient interdites et il fallait se contenter des médias.

Le livre se lit comme un roman d’espionnage alors qu’il ne s’agit nullement d’une fiction.

Le premier chapitre décrit le contexte et les raisons pour lesquelles Cuba laissa « s’enfuir » aux États-Unis ses meilleurs éléments pour tenter de contrecarrer les actes de terreur à partir de la Floride.

La suite de l’histoire est une chronologie comme un agenda, les chapitres ne formant que quelques pages chacun, ce qui rend la lecture très agréable.

Nous recevons un regard exclusif derrière les coulisses et parfois des histoires très personnelles, intimes même. Et même si j’ai envie de dévoiler quelques points, je m’en abstiendrai. Il s’agit d’ailleurs de tant de détails que le lecteur suivra en sautant de page en page pour se rafraîchir la mémoire.

Les derniers chapitres nous donnent un résumé, quelques conclusions et aussi quelques notes explicatives, car Kimber a soumis son manuscrit aux Cinq et nous livre leurs commentaires.

Malgré le fait que de nombreux livres ont paru sur les Cinq celui-ci est le plus clair, car il apporte une vue sur une affaire tellement compliquée dont nous ne connaissons toujours pas tous les détails. 

Paul Evrard

PS : Kimber a également réussi à écrire un long article d’opinion dans le Washington Post qui est le résumé parfait de son livre et ouvre les yeux de l’opinion publique nord-américaine, totalement ignorante de cette affaire. (ref : http://realcuba.wordpress.com/2013/10/05/the-cuban-five-were-fighting-terrorism-why-did-we-put-them-in-jail/,

Interview d’un danseur

Danser est une expression de l’identité

Alexandra Dirckx

Le soleil de fin d’été chauffe la terrasse du Fitnastic, un club sportif au coeur de Bruxelles, où j’ attend Jésus de Cuba Betancourt en dégustant un café. Je suis curieuse à propos de ce que Jésus va me raconter. Heureusement je ne dois pas attendre longtemps une existence pleine de rythme et de danse.

Jésus, j’ai fait un tour sur facebook et il me semble que vous ne faites pas que danser et que vous dominez plusieurs domaines.

En effet, je fais plusieurs choses. Je danse lors d’événements, avec des artistes, et je donne également des cours de danse. Mon cours de danse est très diversifié : salsa, bachata reggaeton, merengue, etc.. Mais j’ai aussi travaillé comme chorégraphe, parfois je chante et je me produit avec un groupe : Team Latino. J’ai participé à Polé Polé, les fêtes antillaises et d’autres petits festivals. J’ai fait quelques vidéoclips avec Belle Perez. Trop de choses pour les énumérer. 

La danse et la musique sont votre seconde nature, non ? Avez-vous toujours dansé ?

Non, pas du tout. Je suis un enfant de mon époque et à Cuba, comme tous les jeunes, je’ dansais sur la musique de Michael Jackson et je faisais du breakdance. En fait c’est à cause d’une dame belge que j’ai commencé à danser la salsa. Je l’ai rencontré lors d’un concert des Van Van et elle trouvait que j’avais du talent. Grâce à elle je suis venu en Belgique et c’est ici en Belgique que je suis parti à la recherche de ma propre culture. Depuis lors 17 ans se sont écoulés. A mon arrivée je cherchais des endroits où je me sentais chez moi, et c’était là où il y avait de la musique latino. A l’époque surtout deux clubs : Papagayo et Los Romanticos, fréquenté surtout par des Colombiens et on y dansait beaucoup la cumbia. L’exploitant de Los Romanticos s’intéressait à Cuba et nous avons introduit le mojito et le « rueda de casino ».

« Rueda de casino », c’est quoi ?

C’est une danse où les couples dansent en cercle, comme à la roulette. Une personne mène la danse et indique les figures à danser de façon à ce que tous dansent la même chose.

Los Romanticos nous a offert l’opportunité de créer un petit coin de Cuba en Belgique.

Ce que vous ne faisiez pas à Cuba ?

Non, c’est en tant qu’immigré, noir de surcroît, que j’ai estimé important de faire voir qui j’étais et d’où je venais. Et même, lors de mes vacances à Cuba, j’ai appris plusieurs danse avec mon père. Mon père est historien mais a toujours beaucoup dansé. A chaque voyage je ramenais un peu plus de Cuba vers la Belgique, plutôt que le contraire.

Et vous chantez aussi, également depuis votre arrivée ici ?

Non, j’ai toujours chanté et aimé le faire, mais je n’ai pas une voix spéciale. Heureusement, aujourd’hui, on peut arranger une voix. Mais j’aime le faire . J’ai aussi suivi des formations en Belgique de façon que je puisse combiner beaucoup de choses avec la danse.

Que signifie la danse pour vous ?

Quand je danse je m’exprime. Ma danse est populaire, je ne danse pas pur être le meilleur, je danse pour exprimer des sentiments, je profite du moment quand je danse. Danser est une forme de communication, on peut tout y mettre : la joie, la passion, la tristesse. Le corps parle en dansant. Et quand on danse avec un partenaire on s’introduit dans son espace de vie, on y pénètre subtilement et on communique.

Vous donnez des cours. Vous dansez donc avec beaucoup de non-latinos ?

Naturellement, actuellement j’ai un groupe avec deux dames Belges, qui sont extra. Tout le monde peut danser et elles en sont la preuve.

Comment décrire vos spectacles ?

Mes spectacles sont toujours interactifs. Le but est d’insuffler la passion à tous et de rompre la distance entre le public et moi. C’est très cubain ! Compartimos. Et ainsi on ne rompt pas seulement la distance entre les gens, mais aussi les tabous. C’est une rencontre où j’ apprend de l’autre et où je donne une petite part de mon identité et de ma culture. Je ne fais pas de compétition sur un podium, je représente mes origines, ma culture et je suis fier de qui je suis et d’où je viens. Je n’ai qu’un but lors de mes spectacles c’est de réunir les gens et que chacun puisse être ce qu’il ou elle est, peu importe qui ce soit.

C’est dans cet esprit que vous voulez participer à notre « Comida Cubana » à Anvers ?

Écoutez, pour moi c’est très important de soutenir un projet comme la brigade Carlos Habré, car le projet réunit les gens. D’autant plus que je suis originaire de Santiago de Cuba et que ma mère a été soignée dans cet hôpital. Cela me touche et je veux contribuer à ma façon.

Merci Jésus, on se verra à Anvers !

Educación

Collaboration entre le VLIR et Cuba !

Alexandra Dirckx

Qu’y a-t-il de commun entre La Belgique et Cuba ? Le chocolat ? La philosophie de vivre Bourguignonne ? Un bon enseignement ? En effet, un enseignement reconnu de haut niveau. Il n’est donc pas surprenant que Cuba et la Belgique collaborent dans ce domaine. Tant en Flandre qu’en Wallonie plusieurs projets mènent à une rencontre où les deux pays se retrouvent.

En Flandre les projets sont essentiellement soutenus par le VLIR (le Conseil Inter-universitaire Flamand). Créé en 1976 comme institution d’utilité publique avec comme objectif le dialogue et la promotion de la collaboration entre universités flamandes. Mais cela ne se limite pas à ce domaine, le VLIR encourage également la collaboration avec des universités à l’étranger.

En 1998 il y a la naissance de VLIR-UOS, avec comme but spécifique de réaliser la collaboration entre professeurs et docteurs de différents instituts. Cuba est un des pays les plus importants avec lesquels des accords de collaboration ont été signés. Actuellement des programmes sont en cours dans deux universités : Universidad del Oriente et Universidad Central Marta Abreu de Las Villas, à côté d’autres projets VLIR-UOS. Les liens de collaboration entre la Flandre et Cuba existent depuis 10 ans et les projets représentent un soutien appréciable, tant en connaissance que dans le domaine financier, pour les universités et les instituts concernés.

Dans ce cadre, entre 2006 et 2012, 8.001.907 € ont été consacrés à des projets à Cuba. Les projets sont soutenus par des académiciens en Flandre qui, chacun dans leur spécialité, collaborent avec leurs collègues du sud et cherchent à solutionner des problèmes globaux et locaux.

Rudy Gevaert, de l’ Université de Gand, a coordonné un projet pour étendre et professionnaliser le système informatique de l’ Université Centrale Marta Abreu. Il estime fondamental de bien former les gens chargés de l’informatique, afin de pouvoir se baser sur leurs propres connaissances. Les conditions de travail à Cuba (avec des coupures d’électricité et de connexions d’internet) obligent les gens qui travaillent en informatique de faire appel à leurs propres connaissances pour solutionner les problèmes.Mais cela ne se limite pas qu’à ça. L’étroitesse de la bande suscite aussi des problèmes régulièrement. Pour y remédier on installe des serveurs locaux. Il y a aussi des conseils pour l’usage d’internet, ainsi les visites de facebook doivent être limitées durant les heures de travail afin de ne pas surcharger la largeur de la bande.

Et il y a d’autres exemples, ainsi dans plus de cinq universités cubaines et dans les bibliothèques provinciales et les musées de Cuba, un logiciel pour l’automatisation des bibliothèques est utilisé.

A la base de ce projet, également un projet VLIR-UOS.

Asociación

Foot et solidarité

Quel peut être le rapport entre foot belge et Cuba ? Rien ? Grave erreur.

Depuis la demande de Cuba pour un faux plafond, à installer lors de la rénovation de l’ Hôpital Ambrosio Grillo à Santiago de Cuba, la question m’obsédait.

Lors de la mi-temps du match AA Gand-Standard de Liège de l’année passée, je cherchais une solution en fixant le plafond de la cafétéria. Puis l’étincelle jaillit, Gand construisait un nouveau temple du foot et le vieux stade devait céder la place pour un quartier d’habitations écologiques.

Et le plafond que je regardais était encore en très bon état.

Pourquoi ne pas l’utiliser pour notre projet de rénovation ?

Mais comment s’y prendre pour recevoir une autorisation ?

Via le bourgmestre de Gand, fan de l’AA Gand et également membre de notre association, en passant par l’entreprise de développement de la ville, qui dirige les projets, jusqu’au bureau d’architectes qui a désigné l’entrepreneur chargé de la démolition. Tous étaient intéressés par notre projet et ouverts à la collaboration. Nous avons aussi pu démonter des pompes à eau, des armpoirs électriques, des lances d’incendie et du petit matériel.

Seul problème, cela devait se faire rapidement. En quatre jours il fallait trouver les volontaires, les transports et la matériel de démontage.

Et une fois de plus nous avons réussi. Un camion a été rempli de matériel utilisable qui a été stocké jusqu’au départ du prochain conteneur pour Santiago de Cuba.

Marc Wuytack 

Breves

Cuba et les Objectifs du Millénaire

En 2000 l’ ONU fixait les Objectifs du Millénaire. A Cuba, malgré cinq décennies de blocus, le progrès social était le centre de la politique menée par la Révolution depuis 1959.

Les propositions faites étaient :

-l’éradication de la fin et de l’ extrême pauvreté ;

-la généralisation de l’enseignement primaire ;

-l’égalité des genres et l’autonomie des femmes ;

-la baisse de la mortalité infantile ;

-l’amélioration de la santé des mères ;

-la lutte contre le SIDA, le paludisme et d’autres maladies ;

-la protection de l’environnement ;

-le soutien à la création d’une organisation mondiale pour le développement.

Pour beaucoup de pays ces objectifs sont encore une utopie. A Cuba ils sont réalisés où fort avancés, ce qui est confirmé par les rapports les plus récents à ce sujet.

Granma, 08/10/2013

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