Cuba Sí 177 – traductions
ASSOCIATION
Rapport du débat du 20 octobre
Le 20 octobre 2012 les Amis de Cuba – régionale de Gand ont organisé, en collaboration avec « Les voisins de l’Abbaye », au café Macharius, un débat sur les réformes récentes à Cuba.
Participaient pour un nombreux public : Mirtha Hormilla, ambassadrice de Cuba en Belgique, John Van Daele, journaliste, écrivain et modérateur pour cette soirée, Freddy Tack, responsable presse des « Amis de Cuba » et Marc Vandepitte, spécialiste en économie d’ICS, rejoints en fin de soirée par Sabine Defoort qui a vécu quatre ans à Cuba.
L’ambassadrice a ouvert le débat avec un exposé fort complet des derniers développements, ainsi que l’évolution historique depuis la révolution de 1959. Les derniers développements ne signifient pas une nouvelle révolution, mais une évolution permanente qui doit conduire à des améliorations générales pour tous les cubains. Ce processus n’est pas parfait et peut certainement être amélioré. Le pays a été confronté à de graves problèmes, comme la fin de la collaboration économique avec l’Union Soviétique, avec comme conséquence la « période spéciale » ; différents ouragans dévastateurs, la crise financière actuelle et à ne pas oublier : le blocus économique maintenu par les États-Unis. Malgré tout cela Cuba a survécu et a réussi à reconstruire son économie.
L’actuelle modernisation du modèle économique doit mener à plus d’efficacité : ce qui ne fonctionne pas bien doit être amélioré, mais avec le maintien de la vision socialiste : une redistribution constante des moyens et l’exclusion de l’exploitation de la population. Les modifications légales n’amènent pas immédiatement des changements dans la mentalité des gens, cela demande du temps et de l’adaptation. Les décisions finales, approuvées par le Congrès du Parti sont le résultat de plusieurs mois de débats dans les quartiers, les écoles, les lieux de travail… Le résultat en a été un fort consensus pour le socialisme, mais celui qui travaille dur peut gagner de l’argent et le dépenser. Dont des modifications de lois qui permettent la vente et l’achat de voitures et de maisons. Les modifications de la législation sur les migrations rend les voyages possibles pour quasi tous les cubains. Depuis l’autorisation de travail indépendant (pour compte propre), il y a déjà près de 400.000 indépendants . Ils sont soumis à un système d’impôts qui redistribue le bien-être parmi la population. Les aides de l’état se concentrent de plus en plus sur ceux qui en ont vraiment besoin : les bébés, les malades, les vieux, les moins-valides.
Le modérateur demande si Cuba avait été trop idéaliste, car tout donner n’est pas la solution. L’ambassadrice répond que Cuba se tient au système socialiste, mais pas d’une approche utopique, mais plus réaliste.
Marc Vandepitte donne quelques chiffres qui démontrent que Cuba dépasse fort les moyennes pour la région, malgré les énormes contretemps et les oppositions subies. C’est le seul pays au monde qui a du transformer radicalement son économie en 30 ans, où tout était à reconcevoir.
Le modérateur remarque qu’il s’agit dès lors de garder ce qui est bon, de mieux utiliser les talents existants et de stimuler ainsi la créativité. Enrique, un cubain du public, estime que deux monnaies (peso cubain et CUC) sont la source de bien de problèmes. L’ambassadrice répond que les produits de base sont payés en pesos, que l’introduction du CUC n’était pas l’idéal, mais nécessaire à cause du blocus qui limite l’utilisation des dollars. Si l’économie va mieux, la valeur du peso peut augmenter.
Freddy Tack estime que Cuba continue à évoluer vers un modèle cubain, et pas du tout vers un modèle chinois, coréen, russe ou peut importe. Cuba est un jeune pays et a déjà énormément atteint.
Sabine Defoort dit que tout ne se déroule pas de façon démocratique, que la populationse voit imposzer des choix, au risque de punitions. Elle cite une expérience personnelle.
L’ambassadrice regrette que Sabine à vécu une mauvaise expérience et demande si elle est retournée à Cuba, ce que Sabine confirme. L’ambassadrice dit qu’aucun système n’est parfait, mais qu’ils se trouvent dans un processus d’amélioration permanente. Il n’y a qu’un parti politique, mais cela est un choix des cubains.
Le modérateur demande si cela est la vision cubaine de la démocratie, ce que l’ambassadrice confirme tout en demandant si les démocraties actuelles en Arabie Saoudite, en Irak ou en Libye sont meilleures. En 1959 Cuba était une démocratie basée sur les casinos, la mafia, les tortures et avec une population illettrée à 98%.
Marc Vandepitte estime que les élections sont très transparentes, avec des observateurs internationaux, mais que les médias gonflent à chaque fois le moindre incident. Michel estime qu’en Belgique aussi tout le monde n’est pas satisfait lors de changements. On oublie que Cuba vit depuis des années en état de guerre avec l’étata le plus armé au monde. Ceci crée une situation de méfiance et de limitations et oblige parfois l’état à des mesures moins sympathiques.
Marc Vandepitte estime que le contrôle social était tout aussi grand en Belgique et se demande si l’isolement dans les grandes villes vaut tellement mieux.
L’ambassadrice ajoute que presque tous les cubains sont ont une forte scolarité, et analysent bien ce qui se passe et qu’ils ont une vision propre, bien fondée, ce qui ne rend pas les choses plus faciles pour le gouvernement. Raúl Castro a même confirmé que l’unanimité n’existe pas.
Ray, un cubain du public, termine le débat par la constatation qu’il n’est pas logique de comparer Cuba à d’autres pays d’Amérique Latine. A Cuba tout le monde a étudié, tout le monde travaille, mais il n’y a pas de richesses naturelles. Il se sent socialiste, et ce n’est pas parce qu’il a des critiques qu’il est contre le système.
Marc Wuytack – photo Regi Rotty
PROJET DESSINS CARRETE
Le 5 octobre 2012 une délégation des Amis de Cuba – régionale de Gand a rencontré le peintre Jesus Carrete Rodriguez. C’est l’âme du projet CON AMOR Y ESPERANZA, un atelier où des enfants soufrant du syndrome de Down peuvent dessiner, peindre, danser et aussi apprendre à lire et écrire.
Jesus, en tant que père de Lianna, a pris l’initiative, avec des parents d’enfants soufrant du syndrome de Down, et il a démarré un atelier dans le lobby d’un hôpital. Ses plus de vingt élèves évoluent de dessinateurs de traits et de boules vers des artistes entraînés qui créent des oeuvres magnifiques, exposent à La Havane au Palais des Beaux Arts, et cerise sur le gâteau à New York. C’est surtout le fait de travailler avec des semblables qui les stimule, ainsi que l’accompagnement intensif de personnes motivées. Le soutien des parents est indispensable et ils sont présents et actifs lors des activités.
Pour le moment ils travaillent dans une partie du Palacio de los Pioneros. Nous y sommes accueillis avec enthousiasme et les enfants sont heureux de nous montrer comment faire une lithographie. La salle est décorée des oeuvres des artistes et des archives de 10 ans de travail sont gardées.
Coralina Hernández Crespo, l’épouse de Jesus, nous raconte qu’ils savaient avant la naissance que leur enfant aurait le syndrome de Down, mais ils voulaient le garder et lui donner tout l’amour possible. Leur vie est consacrée à ces personnes adorables qui rendent énormément quand elles sentent ce qu’ on leur donne. Dans le temps on se moquait en ville, maintenant ce sont les enfants de Carrete qui peignent », et ils sont traités avec respect. Après les travaux de peinture les enfants nous mènent vers un podium à l’extérieur pour montrer le meilleur de leurs talents de danseurs, avec un tel enthousiasme que nous en restons époustouflés. Et ça ne dure pas longtemps avant que notre groupe soit entraîné dans la danse finale.
Angela Anguiera, la maman de Anelis, raconte que sa fille dessine et peint toute la journée et qu’elle demande sans arrêt de pouvoir retourner à l’atelier pour voir ses amis.
Comme il s’agit d’une initiative personnelle et sans reconnaissance officielle, il n’y a pas d’aide de l’état, et le projet dépend des dons des parents et des familles et des ventes des petites oeuvres d’art.
Les Amis de Cuba, avec l’asbl Te Gusta (association de promotion de la culture latino-américaine), veulent soutenir cette initiative, matériellement et financièrement. Dix oeuvres ont été achetées et seront revendues en soutien à AMOR Y ESPERANZA.
A la fin de notre visite nous avons été invités pour la fête trimestrielle des anniversaires des enfants et des collaborateurs, le 12 octobre.Ce jour là un petit cadeau est offert à ceux dont l’anniversaire est tombé ces trois derniers mois. Les cadeaux sont achetés avec les 5 dollars que chaque famille donne pour le fonctionnement de l’atelier. On y danse beaucoup et des groupes musicaux locaux s’ y produisent bénévolement. Un Toque del Rio a inspiré les enfants, totalement pris par leur danse. A midi on a mangé du Caldo, une épaisse soupe de légumes et de viande de porc.
Avec la joie de voir tous ces visages heureux et ces yeux brillants, nous sommes persuadés que ce projet est valable.
Marc Wuytack
LETTRE POUR l’ENCUENTRO A BERLIN – NOVEMBRE 2012
Chers amis,
En tant que représentant de l’organisation belge « Les Amis de Cuba » je suis heureux de me trouver ici au milieu de gens qui partagent ma passion, Cuba. Notre association a été fondée en 1969 avec l’objectif de rapprocher le peuple Cubain et le peuple Belge, et de diffuser une information non-censurée et objective sur la réalité cubaine et la vie quotidienne à Cuba. C’est encore notre objectif aujourd’hui et nous voulons l’atteindre via toutes sortes de projets qui abordent les divers aspects de la société cubaine. Ceci signifie que nous présenterons toujours Cuba comme un pays avec une riche culture, des paysages magnifiques, une population très gentille et un projet social et politique passionnant.
Un des projets les plus réussis est la brigade de travail Carlos Habré, qui fonctionne depuis trois ans. Le concept est simple. Nous rassemblons du matériel de construction en Belgique et nous l’embarquons vers Cuba. Suit alors un groupe de 20 à 30 personnes qui séjournent de 2 à 3 semaines à Cuba pour y utiliser le matériel pour la rénovation d’une maternité ou d’un hôpital. Nous pouvons communiquer que 35 conteneurs sont déjà partis à Cuba, avec du matériel médical et divers matériaux de construction. Mais nous aimons aussi partager la riche culture cubaine avec le public belge. L’année dernière, dans la capitale, nous avons réalisé une semaine en hommage à la Journée de la Culture Cubaine, avec de nombreuses activités culturelles. Pour soutenir les musiciens cubains nous avons un projet qui court depuis trois ans, par l’envoi d’instruments et de pièces pour les instruments, difficiles à trouver à Cuba à cause du blocus.
Depuis 1969 le monde a changé, surtout dans le domaine des communications. Pour informer les belges nous utilisons les moyens modernes, avec un site web actualisé et un bulletin trimestriel. Nous sommes convaincus que notre mission est aussi de faire face à la désinformation qui est diffusée sur Cuba et sur la Révolution Cubaine. Depuis la création de la plate-forme belge contre le blocus des États-Unis les Amis de Cuba en ont été un membre actif . Plus tard nous avons soutenu la campagne pour la libération d’ Antonio, René, Frenando, Gerardo et Ramón, les Cinq Cubains. Pour cette année nous planifions une nouvelle campagne contre la « position commune » de l’ Union Européenne contre Cuba.
Je vous remercie pour votre attention.
Au nom des « Amis de Cuba », Belgique.
SPORTS
Cuba preste bien aux paralympiques
Dans le dernier Cuba Sí nous parlions des performances des athlètes cubains lors des Jeux Olympiques de Londres. Un mois après ces jeux pour les valides c’était au tour des moins-validesd’aborder les paralympiques. Comme pour nous ils ont autant de valeur nous y consacrons l’intérêt nécessaire. Et les Cubains s’y sont très bien comportés.
A la 14e édition des paralympiques Cuba a remporté 9 médailles d’or, 5 d’argent et 3 de bronze, ce qui le mettait au 15e rang des médaillés. C’est la première fois que Cuba emporte tant de médailles.
En 1992 Cuba participait pour la première fois, à Barcelone. Et Cuba fait nettement mieux que la Belgique qui devait se contenter de 3 médailles d’or, 1 d’argent et 3 de bronze.
Les plus médaillés ont été la Chine (95-71-65), suivi de la Russie (35-38-28) et du Royaume Uni (33-47-43). A constater également qu’ici il n’est nullement question des États-Unis, grand gagnant lors de Jeux Olympiques normaux.
Cuba participait à Londres avec seulement 22 athlètes et a surtout gagné les médailles en athlétisme (7-4-0), en judo (2-0-2) et en natation (0-1-1), mais a également presté en tir au pistolet et en haltérophilie. Les participants aux paralympiques ont l’avantage, par rapport aux autres, de pouvoir se présenter dans plusieurs disciplines et donc de remporter de plus nombreuses médailles. Exemple : notre Wielemie Vervoort.
Sur la même distance il y a aussi plusieurs compétitions en fonction du handicap.
Chez les cubains les plus remarqués ont été Yunidis Castillo avec 3 médailles d’or et autant de records mondiaux (100, 200 et 400 mètres sprint, athlétisme), et Omara Durand ( or en 100 et 400 mètres, athlétisme).
Mark Lamotte
Mirtha Hormilla, ambassadrice depuis un an, une conversation.
Madame, nous nous connaissons depuis quelques années et je suppose qu’il y a une grande différence entre votre ancienne fonction de conseillère et le travail d’une ambassadrice ?
Mirtha : je voudrais avant tout remercier les Amis de Cuba de me donner la parole dans votre magnifique revue, qui est importante pour la communauté belge et pour tout ceux qui sont solidaires avec Cuba.
Oui, il y a une grande différence entre le travail d’un conseiller et celui d’un ambassadeur. Il s’agit surtout de la grande responsabilité que l’on assume vis-à-vis de notre peuple, notre gouvernement et notre pays. Comme conseillère je m’occupait surtout des thèmes de l’Union Européenne, alors que maintenant je me charge également des relations avec la Belgique et le Luxembourg, ce qui est nouveau pour moi et a demandé beaucoup d’études.
Il faut y ajouter que l’Union Européenne devient de plus en plus complexe et que l’ambassade ne dispose que de peu de collaborateurs, mais ils sont compétents et il y a un bon travail d’équipe.C’est toute une responsabilité de diriger cette équipe exceptionnelle et d’atteindre ensemble et de façon correcte et adéquate les objectifs de notre mission diplomatique. Oui, il y a une grande différence et je sens également que j’ai moins de temps pour moi et pour ma famille et cela me manque beaucoup. Mais en tant qu’ambassadrice je me sens toujours la même personne qu’avant, fidèle à mes amis, à la famille et à ma patrie.
Pablo : Vous avez de longues journées, mais je pense que c’est un peu de votre faute, car durant votre première année comme ambassadrice vous avez rencontré presque quotidiennement des ministres, des responsables de l’Union Européenne, vous avez visité pratiquement toutes les universités du pays et en plus il y a encore toutes les rencontres et les activités de la solidarité auxquelles vous avez assisté.
Mirtha : Effectivement cela a été très intense, mais dans notre ambassade il y a une tradition de travail intense et un des défis est de maintenir cette disponibilité de travail intense, car Cuba joue un rôle important au sein des pays sous-développés, au sein des pays non-alignés, au sein du groupe des 77, au sein de l’ALBA et en tant que prochain président du CELAC. Il ne reste pas de temps pour se plaindre et il est exact que nous essayons d’être présents aux activités de la solidarité, très développées en Belgique et au Luxembourg. Nous avons aussi renforcé nos liens avec les divers parlements de Belgique, mais aussi avec le parlement européen.
Heureusement, dans le cas de la Belgique nous comptons 110 ans de relations diplomatiques stables. Ceci nous donne envie de travailler et nous obtenons de bons résultats. La collaboration entre la Belgique et Cuba est très importante. Il y a peu l’ambassadeur de la Belgique à Cuba me disait que c’est un grand honneur de savoir qu’après l’Espagne la Belgique est le pays le plus important en ce qui concerne les relations avec l’Union Européenne.
Au niveau académique nous avons, depuis des années, une bonne collaboration avec les universités, nous disons toujours que c’est une « situation win-win », car tant Cuba que la Belgique en bénéficient.
Dans le domaine culturel nous encourageons les échanges et nous allons concrètement améliorer notre collaboration avec le port d’Anvers.
Nous avons déjà beaucoup réalisé, mais en même temps nous ne sommes pas satisfaits parce qu’il y encore tant à faire. Heureusement nous travaillons bien ensemble avec l’ambassade belge à Cuba, qui est une ambassade très dynamique, avec un nouvel ambassadeur qui vient d’arriver. Cette année a été réalisée la septième semaine de la culture belge à Cuba. Je crois que tous les échanges, tant au niveau des différents gouvernements, des parlements, des organisations de solidarité et avec les partis politiques sont tellement importants que nous ne pouvons pas ralentir le rythme.
Pablo : En effet les informations au sujet des relations entre la Belgique et Cuba sont en règle générale positives, mais ces dernières années nous attendons, chaque mois de juin, quel attitude le Conseil de l’Europe adoptera vis-à-vis de Cuba. Cette année, en juin, peut-être à cause de la crise, un silence total a régné à ce sujet, alors que pour Cuba un changement du point de vue est très important…
Mirtha : En effet, la position prise depuis 1996 par le Conseil de l’Europe vis-à-vis de Cuba est un instrument politique unilatéral dirigé contre Cuba et est rejeté par Cuba, car il s’agit d’une ingérence dans les affaires intérieures de notre pays, car un changement de régime est inacceptable pour Cuba. Ce point de vue est vraiment un échec de l’Union Européenne, car malgré la position commune, Cuba a d’excellents rapports bilatéraux avec la majorité des pays de l’Union Européenne, tant des accords politiques que des accords commerciaux, des accords de coopération et un tourisme en croissance permanente.
Cuba rejette fermement cette position commune et négocie à ce sujet depuis 2008 au plus haut niveau de la Commission Européenne. En 2011 une réunion a eu lieu entre madame Ashton, en tant que représentante de l’Union Européenne et le ministre cubain Bruno Rodríguez. Il y a peu nous avons également eu la visite de Dagoberto Rodríguez, le vice-ministre des Affaires Étrangères de Cuba et chargé des relations avec l’Europe. Nous sommes toujours disposés à améliorer les relations avec l’Union Européenne, mais c’est à l’Europe et aux 27 pays de normaliser les relations, ce qui veut dire la suspension de la position commune. Nous avons beaucoup de points d’accord et quand sur certains sujets nos opinions divergent, nous devons nous respecter, partant du droit du libre choix.Nous continuons à travailler et nous espérons que l’Europe prendra une décision qui sera évaluée de façon constructive par Cuba.
Pablo : En ce qui concerne la position commune de l’Europe, l’Espagne a toujours joué un rôle prépondérant. Je me souviens qu’après Aznar, avec Zapatero les relations s’étaient améliorées. Est-ce que le nouveau gouvernement de droite en Espagne influence la position des autres pays Européens ?
Mirtha : Quel que soit le gouvernement en Espagne, nous voulons toujours garder de bonnes relations avec eux, non seulement à cause de nos liens historiques, mais aussi à cause des importants investissements espagnols à Cuba et des intérêts communs dans plusieurs domaines, qui ne sont pas seulement importants pour Cuba mais aussi pour l’Amérique Latine . Avec le gouvernement actuel nous essayons de développer une relation basée sur le respect mutuel et de non-ingérence dans les affaires intérieures. L’ Espagne est un des 27 pays avec lesquels nous négocions, mais c’est aux ministres de l’Union Européenne de prendre une décision.
Pablo : Nous suivons également les transformations à Cuba, qui est aussi frappé par la crise économique mondiale, et comme d’habitude toutes sortes de rumeurs paraissent dans la presse. Comment évaluez-vous la situation actuelle en ce qui concerne les transformations en cours depuis quelques années déjà : a-t-on atteint ce que les cubains voulaient, où doit on constater un ralentissement ?
Mirtha : Cuba est une partie du monde, c’est une petite île confrontée en plus à un blocus économique, commercial et financier imposé par le pays le plus puissant du monde et ce blocus dure depuis plus de 50 ans. Simultanément nous devons affronter nos défis internes et externes. Depuis des années on parle de globalisation, mais ces derniers temps on parle surtout de la crise et en Europe elle frappe fort, mais elle a également un impact sur l’ Amérique Latine, sur Cuba, sur le reste du monde. C’est un problème qui se produit dans le monde entier, aussi aux États-Unis, et Cuba doit s’y adapter et trouver des solutions.
Actuellement une dynamique interne est en cours à Cuba, et à mon avis notre pays se comporte de façon intelligente et courageuse. C’est un processus que nous appelons « l’actualisation de notre modèle économique », avec de grands défis pour la communauté cubaine, parce que nous cherchons un modèle efficace qui préserve les acquis de la révolution. Cuba n’a ni baguette magique pour résoudre les problèmes, ni une recette parfaite pour tout le monde. Depuis la révolution nous avons du vaincre beaucoup de problèmes et nous sommes maintenant face au défi de rendre plus efficace l’économie et d’améliorer le bien-être de la population.
D’importantes décisions ont été prises lors du sixième congrès du parti – ce qu’on appelle les directives (lineamientos)- qui sont le résultat d’un débat populaire qui a duré des mois, et dont a grandi un consensus. Le congrès a pris les décisions, mais il faut maintenant les transformer en lois et il faut qu’elles fonctionnent dans la pratique.
Il faut en plus un changement de mentalité, non seulement chez les gens, mais aussi dans le processus socialiste cubain du travail, qui devra fonctionner d’une autre façon. Je crois que la société cubaine a beaucoup changé ces dernières années et continue à se développer. Il y a un grand consensus pour maintenir le socialisme et l’indépendance de notre pays, à un moment historique important pour Cuba. Je dis toujours que nous avons la chance de pouvoir participer à l’orientation de notre révolution en accompagnant ce processus et nous faisons appel aux jeunes pour participer de façon positive et dynamique.
Je pense que la majorité des Cubains veut que les changements ne nuisent pas à la protection des personnes les plus vulnérables et il est vrai que nous devrions faire certaines choses mieux et plus vite. Une commission nationale a été créée à ce sujet, qui doit implémenter les directives et tout les six mois tout est évalué et adapté. Nous essayons d’améliorer le socialisme cubain sans toucher à l’essence et aux valeurs du système que nous avons choisis.
Alors oui, cela doit devenir plus efficace, oui il faut améliorer le bien-être de la population, mais les plus faibles doivent maintenir une protection et la solidarité que nous partageons à Cuba doit continuer à exister. Personnellement j’espère que tout ce que nous affrontons ne sera pas trop sali par le capitalisme.
Pablo, Silvia, Yola.
ACTUALIDAD
L’ouragan Sandy à Cuba
Le jeudi 25 octobre l’ouragan Sandy (catégorie 2) a traversé Cuba. Malheureusement on compte 11 morts (9 à Santiago et 2 à Guantanamo). Sandy a causé d’importants dommages dans l’est, surtout dans les provinces de Santiago de Cuba et Holguin. Des milliers de toits se sont envolés, plus de 100.000 habitations sont endommagées et plus de 10.000 totalement détruites, il n’y a presque plus d’arbres, et l’électricité a été coupée pendant plus de quinze jours dans de grandes parties des villes. La nourriture manque, car 90% des récoltes sont détruites.
La reconstruction a commencé tout de suite avec de l’aide de toutes les régions du pays. Le Venezuela, la Bolivie, l’Équateur et la Russie, parmi d’autres, ont déjà envoyé du matériel, mais il faut encore beaucoup plus. Si vous voulez aider Cuba, vous pouvez verser une aide sur le compte des Amis de Cuba, avec la mention Ouragan Sandy. Déjà merci.
BE90 5230 8011 7732 – BIC Triobebb.
Cuba adapte sa politique migratoire
Le 16 octobre devient une date historique pour la politique migratoire de Cuba. Ce jour la est publié dans la Gaceta Oficial (le Moniteur cubain) le décret-loi N° 302, qui modifie la loi sur la migration N° 1312 du 20 décembre 1976. Il est difficile de présenter en détail ce document de trente pages, mais nous reprenons quelques grandes lignes ci-dessous. Pour des informations plus approfondies les références publiées sous l’article peuvent être utiles.
Les modifications entrent en vigueur à partir du 14/01/2013. Un des points principaux, en application des directives (lineamientos) approuvées par le Vie Congrès du PCC, est la simplification des formalités à remplir pour des voyages privés. La lettre d’invitations officiellement reconnue, qu’un cubain devait présenter pour obtenir une autorisation de voyager, est supprimée.
Le temps du voyage passe de onze mois à deux ans, avec possibilité de prolongation. Il suffit maintenant de demander un passeport.
La question reste comment les autres pays vont réagir pour l’octroi de visas, particulièrement les États-Unis, où des milliers de cubains ont de la famille.
Une autre loi est également abrogée : l’état cubain ne peut plus réquisitionner les biens de citoyens définitivement émigrés. Des personnes qui ont émigré illégalement après les accords migratoires de 1994 peuvent revenir après plus de huit ans d’interdiction de rentrer (jusqu’à maintenant l’interdiction était définitive et de durée illimitée). La mesure vaut pour les travailleurs de la santé et les sportifs qui ont quitté le pays illégalement après 1990. L’initiative n’est donc pas seulement un assouplissement des possibilités de voyages, mais aussi un pas important vers la normalisation des relations entre Cuba et ses émigrés.
Une limitation importante existe dans la nouvelle législation. Par peur de « vol des cerveaux » et pour se protéger de la politique nord-américaine qui met tout en oeuvre pour convaincre les Cubains de quitter le pays, certaines catégories de Cubains sont maintenues sous l’ancienne réglementation.
Il s’agit des fonctionnaires, universitaires et d’autres catégories professionnelles (entre autres les sportifs de haut niveau) « qui sont importants pour le développement économique, social ou scientifique du pays, ou pour des raisons de sécurité nationale ». Cette mesure peut sembler injuste, mais il ne faut jamais oublier que Cuba, un pays pauvre et sous-développé, investit et fournit de grands efforts dans l’enseignement gratuit et la formation, et peut difficilement se permettre la perte de gens formés en autorisant le « vol de cerveaux ».
Voyons comment les Cubains réagirons à ces modifications et quelle attitude prendront les autres pays.
Freddy Tack
Sources et références :
- Gaceta Oficial de la República de Cuba 16/10/2012 ? N° 44 (également disponible sur le site web de Granma (www.granma.cubaweb.cu).
- Granma 16/10/2012 : Actualiza Cuba su Política Migratoria, et Por la voluntad común de la Nación Cubana.
- Trabajadores 16/10/2012 ; Información útil sobre trámites migratorios.
- Granma 19/10/2012 : Respuestas a inquietudes expresadas por la población en lo referente a las nuevas medidas migratorias anunciadas el pasado 16 de octubre.
- Granma 25/10/2012 : Las medidas tomadas para actualizar la política migratoria responden al actual momento histórico de la Revolución.
- Juventud Rebelde 27/10/2012 : Migración : una politica transparente.
- Juventud Rebelde 28/10/2012 : Mas respuestas sobre los cambios en la ley migratoria.
TURISMO
En traversant Cuba – chapitre 9 : Granma
Par: Youri Blieck
La province cubaine de Granma est une perle cachée, en attente d’être découverte. Granma abrite une grande part de la région montagneuse la plus haute de Cuba, la Sierra Maestra, un paradis pour les randonneurs et les promeneurs, ainsi qu’un parc national vierge et pratiquement inconnu (qui est également patrimoine naturel mondial pour l’UNESCO). Et Granma est peut-être une des provinces avec le plus grand nombre de lieux historiques pour l’amateur d’histoire de Cuba, allant de la capitale coloniale de Bayamo, en passant par l’endroit du décès de José Martí, jusqu’à l’endroit du débarquement de Fidel Castro pour y entamer su révolution.
Il est peut-être nécessaire d’expliquer avant tout le nom mystérieux de « Granma ». Cette province n’a surgit qu’en 1975 lors de la division de l’ancienne grande province d’ Oriente. A la recherche d’un nom on arriva rapidement au nom de Granma, celui du petit bateau utilisé par Fidel Castro et ses compagnons, lors de la traversée du Mexique vers Cuba pour y entamer la révolution. Cette expédition aventureuse échoua sur les côtes de l’actuelle province de Granma, et le nom sembla tout à fait évident pour cette partie du sud-ouest de Cuba (le journal national officiel porte d’ailleurs le même nom « Granma »).
Une grande partie de la province de Granma est composée des montagnes de la Sierra Maestra, la plus haute chaîne du pays (avec le pic le plus élevé de Cuba, le Pico Turquino, 1974 mètres, qui se trouve, lui, juste passé la frontière de la province de Santiago de Cuba). Le point le plus élevé de la province de Granma est le Pico Bayamesa, avec 1730 mètres, le troisième de l’île (le top trois est complété par le Pico Cuba, 1872 mètres, également situé dans la province de Santiago de Cuba). Une bonne partie de la Sierra Maestra est occupée par le Gran Parque Nacional Sierra Maestra, et en fait l’endroit idéal pour les randonneurs (malgré le fait que l’organisation d’une telle randonnée n’est pas toujours évidente).
Toute la région est un seul lieu historique. C’est ici que Fidel Castro, Che Guevara, Raúl Castro, Camilo Cienfuegos et leurs hommes séjournaient et se cachaient pendant leur campagne de guérilla de deux ans contre le régime du dictateur Batista. Peu à peu ils reçurent de plus en plus le soutien de la population rurale de la région et établirent leur quartier général dans la montagne. Ce lieu est connu sous le nom de Comandancia de la Plata et se trouve dans les limites provinciales de Granma.
Une visite de la Comandancia est aussi le point de départ idéal vers le Pico Turquino, point culminant du pays.
On peut arriver en voiture jusqu’au bungalow-hôtel Villa Santo Domingo. A certains endroits le trajet passe par des côtes de plus de 50%, à déconseiller aux gens souffrant du vertige. La vue sur la région subtropicale est fantastique. La route continue encore un petit peu jusqu’à Alto de Naranjo, où commence la marche vers le quartier général des rebelles de Castro (il est nécessaire d’acheter une autorisation peu après Santo Domingo). La Comandancia comprend un hôpital de campagne, un petit musée, l’endroit d’où émettait Radio Rebelde (l’émetteur radio de la révolution du temps de la guérilla), un poste de commandement et l’endroit où séjournait Fidel Castro. Ce sont les émotions et l’histoire qui font de cet endroit un lieu tout à fait spécial.
A partir d’ici (en fait en retournant légèrement) les courageux peuvent entamer la conquête du Pico Turquino, une randonnée qui traverse différentes zones de végétations (deux jours jusqu’au sommet, un troisième jour pour redescendre et atteindre la côte. Le Turquino peut aussi s’approcher à partir de l’autre face de la montagne, à partir de la côte (province de Santiago de Cuba), près de l’endroit appelé Las Cuevas. Cette randonnée est faisable en un jour (dur dur) mais est plus agréable sur deux jours (nuitée dans une cabane au sommet ou en camping), avec la descente par la même face. Le trajet vous mène du niveau de la mer à près de 2.000 mètres au travers de différentes zones écologiques, avec une végétation différente au fur et à mesure du trajet. A conseiller, à condition d’avoir la forme physique.
Nous trouvons une deuxième région de nature vierge dans ce coin à l’ extrême sud-ouest de Cuba, près du phare de Cabo Cruz. C’est là que se trouve le Parc National « Desembarco del Granma » (Débarquement du Granma), nommé d’après le débarquement historique de Fidel Castro et de ses rebelles en 1956. En 1999 toute cette région était reprise sur la liste de patrimoine de l’humanité de l’UNESCO, en tant que premier patrimoine naturel de Cuba à en faire partie. C’est une région qui héberge une faune et une flore unique, de cactus géants et de plantes tropicales, d’innombrables sortes d’oiseaux et d’un sous-sol calcaire dans lequel les petites rivières souterraines ont creusé des couloirs et des complexes de grottes.
Le paysage côtier du parc national est parmi les plus intacts du monde et se compose de terrasses calcaires qui s’élèvent jusqu’à 360 mètres au-dessus du niveau de la mer et plongent à 180 mètres sous la surface des eaux. La région se trouve à la frontière des plaques des Caraïbes et celle d’Amérique du Nord et est encore toujours en activité tectonique. A ce jour on ne connaît pas le nombre de plantes qui vivent dans le parc national. On a compté 512 sortes, dont 60% ne se trouvent que dans cette région. A Cuba on ne connaît pas d’autre région avec une telle concentration de plantes indigènes. Les cactus géants mentionnés sont remarquables et servent de base aux broméliacées, aux orchidées, aux abeilles, aux nids d’oiseaux et aux insectes, en faisant en fait un mini écosystème autonome.
La faune est tout aussi riche en diversité. 13 mammifères, 110 sortes d’oiseaux, 44 de reptiles, et 7 d’amphibies ont été découvertes, dont une grande part n’existent que dans cette région. Les lamantins des Caraïbes, des vaches marines menacées d’extinction, sont spécialement protégés. Les insectes et les invertébrés sont innombrables. Les papillons aux couleurs chatoyantes sont fascinants. On trouve également des escargots et d’autres mollusques très colorés. Dans les récifs de corail le long des côtes vivent des tortues marines devenues très rares.
Les archéologues ont découverts dans la région du parc des grottes utilisées par la culture Taïno pour des rites religieux, avant l’arrivée de Colomb. Lors de la promenade de El Guafe (accompagnés de guides locaux qualifiés) on passe par plusieurs de ces grottes où l’on peut admirer des idoles primitives sculptées dans la pierre calcaire.
Si l’on va jusqu’au bout du « chemin » qui traverse le parc on arrive à Cabo Cruz, composé de quelques petites maisons, dont les habitants vivent de la pèche et de récolte de sel (uniques ressources locales). Les vagues des eaux couleur turquoise et azur lèchent les rochers calcaires blancs, avec quelques petits bateaux de pêcheurs dansant sur les vagues. A terre un vieux phare dépasse tout le reste. Il y a un petit restaurant où, avec un peu de chance on vous servira des crevettes et des langoustes. Un petit coin de paradis quasi inconnu.
Saturé de nature on peut aussi partir à la recherche des différents lieux historiques de la province de Granma.
Parcourons ces lieux historiques par ordre chronologique. La découverte commence par Bayamo, la capitale de province, encore une des premières sept « villas » fondées par les espagnols. San Salvador de Bayamo fut fondée en 1513 en tant que deuxième établissement espagnol (après Baracoa dans l’actuelle province de Guantánamo) et durant la période coloniale l’endroit devient une ville prospère grâce à la présence de nombreuses plantations de sucre et des fermes d’élevage.
Lors de luttes pour l’indépendance Bayamo devient une région à la pointe de la lutte contre les espagnols et la ville a du en payer le prix à plusieurs reprises. Durant la première guerre d’indépendance, en 1869, quand la ville était au point de tomber aux mains des troupes espagnoles, les habitants mettent le feu à leur propre ville plutôt que de la laisser tomber aux mains de l’ennemi. Durant la deuxième guerre d’indépendance, en 1895, la ville sera une fois de plus durement touchée par les combats.
Et Bayamo a gardé la fierté de ce rôle d’avant-garde dans les luttes indépendantistes. On peut même l’entendre dans l’hymne national cubain, composé par Perucho Figueredo en 1868. L’hymne commence ainsi : « Al combate corred, bayameses » (courrons au combat, habitants de Bayamo).
La visite de Bayamo commence inévitablement par la place centrale, le Parque Céspedes (mais aussi nommé Place de la Révolution, à cause des nombreux petits monuments et bâtiments et endroits historiques). Au centre de la place il y a une statue en bronze de Carlos Manuel de Céspedes, le Père de la Patrie (voir plus loin). Un peu plus loin se trouve un buste de Perucho Figueredo avec le texte et la partition de l’hymne national cubain. Parfois un habitant de bonne humeur passe et se met à chanter l’hymne, ainsi le visiteur en découvre le son.
Carlos Manuel de Céspedes est né sur cette place (1819). Sa maison natale s’y trouve et est maintenant un musée, racontant la vie du héros et contenant des meubles de l’époque. En 1849 il proclame l’indépendance de Cuba sur cette même place, devant la maison communale (ayuntamento). A une rue de là se trouve la plaine de l’Hymne National (chanté pour la première fois en 1868) et la petite église colorée de San Salvador. A deux pas de l’église le visiteur trouve un petit restaurant sympa, La Bodega.
Nous quittons la ville et nous nous enfonçons dans la province. En respectant la chronologie nous nous rendons maintenant à Dos Ríos, un village banal, mais une obligation pour les amateurs et fanas de l’histoire. C’est ici que le héros national JoséMartí est mort en 1895, lors d’un combat avec les espagnols (durant la deuxième guerre d’indépendance). Martí était la base des luttes indépendantistes par ses écrits, mais ne semblait pas la personne indiquée pour la lutte armée. Il est abattu par les troupes espagnoles lors de l’une des premières confrontations sur les rives de la rivière Cauto (la plus longue rivière de Cuba) . Un obélisque a été érigé à cet endroit en mémoire et à l’ honneur de Martí.
Nous retournons en direction de la côte. La région devient plus plate et nous arrivons à Manzanillo, un port de pèche important situé le long du Golfe de Guacanayabo. Les eaux peu profondes en font un lieu idéal pour la pèche et l’élevage de crevettes et de homards. Au nord de la ville se trouve une région marécageuse assez étendue (le delta du Cauto), avec de nombreuses rizières. Un tiers de la production de riz de Cuba vient de cette région.
Légèrement au sud de la ville de Manzanillo nous retrouvons La Demajagua. Il s’agit de l’hacienda où, en 1868, Carlos Manuel de Céspedes, baron du sucre, sonne la cloche et réunit ses esclaves. Il leur rend la liberté et appelle à rejoindre la lutte contre le régime colonial espagnol. Ce sera le coup de départ de la première guerre d’indépendance (1868 – 1878) et le début d’une période de trente ans de lutte contre les espagnols qui quittent l’île en 1898, à la fin de la deuxième guerre d’indépendance (1895 – 1898). Carlos Manuel de Céspedes y gagnera son surnom de « Père de la Patrie ».
A l’endroit de l’ancienne hacienda de Céspedes nous trouvons aujourd’hui un petit monument et un musée. Du sommet de la colline de La Demajagua nous découvrons une belle vue sur le golfe de Guacanayabo. Accrochée à un mur il y a toujours la cloche qui a servi à rassembler les esclaves, et des vestiges d’une vieille broyeuse de canne à sucre s’entremêlent avec un Jagüey (un arbre), en guise de monument en souvenir de la centrale sucrière bombardée par les espagnols. Un gigantesque drapeau Cubain flotte sur l’ensemble et dans un petit bâtiment sauvegardé le visiteur peut voir des photos et des débris de vaisselle qui illustrent l’histoire. Et c’est vrai qu’ici on a effectivement écrit l’histoire de Cuba. Le fier directeur du musée/monument raconte avec passion l’histoire dans tout ces aspects.
Un dernier lieu historique se trouve encore un peu plus au sud, près de la plage Las Colorades, région située au milieu du parc national Desembarco del Granma.
Après l’assaut raté d’une caserne à Santiago de Cuba en 1953, et quelques temps de prison à l’Isla de Piños (aujourd’hui Île de la Jeunesse), Fidel Castro part en exil au Mexique (1955). Il y prépare une deuxième tentative de renversement du régime du dictateur Batista. Le groupe grandit (et est rejoint aussi par Che Guevara) et en 1956 le moment est venu. Sur un petit yacht en mauvais état, nommé Granma, Fidel Castro et plus de 80 rebelles partent vers les côtes de l’est de Cuba, en vue d’y déclencher la révolution. Le vieux petit navire mets plus de temps que prévu, une tempête fait dévier les rebelles de leur route et finalement ils débarquement plusieurs jours plus tard et à un endroit qui n’était pas planifié. Une révolte déclenchée à Santiago prévue pour détourner l’attention du débarquement avait maintenant suscité l’attention de Batista. Le débarquement du Granma ne passait pas inaperçu et pendant que les rebelles traversent, sous une chaleur accablante, un marais en tenant leurs armes au-dessus de leurs têtes, ils sont mitraillés par l’aviation de Batista. C’est un débarquement désastreux où, après plusieurs jours pénibles, sans manger, seulement 12 hommes des 82 réussissent à atteindre le point convenu dans la Sierra Maestra. Ce sera le départ d’une guerre de guérilla qui durera 2 ans et qui mènera finalement à la victoire de la révolution cubaine et poussa Batista à la fuite.
La zone marécageuse près de la plage Las Colorades peut être traversée facilement aujourd’hui. Un sentier en béton traverse le marais, traversant la végétation coupante des roseaux. Avec de l’imagination le visiteur peut s’imaginer ce que devait signifier le trajet en 1956. Un musée illustre avec des photos et des cartes de la région cette épopée, et les guides bien formés sont là pour une explication détaillée. On y trouve aussi une copie du petit yacht Granma (l’original se trouve à La Havane) et une hutte comme celle du « campesino » (paysan) qui a donné refuge à Fidel et ses hommes, juste avant leur départ en direction de la Sierra Maestra.
Cette région de Cuba a, en d’autres termes, beaucoup à offrir, tant popur l’amateur d’histoire que pour celui amateur de nature, mais reste finalement inconnue et vierge. Si le temps le permet (en fonction du passage des ouragans) le voyage peut se poursuivre le long des côtes (à gauche les plus hautes montagnes de Cuba, à droite la mer des Caraïbes) jusqu’à Marea del Portillo. Une baie magnifique vous y attend pour un peu de repos et de détente (quelques hôtels sont disponibles – beaucoup de tourisme canadien), avant de poursuivre le trajet vers Santiago de Cuba.