Musique
A Cuba la musique est omniprésente, les musiciens sont légion et souvent excellents. En Europe on n’en connaît souvent même pas l’ABC. Après la révolution les grandes sociétés de distribution ont cessé de diffuser les œuvres des musiciens qui travaillaient dans l’île et pendant des dizaines d’années nous sommes restés sourds à la richesse de la musique cubaine.
C’est surtout avec la sortie du disque « Buena Vista Social
Club » et l’éveil de Ray Cooder à la musique cubaine que le monde a
enfin redécouvert une infime partie de la richesse musicale de l’île.
Depuis de plus en plus de concerts sont organisés et d’autres
groupes sont devenus populaires en Europe, on commence à se rendre
compte de la mine d’or musicale que constitue ce pays. Un pays où la
tradition musicale est forte et qui a su donner aux artistes les outils
nécessaires pour arriver à un haut niveau musical. L’enseignement des
arts et de la musique est prise très au sérieux et les écoles sont de
très haut niveau.
A Cuba il est possible et courant d’être un musicien
professionnel. Ce n’est pas comme pour beaucoup ici une activité
secondaire. 12000 musiciens professionnels sont répertoriés à Cuba.
Tous les genres musicaux ont leur place. Traditionnel, Jazz, classique, chanson (Nueva Trova) Rock, Rap, Hip Hop, etc…
On dit que dans l’île on parle en chantant, on danse en marchant et on séduit avec les paroles d’une chanson.
La musique cubaine est née au carrefour de plusieurs continents, c’est ce qui la fait si riche. rumba, mambo, cha-cha-cha, boléro, són, danzón, changuï, guajira, pachanga, songo …
La musique cubaine va naître de la rencontre entre deux traditions celle des esclaves noirs déportés d’Afrique et celle des populations blanches venues d’Europe, principalement d’Espagne. Les blancs et les Noirs installés à Cuba présentent une grande variété culturelle et ethnique : les Congos, les Lucumis, les Carabalis les Araras n’ont ni la même langue ni le même système religieux ni les mêmes rythmes pour accompagner leurs rites, de même les Andalous, les Canariens et les Galiciens ne jouent pas la même musique.
Des recherches récentes affirment que dans les contredanses de Manuel Saumell (1817-1870) on trouvait déjà le tempo des habaneras. La Habanera, née de la danse créole et de la contredanse, a aussi influencé le développement du tango argentin et d’autres musiques sud-américaines.
Le « son » et le boléro sont arrivés à la Havane depuis les provinces orientales, en particulier de Santiago de Cuba.
Le boléro est apparu au début du 20ème siècle avec de grands compositeurs comme Alberto Villalón (né en 1882) et Sindo Garay (1867).
Les principaux airs de la vieille chanson romantique étaient des boléros, Orlando de la Rosa et Isolina Carrillo (1907-1996), en étaient des compositeurs fameux. C’est Carillo qui est le compositeur de la fameuse chanson » Dos Gardenias ».
C’est à la deuxième moitié du XIXe siècle que réapparait le « son » montuno. En 1920, le Sexteto Habanero fait son apparition dans les salons de bal de la haute société de la capitale. Le trio Matamoros, commence sa longue et importante carrière en 1925 à Santiago de Cuba. Le trio nous laisse quelques chansons classiques telles que: Son de la Loma, Mariposita de Primavera et Lágrimas Negras.
Un peu plus tard, arrive la première époque d’or du « son » qui verra surgir de nombreuses formations, dont quelques-unes commencent à enregistrer pour de grandes compagnies américaines.
Aux pionniers du « son », ont succédé Arsenio Rodríguez (1911), Miguelito Cuní, Félix Chapotín (1907) et Roberto Fax, pendant qu’Arcaño y sus Maravillas, la Sensación et d’autres orchestres danzoneras et charangueras animent les principaux bals de la capitale dans les années 40 et 50.
En 1950, Enrique Jorrín lance La Engañadora, le premier cha cha cha, et c’est en 1952 que Pérez Prado compose son premier mambo. La deuxième période du « són », arrive dans les années 50 avec l’apparition d’un autodidacte provenant de Cienfuegos: Benny Moré (1919-1963), qui gagne quelques années plus tard le titre de « Bárbaro del Ritmo ». Le compositeur et chanteur revitalise la forme traditionnelle, en donnant au « son » montuno des accents de jazz band. Benny Moré a énormément influencé l’évolution de la musique cubaine et de la Caraïbe de même qu’un autre musicien incontournable de l’histoire de Cuba comme Bola de Nieve (1911-1971).
Un chanteur très populaire aussi à Cuba dans les annés 60 et 70 est Carlos Puebla(1917-1989). Il a composé une série de chansons qui illustraient la réalité post révolutionnaire.
En 1970, apparaît l’orchestre de musique populaire de danse, Los
Van Van, dont le directeur est Juan Formell, doué d’une sonorité très
typique et moderne.
La « musique de danse » cubaine, très connue de nos jours dans
pratiquement tous les pays du monde, vit sa croissance et sa splendeur à
la fin des années 80 et au commencement des années 90. Des orchestres
comme Los Van Van, NG La Banda surgissent puis d’autres comme Paulo FG
y su Elité et Isaac Delgado, parmi tant d’autres dont le niveau
musical est très élevé.
Cuba mélange avec harmonie différents genres musicaux. Souvent vous serez surpris de voir qu’un musicien d’un groupe « salsa » est capable de vous interpréter une musique classique ou de jazz. C’est que dans les écoles d’art de Cuba, tous les musiciens ont une formation générale dans différents genres musicaux.
Mais les rythmes traditionnels influencent aussi tous les genres musicaux. Les sonorités du jazz cubain en sont imprégnés de même que certains morceaux plus classiques.
Dès les années 70 se développe le groupe Irakere, à la fois très populaire et groupe de recherche il s’apparente essentiellement au jazz.
Le « Grupo expérimental del l’ICAIC », dirigé par Leo Brouwer (né en
1939) expérimente une musique alors d’avant garde. Leo Brouwer,
musicologue, guitariste, compositeur, chef d’orchestre et écrivain
compose de la musique contemporaine et de la musique de film. La
consigne est de tout essayer, ne jamais craindre l’innovation.
C’est au milieu des années soixante que Alfredo Guevara et Leo
Brouwer, proposent à des jeunes artistes de la Nueva Trova d’intégrer
un groupe expérimental à partir duquel ils pourront élaborer un langage
nouveau.
Les membres du « G.E.S. » consacrent de nombreuses heures à écouter
de musique classique et contemporaine, du jazz y compris dans ses
tendances les plus modernes-. La musique populaire cubaine et celle
d’autres pays et continents, la variété internationale, le rock…
De cette recherche naissent une série d’œuvres d’une grande
richesse que l’on peut trouver réunies sur 4 CD au nom del » Grupo de
Experimentación Sonora del ICAIC.
Aujourd’hui les grands noms du jazz cubain sont Chucho Valdès, Ernan Lopez Nussa, Gonzalo Rubalcaba, Ramon Valle et beaucoup d’autres artistes de grand talent, dont beaucoup restent encore inconnus en Europe. Un Festival de jazz a lieu tous les ans à Varadero où les grands noms du jazz international participent.
En musique classique le pays a connu des compositeurs comme Saumell, Ignacio Cervantés, Lecuona, Amadeo Roldán. on peut citer aussi Frank Fernandez, Jose Maria Vitier auteur de la « Misa cubana » et de nombreuses compositions pour le cinéma. « La orquesta sínfonica nacional » se produit régulièrement dans des salles combles devant un public enthousiaste et interprète tous les grands compositeurs internationaux. Le prix des concerts est extrêmement bas ce qui permet a tout le monde d’en profiter.
Un autre genre qui s’est beaucoup développé après la révolution est la « Nueva Trova », des chansons à textes poétiques ou philosophiques dont les auteurs les plus connus sont Silvio Rodriguez, Pablo Milanès, Sara Gonzalez, Vincente et Santiago Feliu, Noel Nicolas, Amaury Pérez et plus tard, la nouvelle génération avec Carlos Varela, qui se définit aussi comme appartenant au rock cubain. D’autres comme Sintesis lient la modernité à la musique folklorique.
Aujourd’hui se développent aussi une série de groupes aux sonorités modernes, « Buena Fe », Polito Ibanés , des groupes de rap comme « Orishas » ou des groupes de Hip Hop très appréciés de la jeune génération.
Quelques liens pour écouter certains de ces grands musiciens cubains :
Le Musée National de la Musique
Le Musée National de la Musique a pour objectifs l’éducation et la
divulgation de la musique cubaine ainsi que la diffusion du patrimoine
culturel au plus grand nombre. Le musée, grâce à de nombreux dons de
livres, documents et instruments de musique, a acquis une riche
collection.
On y trouve des partitions très rares, des œuvres d’art, des
instruments musicaux folkloriques, les partitions originales d’Eduardo
Sanchez de Fuentes, de Gonzalo Roig ou d’Alexandra Garcia Caturla et
d’Amadeo Roldan ainsi que des dizaines d’instruments musicaux de Cuba
et d’Amérique Latine. Des concerts ont lieu deux soirs par semaine dans
la salle de musique.