« La révolution cubaine : un défi à l’impérialisme US »
Un responsable cubain parle sur la guerre économique des États-Unis, la campagne de mensonges contre la révolution socialiste.
MARTÍN KOPPEL, MARY-ALICE WATERS ET RÓGER CALERO (traduit du Militant, 25 octobre)
NEW YORK — Carlos Fernández de Cossío, chef du département des affaires étasuniennes du ministère cubain des Affaires étrangères, était à New York fin septembre pour la session d’ouverture de l’Assemblée générale des Nations Unies. Dans le cadre de son emploi du temps chargé, il a pris le temps de s’asseoir et de parler avec le Militant. Il a parlé des attaques intensifiées que la plus grande puissance impérialiste du monde mène aujourd’hui contre les hommes et les femmes qui ont fait et continuent de défendre la révolution socialiste de Cuba.
« Le défi le plus tenace et le plus réussi posé à l’impérialisme dans l’hémisphère occidental a été la révolution cubaine, » a dit Fernández de Cossío. « C’est un défi pour les États-Unis qu’ils doivent essayer de vaincre en tant que puissance impérialiste. » Pendant plus de six décennies, a-t-il noté, malgré les énormes ressources consacrées à essayer de renverser le gouvernement révolutionnaire de Cuba et de rétablir les relations de propriété capitaliste, les dirigeants US ont échoué dans cet objectif.
En dépit des efforts et des attentes impérialistes, la révolution ne s’est pas effondrée dans les années 1990 après l’implosion des régimes du bloc soviétique et la profonde crise économique qui en a résulté à Cuba.
Ensuite, les dirigeants impérialistes « ont parié que lorsque Fidel Castro serait parti, la Révolution cubaine ne survivrait pas, » a dit Fernández de Cossío. Comme cela ne s’est pas produit, ils ont pensé que tout cela serait terminé lorsque Raúl Castro s’est retiré. Mais la révolution continue.
« Pour l’impérialisme américain et les ennemis de Cuba, cette continuité présente un grand défi, a-t-il noté. Ils ne peuvent pas accepter la légitimité d’un gouvernement révolutionnaire populaire qui n’est plus dirigé par la génération historique » — la génération qui a conduit les travailleurs au pouvoir en 1959 et a établi un gouvernement qui défend leurs intérêts.
« Aujourd’hui, ce gouvernement est dirigé par les nouvelles générations. Cuba n’est pas capitaliste, elle n’accepte pas le capitalisme. Cela représente un obstacle pour l’impérialisme dans cet hémisphère. »
C’est pourquoi ces dernières années, les dirigeants des États-Unis, sous les administrations Trump et maintenant Biden, ont imposé les sanctions économiques les plus complètes jamais imposées à Cuba. Ces mesures, dont plus de 200 ont été récemment promulguées, restreignent fortement l’accès de Cuba au système bancaire international et bloquent les investissements étrangers, les importations de carburant indispensables et l’envoi d’argent des Américains cubains à leurs familles sur l’île.
Les États-Unis ciblent les artistes et les Noirs cubains
C’est aussi pourquoi Washington mène aujourd’hui une offensive politique qui cible « plusieurs piliers de la légitimité que la révolution cubaine a gagné au niveau international, » a-t-il poursuivi.
L’un de ces piliers de l’autorité morale auprès des travailleurs du monde entier est la manière dont la révolution cubaine a élargi l’accès à la culture et à l’éducation à des millions de personnes dans les villes et les campagnes. Le gouvernement révolutionnaire a un bilan impressionnant en matière de promotion de l’expression artistique la plus large dont il peut être fier.
« Le gouvernement des États-Unis dépense des dizaines de millions de dollars pour donner la fausse image d’un conflit entre le gouvernement révolutionnaire et les artistes, entre le gouvernement et la jeunesse, » a noté Fernández de Cossío.
Washington a cherché à rallier des artistes aux États-Unis et à l’échelle internationale pour soutenir le groupe dit San Isidro, une opération financée par le gouvernement US que les ennemis de la révolution présentent cyniquement comme un mouvement de « jeunes artistes noirs indépendants. »
« Cet effort va de pair avec leurs tentatives de discréditer les réalisations de Cuba en matière d’élimination de la discrimination raciste, a dit Fernández de Cossío. Avec une énorme dose de démagogie et d’hypocrisie, ils cherchent à dépeindre Cuba comme étant un pays raciste, du fait de la révolution. »
Avant 1959, Cuba « était une société raciste, a-t-il dit. La révolution a mis fin à la discrimination institutionnalisée. »
« Depuis lors, le gouvernement et le parti communiste cubain ont mené des efforts pour éliminer les préjugés raciaux. Cela ne peut pas se faire par décret. On ne peut pas y parvenir en créant un « ministère antiraciste ». Cela nécessite, avec d’autres mesures, un travail éducatif et culturel. »
« Je ne serais pas sincère si je niais que nous avons encore du chemin à parcourir. Même avec les énormes progrès en matière d’emploi, d’éducation, de santé et d’autres conditions que la révolution a apporté au peuple cubain, la société reste encore stratifiée avec différents niveaux socio-économiques. Nous n’avons toujours pas éliminé les disparités que nous constatons aujourd’hui dans les quartiers urbains qui étaient les plus défavorisés sur le plan social et économique avant la révolution. »
« Un quartier de La Havane qui était pauvre il y a 50 ou 60 ans a toutes les chances d’avoir encore des logements plus exigus, une ventilation moins bonne, une population avec des niveaux d’études universitaires inférieurs et plus de criminalité que d’autres quartiers. »
« C’est vrai quelle que soit la couleur de la peau. Mais compte tenu des conditions auxquelles la population noire était confrontée avant 1959, » les disparités restent plus importantes pour les Cubains noirs aujourd’hui, a-t-il dit.
Pour cette raison, « la société et le gouvernement cubains continuent de lutter contre le racisme et son héritage. »
Les médecins internationalistes calomniés
Fernández de Cossío a évoqué un autre pilier du soutien à la révolution parmi les travailleurs du monde entier qui est ciblé par Washington, le bilan de Cuba en matière de coopération médicale internationaliste.
« Nos médecins qui servent dans d’autres pays sont qualifiés « d’esclaves ». La solidarité du gouvernement cubain, les impérialistes l’appellent « trafic d’êtres humains. »
« Ils essaient de stigmatiser le travail des volontaires cubains qui sauvent des vies et prodiguent des soins à des millions de personnes dans des communautés les plus pauvres de plus de 100 pays. »
« Le département d’État américain a envoyé ses représentants faire pression sur d’autres gouvernements qui demandent légitimement une assistance médicale cubaine, pour exiger qu’ils ne l’acceptent pas. »
Fernández de Cossío a souligné que « en pleine pandémie, Cuba est le seul gouvernement au monde, le seul, qui a envoyé des brigades médicales pour aider d’autres pays à lutter contre le COVID. Elles sont allées dans 40 pays, de l’Italie et des États du golfe Persique riches en pétrole à l’Amérique latine et à l’Afrique. »
« Et le gouvernement US nous attaque pour ça ! »
Washington mène également un effort concerté pour saper la légitimité des dirigeants du nouveau gouvernement cubain, a dit Fernández de Cossío. « Ils attaquent personnellement le président Miguel Díaz-Canel. Ils disent : « Il n’est pas Fidel Castro. » En même temps, ils l’accusent d’être un dictateur et son régime d’être répressif. »
« Cela ne devrait pas nous surprendre. C’est ainsi que fonctionne la machine de propagande impérialiste. »
Intensification de l’agression économique US
Abordant la situation économique actuelle de Cuba, Fernández de Cossío a dit que les médias du grand capital affirment que Cuba « traverse les pires moments de son histoire ». Ce n’est pas exact, a-t-il dit.
« Les moments les plus difficiles ont été les années 1960, lorsque nous étions engagés dans une guerre civile à l’intérieur de Cuba avec des groupes contre-révolutionnaires armés, entraînés et financés par les États-Unis. »
La crise économique des années 1990, précipitée par la perte brutale par Cuba de plus des trois quarts de son commerce extérieur après l’implosion de l’Union soviétique, « a été une crise économique plus grave qu’aujourd’hui. C’est difficile à expliquer à des jeunes qui n’étaient alors que des enfants, mais nous avions des pannes de courant de 18 heures, pratiquement pas de transports en commun. Il y avait de telles pénuries alimentaires que les gens avaient perdu du poids de façon dramatique. » Ce n’est pas le cas aujourd’hui.
« Quel est le plus gros problème aujourd’hui ? Contrairement aux années 1990, il y a des inégalités sociales et économiques plus importantes au sein de la population. Dans les décennies précédentes, grâce à la révolution, Cuba était une société plus égalitaire. Mais nous avons été contraints d’utiliser des méthodes économiques que certains qualifient de « favorables au marché ». Elles ont généré des inégalités, bien que Cuba ait beaucoup moins d’inégalités sociales que tout autre pays dans le monde. »
Ces dernières années, la propriété de petites et moyennes entreprises privées a été encouragée et le nombre de travailleurs qui peuvent y être employés est désormais passé à 100. Les agriculteurs peuvent vendre une portion plus importante de leur récolte sur le marché libre. Les familles peuvent vendre leur maison.
L’expansion du tourisme et d’autres mesures visant à obtenir des devises fortes nécessaires à l’importation de biens essentiels ont entraîné une disparité entre ceux qui reçoivent une partie de leurs revenus en dollars et ceux qui n’en reçoivent pas. Les envois d’argent de l’étranger sont destinés de manière disproportionnée aux familles les plus aisées plutôt qu’aux travailleurs, en particulier ceux qui sont noirs, ce qui a exacerbé les tensions raciales.
Fernández de Cossío a noté qu’en janvier 2021, le gouvernement a mis en oeuvre une série de mesures économiques. Parmi celles-ci, les subventions pour de nombreux produits alimentaires de base ont été réduites. L’aide financière a été réduite pour les familles percevant des allocations pour les membres du ménage qui sont au chômage mais aptes à travailler. Une plus large échelle des salaires a été établie pour différents emplois.
Le salaire minimum et les pensions de retraite ont été augmentés. Malgré cela, de nombreuses familles cubaines traversent une période très difficile. Le pouvoir d’achat du peso a chuté avec la dévaluation de facto qui a pris effet en janvier par l’élimination d’une structure à double monnaie en place depuis plus de deux décennies. Aujourd’hui, Cuba connaît une inflation en forte hausse.
« Nous avons introduit des mesures comme celles-ci de manière progressive, et nous comptons en introduire d’autres, » a dit Fernández de Cossío. « Mais nous ne nous dirigeons pas vers une économie capitaliste. Les inégalités sont plus grandes, mais la structure économique de Cuba ne ressemble pas, même de loin, à une économie capitaliste. »
Les tensions économiques et sociales accrues sont amplifiées « par les médias sociaux et les réseaux numériques qui ont fait leur entrée à Cuba, avec les effets néfastes qu’ils ont partout, y compris aux États-Unis », a-t-il dit.
« Le gouvernement US dépense des millions pour bombarder Cuba de propagande » par le biais des médias sociaux afin d’exacerber les antagonismes et de diffuser des mensonges.
« Les États-Unis utilisent la pandémie contre Cuba »
Fernández de Cossío a décrit certains des principaux défis économiques actuels.
« Le premier est l’intensification du blocus économique des États-Unis contre Cuba, » a-t-il dit. Depuis la mi-2019, Washington a imposé des sanctions aux compagnies maritimes étrangères et d’autres mesures qui visent à restreindre les importations de pétrole de Cuba.
« Imaginez si la ville de New York était soudainement confrontée à une forte augmentation des prix du carburant ou si une partie de son approvisionnement était interrompue. Si le Canada, qui fournit de l’électricité à New York, disait : « Désormais, la ville de New York n’obtiendra que 30 % de son énergie électrique. »
« Ou si maintenant, au milieu de cette pandémie de COVID, vous deviez acheter des médicaments ou du matériel médical sur le marché international et qu’on vous disait : « Non, nous ne pouvons pas vous vendre ces produits parce qu’ils contiennent plus de 10 ou 12 pour cent de composants US ou de matières premières ou de propriété intellectuelle US. »
« Ou si, à cause des sanctions, vous ne pouviez pas acheter du matériel ou des matières premières auprès du fabricant, mais deviez passer par un tiers et payer le double du prix initial. »
« C’est ce qu’ils font subir à Cuba. »
Un autre défi est le coût économique de la pandémie de COVID. Washington, a-t-il dit, « a utilisé la pandémie de Covid comme une alliée dans son agression contre Cuba. En conséquence, nous avons eu des difficultés à obtenir des fournitures médicales, non seulement pour le COVID mais aussi des médicaments de base : pour l’hypertension artérielle, le diabète, les allergies, les maladies cardiovasculaires. »
Fernández de Cossío a noté que « tout au long de l’année 2020, Cuba a plutôt bien réussi à faire face à la pandémie. Le nombre d’infections et de décès était presque insignifiant par rapport au reste du monde. » Cela s’explique par le fait qu’à Cuba, où l’accès aux soins de santé est universel et gratuit, des médecins, des infirmières et d’autres volontaires ont été mobilisés pour se rendre visite à chaque maison dans chaque quartier de toute l’île, afin de s’assurer que ceux qui avaient besoin de soins médicaux les reçoivent. Personne n’a été livré à lui-même.
« Cependant, au cours des premiers mois de cette année, avec le variant Delta, la pandémie a commencé à avoir un impact important, et l’été a été particulièrement difficile. Depuis le mois d’août, nous avons atteint un plateau et la tendance est à la baisse des contaminations et des décès grâce à la campagne de vaccination, » a dit Fernández de Cossío.
« Mais le coût économique de la pandémie a été élevé. Nous avons dû fermer des écoles et de nombreux lieux de travail. Le tourisme, principale source de revenus de notre pays, a été quasiment inexistant. »
« Et les dépenses pour les hôpitaux et les centres d’isolement ont augmenté. Mon fils a été l’un des nombreux jeunes qui ont été volontaires pour aider dans un centre d’isolement. Les patients et les travailleurs y reçoivent gratuitement trois repas et une collation par jour. Les installations sont équipées de climatiseurs et de ventilateurs, ce qui nécessite du carburant pour produire de l’électricité. Il faut financer tout cela. »
Pour illustrer à quel point la situation économique est tendue aujourd’hui, il a dit : « Chaque semaine, notre gouvernement doit revoir sa liste de besoins urgents et, sur la base des revenus limités du tourisme étranger et des exportations, prendre des décisions sur ce à quoi nous pouvons allouer des fonds et ce que nous devons reporter. »
« Le coût de ce qui doit être fait est toujours plus élevé que les entrées d’argent. Chaque besoin mis en attente devient un problème supplémentaire. »
« Et il y a une troisième liste : ce que nous allouons au développement à plus long terme. »
« Certains détracteurs, à l’extérieur et à l’intérieur de Cuba, demandent : s’il y a une pénurie de poulet et d’autres aliments, pourquoi continuons-nous à construire des hôtels pour les touristes ? La réponse est la suivante : nous ne pouvons pas consommer tout ce que nous avons aujourd’hui et ne rien laisser à nos enfants pour vivre demain. »
Fernández de Cossío a expliqué que pendant la crise économique des années 1990, connue à Cuba sous le nom de la Période spéciale, « nous avons développé ce qui est aujourd’hui BioCubaFarma, l’entreprise biotechnologique et pharmaceutique d’État qui permet à Cuba de produire ses propres vaccins et autres médicaments. »
« Nous avons également commencé à investir dans le tourisme, ce qui a permis à Cuba de ne plus être un pays qui dépendait des exportations de sucre comme principale source de revenus, un héritage du colonialisme.
« Ces investissements ont nécessité des capitaux, des fonds qui n’ont pas été utilisés pour les transports publics, l’électricité ou la nourriture. Ils ont été investis en pensant à la génération de Cubains d’aujourd’hui. Et c’est un défi que nous continuons à relever. »
Fernández de Cossío a noté que, même après l’intensification des sanctions américaines à partir de 2017, « Cuba a enregistré une certaine croissance économique jusqu’à la mi-2019. C’est alors que le gouvernement US a pris des mesures pour bloquer nos importations de carburant, un coup dur pour notre économie. Puis en 2020 nous avons été frappés par la pandémie de COVID qui a touché le monde entier.
« Tout cela a limité ce que nous avons prévu pour réduire la dépendance aux importations alimentaires. » Par exemple, a-t-il dit, Cuba a cherché à stimuler la production nationale de porc. Mais les matières premières pour l’alimentation animale, comme le soja et le maïs, sont encore largement importées, et le manque de devises fortes de Cuba limite sa capacité à acheter ces intrants sur le marché mondial. Des efforts pour produire des variétés de maïs et de soja adaptées à Cuba sont en cours mais ne parviennent pas encore à satisfaire la demande.
« Ainsi, aujourd’hui, nous devons parfois choisir : importons-nous des poulets ou des médicaments pour la population, ou achetons-nous du fourrage afin de produire plus de porc ? »
« C’est comme la famille réunie autour de la table, qui décide comment dépenser son argent pour la semaine. C’est le défi auquel nous sommes confrontés à Cuba. »
Les événements du 11 juillet orchestrés par les États-Unis
Ces intenses pressions économiques, ajoutées à l’offensive politique de Washington, « se sont conjuguées et ont constitué le contexte des manifestations du 11 juillet, » a dit le responsable cubain.
Il a réfuté les mensonges du gouvernement US et des médias capitalistes internationaux, qui prétendaient qu’un « soulèvement » antigouvernemental massif a balayé l’île ce jour-là.
« L’image présentée par les médias internationaux est celle de plusieurs jours ou semaines de protestations. Ce n’est pas vrai. Elles ont eu lieu sur un seul jour, le 11 juillet. Elles se sont produites dans 11 villes et villages. Ce n’était pas des manifestations massives. »
« En fait, les personnes les plus nombreuses dans les rues étaient celles qui étaient venues soutenir la révolution. »
Les médias capitalistes « ont diffusé de vieilles photos de grandes manifestations à Alexandrie, en Égypte, ou à Buenos Aires, et les ont présentées comme si elles étaient des photos prises à Cuba ce jour-là. Ils ont également diffusé des photos de manifestations en soutien à la révolution à La Havane, en prétendant qu’il s’agissait de scènes de manifestations contre-révolutionnaires à Cuba ! »
Qui est descendu dans la rue le 11 juillet ?
« La majorité était des personnes sincèrement frustrées par les coupures de courant, les pénuries alimentaires, les problèmes de transport public. Elles étaient frustrées parce que les écoles étaient fermées et que les enfants devaient rester à la maison toute la journée. Parce qu’il n’y avait pas de loisirs, on ne pouvait pas aller à des fêtes ou à la plage. Parce qu’il y a des insuffisances dans l’administration des services communaux et gouvernementaux. Toutes ces choses sont vraies. »
Les manifestations n’ont toutefois pas été spontanées comme le prétendent la presse capitaliste et les médias sociaux étrangers.
« Certains de ceux qui étaient dans les rues ont été incités par des médias sociaux qui faisaient campagne depuis des semaines » pour de telles actions, a dit Fernández de Cossío.
« La première manifestation du 11 juillet a eu lieu dans la ville de San Antonio de los Baños, à 40 minutes de La Havane. Lorsque les manifestants ont commencé à se rassembler dans un petit parc à 11 heures du matin, deux correspondants de grands médias étrangers étaient déjà sur les lieux. »
« Ces protestations ont été organisées par des éléments qui ont été payés par le gouvernement US. »
« Nous avons des preuves que des gens se sont vu offrir de l’argent, comme : 150 dollars pour jeter une pierre sur un policier, 200 dollars pour un cocktail Molotov, 500 dollars pour mettre le feu à une voiture. Le vandalisme et la violence ont été planifiés et suscités. »
Fernández de Cossío a noté qu’il y a eu un incident le lendemain dans le quartier de La Güinera à La Havane. « Un groupe de personnes qui avaient des armes à feu a tenté d’attaquer un poste de police. Une personne a été tuée. Ils avaient prévu de se diriger ensuite vers le port de La Havane, où on leur avait fait croire que des bateaux étaient arrivés de Miami pour les emmener aux États-Unis ! »
Les médias capitalistes US ont dépeint La Güinera, un quartier majoritairement noir et ouvrier, comme un quartier en révolte contre le gouvernement révolutionnaire.
Cette image a été réfutée par les résidents locaux, auxquels s’est joint Gerardo Hernández, responsable national des Comités de défense de la révolution. Il a expliqué à la télévision cubaine que la plupart des manifestants étaient des travailleurs exaspérés par les difficultés économiques quotidiennes qui ont été entraînés dans une action initiée par des opposants au gouvernement. « Il y a beaucoup de révolutionnaires à La Güinera, » a-t-il souligné.
S’adressant à la presse cubaine, Gerardo Hernández a dit que les habitants des quartiers tels que La Güinera, qui se trouve dans la zone de la ville où il a lui-même grandi, en s’organisant collectivement pour améliorer la situation, prennent confiance dans leur capacité à faire la différence. En travaillant ensemble pour réparer les rues et les maisons et en faisant participer les jeunes qui ne travaillent pas ou ne vont pas à l’école à des activités productives, ils commencent à transformer non seulement leur environnement mais aussi eux-mêmes.
« Ces expériences aident les révolutionnaires à comprendre que nous devons changer notre façon de faire, » a dit Fernández de Cossío. « Historiquement, Fidel nous a toujours expliqué cela. Nous devons sortir et travailler davantage. La réponse ne réside pas dans l’utilisation des médias sociaux, mais dans notre présence physique, » en travaillant dans les communautés à travers le pays.
Au cours des deux derniers mois, le gouvernement cubain a accordé une priorité particulière à des dizaines de quartiers parmi les plus dégradés de La Havane. Des travaux y sont en cours pour réparer les rues, les logements, les magasins locaux, les cabinets médicaux, les parcs et d’autres installations. Avec le soutien des organismes gouvernementaux nationaux et locaux, la Fédération des femmes cubaines, les Comités de défense de la révolution, la Fédération des étudiants universitaires et d’autres organisations de masse s’efforcent d’impliquer les habitants locaux, y compris les jeunes sans emploi, dans ces activités.
Fernández de Cossío a souligné que la situation varie d’un quartier à l’autre. « Ainsi, l’approche utilisée à La Güinera n’est peut-être pas exactement ce dont on a besoin dans le quartier Chicharrones à Santiago de Cuba, ou dans les quartiers San Isidro ou El Fanguito à La Havane. »
« Et nous ne pouvons pas oublier qu’il s’agit de Cuba en 2021, avec notre pénurie de ressources, notre manque de capitaux, nos dettes à payer et le blocus américain toujours présent. »
Le vaccin cubain : au pays et à l’étranger
Nous avons demandé à Fernández de Cossío comment se déroule la campagne de vaccination contre le COVID. Cuba a développé cinq vaccins et a déjà commencé à utiliser trois d’entre eux, Soberana II, Soberana Plus et Abdala.
« Grâce à la clairvoyance du président Díaz-Canel, nous avons commencé à développer un vaccin contre le COVID très tôt, en mars 2020, alors qu’aucun cas n’avait encore été signalé à Cuba. »
« Notre processus de vaccination est plus long que dans certains pays car les gens reçoivent trois doses. Cela nécessite également d’en produire une plus grande quantité que pour un vaccin nécessitant deux doses. »
« À l’heure actuelle, près de 50 % de la population cubaine est complètement vaccinée. Nous prévoyons de vacciner pratiquement toute la population d’ici novembre. »
Cuba est maintenant en train de vacciner les enfants de deux ans et plus, le premier pays à le faire, a dit Fernández de Cossío. Cela est possible parce que, en s’appuyant sur des décennies de travail pour développer et produire des vaccins pour toute une série de maladies et d’âges, les chercheurs cubains ont conçu leurs vaccins COVID sur la base d’une biotechnologie connue pour être sans danger pour les enfants.
Le gouvernement révolutionnaire de Cuba met également ses vaccins à disposition au-delà de ses frontières. Le processus est actuellement en cours pour qu’ils soient validés par l’Organisation mondiale de la santé, sur laquelle de nombreux gouvernements s’appuient avant d’autoriser leur utilisation.
« Nous voulons nous assurer de fournir toute la documentation et les preuves montrant que les vaccins sont sûrs et efficaces, » a dit Fernández de Cossío.
« Des gouvernements comme les États-Unis ont beaucoup d’influence sur les organismes internationaux comme l’OMS. Et les experts utilisés par l’OMS pour évaluer les vaccins sont souvent des cadres de grandes entreprises comme Pfizer, Merck, Johnson & Johnson et Sanofi Pasteur. Par conséquent, pour être sûrs de respecter et de faire mieux que les normes de ces organisations, nous sommes particulièrement rigoureux dans la préparation de la documentation. »
Il a indiqué que les gouvernements de l’Iran, du Vietnam, du Mexique et du Venezuela ont déjà accepté le vaccin cubain. L’Iran produit actuellement le Soberana II et le Vietnam prévoit de fabriquer l’Abdala. Mais de nombreux autres pays n’ont pas cette capacité, et Cuba prévoit de produire des millions de doses pour une distribution internationale.
« Une fois qu’une partie suffisamment importante de la population cubaine sera vaccinée, nous aurons une plus grande capacité à exporter le vaccin, a dit Fernández de Cossío. Cuba s’engage à le mettre à la disposition des autres nations qui en ont besoin. »