La solidarité internationale : une partie essentielle des soins de santé.

La solidarité internationale : une partie essentielle des soins de santé.

La gratuité des soins de santé pour toute la population a toujours été depuis le début un des plus grands défis, tout à fait dans la ligne du principe humaniste d’égalité des chances à la base de la révolution cubaine. Cuba a construit son système de santé progressivement avec comme points de départ : la gratuité et l’accessibilité pour tous-tes sans exception avec comme base des soins de santé de première ligné ancrés localement et… la solidarité internationale. En octobre 1962, Fidel Castro a annoncé offrir de l’aide médicale à l’Algérie qui venait juste d’avoir lutté pour son indépendance quelques mois plus tôt. Le 23 mai 1963, 55 professionnels de santé sont partis pour l’Algérie pour une durée de 12 mois. C’est le début d’une longue tradition de brigades médicales qui viennent renforcer les systèmes de soins de santé des pays hôtes.
Ces deux dernières décennies, Cuba a coopéré par solidarité sur le plan médical avec des pays comme l’Angola, l’Ethiopie, le Nicaragua qui venaient d’avoir gagné leur indépendance. Strictement parlant, on ne peut pas encore parler ici d’exportation de services médicaux car ni Cuba ni les médecins n’ont été payés pour cela. La coopération était vue comme une contribution solidaire à la libération et le développement de ces pays. Les médecins cubains recevaient alors une faible compensation pour le logement et l’entretien donnée par le Gouvernement cubain.

Après la chute de l’Union soviétique, le contexte économique a complètement changé pour Cuba.
C’est pourquoi Cuba a basculé dans les années 90 pour une “Assistance technique compensée ”et demande alors au pays hôte de payer le salaire et les frais de séjour des médecins cubains tout comme une contribution à Cuba pour les frais généraux de son programme de santé international.. Le Brésil, le Yémen, l’Afrique du Sud et la Jamaïque ont conclu de tels accords.

Consolidation de la coopération médicale internationale
Après le passage dévastateur de l’ouragan Mitch en 1998 en Amérique Centrale, Fidel Castro a envoyé des brigades d’urgence dans les pays touchés. Au vu des situations fragiles sur le plan économique de ces pays, Cuba a proposé d’aider à  construire les soins de santé sur une base structurelle. C’est le début du programme “Programme Intégral de Santé “.Ce programme P.I.S. est beaucoup plus ambitieux et comprend le renforcement des soins de santé de base pour les régions les plus pauvres ou les plus éloignées du pays hôte. Dans une première phase, Cuba envoie principalement des médecins de première ligne qui reçoivent aussi la mission de faire de la formation continuée du personnel médical local. Les brigades fonctionnent gratuitement et sur une base solidaire pour une durée de 2 ans. . A Cuba déjà, les brigadistes sont pris en charge avec des cours médico-techniques et des cours de langue et on commence déjà à leur attribuer des avantages par exemple la priorité pour l’attribution d’un nouveau logement. Cuba accepte aussi de former des étudiants étrangers comme médecins de sorte que les Cubains puissent se retirer après un temps.. C ‘est avec cet objectif qu’a été créé à Cuba le 15 novembre 1999 l’Institut Latino Américain de Médicine.(ELAM) pour l’Amérique Latine.qui a formé depuis des milliers de jeunes médecins de tous les pays de ce continent.

Le Programme P.I.S. s’est développé fortement après que Hugo Chavez ait proclamé la révolution Bolivarienne en 2003. Avec le soutien financier du Venezuela, Cuba a pu élargir la coopération médicale vers beaucoup d’autres pays. C’est le début de la coopération Sud-Sud financée par le Venezuela (seul initialement) avec Cuba prenant en charge le déploiement des brigades médicales dans le pays hôte. Les brigades ont élargi leur champ d’action dans les pays hôtes non seulement sur le plan géographique mais aussi en termes de spécialités médicales. Le programme a connu son apogée entre 2005 et 2009 et s’est étendu alors dans 25 pays même en dehors de l’Amérique Latine.  Une plus forte structure s’est mise en place avec des supervisions mensuelles et l’intégration du Parti Communiste Cubain PCC dans les brigades dont les médecins et les infirmièr-e-s allaient travailler partout dans le pays hôte. Ceux ci reçoivent également  une compensation supplémentaire.

La coopération Sud-Sud génère des revenus en plus pour Cuba
 Suite à la crise économique mondiale et au  passage de quelques très forts ouragans, Cuba n’a plus pu supporter les coûts du programme international en place et s’est imposée une sérieuse évaluation pour utiliser les ressources disponibles de la manière optimale. En accord avec les pays hôtes, il a été décidé que les étudiants étrangers  de l’ELAM- poursuivraient leurs 5ème et 6èmes années d’études  dans une brigade. La rationalisation des brigades a aussi conduit à une réduction de personnel. Une prise de conscience s’est faite de ce que la coopération médicale peut aussi être une importante source de revenus. Sans écarter la coopération solidaire antérieure, Cuba a donc demandé au pays hôte une compensation économique. Cuba a aussi développé davantage la pratique d’une coopération Sud-Sud. Un bel exemple en est que les fonds pour le développement des pays riches ont été canalisés via l’OMS pour l’effort du personnel médical cubain dans un pays en développement (Lutte contre Ébola en Afrique).
Le pays a fait le même exercice pour examiner l’efficacité de l’Institut de Médecine pour l’Amérique Latine (ELAM.) Pendant plusieurs années, Cuba a assuré pleinement les coûts de cet enseignement. A la fin 2012, près de 24.800 étudiants de 105 pays y ont obtenu leur diplôme. Mais début 2020, le pays a opté pour des accords bilatéraux faisant que généralement les entités ou les ONG des pays d’origine payent la formation mais qu’il y a toujours la possibilité d’exception par solidarité.

L’aide médicale de Cuba ne se limite plus au développement des services de santé de base nationaux. Le programme parallèle le plus connu est sans doute l’”Opération Miracle’: le 8 juillet 2004, l’Opération Miracle a démarré au Venezuela. Le programme s’est étendu après cela à 44 pays d’Amérique du Sud. Des milliers de patients ont retrouvé la vue après une opération de la cataracte. Deux ans après Cuba a fondé une clinique de l’œil dans 22 pays pour que ces interventions puissent se poursuivre.  

Fidel Castro, le grand moteur des brigades médicales
En bref, les brigades médicales s’inscrivent depuis le début dans la vision solidaire, humaniste et internationaliste de Fidel Castro qui en a toujours été la force motrice : “Notre mission est de développer une doctrine sur la santé des populations qui peut être un exemple de ce qu’il est possible de faire pour ce qui a le plus de valeur pour chacun” (20 août 1999) . Le contexte économique international a eu pour conséquence que la coopération médicale soit passée e l’assistance solidaire gratuite à un modèle économique solidaire. En ce moment, Cuba offre trois type d’assistance médicale :
 a) Cuba supporte tous les coûts dans les pays très pauvres
b) Les coûts sont partagés entre Cuba et le pays hôte
c) Cuba reçoit des revenus pour les services rendus. Mais le pays ne donne pas de détails sur  la formule appliquée à chaque pays.

Les Brigades Henry Reeve
Le 19 septembre 2005 après le passage de l’ouragan Katrina aux Etats Unis, Cuba sur initiative de Fidel Castro a mis sur pied la brigade Henry Reeve, une brigade d’urgence formée de médecins tres qualifiés pouvant intervenir rapidement en cas de catastrophe et de pandémie. La brigade a reçu le nom d’un citoyen américain qui s’est distingué dans la lutte pour l’indépendance de Cuba. Les Etats Unis ont refusé l’aide offerte. La première brigade de 1500 professionnels de santé est partie un mois plus tard au Pakistan touché par un sévère tremblement de terre.
Le 13 janvier 2006, une première brigade sous le nom de Henry Reeve est partie à Haiti sévèrement touchée par un tremblement de terre avec 25 médecins et paramédicaux. Un total de plus de 1500 professionnels de santé l’ont rejointe. Entre 2005 et 2019, la brigade s’est implantée dans plus de 20 pays différents à la suite d’ouragan, de choléra ou de Ebola. Avec l’arrivée de la pandémie Covid-19, Cuba a envoyé près de 1370 personnel médical spécialisé dans 23 pays parmi lesquels l’Italie et Andorre. Internationalement cette présence médicale cubaine est très appréciée. Cela ressort du fait que de nombreux pays veulent bénéficier de cette forme exceptionnelle de coopération internationale. En mai 2017,  l’Organisation Mondiale de la Santé OMS a décerné le prix “Dr Lee Jong” à Cuba pour sa contribution à la lutte contre Ebola en Afrique.

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