CUBA : CONSTRUIRE – RECONSTRUIRE – EMBELLIR.

CUBA : CONSTRUIRE – RECONSTRUIRE – EMBELLIR.

 Wim Leysens – juin 2018

« Le logement est un grand problème dans tout Cuba ; chaque année les pays investi des millions de pesos dans la construction de nouveau logements ou la réhabilitation d’anciens logements. Mais quand un ouragan comme Irma s’en mêle… ». Lourdes Ochoa Obreu, ex-parlementaire et actuellement collaboratrice au Conseil Provincial de La Havane, s’exprime.

L’impact de l’ouragan Irma sur l’île a été énorme. L’ouragan a frappé 13 des 18 provinces, causant des dégâts à hauteur de 13 milliards de pesos (54 millions de dollars). Mais les Cubains parlent avec fierté de l’ouragan qui a suivi, un ouragan de solidarité. De nombreux citoyens se sont joints aux brigades de travail chargées de débarrasser les débris et libérer les rues. Immédiatement l’autorité a pris des initiatives pour la reconstruction. Les premières priorités étaient claires : réparer le réseau électrique et assurer la distribution d’eau. Après quelques jours les plus gros dégâts dans les écoles étaient réparés et toutes les classes en service.

Le tourisme finance la reconstruction.

Lourdes déclare : « Tout de suite après la tempête tous les travaux en cours étaient arrêtés et tout le matériel disponible, des tracteurs et des grues jusqu’aux pierres et au ciment, allait à la reconstruction des quartiers les plus touchés et au tourisme ». Il n’est pas étonnant que le tourisme soit une priorité des priorités. Le secteur est la source principale de devises étrangères. Des hôtels démolis signifient pas de touristes, pas de revenus. Autrement dit, ces investissements se remboursent d’eux-mêmes et génèrent en plus des extra bienvenus. Aujourd’hui pratiquement l’ensemble des destinations touristiques disposent de leur capacité totale, comme nous avons pu le constater à Guardalavaca.  A Remedios, qui reçoit depuis quelques années des investissements importants, les derniers mètres du Malecon (la digue de mer) ont été achevés en mars.

La reconstruction des logements.

Mais le plus grand souci pour les habitants reste bien sûr leur logement. Ici également Cuba a fourni un grand effort, malheureusement toujours insuffisant. Une des provinces les plus frappées a été Camagüey, avec plus de 43.700 habitations sinistrées. Quatre mois plus tard déjà (ou seulement) 9.450 étaient restaurés par les brigades de construction des entreprises publiques. Parallèlement l’autorité dispose d’autres mécanismes pour soutenir les Cubains concernés. Celui qui perdu totalement sa maison est relogé temporairement dans une structure d’accueil, et est enregistré pour un relogement dans une nouvelle habitation. Mais cette période temporaire peut durer parfois de 2 à 3 ans, et beaucoup optent pour d’autres solutions. Celui qui dispose de peu de moyens peut faire appel à une compensation en argent. Les personnes dans une meilleure situation financière peuvent faire des prêts à des taux très faibles, et entamer les travaux eux-mêmes

État des dégâts et de la reconstruction à Ciego de Ávila.

Habitations touchées 31.540, restaurées 8.750

Écroulement total 4.231, solutionnés 232

Écroulement partiel 2.851, solutionnés 819

Toits totalement démolis 4.746, réparés 2.048

Toits partiellement démolis 18.857, réparés 5.572

Des nouveaux logements, des nouveaux quartiers.

Il est évident que à côté des interventions après cette catastrophe, Cuba poursuit la construction de nouveaux logements et quartiers. A Santiago de Cuba j’ai parlé avec Ramón Morales Fuentes, secrétaire provincial du syndicat du bâtiment. « Le dernier ouragan Irma n’a pas trop touché notre province, mais nous sommes encore en plein dans la reconstruction des conséquences de Sandy (2015) et Matthew (2016). Celui qui entre dans la ville de Santiago peut découvrir sur différentes voies d’accès des nouveaux quartiers. Ils font partie du plan pluriannuel destiné a procurer des logements pour les familles sinistrées. L’année dernière nous avons construit 1.224 nouveaux logements,  de 17% au-delà de ce qui était prévu. Pour 2018 le plan est encore plus ambitieux : 2.494 nouveaux logement, soit le double. Afin de maîtriser les coûts, nous ne construisons pas seulement en briques, mais nous implantons également ce que nous appelons des « maisons rustiques ». Ce sont des logements plus simples de 100 m², avec trois chambres à coucher,, un sol en béton, des murs en bois et un toit en zinc. Ces constructions ont aussi l’avantages de pouvoir utiliser des matériaux de construction naturels, de l’environnement direct, et nous rendent moins tributaires des livraisons, parfois déficientes. Un autre programme, financé par la province, prévoit la construction de 951 habitations à 1 ou 2 chambres à coucher ».

Mais indirectement Irma intervient dans les efforts à Santiago de Cuba. « Après le passage de Irma les provinces les plus frappées sont devenues prioritaires pour la fourniture de matériaux de construction. Ceci nous oblige à décaler notre programme de construction de 2025 à 2030 », conclut Ramón.

Les services sociaux en ligne de compte.

Ramón tient à mentionner que l’autorité poursuit les investissements dans les services sociaux. La liste mentionnée est peut-être monotone, mais impressionnante. En 2017 le secteur du bâtiment a restauré et transformé : 18 homes pour étudiants, 7 centres de séjour pour enfants, 12 parcs, 4 maisons de la culture, 18 entrepôts, 17 boulangeries de quartier, 8 locaux de consultations pour le médecin de la famille, 2 hôpitaux et une maison d’accueil pour femmes en fin de gestation.

Une ville fraîche, une ville vivable !

En se promenant dans les rues de Remedios, Caibarién, Holguín, Baracoa, Santiago de Cuba, ce qui nous a frappé agréablement, c’est les soins à l’entretien des parcs et pleines de jeux. En effet, depuis deux ans, les communes et les villes disposent de fonds supplémentaires pour le rafraîchissement de leurs quartiers. Une nouvelle loi oblige les entreprises publiques à consacrer 1% de leurs bénéfices à la commune où s’exercent leurs activités. Ces fonds ne peuvent être investis que dans le réaménagement des places publiques, comme un parc, un terrain de sport, un accueil pour enfants, etc. Le test a débuté à La Havane, avec des résultats positifs. Un an plus tard la mesure a été élargie à toutes les communes.

Santiago brûle !

A Santiago de Cuba les organisations sociales et les groupes de quartier se sont réunis avec les autorités de la ville. Résultat : « Santiago Arde », un plan ambitieux pour améliorer les conditions de vie dans les quartiers du centre de la ville.  « Nous voulons une plus belle ville, plus propre, plus ordonnée », nous dit Jorge, le propriétaire de la casa particular où nous logions. Ramón raconte « Les entreprises de construction apportent une contribution importante. Nos brigades de travail sont intégrées dans les travaux et l’embellissement des espaces publics, les parcs et le mobilier urbain ont été rénovés, Les grandes avenues comme Trocha, Céspedes, Manduley offrent un accueil embelli aux visiteurs. Combien de touristes ont déjà pu apprécier  Las Enramadas, la belle rue piétonnière ! ».

Une ville rafraîchie a aussi un effet stimulant pour la vie sociale des quartiers. Lors d’une promenade dominicale dans les quartiers excentriques je suis passé par des petites places où des vendeurs locaux avaient installés leur étal, ou où l’on préparait un podium pour un spectacle. « Cela aussi est une conséquence de la règle des 1% », explique Jorge. Ces dernières années notre conseil communal est entraîné par un conseiller très jeune, qui s’investit beaucoup pour les quartiers. C’est à lui que nous devons ces nombreux marchés locaux et cette animation ». {�X�M�]=��

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